Dans la famille SM Pro Audio, je voudrais l'octuple préampli PR-8 II, l'octuple compresseur OC-8 et le petit préampli à lampe TB101, histoire d'équiper mon Home Studio à peu de frais. Reste à déterminer si la pioche est bonne...
Lorsque le home studiste envisage la prise de son, il est rapidement mis face à la faiblesse quasi systématique des préamplificateurs de sa table de mixage. En effet, pour des raisons de coût de développement et de fabrication, la qualité de ceux-ci laisse trop souvent à désirer et il devient vite nécessaire de palier à ce problème par l’acquisition d’un préamplificateur externe.
Beaucoup de sociétés se sont engouffrées sur ce marché qui n’existait pas encore il y a une dizaine d’année, dont la société australienne SM Pro qui propose plusieurs types de préamplificateurs externes, adaptées au budget du home studiste.
Nous avons testé pour vous le préampli TB101 (le benjamin de la famille SM Pro) ainsi que l’octuple péampli PR8 MKII, et l’octuple compresseur optique OC8.
Tous les produits SM Pro passés en revue dans ce test sont conditionnés dans un emballage classique à base de protection en polystyrène expansé, calé dans un carton. Ils contiennent une notice succincte, la garantie de l’importateur et le cordon d’alimentation secteur ou le transformateur pour le TB101.
Attaquons tout de suite par la série « octuple » avec son préampli et son compresseur optique.
Huit à Huit
Ces deux machines se présentent sous la forme de 2 racks 19 pouces de deux unités. La finition extérieure est correcte et respire la solidité. Les boîtiers sont en tôle d’acier peint en noir, et les faces avant sont en aluminium brossé.
Des ouies d’aération ont été prévues dans la partie inférieure, à l’emplacement des transformateurs d’alimentation. Cependant, ces derniers bouchent la circulation d’air nécessaire à leur refroidissement. Un défaut de conception assez curieux, et relativement significatif de l’intérieur de ces machines.
Tout bascule effectivement lorsque l’on ouvre les capots métalliques. Nous passons de la bonne impression générale à la surprise en découvrant les câbles en nappe soudés de façon approximative (pour le préampli), et les connecteurs dont le contact est assuré par adjonction de colle. L’assemblage intérieur des circuits imprimés a visiblement été prévu « au plus économique » mais fait une assez mauvaise impression.
Les cellules optiques du compresseur sont composées (cela est un standard) par le couplage d’une photo résistance et d’une diode électroluminescente, ceci à l’intérieur d’un manchon en plastique censé isoler d’une lumière parasite. Or, sur les huit canaux que ce compresseur comporte, aucun assemblage n’est identique à son voisin !
Cela se traduit par des différences non négligeables sur le niveau de compression de chaque compresseur. Pour les amateurs de mesure, le tableau ci-dessous donne, dans la dernière colonne, les valeurs d’écart avec la moyenne de ce niveau de compression (mesuré sur un signal stable de 1kHz) :
Valeurs(dB) | Signal direct |
Signal compressé |
Réduction | Ecarts à la moyenne |
Canal 1 |
–7,28
|
–14,75
|
–7,47
|
–1,00125
|
Canal 2 |
–6,66
|
–12,64
|
–5,98
|
0,48875
|
Canal 3 |
–7,38
|
–12,8
|
–5,42
|
1,04875
|
Canal 4 |
–6,97
|
–14,21
|
–7,24
|
–0,77125
|
Canal 5 |
–7,17
|
–15
|
–7,83
|
–1,36125
|
Canal 6 |
–6,71
|
–13,79
|
–7,08
|
–0,61125
|
Canal 7 |
–7,31
|
–13,88
|
–6,57
|
–0,10125
|
Canal 8 |
–7,32
|
–11,48
|
–4,16
|
2,30875
|
Les composants utilisés sont d’une qualité tout à fait standard dans l’industrie audio de série, mais assemblés avec peu de méticulosité (nous sommes loin des machines haut de gamme parmi les standards des compresseurs).
Signalons aussi que – certainement pour des raisons de coût de fabrication – les transformateurs sont des modèles tout à fait communs, mais logés dans une partie « blindée » du boîtier, afin de limiter leur rayonnement sur les circuits audio et d’éviter de créer une « ronflette » indésirable.
A l’usage, l’octuple préampli fait son travail assez correctement. Le gain maximum n’est pas très élevé, ce qui peut poser problème en cas d’utilisation avec des micros dynamiques ou à ruban, dont le niveau de sortie peut être assez faible. Lorsque l’on atteint les limites supérieures de l’amplification, le bruit de fond des circuits d’entrée se fait entendre légèrement.
Le rendu sonore est plutôt neutre mais manque un peu de définition dans le grave. L’utilisation en DI est relativement neutre également, et laisse une assez bonne réserve de dynamique.
Bref, si le PR8 mk II n’est pas un foudre de guerre, il s’en sort honnêtement en regard de son prix et pourra constituer une solution intéressante dans plusieurs cas de figure : pour remplacer avantageusement les piètres préamplis qui équipent la plupart des consoles d’entrée de gamme, par exemple, ou encore pour disposer de nombreuses entrées préamplifiées avant d’attaquer une carte son qui en dépourvue. On notera d’ailleurs, dans ce contexte, que le PR8 mk II propose aussi une connectique ADAT en option. Vendue 119 € seule ou en bundle avec le PR8 mk II pour 399 €, la chose pourra en intéresser plus d’un même si, n’ayant pu la tester, nous ne nous prononcerons pas sur ses qualités.
Vendu sensiblement plus cher (399 €), l’octuple compresseur est pour sa part beaucoup moins intéressant et pêche par manque d’efficacité. A l’utilisation, il faut attaquer ses entrées avec un niveau énorme pour espérer obtenir un traitement audible, même en poussant le taux de compression au maximum
Or le préampli avec lequel il est censé être couplé est loin de fournir ce niveau attendu. Nous ne comprenons donc pas l’utilité d’un tel mariage.
Voici deux exemples de compression obtenus avec un canal de l’OC8.
Pour le premier, il s’agit d’une prise de son d’un micro grosse caisse (Audio Technica AE2500) lors d’une balance. Le réglage du taux de compression est au maximum, les temps d’attaque et de relâchement en mode « rapide ». La prise brute : OC8_BD_comp.wav
La prise passée à travers un canal : OC8_BD_direct.wav
La différence est quasi inaudible : le temps d’attaque est trop long pour des signaux aussi secs.
Le deuxième est une prise de basse directe, non traité ici : OC8_bass_direct.wav
Passée à travers le compresseur (toujours avec les réglages extrêmes utilisés pour la grosse caisse) : OC8_bass_comp.wav
Et enfin, un petit supplément intéressant : la différence entre les deux signaux. On se rend compte ici du travail du compresseur qui laisse passer l’attaque de l’instrument, le temps que la cellule de détection entre complètement en action : OC8_bass_diff.wav
Nous avons aussi réalisé un test à l’aide d’une séquence de signaux carrés, d’une durée de 20ms à 220ms. Ces signaux ont été injectés à –20dBm, –14dBm, –8dBm. Nous avons à gauche, le signal non traité, et à droite le signal compressé. Notez que les deux signaux (Gauche droite) sont hors phase, ce n’est pas une erreur de câblage mais bien une caractéristique curieuse de ces compresseurs. Vous pouvez, en chargeant ces fichiers dans un éditeur audio, observer (et écouter !) le temps de réponse et le niveau de réduction :
sequ_ser20ms@-20dB.wav
sequ_ser20ms@-14dB.wav
sequ_ser20ms@-08dB.wav
En bref, cet octuple compresseur est un produit peu polyvalent qui n’agira que sur des instruments à attaque lente. Son gros point faible est le système de détection du signal, beaucoup trop lent en mode rapide.
TB101, le couteau suisse de l’audio
N’échappant pas à la mode des préamplis lampe, SM Pro Audio nous propose aussi son plus petit modèle, une petite tranche vendue au prix très serré de 159 €. Difficile de faire moins cher !
C’est donc une petite « boite à tout faire » que nous avons pu tester, en configuration 'préampli pour microphone’, puis 'boite de direct pour instrument’. Avouons tout de suite que c’est dans sa deuxième utilisation qu’il nous a semblé le plus utile…
Le concept est simple : dans le même boîtier (de format demi-rack), nous avons un préampli agissant de 10 à 60 dB, un compresseur optique, puis un égaliseur trois bandes (80Hz, 1,8kHz et 8kHz).
Le préampli accepte un microphone en XLR et en face arrière ou un instrument en Jack et en face avant. Le gain s’ajuste de façon progressive par un potentiomètre rotatif, secondé par un interrupteur de pad (-20dB) pour les niveaux les plus forts.
Le compresseur possède un réglage progressif du taux de compression (de 1,5 :1 à 10 :1), ainsi que deux interrupteurs basculant les temps d’attaque et de relâchement de « rapide » à lent ". Lors des essais, nous avons trouvé ces derniers beaucoup trop lents, justement, et seuls les réglages rapides ont semblé véritablement exploitables.
L’égaliseur permet d’ajuster le gain sur trois fréquences fixes et relativement bien choisies, à l’aide de trois potentiomètres. Le dernier maillon de cette chaîne de traitement permet d’ajuster le niveau de sortie tout en visualisant sa représentation sur le bargraph composé de huit LEDs.
Sur le terrain
La prise en main est très rapide et intuitive. Le peu de réglages proposés simplifiant les choses…Première impression désagréable : la fiche du cordon secteur alimentant le transformateur externe à tendance à se débrancher facilement.
Pensez aussi à éloigner ce transformateur de toute source sensible (micro, câble, instrument) car il génère un rayonnement très puissant et se manifeste très volontiers sous forme d’une ronflette affreuse sur la sortie audio.
Le réglage du gain du préampli permet de saturer plus ou moins le circuit à tube dans les réglages extrêmes donnant une couleur caractéristique mais un peu décevante. On aurait aimé une saturation plus douce et progressive.
Le compresseur agit quant à lui de façon très efficace (contrairement à son grand frère le OC8) et relativement transparente lorsque l’on n’abuse pas du taux de compression. A l’inverse, on peut obtenir un effet de « pompage » très facilement en saturant à la fois le préampli et le compresseur.
Les fréquences choisies pour la partie 'égaliseur’ permettent de donner une touche plus personnelle au signal préamplifié, mais manque évidemment de précision lorsqu’il s’agit d’agir précisément pour corriger un défaut lors de la prise de son.
Afin de vous faire une idée par vous-même des qualités et des défauts de ce petit engin, nous avons effectué quelques enregistrements, dans différents modes de fonctionnement.
Fonction boite de direct dans differents modes avec une basse Honner passive puis active.
Fonction préampli micro pour la reprise d’une guitare classique (Le micro dynamique est un Beyer M69N et le statique est un Oktava MK012 à capsule infra-cardio).
dynamique compresseur.wav | dynamique flat.wav |
statique compresseur.wav | statique flat accords.wav |
statique flat notes.wav |
Conclusion
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En résumé, la bonne surprise parmi ces trois outils est sans conteste le petit préampli TB101. Il n’est pas d’une qualité sans reproche mais sait tirer son épingle du jeu grâce à sa polyvalence. C’est une sorte de « couteau suisse » qui servira aussi bien aux instrumentistes électriques qu’aux utilisateurs de micros en répétition. Sa taille, son poids ainsi que son boîtier métallique en font un outil transportable facilement dans un sac à dos.
L’octuple préampli, quant à lui, est délibérément orienté home studio. De qualité correcte, il saura remplacer les circuits de préamplification souvent négligés par les constructeurs de consoles économiques, en prenant place dans un rack, à portée des source sonores.
Le compresseur nous semble quant à lui être un produit étrange, pas suffisamment mis au point pour pouvoir convaincre une clientèle de plus en plus exigeante sur la qualité du matériel, même dans des gammes de prix dites économiques.
Octuple préampli PR8 MKII
[+] La solidité mécanique extérieure
[+] Les entrées instrument sur les 8 canaux
[+] Les entrées en face avant (pratique en home studio)
[-] La qualité d’assemblage
[-] Le manque de « caractère » dans ses retranchements
[-] Le manque de gain
Octuple compresseur optique OC8
[+] La solidité mécanique
[-] Le manque de transparence
[-] Le peu d’efficacité globale
[-] La lenteur du système de détection
[-] Le manque de sélection du niveau d’entrée/sortie (-10/+4)
Préampli mono TB101
[+] Le rapport qualité/prix très agressif
[+] L’utilisation en D.I. évoluée
[+] La polyvalence
[+] La taille (utile pour transporter en répétition)
[+] Le compresseur, assez agréable bien que peu « malléable »
[-] Le souffle
[-] Le manque de gain et d’air
[-] Le cordon d’alimentation qui se débranche trop facilement du transformateur !
[-] Les fonctions compresseur et égaliseur non débrayables