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Pédago
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De l'art du dialogue - 1ère partie

Le guide de l’enregistrement - 83e partie

Avant de nous attaquer à un nouveau "pavé" de ce guide de l'enregistrement, je vous propose cette semaine un épisode qui m'a été inspiré par certains commentaires rencontrés lors des chapitres précédents…

De l'art du dialogue - 1ère partie : Le guide de l’enregistrement - 83e partie
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Psycho-logique

Que vous soyez en studio pro ou en home studio, il ne faut jamais oublier, non pas pour qui vous travaillez, mais plutôt pour quoi, ou plus exac­te­ment pourquoi vous travaillez. Si je ne m’abuse, le but du jeu se résume à obte­nir le meilleur rendu possible du titre en cours de produc­tion. Ainsi, cela implique que tous les inter­ve­nants se mettent au service de l’oeuvre quoi qu’il en coûte, qu’il s’agisse des tech­ni­ciens, des inter­prètes, du direc­teur artis­tique, des auteurs, des compo­si­teurs ou des arran­geurs.  Mine de rien, ce n’est pas aussi évident que cela car nous sommes tous humains et qu’un surplus d’ego mal placé n’est jamais très loin pour venir glis­ser son petit grain de sable dans n’im­porte quelles machines, même les mieux huilées. Et inutile de vous dire qu’en matière d’ego, le milieu artis­tique n’est pas en reste…

Si je vous parle de cela aujour­d’hui, c’est que dans le cadre de la produc­tion phono­gra­phique, être entiè­re­ment au service de l’oeuvre musi­cale néces­site souvent des chan­ge­ments d’ha­bi­tudes pour certains inter­ve­nants. Or, il est parfois extrê­me­ment diffi­cile de faire accep­ter lesdits chan­ge­ments à un musi­cien qui s’agrippe ferme­ment à « son son », à un ingé­nieur du son campant sur ses « recettes ances­trales », ou bien encore à un compo­si­teur un peu trop ferme­ment atta­ché au soi-disant « respect de son oeuvre ». D’où l’im­por­tance de l’ins­tau­ra­tion d’un dialogue franc et sincère entre toutes les parties de façon à ce que chacun entende l’autre pour abou­tir à un accord commun qui permet­tra de travailler serei­ne­ment. C’est seule­ment en procé­dant de la sorte que tout le monde pourra donner le meilleur de lui-même au profit du titre en cours de produc­tion.

Étant donnée la nature de ce guide, nous allons nous placer du point de vue du tech­ni­cien son / direc­teur artis­tique. Lorsqu’une déci­sion tech­nico-artis­tique est remise en cause par un autre inter­ve­nant, il convient avant toute chose de bien analy­ser la situa­tion afin de savoir si un ou plusieurs ego ne sont pas à la manoeuvre. Cela demande une bonne dose d’hu­mi­lité car il faut savoir recon­naitre et accep­ter ses propres démons lorsque c’est votre amour propre qui s’ex­prime en lieu et place de votre exper­tise tech­nique et artis­tique. Je n’ai malheu­reu­se­ment pas de recette magique à vous donner pour ce cas-là. Seul le temps, l’ex­pé­rience, et donc vos succès et vos erreurs assu­mées du passé pour­ront vous faire avan­cer sur cet éter­nel champ de bataille inter­ne… En revanche, lorsque le « conflit » provient essen­tiel­le­ment de l’ego de votre inter­lo­cu­teur, voici certains conseils qui pour­ront éven­tuel­le­ment vous servir à assai­nir la situa­tion.

Enregistrement 83 Recording

Tout d’abord, vous pouvez commen­cer par simple­ment rappe­ler à la personne les raisons pour lesquelles il a fait appel à vous sur ce projet. A priori, cela devrait être un mélange entre confiance, qualité de votre savoir-faire en matière d’en­re­gis­tre­ment, vos réfé­rences, votre impli­ca­tion dans le projet, l’in­té­rêt d’un regard plus ou moins exté­rieur et surtout, un désir certain de délé­guer la diffi­cile tâche de la produc­tion à un tiers pour mieux se concen­trer sur la perfor­mance artis­tique. Lorsque ce rappel est fait avec tact, cela permet à tout le monde de se recen­trer sur ses propres tâches et de lais­ser toutes autres consi­dé­ra­tions entre les mains de qui de droit.

Un autre moyen de convaincre du bien fondé de vos choix consiste à mettre en avant des argu­ments concrets prove­nant de votre culture de la produc­tion sonore. Pour être plus clair, imagi­nons qu’un guita­riste ne veuille pas jouer sur une autre guitare que la sienne sous prétexte qu’il s’agit là du coeur de « son son » alors que le titre en cours de travail néces­site la pâte sonore d’une autre six cordes. Dans un cas tel que celui-ci, il peut être judi­cieux de jouer la carte de la réfé­rence. Par exemple, bien que Jimmy Page soit connu comme un aficio­na­dos de la Les Paul, il est de noto­riété publique que son solo sur Stair­way to Heaven a été exécuté sur une Tele­cas­ter. Dans le même ordre d’idée, vous pouvez deman­der au musi­cien s’il pense sincè­re­ment que tous les enre­gis­tre­ments de guitare d’un Clap­ton proviennent de la même guitare jouée avec les mêmes effets sur le même ampli et repiquée avec le même couple micro / préam­pli. Ce n’est bien évidem­ment pas le cas et pour­tant, « le son Clap­ton » est toujours bel et bien présent. Mora­lité, le maté­riel n’est pas prio­ri­tai­re­ment respon­sable de ça, le musi­cien primera toujours. Par consé­quent, ce type d’ar­gu­ment est quelque part une véri­table béné­dic­tion puisque cela met en avant la confiance que vous avez en l’in­ter­prète. Ce n’est pas son maté­riel qui le défi­nit et qui lui donne une valeur artis­tique, c’est bel et bien lui avec sa sensi­bi­lité musi­cale ! 

Nous pour­rions discou­rir encore long­temps autour d’exemples divers mais je pense que vous saisis­sez l’idée. Pour conclure cet épisode, je tiens à souli­gner l’im­por­tance qu’il y a à culti­ver votre connais­sance en matière de produc­tion phono­gra­phique. Cela vous permet­tra non seule­ment de perfec­tion­ner vos propres tech­niques en vous inspi­rant de méthodes ayant fait leurs preuves, mais cela vous donnera donc égale­ment des argu­ments de choix lors de vos sessions d’en­re­gis­tre­ment afin de justi­fier vos déci­sions si besoin est. Afin d’ap­pro­fon­dir votre culture de la produc­tion phono­gra­phique, il faut bien avouer qu’in­ter­net est un outil de choix. Décou­vrir les secrets de titres mythiques n’a jamais été aussi facile qu’aujour­d’hui. Et comme charité bien ordon­née commence par soi-même, je vous invite en premier lieu à parcou­rir avec atten­tion cette rubrique de votre site préféré tant elle regorge de pépites n’at­ten­dant qu’à être parta­gées !

La semaine prochaine, la deuxième partie de cet inter­lude consa­cré à l’art du dialogue dans le cadre de la produc­tion musi­cale présen­tera un retour­ne­ment de situa­tion pour se conclure par un retour au cas spéci­fique du home studio. 

Sur ce, bonne fin de semaine à tous !

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