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Pédago
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De l'art du dialogue - 2e partie - Le guide de l’enregistrement - 84e partie

Deuxième partie de notre interlude consacré au dialogue dans le cadre de la production phonographique. La semaine dernière, j'ai peut-être mis la charrue avant les boeufs et cet épisode aurait certainement dû être publié en amont… Le hasard de l'inspiration en a voulu autrement et comme le dit ce vieil adage : vieux motard que j'aimais !

De l'art du dialogue - 2e partie : Le guide de l’enregistrement - 84e partie
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Psy-loso­phie

Cela en surpren­dra peut-être certains mais pour qu’un dialogue se passe au mieux, il faut avant toute chose savoir… écou­ter ! En effet, un dialogue sans écoute de part et d’autre ne se résume fina­le­ment qu’à la super­po­si­tion de mono­logues, ce qui n’est pas la chose la plus fertile qui soit.

Si nous nous recen­trons sur le cas de la produc­tion phono­gra­phique du point de vue du tech­ni­cien son / direc­teur artis­tique, comment imagi­ner obte­nir un rendu sonore répon­dant aux attentes de chacun des inter­ve­nants sans avoir pris la peine de cerner ces dernières en premier lieu ? C’est bien évidem­ment impos­sible, il faut toujours connaître l’énoncé d’un problème avant de pouvoir espé­rer le résoudre. Mora­lité, avant de plani­fier la moindre séance d’en­re­gis­tre­ment, je vous invite à discu­ter et surtout écou­ter chacun des inter­ve­nants (auteur, compo­si­teur, musi­ciens, etc.) afin de connaitre la « vison sonore » que chacun d’eux a du titre à produire. Une fois cela fait, le travail consiste alors à trier le grain de l’ivraie de façon à accor­der au mieux ces diffé­rentes concep­tions de l’oeuvre pour que tout le monde puisse appor­ter sa pierre à l’édi­fice. Bien entendu par la suite, tout ça se traduira en pratique par des choix tech­niques au niveau de l’en­re­gis­tre­ment, du mixage, etc.

Ce para­graphe vous parait-il encore beau­coup trop abscons ? Peut-être qu’un exemple plus concret vous parlera plus, même s’il ne me vient pas de mon expé­rience en studio mais de ma pratique du « live »…

Enregistrement 84Il y a 7 ans de ça, j’ai fait un rempla­ce­ment d’une semaine en tant que « sondier » pour une salle de concert orien­tée musiques du monde. Je me suis retrouvé à devoir sono­ri­ser des instru­ments pour le moins exotiques comme le saz, le bala­fon, ou bien encore l’erhu… Ayant jusque-là essen­tiel­le­ment exercé dans le milieu des musiques actuelles, autant vous dire que je n’avais abso­lu­ment aucune idée de la façon dont il fallait procé­der pour capter correc­te­ment la plupart de ces instru­ments. C’est alors que je me suis souvenu d’une chose que mon prof de philo­so­phie de termi­nale me répé­tait sans cesse : « Lorsqu’on ne sait pas, il faut oser deman­der et surtout oser écou­ter. Celui qui écoute, c’est celui qui apprend ! ». Du coup, j’ai tout simple­ment demandé conseil aux prin­ci­paux inté­res­sés, les musi­ciens eux-mêmes. Après tout, c’est encore eux qui connaissent le mieux leur joujou ! 

Je leur ai donc demandé de me parler du son de leur instru­ment : d’où prove­nait le son exac­te­ment, quelles étaient les prin­ci­pales carac­té­ris­tiques sonores (tessi­ture, plage dyna­mique, etc.) qui les démarquaient des autres, comment avait-il l’ha­bi­tude d’être sono­risé, etc. Je les inter­ro­geais aussi sur leurs attentes en matière sonore (couleur, grain, fonc­tion au sein des compo­si­tions, etc.). Et bien entendu, je leur deman­dais égale­ment de me jouer un petit morceau histoire de fami­lia­ri­ser mon oreille à ces sons d’un nouveau genre pour moi. Après les avoir écou­tés atten­ti­ve­ment, j’ai confronté toutes ces nouvelles infor­ma­tions à mes propres connais­sances en matière de prise de son afin d’en­vi­sa­ger les diffé­rentes options tech­niques à ma dispo­si­tion. Puis, j’ai mis en oeuvre la solu­tion me parais­sant la plus adap­tée à la situa­tion et en l’es­pace d’un ou deux échanges avec le musi­cien pour affi­ner le résul­tat, je parve­nais géné­ra­le­ment à quelque chose d’as­sez satis­fai­sant… En tout cas suffi­sam­ment satis­fai­sant pour que ce rempla­ce­ment d’une semaine dure fina­le­ment près de 6 mois !

Voilà, c’est de cela dont je parle lorsque je vous dit que l’écoute est un prérequis essen­tiel à tout dialogue. C’est à mon sens la meilleure façon de faire avan­cer le Schmil­blick !

« Oui, il est bien gentil notre Nantho mais il oublie un peu vite que je suis tout seul moi dans mon home studio… » Que nenni les amis ! J’ai parfai­te­ment conscience que la majo­rité d’entre vous oeuvre seul dans une chambre obscure en mode « Alone Studio ». D’ailleurs, c’est égale­ment mon cas lorsque je travaille sur mon propre projet. Mais alors, comment faire lors de ces séances d’ona­nisme créa­tif ? C’est ce que nous verrons la semaine prochai­ne…

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