La semaine dernière, je vous ai narré l'étonnante épopée sonore de Julien sans une once d'explication de façon à ce que vous puissiez échafauder une analyse personnelle de la situation indépendamment de mon propre avis sur la question. Voici donc aujourd'hui mon interprétation de la chose. Notez que dans un souci d'équité, cet article a été rédigé bien avant la publication du précédent afin que mon analyse ne soit pas, elle non plus, influencée par vos commentaires, que j'espère nombreux soit dit en passant.
Twist and Shout
Comment expliquer le gain en qualité de la production de notre bon Julien alors même que les conditions techniques de réalisation de cette dernière sont fortement éloignées des standards dont il a l’habitude ?
Eh bien à mon humble avis, la réponse se trouve justement au coeur de la question ! Les moyens limités dont il disposait l’ont quelque part forcé à revenir aux fondamentaux. Ses seuls véritables leviers au niveau de la prise se résumaient finalement à un simple choix entre deux micros, le positionnement face à la source et surtout, le geste musical ! Je suis intimement persuadé que la simplicité de la chose a libéré son esprit qui pouvait alors être pleinement concentré sur son interprétation.
D’ailleurs, de son propre aveu, il n’était à la base pas du tout parti pour réaliser « Ze Prod ». Il voulait juste s’amuser, donc il ne se posait vraiment pas trop de questions quant au pourquoi du comment faire tel ou tel truc. Lorsqu’il m’a raconté cet épisode, l’une de ses phrases m’a particulièrement marqué : « J’étais dans l’instant. » Édifiant, n’est-ce pas ?
Concernant le mixage, ce fut exactement la même tisane. D’habitude, Julien prenait toujours un temps de réflexion pour choisir le « meilleur » traitement, matériel ou logiciel. Il faisait des tests, hésitait entre tel ou tel outil, telle ou telle « stratégie », etc. Sans parler des fois où il appliquait un joujou spécifique tout bonnement parce qu’il venait d’en faire l’acquisition… Or cette fois-ci, la simplicité des moyens à sa disposition l’a forcé à procéder autrement. Plutôt que d’être obnubilé par le choix des outils, leurs différences de qualité ou « l’obligation » de faire mumuse avec la dernière babiole en date, il a juste fait le job. Une simple paire d’heures lui ont suffi pour accoucher de ce mix. Avouez que cela laisse songeur…
Let’s twist again
Pour finir, il y a un dernier point qui a sans doute joué un rôle important dans toute cette histoire. Il s’agit toutefois d’un détail que vous ne pouviez absolument pas deviner puisque je n’avais volontairement pas évoqué le sujet la semaine dernière.
Comme je vous l’ai dit, je n’ai jamais visité le home studio de Julien. Jusqu’à l’été dernier, ma « connaissance » de celui-ci se résumait à des photos de magnifiques racks et autres micros de luxe, mais je n’avais aucune idée concrète de ce que pouvait être ce lieu dans son ensemble… Si je vous parle de cela, vous devez bien vous douter qu’il y a un « léger » souci. Bien que suréquipée par rapport au home studio lambda, la pièce n’avait alors aucune sorte de traitement acoustique. Or, l’ami chez qui il passait ses vacances est plutôt bricoleur, il a donc fabriqué quelques beaux panneaux pour la pièce musicale de ses enfants en suivant des conseils trouvés sur la toile. Au programme, quelques bass traps, un panneau absorbant suspendu au-dessus du point d’écoute ainsi qu’une paire de diffuseurs. Bien entendu, ce type de panneau DIY ne rivalise certainement pas avec des pointures du commerce alliées à une analyse acoustique réalisée par un professionnel, mais cela améliore tout de même l’ordinaire à mon humble avis. D’ailleurs, devinez ce que Julien a demandé comme cadeau d’anniversaire à son vieil ami…
Si je ne vous ai pas parlé de tout ça lors du précédent article, c’est essentiellement parce qu’il est fort possible que je sois ici victime de ce que l’on nomme le biais de confirmation. En effet, je n’ai absolument aucune mesure acoustique de la pièce dont il est question pour venir appuyer mes dires. Par conséquent, ce dernier paragraphe n’est que le reflet de mon intime conviction et ne peut fondamentalement pas être pris pour une preuve indiscutable de l’impact positif des traitements DIY sur le rendu de la production de Julien.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. J’espère que ce petit entracte estival vous aura plu. Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine !