Suite à notre petite escapade estivale des deux épisodes précédents, je me suis dit qu'il pourrait être intéressant d'attaquer cette rentrée sur des bases saines. Ainsi, je vous propose aujourd'hui la première partie d'un chapitre qui devrait aider le parfait béotien comme l'amateur éclairé à sélectionner au mieux le matériel dont il aura besoin pour se lancer le plus sereinement du monde dans la grande aventure de l'enregistrement en home studio.
Constat
Vous avez certainement déjà entendu dire que la qualité d’un enregistrement dépend avant tout du maillon le plus faible de la chaîne de captation. Ce cliché du petit monde de l’audio est une vérité absolue, à condition de réellement prendre en compte l’ensemble de la chaîne… Pour être plus clair, au-delà des classiques micros, préamplis, traitements matériels optionnels divers et convertisseurs, il convient d’intégrer dans cette équation non seulement le son propre au lieu d’enregistrement, mais également le système d’écoute. En effet, que vous le vouliez ou non, l’acoustique de la pièce dans laquelle vous travaillerez fera irrémédiablement partie de vos captations. Quant à la qualité de votre système de monitoring, elle sera directement responsable de votre capacité à analyser le rendu de vos enregistrements, sous-tendant donc ainsi votre aptitude à corriger le tir au besoin. Et je ne vous parle même pas de l’interaction entre l’acoustique de la pièce et vos écoutes !
Bref, notre fameux lieu commun pourrait donc se traduire plus concrètement par les assertions suivantes :
- Micro d’exception + convertisseur moyen = inutile car la conversion ne sera pas capable de rendre justice au micro ;
- Superbes enceintes + lieu non traité : absurde puisque l’acoustique viendra passablement parasiter l’écoute, et donc la prise de décision ;
- Micro + préampli + convertisseur de compétition + lieu non traité = absurde à cause de la pollution sonore provenant de l’acoustique de la pièce ;
- Lieu traité + convertisseur moyen et mauvais micro = rendu pas à la hauteur des attentes pour cause de matériel d’acquisition audio de piètre qualité ;
Fort de ce constat, que pouvons-nous en conclure ?
La réponse la plus fréquemment rencontrée sur la toile consiste à encourager l’aspirant home studiste à investir de manière « raisonnée » en choisissant l’ensemble de son matériel au sein de la même gamme qualitativement parlant. Cette solution d’une logique implacablement frigorifique ne me semble pourtant absolument pas pertinente pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, elle suggère de façon implicite un changement complet de système à chaque montée en gamme, d’où des cycles d’achats / reventes pas vraiment optimisés pour le portefeuille — sans parler de la perte de temps pour s’occuper de tout ça. Ensuite, je ne vous raconte pas l’angoisse lorsqu’il s’agit de passer au cran au-dessus puisque l’importance de la somme à investir devient rapidement gargantuesque… Enfin, cette stratégie par paliers est bien souvent source de nombreuses frustrations, voire de mauvais apprentissage. En effet, le débutant n’a alors pas vraiment de « beau joujou pro » dès le début pour se faire plaisir et cela peut lui servir d’excuse derrière laquelle se cacher afin de justifier le niveau pour le moins mitigé de ses premières productions alors qu’une bonne vieille remise en question pourrait résoudre la plupart des problèmes.
OK, c’est bien beau tout ça mais du coup, que faire ? Eh bien tout simplement mettre en oeuvre une stratégie progressive d’investissement raisonné qui permettra au béotien de se faire plaisir dès le début tout en préparant l’avenir sans saigner à blanc son portefeuille si d’aventure il souhaitait aller plus loin dans le joyeux petit monde de la production musicale.
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour une description détaillée de la première étape de cette stratégie !