Make Noise Strega

Super petit synthé, tant en utilisation standalone qu'associé au 0-Coast + 0-CTRL.
Il excelle également en tant qu'effet. Je l'utilise de plus en plus avec du field recording et le résultat est assez bluffant.
Quelques heures pour la prise en main et puis c'est parti pour l'expérimentation qui est toujours très ludique, les touchplates y contribuent grandement.
Comme souvent évoqué, associé au 0-CTRL il évolue dans les sphères sonores d'un Music Easel mais peut aussi être très noisy.

D'abord un avis personnel sur Makenoise : je trouve que leur marketing, s'attache souvent à obscurcir, avec une terminologie absconse (voir le morphagène... ?), les fonctions de leurs engins, même lorsque celles-ci sont au demeurant assez simples, l'originalité des appareils se trouvant davantage dans la façon dont ces fonctions interagissent.
Cela m'agace, et complique la lecture des manuels, mais n'empêche pas les engins d'être intéressants.

Ici, qu'avons-nous ?
A la première prise en main, un engin métallique, robuste, de qualité évidente. Mais pas d'interrupteur, ce qui est dommage. On le branche, il s'allume. A noter à ce sujet que j'ai eu un problème ponctuel : la Strega n'émettait qu'un beat sans intérêt et toute ses fonctions semblaient en sommeil ; elle et ne démarrait vraiment qu'après un nombre aléatoire de brancher-débrancher. J'ai fini par remplacer le transfo d'alimentation estampillé makenoise par un vieux transfo de même tension, un netgear utilisé pour un ancien routeur : depuis, tout fonctionne parfaitement.

La compréhension de la bête n'est pas immédiate, et une ou deux lecture(s) du mode d'emploi ne sont pas superflues, au contraire. Prévoir une courbe d'apprentissage ; qui, pour moi, mais c'est personnel, a un peu croisé la courbe d'intérêt : après un enthousiasme initial très prononcé, je continue de m'en servir et de l'apprécier, mais un peu moins, et je ne suis pas sûr, un an après, que je rachèterais la Strega aujourd'hui. Rétrospectivement, je la trouve trop chère, même d'occasion, pour ce qu'elle m'apporte.

Deux points que je crois très importants :
- la Strega n'est pas faite pour être montée en rack, mais je la pose sans problème à côté ou au pied d'un modulaire qui permet d'en décupler les possibilités.
- on apprécie beaucoup une entrée amplifiée qui permet de se servir de la Strega comme effet - plutôt pour disto, délai, et/ou filtrage, éventuellement pour quelque chose qui approche le phasing - ou comme "surcouche" sonore aux accents industriels.

Bon, essayons de répondre aux questions intelligentes d'Audiofanzine.

1. Dans quel contexte je l'utilise ? en studio, mais je ne suis définitivement pas fait pour le live et donc je n'ai pas essayé. A noter que, même si l'on finit par la domestiquer, la Strega est assez imprévisible, et peut être assez cacophonique, donc, je dirais quand même : s'en méfier pour un live si on ne fait pas dans la noise.

2. pour quel type de musique ? j'ai déjà écrit les mots "noise" et "industriel", donc... mieux vaut aimer ces sonorités. Et puis, Strega veut dire sorcière, et ce synthé en a un peu le caractère - cela crie ou marmonne mas très généralement des imprécations. Seule, elle n'est ni facilement ni spontanément "musicale" et harmonieuse au sens usuel de ces termes. Néanmoins, on peut en tirer des sons doux, surtout en l'utilisant avec d'autres sources sonores. Elle peut par exemple atténuer, mettre à distance des sons trop crus et les envelopper dans une jolie brume lofi. Est-elle la seule à pouvoir faire cela ? non, c'est évident. Le fait-elle bien ? Je trouve.

3. Mon avis sur les sons. D'abord, je ne suis pas fan des sonorités produites, tous réglages par ailleurs égaux, par les potards d'activation et par l'oscillateur. Cela étant, les sons de la strega ont un truc que j'aime bien chez un synthé : un vrai caractère. Ce n'est pas juste une machine à bruit comme on en trouve des tonnes ; la Strega a un son bien à elle, ou plutôt des sons bien à elle, car le panel est quand même très grand. Clairement, c'est à la fois un atout et une limitation : on ne peut pas tout avoir...

4. La Strega est très, très manipulable. Pleine de potentiomètres, tous ses paramètres ou presque sont patchables - on peut bien sûr relier ces points de patch entre eux avec de beaux résultats. Il y a moyen via les points tactiles ronds et carrés de court-circuiter les choses - quelque chose comme un pliage d'ondes ? On aime ou on n'aime pas ; personnellement, j'apprécie rarement le résultat. Mais dans la Strega, toucher quelque chose ne produit pas toujours le même effet selon le réglage des autres paramètres. parfois, cela ne fait rien, parfois cela change tout, et il y a de vrais effets de seuils.

Au total, et toujours à mes yeux :
Pour les plus : une mine de bruitisme, un délai et un filtre intéressants ; quelque chose d'un peu organique et imprévisible dans le comportement ; l'ensemble a une âme. Les nombreux points de patch, l'entrée de source externe et les deux sorties sont un vrai plus. Tout cela fait qu'en interaction avec d'autres outils, j'en trouve encore vraiment l'usage.

Pour les moins : un caractère (de cochon ?) vraiment prononcé fait qu'on peut avoir l'impression de tourner en rond, surtout si on utilise la Strega seule ; des points de contact tactile que je ne trouve pas extrêmement convaincants. Enfin, avec un format pareil, et une entrée pour sources extérieures, on aimerait VRAIMENT pouvoir la trimbaler en nomade et la sortir n'importe où, mais il faut l'alimenter en 15 volts, et c'est... "assez" limitant.