L’Orama de la marque grecque Crazy Tube Circuits est une double pédale de saturation. D’un côté, un circuit de type Preamp/Amp in a Box qui reprend les sons et les sensations de jeu du légendaire Orange OR120. De l’autre, un circuit de fuzz inspiré de celui de la Frantone Peachfuzz. En d’autres termes, l’Orama rassemble la vision des sons Rock, Doom et Stoner de Crazy Tube Circuits.
Le tour du propriétaire
Orama signifie « vision » en grec. À l’instar des autres doubles pédales de saturation de la marque, elle incarne sa vision d’un certain type de 
La pédale se présente sous la forme d’un boîtier en métal moulé sous pression de 120mm X 97mm X 49mm. Elle pèse 423 grammes et 
- F.A.T (Fatness Adjustement Tweak) : ajuste la réponse en basses fréquences et le caractère global de la saturation (potentiomètre cranté à cinq positions)
- Hz : réglage de niveau des basses
- kHz : réglage de niveau des aigus
- H.F.D (High Frequency Dynamics) : ajoute de la saturation au contenu harmonique et de la présence
- Gain : ajuste le taux de saturation
- Master : ajuste le volume général (assez de puissance claire pour une utilisation comme Clean Boost)
Le côté droit de l’Orama rassemble les différents réglages du circuit de fuzz :
- Fuzz : ajuste le taux et l’intensité de la saturation
- Tone : permet d’égaliser le son
- Volume : niveau de sortie du circuit de fuzz
- Switch Raw/Burn : permet de basculer entre deux modes de fuzz
Les différentes fiches sont disposées sur le dessus de la pédale et une boucle d’effets est insérée entre les deux circuits. Elle offre deux utilisations pratiques : on peut placer des effets entre les deux circuits mais également utiliser les fiches Send et Return comme Out et In des deux circuits et ainsi les placer dans deux boucles différentes d’un switcher externe.
Le circuit Preamp/Amp in a Box en détails
Pour l’Orama, Crazy Tube Circuits a choisi de miniaturiser le circuit de l’Orange OR120. Pour relever cette lourde tâche, le fabricant a utilisé un agencement de transistors à effet de champ (JFET) qui fonctionne à 34 Volts DC. Un booster de voltage interne élève la tension de 9 Volts à 34 Volts ce qui fournit au circuit une grosse puissance claire, beaucoup de dynamique et une assise dans le bas du spectre aussi autoritaire que celle de l’ampli. L’OR120 est un ampli à lampes qui date de la fin des années 60, quand Orange collaborait avec Matamp. Il intégrait les réglages F.A.C (Frequency Attenuator Control) et High Frequency Drive (H.F Drive), qu’on retrouve sur l’Orama sous la forme des potentiomètres F.A.T et H.F.D. Les réglages Hz et kHz de l’OR120 se retrouvent également sur la pédale. Le potentiomètre cranté F.A.C de l’ampli original permettait de déterminer la quantité de basses et de bas-médiums qui allait rejoindre les étages de saturation. Cela changeait donc drastiquement le son et la couleur globale de la saturation. Le réglage F.A.T de l’Orama réagit de la même façon, j’y reviendrai. De la même façon, le potentiomètre H.F Drive de l’ampli a été conçue pour booster la saturation des hautes harmoniques et la présence générale. On le retrouve sur l’Orama sous la forme du réglage H.F.D.
Crazy Tube Circuits qualifie son circuit de Preamp/Amp in a Box. Grâce à la tension de fonctionnement de 34 Volts, la pédale développe une grosse puissance claire ce qui lui permet d’être utilisée comme un préampli, directement dans l’entrée Return d’une boucle d’effets ou celle d’un ampli de puissance. Elle sera également très à l’aise comme pédale Amp in a Box, en face d’un ampli au son clair.
Le circuit de fuzz en détails
Occupant la droite de la pédale, le circuit de fuzz est largement inspiré de celui de la Frantone Peachfuzz. Frantone est une marque Boutique installé à Philadelphie dirigée par Fran Blanche. Elle a sorti la Peachfuzz dans les années 90, une pédale de fuzz comparée par erreur à la Big Muff. Son circuit à base d’amplis-OP produit une sonorité plus épaisse et proche de celle d’un overdrive d’ampli à lampes sur le point d’exploser. Le circuit de fuzz de l’Orama a été ajusté pour répondre aux exigences de Crazy Tube Circuits, surtout en termes de polyvalence. Un switch à deux positions permet en effet de profiter de deux modes :
- Raw : fuzz ouverte et dynamique, avec des basses resserrées et des médiums précis
- Burn : basses plus profondes et plus de saturation
La marque grecque a ajusté ce circuit afin qu’il développe moins de basse tout en conservant son épaisseur et son sustain caractéristiques.
Le vif du sujet
Bien qu’on puisse aisément empiler les deux circuits, ils ont été conçus pour fonctionner indépendamment. Comme le dit assez bien la marque, les utiliser individuellement révèle leur entière personnalité alors que les combiner dévoile leur facette la plus sauvage et extrême. Avant de faire trembler les murs, le plafond et le plancher de mon studio en empilant fuzz et Amp in a Box, je les écoute d’abord un par un.
Je commence par le circuit qui développe les sons de l’Orange OR120 en plaçant ses réglages à midi et le switch F.A.T sur son premier cran. Avec ce réglage, on obtient un son Rock très convaincant et très musical, avec de belles harmoniques. En laissant tous les réglages à midi, je triture l’égalisation (Hz et kHZ). Ils ajustent la saturation des fréquences basses et aiguës et permettent donc de sculpter le son avec précision. Ce sont des réglages avec un champ d’action assez étendu. Le potentiomètre kHz apporte pas mal de saturation. Je poursuis l’exploration du circuit OR120 en écoutant les cinq positions du réglage F.A.T. À chaque nouveau cran, on gagne en saturation dans les basses et les bas-médiums mais également en punch et en lourdeur. C’est en plaçant ce réglage sur son dernier cran qu’on pourra faire trembler toute sa maison ce qui rappelle l’esprit de l’ampli original.

- OR120 – Tout à midi01:01
- OR120 – F.A.T Switch02:45
J’écoute à présent la course des réglages Master et Gain. En plaçant le gain à zéro, aucun son ne sort de la pédale. Sur sa position minimale, on obtient un son clair assez fluet. Au premier tiers de sa course, le son s’épaissit et il est proche de celui de Peter Green à l’époque il utilisait des amplis Orange/Matamp avec Fleetwood Mac. Cette sonorité sera idéale pour aborder tout le répertoire du groupe Oasis, Noel Gallagher ayant lui-aussi utilisé des amplis Orange pendant sa carrière. Autour des deux tiers de la course du réglage de gain, on entend un autre étage de saturation débouler et le son s’épaissir une nouvelle fois pour entrer sur des territoires beaucoup plus moustachus. Enfin, aux trois quarts de ce réglage, on gagne une nouvelle fois en saturation pour atteindre un son High Gain très défini et bien resserré dans les basses, selon la position du réglage F.A.T. Le potentiomètre Master est étagé de la même façon que le potentiomètre de gain. On gagne en épaisseur et en saturation autour des deux tiers et des trois quarts de sa course. On doit donc équilibrer la saturation entre les réglages d’égalisation, le switch F.A.T et les réglages Gain et Master.

- OR120 – Gain Tweak02:48
- OR120 – Master Tweak01:46
- OR120 – EQ Tweak01:56
Pour finir avec la section OR120, j’actionne le réglage H.F.D. Sur sa position minimale, le son est riche et épais. Mais à mesure qu’on augmente la valeur de ce potentiomètre, de très belles harmoniques apparaissent (on les entend davantage parce que leur taux de saturation est augmenté). On peut monter ce réglage assez haut en équilibrant le niveau des aigus via le réglage kHz. Les réglages sont interdépendants ce qui fournit une grande polyvalence à l’Orama. Sa tension interne de 34 Volts lui offre une grande dynamique, on peut en effet éclaircir le son très facilement sur simple rotation du réglage de volume de la guitare. Cette dynamique permet également une utilisation de ce circuit comme Clean Boost.

J’écoute à présent le circuit de fuzz en commençant par placer le réglage Fuzz à zéro. Sur ce réglage, le grain de la fuzz est déjà présent et on entend très bien l’action du switch Raw/Burn. J’augmente progressivement la valeur du potentiomètre Fuzz qui possède une course assez longue. La saturation est épaisse est un effet de « sag » agréable apparaît quand on attaque fort sur les cordes. Le son est en effet plus assimilable à celui d’un petit ampli à lampes au bord de l’explosion que de celui d’une fuzz typique. J’ai préféré le son de la fuzz sur un ampli au son très légèrement crunchy. Le potentiomètre Tone très effectif et permet d’égaliser le son suffisamment. Les valeurs extrêmes le sont un peu trop, bien que la sonorité obtenue sur la position maximale ne soit pas déplaisante. Je termine en écoutant le réglage de Volume qui fournit une touche de saturation supplémentaire autour des trois quarts de sa course. Ce circuit de fuzz possède lui-aussi une belle dynamique, c’est assez chouette. Le switch Raw/Burn est bien pratique si on souhaite profiter de deux déclinaisons du même circuit de fuzz. Selon les cas et les utilisations, on préférera un mode plutôt que l’autre.

- Fuzz – Fuzz à zéro, switch Raw:Burn01:02
- Fuzz – Fuzz tweak (mode RAW)01:44
- Fuzz – Volume tweak (mode BURN)01:17
- Fuzz – Tone Tweak01:28
J’ai terminé ce test en empilant les deux circuits (la fuzz rentre dans l’Amp in a Box) ce qui déclenche une véritable avalanche de saturation. J’ai obtenu des résultats intéressants en réglant l’Amp in a Box sur un petit son crunch dans lequel rentre la fuzz. Dans ce registre, la pédale génère un son proche de celui de Tony Iommi et Matt Pike.





