Mellotron M4000D Digital

Qu’est-ce qu’un Mellotron ?
Un Américain, Harry Chamberlin au début des années 50 a créé le principe d’une bande magnétique pré-enregistrée de sons d’instruments (ou de bruits divers) actionnée par une touche de type piano. En répétant l’opération sur une gamme chromatique, puis sur plusieurs octaves un instrument est né, en même temps qu’il a commencé à inquiéter certains musiciens de studio car la fidélité de ses sons par rapport aux sons originaux et sa jouabilité par une seule personne facilitait de fait la composition comme l’enregistrement en ayant quasiment un orchestre symphonique sous les doigts.
Dans les années 60, en Angleterre, les frères Bardley (en collaboration avec H. Chamberlin) ont lancé le premier Mellotron le Mark I avec ses 2 claviers de 35 touches chaque… Puis vinrent le Mark II, le M300 en 1969, et enfin en 1970 apparu le plus grand succès de Mellotron : le M400.

Le M400 en quelques mots…
Le M400 a été produit à plus de 2 000 exemplaires. Avec ses 35 touches et un poids contenu de 55 kilogrammes, il s’est naturellement retrouvé sur de nombreuses scènes avec : Genesis, Tangerine Dream, Jean-Michel Jarre, Pink Floyd, Earth, Wind & Fire, Led Zeppelin, Moody Blues, Agnes Obel, etc.
Le Mellotron, au travers de ses différentes versions, fait partie de cette famille d’instruments qui s’est intercalée entre la période des orgues électroniques type Hammond B3 et celle des synthétiseurs compacts tel que le Mini Moog. Il est plus ou moins contemporains aux pianos électriques type Fender Rhodes ou Wurlitzer ou encore au très spécifique Clavinet.
Le M400 a marqué l’époque du rock alternatif à son apogée, par ses sons inspirés des instruments classiques (mais pas que…) et par sa silhouette de petit piano blanc avec un clavier 3 octaves et son interface simplissime avec ses 3 boutons rotatifs : volume, tonalité et pitch, un basculeur à trois positions ABC sert de mixeur/layer entre trois sons.
Le dernier Mellotron a été produit en 1986 et la firme qui le construisait a également fait faillite. L’ère des synthétiseurs produits industriellement allait tout emporter sur son passage, enfin presque tout…
Le canadien David Kean a eu l’excellente idée de racheter les stocks et les droits de la marque Mellotron et de s’adjoindre l’expertise et le savoir-faire d’un jeune ingénieur suédois réparateur réputé de Mellotrons : Markus Resch. Dans un premier temps ils relancèrent la production du M400 en le fiabilisant. Ce fût le Mark VI, dernier spécimen de son espèce à utiliser les cadres de sons sur bandes magnétiques.

Le M4000D lointain héritier du M400
Adieu le cabestan qui tourne en continu comme un moulin et la tringlerie qui, commandée par chaque touche de clavier, actionne les galets pour presser la bande sur une tête de lecture afin de produire un des sons sélectionnés et bonjour à la reproduction par digitalisation de tout ce processus . Ainsi est né le M4000D.
Ses créateurs lui ont injecté une partie de l’histoire des Mellotrons et des Chamberlins, avec 100 sons en natif (ceux de la carte 1). 4 autres cartes additionnelles (dont j'ai décidé de me passer) au format compact flash (enregistrée en 24-bit non-compressé) peuvent venir compléter votre écurie de "purs-sons", mais attention aux tarifs puisqu’on est rendu à 500$ la carte. Au final, le M4000D est proposé à 2.800€ et avec ses 4 cartes additionnelles l’addition grimpe à 4.800€. Ça calme, non ? Surtout qu’à la base il ne s’agit que d’un sampler.
Le M4000D sorti en 2010 est donc la toute première déclinaison digitale des Mellotrons d’antan. Des petits frères ont suivi : le M4000D mini, le M4000D rack et le Mellotron Micro (avec un clavier 2 octaves et sans slot de carte d’extension).
Seul le M4000D (nommé aussi « regular ») dispose de l’aftertouch polyphonique (via MIDI), il reprend également le même format de clavier bois que les Mellotrons analogiques (en 37 notes du fa au fa, au lieu de 35 notes). Ce qui explique à la fois son poids (17kg) et son encombrement. Son châssis est lui aussi en bois (peint en blanc comme son illustre aïeul) et son couvercle supérieur est monté sur une charnière piano afin de s’ouvrir. Son touché est, au premier abord, assez décevant car plutôt léger. Par contre, la sensibilité de l’aftertouch est excellente.
À gauche du clavier l’interface comprend les 3 boutons assignés aux trois fonctions historiques des Mellotrons (Volume, Tona, Pitch) et le sélecteur de sons (AB) n’agit plus qu’en deux sons préprogrammés. Par contre la vraie valeur ajoutée ce sont les deux encodeurs supérieurs positionnés de part et d’autre de 2 écrans OLED (en couleurs s’il vous plait) qui permettent de changer d’instrument à la volée tout en jouant.
L’ADN de Mellotron réside également dans la durée des notes qui reproduisent une tenue de 8 à 10 secondes avant leur extinction par un effet « à bout de souffle » réellement jouissif, tout comme avec une bande magnétique dans un Mellotron analogique.
Tous ces détails de conception et d’exploitation de cet instrument trahissent le parti-pris de ses concepteurs de proposer des sensations au plus près des sensations des modèles historiques des Mellotrons. Au contraire de la face arrière pourvue d’une connectique moderne, complète et exhaustive. Certains ont regretté l’absence d’une alimentation interne et d’une connectique avec fiche CEI en lieu et place d’une alimentation externe et sa fiche coaxiale de 2,5 mm qui, au regard des autres prestations du M4000D, fait un peu cheap. Pesant déjà 17,5 kg, l’instrument aurait été critiqué s’il avait dû emporter transfo et son blindage en son sein, ainsi que les nécessaires renforts du châssis que cela aurait imposé et, donc flirter avec les 20kg.

Comparaison des sons Mellotrons (banque de sons ou instrument virtuel) et jouer un Mellotron M4000D
Les banques de sons de chez Clavia Nord (qui a racheté les droits des bandes originales de chez Mellotron) et l’émulation Mellotron V de chez Arturia sont deux références. Deux parmi tant d’autres certes, mais ce sont avant tout celles dont je dispose chez moi.
Banque de son Mellotron et Chamberlin de chez Clavia jouée avec mon Nord Stage 3. Pour l’application Mellotron V d’Arturia je dispose du clavier maître Keylab 88 Essential.
Opposer ces trois approches pourrait se résumer à comparer 3 façons de gérer des samples !
Ce comparo est de toute façon biaisé car il eut fallu disposer d’un Mellotron 400M et de sa collection de cadres des diverses bandes sons (ou Mark VI) pour les départager.
N’ayant pas de Mellotron analo, je vous livre plutôt mon ressenti :
• Pour s'enregistrer et insérer des lignes de sons de Mellotron dans un mix, les 3 propositions font parfaitement l’affaire.
• Pour du live, je retiendrai le nord Stage et le Mellotron M4000D.
• Pour la compo et le Sound-design je ne privilégierai au final que le M4000D. Pourquoi ? C’est sans doute lié à mon vécu et à sa part d’émotionnel liés à cet instrument culte que sont les Mellotrons / Chamberlins analogiques dont le M4000D est le plus proche. Ce qui en fait un instrument beaucoup plus inspirant que le clavier rouge de chez Nord ou l’imitation clinique et peut-être trop parfaite de l’application Arturia.
Avec le M4000D il subsiste tous ces ersatz sonores et ces imperfections si émouvantes qui, à chaque fois, me font voyager dans des univers musicaux que j’ai aimé et continuerai d’aimer, tout en suscitant en moi le désir d’en explorer de nouveaux.

Avec quels effets et quel ampli (et quel voisinage) ?
Je me contente d’un contrôle avec une pédale sustain des plus standard, d’une pédale d’effet Strymon El Capistan le tout sortant sur un ampli Roland KC 600. Bon, il est vrai qu’à ma gauche j’ai un Fender Rhodes stage MK1 mais ça, c’est une autre histoire. Deux "pur-sons" côte-à-côte, n’est-ce pas le péché mignon de tout éleveur claviériste ? ?

C'est un avis à chaud après deux jours.
Config spéciale ! Guitare synthé Godin / roland GR20 / couplage midi au mellotron m4000d rack/ ampli AER ASQ8.
Je ne suis pas certain d'avoir déjà optimalisé concernant les possibilités midi mais ça fonctionne déjà très bien.
Pédale de volume de clavier et pédale Boss pour le sustain : marchent au premier coup.
Etrangement, le tracking midi est plus propre que sur le GR20 (moins stable). Trsè peu de couacs. Par contre, quelques plantages (dont je ne suis pas certain de la cause / pédale de sustain longuement appuyée ?)
Les sonorités correspondent à l'instrument original : poétiques !
Les possibilités sont "limitées" à certains types d'instruments. Les synthés actuels offrent bcp plus. Par contre ça le fait.
Et quand même : guitare micro magnétique -piezo - sons stéréo du GR20 - 2 sons du Mellotron...et tout autre appareil midi qu'on pourrait ajouter...
Certains sons semblent assez "secs" comme les pianos : forcément ! pas de résonance...
J'ai essayé une pédale SLO de Mad Professor en sortie. Patch "shimmer". Et là, surprise ! Ça ajoute ce qu'il manquait. C'est magique !
Je complèterai plus tard. Cordialement

Developpement de l'instrument à Stockholm en Suède
Clavier bois avec aftertouch polyphonique
Résolution des sons 24 bit sans compression
Nombre de touches 37 notes (3 octaves de fa à fa)
Cette version possède un fa et un fa# supplémentaire dans les basses par rapport à l'original.

100 sons des archives originales de Mellotron et Chamberlin inclus dans la bête (addition de 100 sons avec insertion d'une carte spéciale compact-flash à insérer à l'arrière de l'instrument)
Les sons internes sont chargés instantanément à l'allumage (3s), ensuite aucune attente pour le chargement et l'accès aux sons.
Les samples ne sont pas bouclés, format et longueur d'origine (environ 7,5 à 9,0 secondes d'audio)
2 sons mixables (A et B). Pas de banque C comme l'original.
Dimensions : 86.0 x 50.0 x 13.5 cm
Poids : 17.0 kg
Alimentation : 9-24Volt, AC ou DC, connectique 2.1 mm. Utilisation aussi bien sur du 100 V que du 240 V, 50 ou 60 Hz.

Sorties/connectiques
6 signaux de sortie :
- 3 jacks 1/4 : Sortie A, sortie B, sortie Master
- 3 prises XLR (+4dBm) Sortie A, sortie B, sortie Master
Sorties A Direct et B Direct permettent d'envoyer les signaux des canaux respectifs sans contrôle sur le tone et volume
- Sortie casque
- Entrée pédale de volume complètement analogique et câblé comme les mellotrons standards.
- Midi In / Out / Thru
- Pédale sustain, expression 1 et 2

Contrôleurs :
> Volume/Tone (Master et Sortie casque) : analogique et même caractéristique que le M400
> Pitch : modification de la vitesse des samples +/- 700 cents (+/- 7 semitones)
> Low/high switch : change la vitesse des samples de 1 octave. En position "Low", chaque sample est 2x plus long.
> Mix : contrôle du mix des pistes A et B
> Select A, Select B: sélection des sons A et B (sans fin et fonction push button)

2 écrans TFT (taille des écrans environ 6 cm de diagonale)
La carte additionnelle comprendra des rythms Mellotron et Chamberlin, sons Optigan et Orchestron etc...
A l'instar de son concurrent le memotron, on ne peut pas ajouter ses propres samples ou provenant d'une autre collection.

Création de playslist (combi de sons A/B)
Réglages de la sensibilité, attack/decay time, Rewind on/off, Rewind time, Start point
Pas d'effets interne, le son pur.

Sons présents :
Mellotrons : MKI, MKII, M300, M400,
Chamberlins : M1, Music Master
Collection de sons classiques des strings, choir, violons aux orgues, guitare, mandolines.... la liste est longue.

Finitions disponibles : Blanc laqué, Mahogany, Walnut
Pieds chromés Wurlitzer en option
Version rack dispo

UTILISATION

Achat en ligne. Livraison un peu longue (2 mois). La production ne doit pas être grande, il faut donc commander au bon moment. Attention tout de même, certains sites l'affiche en stock, mais ne l'ont pas.

Bonne sensation au déballage, le mellotron est bien protégé (plastique bulle, blocs de mousse pour caler, languettes plastiques pour le clavier...)
Offert par la maison une lingette aux couleurs de l'Angleterre pour nettoyer les 2 écrans TFT

Aucun manuel, ni CD avec un pdf. Bon il faut avouer que ce n'est pas compliquer à utiliser, mais dès que l'on souhaite rentrer dans la configuration ou la création de playlist, ça devient fastidieux. J'ai demandé un guide par mail et j'ai reçu un fichier word :-(
Un beau petit manuel blanc papier satiné aurait été intéressant, mais bon je chipote.

Une fois déballé et bien nous sommes en présence d'un beau meuble en bois finition blanc laqué.
Plaque en alu avec les contrôles sur la gauche. Défonce du nom et rétro-éclairage blanc du plus bel effet.
Ma femme adore, raison de plus pour que la pillule passe. La finition et la sensation générale sont magnifiques.

J'ai posé mon korg SV1 73 notes dessus, ça supporte bien par contre je protège le dessus du mellotron des coups des vis.

Si l'envie vous dit, vous pouvez jeter un coup d'oeil à l'intérieur, le capot est sur charnières avec aimants.
Par contre à l'intérieur contrairement à son grand frère le M400.......c'est vide!!! Ca sent bon le bois, les touches sont longues mais c'est vide.
Les écrans sont assez larges, l'affichage est de bonne qualité, en couleur et illustré. Il est possible de modifier les contrastes des textes, couleurs de fond du menu etc...
Je ne connais pas les dimensions du M400 original mais les proportions générales sont sensiblement les mêmes, sauf bien sur l'ajout des 2 notes basses.
D'ailleurs cet ajout pourrait paraître anodin ou fou pour les puristes, mais Markus Resch explique cet ajout pour les futurs samples d'Optigan (3 octaves de fa à fa).
Le câble d'alimentation et la connexion ne sont pas convaincants. Pas de résistance au branchement donc très sensible et pas de système pour le fixer.
L'alimentation externe est silencieuse, mais voilà, avec la place disponible à l'intérieur, on aurait pu penser bénéficier d'une alimentation intégrée... tout de même. Ca fait un peu "cheap".

Je n'ai jamais touché un vrai mellotron. Celui du M4000D est très particulier. Il est léger, aux antipodes d'un piano ou d'un rhodes (car pas de marteaux). Très bruyant si on joue rapidement dessus. Les touches claques au retour, surtout les touches noires. J'évite de jouer tard dans la nuit. C'est sec, on s'attend plutôt à quelquechose de fin et de doux.

Edition du 21 janvier 2013 : Après bien des interrogations et des recherches sur le net, le bruit de mon clavier n'était pas normal. J'ai trouvé et rectifié le soucis moi-même : quelques touches tapaient le capot au relâchement des notes. J'ai tout simplement baissé le clavier de quelques millimètres pour un résultat bien plus agréable et surtout "silencieux" à jouer.

L'allumage est rapide et le M4000D est silencieux.

A l'achat, le mellotron dispose de 100 sonorités. Ca fait beaucoup de sons, mais beaucoup de variantes d'un même son.

La mise à jour de l'OS se fait par carte compact flash sans trop de problèmes.
Par contre il faut renvoyer la carte pour quelques euros.

Très bon contact avec Markus Resch, il répond à toutes les questions et il est vraiment dispo.

SONORITÉS

C'est simple, efficace, totalement pur. Que dire de plus.
En comparaison à mon ancien vintage keys E-mu ou à mon korg SV1, il n'y a pas de comparaison possible. La défintion est vraiment agréable. Une personne qui possède un nord stage 2 l'a testé en passant et à vraiment senti la différence dans la qualité des sons.

Par contre je ne peux pas comparer avec une version originale M400 ou le Memotron. Dans un mix avec du travail, je ne suis pas sur que la différence soit flagrante.

Les réglages sont nombreux (tone, pitch, low/high, attack/decay time, Rewind on/off, Rewind time, Start point). Il est facile de donner un caractère différent aux sons. Pas d'effet de reverse des samples.

AVIS GLOBAL

J'ai longtemps hésité entre le M4000D et le memotron.
Séduit par l'esthétique originale, la qualité sonore annoncée et un jeu direct de toutes les sonorités, j'ai choisi la version Mellotron.

Quelques inconvénients viennent ternir cette sensation particulière de qualité et d'exception : l'alimentation, le manque de brochure, la mise à jour de l'OS, un petit manque d'ouverture.
Vouloir copier l'original au plus proche même dans ses défauts est peut être un point de vue risqué pour certains.
L'instrument est magnifique, le son est de qualité, mais quelques erreurs ou subtilités pourraient être améliorées.

Les différences avec un memotron sont légères et subtiles, cette version produite par Mellotron est donc je pense réservé à des "fans" de l'original. Et j'en fait parti !
Je serais curieux de les mettre côte à côte et de réaliser un comparatif. De même pour les versions rack.