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Pédago

L'organisation

Autoprod : Réaliser sa première démo (II)

Après avoir évoqué les choix stratégiques et les différentes méthodes pour enregistrer votre démo, il va falloir maintenant vous organiser. De la préparation au relationnel en passant par la pochette, ce second volet vous dira tout ce qu'il y a à savoir pour mener à bien votre entreprise.

Que vous enre­gis­triez en studio, chez vous ou dans une salle exté­rieure, il vous faudra de l’or­ga­ni­sa­tion et de la rigueur.

Le plan­ning

Studio

Établis­sez un plan­ning et un calen­drier de travail. Veillez bien à ce que tout le monde réserve ses jour­nées (et éven­tuel­le­ment ses nuits) et soit plei­ne­ment dispo­nible les jours dits. J’in­siste sur le « plei­ne­ment ». Sinon, faites votre démo à un autre moment. La soi-disant heure d’ab­sence d’un des inter­ve­nants peut vite se trans­for­mer en un nombre impres­sion­nant d’heures perdues. Donc, dispo­ni­bi­lité à 100% pour les quelques jours (et nuits) que va durer la réali­sa­tion de la démo.

Concen­trez au maxi­mum le travail. Pour une démo, un travail étalé dans le temps sera proba­ble­ment moins bon. Que vous déci­diez de consa­crer un, deux, trois ou quatre jours à la démo, essayez de les regrou­per, quitte à profi­ter de vacances. Si vous faites appel à du béné­vo­lat, insis­tez bien sur l’en­ga­ge­ment, sur la néces­sité d’être là et dispo­nible le(s) jour(s) J. On hésite parfois à être un peu ferme avec quelqu’un qui vous aide gracieu­se­ment, mais il faut savoir lui faire comprendre que s’il prend des enga­ge­ments, il doit les tenir parce que ça implique plusieurs personnes. Si vous sentez moyen­ne­ment votre géné­reux béné­vole, essayez de prévoir un remplaçant, au cas où…

Limi­tez la durée du projet : si vous êtes super perfec­tion­niste, vous risquez de vouloir réen­re­gis­trer x fois telle ou telle partie pas assez satis­fai­sante, de reve­nir 15 fois sur le mix, bref, de prolon­ger indé­fi­ni­ment le travail. Ceci ne servira à rien. N’ou­bliez pas que ce n’est qu’une démo. En 2 jours, 4 jours maxi, vous aurez un résul­tat corres­pon­dant à votre niveau. Pas plus, pas moins. Ce n’est pas parce que vous passe­rez plus de temps dessus que le résul­tat sera nette­ment meilleur. Sachez aller à l’es­sen­tiel et vous conten­ter du résul­tat, puis vous consa­crer à autre chose : trou­ver des dates, faire des affiches, prépa­rer des commu­niqués de presse. Le travail ne manque pas.

Le maté­riel

De la même façon, faites une check-list précise du maté­riel. N’hé­si­tez surtout pas à prévoir du doublon, même pour les instru­ments. Quand on démarre, on a pas toujours du maté­riel au top et c’est trop bête de perdre une demi-jour­née à cause d’une basse qui buzz, d’un timbre de caisse claire qui se barre ou d’une baguette de batte­rie cassée ! Si vous devez four­nir tout ou une partie du maté­riel d’en­re­gis­tre­ment, n’hé­si­tez pas à deman­der des direc­tives et un listing précis à la personne qui fera office d’ingé son. Si vous devez enre­gis­trer dans une salle que vous ne connais­sez pas, rensei­gnez-vous sur la qualité du circuit élec­trique, notam­ment des prises de terre. Un ampli qui ronfle parce que la terre est mauvaise, ce n’est pas génial pour l’en­re­gis­tre­ment. Si vous pres­sen­tez un problème, surtout, prenez les devants. Atten­tion aux câbles : c’est souvent un gros point faible. Ayez-en plusieurs en rab. De même les piles pour les pédales, les éven­tuels micros avec alim incor­po­rée, etc. Quelques piles 9V ne sont pas un inves­tis­se­ment énorme. Et surtout, des jeux de cordes neufs en secours. À ce propos, il faut que les instru­men­tistes à cordes aient changé leurs jeux de cordes au bon moment pour avoir à la fois des cordes en bon état et un accor­dage stabi­lisé.

Prépa­ra­tion artis­tique

D’abord, je vous conseille de lire le dossier « bien travailler en répé­ti­tion » précé­dem­ment paru. Il vous donnera sans doute des orien­ta­tions inté­res­santes pour bien prépa­rer vos séances d’en­re­gis­tre­ment. Le maître mot de ce dossier sur le travail en répé­ti­tion est « être carré ». Il va en être de même pour votre démo. Le but prin­ci­pal ne sera pas d’en mettre plein la vue sur la virtuo­sité des musi­ciens ou vos merveilleuses quali­tés d’ar­ran­geurs, mais de montrer que vous savez jouer carré, bien en place. C’est souvent la première chose, le premier critère que retien­dra un orga­ni­sa­teur.

Studio de répétition

Répé­tez bien les morceaux que vous comp­tez enre­gis­trer. Consa­crez-y inté­gra­le­ment les 2 ou 3 répé­ti­tions qui précèdent l’en­re­gis­tre­ment. L’idéal, surtout si vos répé­ti­tions sont habi­tuel­le­ment espa­cées, est de pouvoir grou­per plusieurs répé­ti­tions dans la semaine ou les jours qui précèdent les séances de studio. Vous devez répé­ter les morceaux tels quels. Ce n’est pas le moment d’y appor­ter des chan­ge­ments, nouveaux arran­ge­ments ou autres variantes, sauf pour simpli­fier et faci­li­ter le jeu. N’ou­bliez pas : il faut être carré. Si vous avez une idée de génie, vous pour­rez toujours la mettre en œuvre après la réali­sa­tion de la démo. N’ou­bliez pas que le mieux est souvent l’en­nemi du bien. Faites effi­cace !

Au contraire : si un morceau que vous souhai­tez faire figu­rer dans la démo comporte une partie à problème que vous avez du mal à passer, n’hé­si­tez surtout pas à le simpli­fier pour faire effi­cace. Simpli­fier peut sembler dommage, mais si le jour de l’en­re­gis­tre­ment, vous n’ar­ri­viez pas à faire une bonne prise, cela pèsera sur votre moral, pourra créer des tensions dans le groupe et nuira à la bonne exécu­tion de l’en­semble des morceaux. Au contraire, si vous jouez carré, vous aurez du plai­sir, serez à l’aise et pour­rez vous lâcher. Cela trans­pa­raî­tra dans vos enre­gis­tre­ments et les rendra bien meilleurs. À la rigueur, s’il vous reste un peu de temps à la fin de l’en­re­gis­tre­ment, vous pour­rez alors tenter des expé­riences. Concer­nant le choix des morceaux, nous verrons cela plus bas.

Autre point de prépa­ra­tion à faire avant la réali­sa­tion de la démo : enre­gis­trez-vous ! Même avec un dicta­phone. Le fait de vous enre­gis­trer va vous permettre de vous faire une idée de l’état de votre jeu et de l’avan­ce­ment de votre maîtrise. Cela va vous indiquer des axes de travail pour les prochaines répé­ti­tions, vous aider à choi­sir les morceaux les mieux maîtri­sés et ceux qui sonnent le mieux. Un autre inté­rêt essen­tiel de vous enre­gis­trer aupa­ra­vant est d’évi­ter toute mauvaise surprise lors de la réali­sa­tion de la démo. En effet, les groupes se croient géné­ra­le­ment meilleurs qu’ils ne le sont. Ce n’est qu’en s’en­re­gis­trant et s’écou­tant tranquille­ment qu’ils prennent conscience de leurs faiblesses. Un enre­gis­tre­ment (démo, maquette, voire album) d’un groupe peut s’avé­rer mortel pour celui-ci. Certains musi­ciens vont se prendre une grande claque (« putain ! Je ne suis pas en place ! »), d’autres vont entendre réel­le­ment pour la première fois ce que jouent d’autres membres du groupe (« quoi ? Tu joues un Mi mineur là ? Mais c’est un Sol majeur ! »). Sachez que je n’exa­gère pas. Mora­lité, tout ceci va vous sabrer le moral et créer des dissen­sions dans le groupe (« machin est vrai­ment pas bon. Il baisse le niveau du groupe. C’est un boulet ») qui pour­ront aller jusqu’à l’écla­te­ment de celui-ci. Bien dommage, non ? Vous ne me croyez pas ? Deman­dez autour de vous combien de jeunes groupes ont éclaté après avoir enre­gis­tré. Pour éviter ceci, il est donc bon de s’en­re­gis­trer régu­liè­re­ment et de s’écou­ter.

La claque

Un tuyau pour les instru­ments qui ronflent

Il n’est pas rare, surtout quand on dispose de maté­riel d’en­trée de gamme ou vieux, d’avoir une guitare ou une basse qui ronfle. En géné­ral, c’est dû à des problèmes de masse, parfois à l’ab­sence de prise de terre. N’ou­bliez pas qu’il n’est pas recom­mandé, pour des ques­tions de sécu­rité, de bran­cher un appa­reil prévu pour une mise à la terre sur une prise qui en est dépour­vue. Ceci rappelé, voici donc un petit truc pour contour­ner les ronflettes de masse. On les détecte faci­le­ment du fait que le bruit cesse ou s’at­té­nue forte­ment lorsque le musi­cien pose ses doigts sur les cordes et reprend dès qu’il les relâche. Prenez un bout de câble élec­trique de quelques dizaines de cm et dénu­dez-le de quelques cm à un bout et d’une ving­taine à l’autre. Fixez ensuite le bout peu dénudé à une partie métal­lique de la guitare ou de la basse à problème (en géné­ral, le cheva­let est le meilleur endroit). Cette fixa­tion doit se faire en assu­rant le meilleur contact possible entre le fil et la pièce. Ensuite, enrou­lez tout simple­ment la partie la plus dénu­dée autour du poignet du guita­riste ou du bassiste. Son corps va alors faire office de masse et dimi­nuer gran­de­ment la ronflette. Atten­tion : je rappelle que cette solu­tion n’est valable qu’avec un bran­che­ment sur prise de terre et peut s’avé­rer dange­reuse sans, du courant pouvant alors remon­ter par la masse en cas de court-circuit.



Bien sûr, cela n’em­pê­chera pas que le résul­tat de la démo risque de ne pas vous satis­faire. Elle sera proba­ble­ment en dessous de ce que vous espé­riez, de la façon dont vous imagi­niez que votre groupe sonnait. En bref, vous allez tout à coup être confronté à une brutale réalité : vous n’avez pas encore le niveau de vos idoles ! Mais pas de panique pour autant. Le regard que vous allez porter sur le résul­tat de votre travail ne sera pas celui de la plupart des audi­teurs, heureu­se­ment. Vous, vous n’en­ten­drez au début que ce qui ne va pas, les pains, les trucs pas en place, les déséqui­libres de son, les paroles mal pronon­cées, les choeurs pas très justes. L’au­di­teur lambda, même si c’est un connais­seur, voire un musi­cien averti, enten­dra d’abord de la musique. Et c’est ça qu’il jugera. Person­nel­le­ment, pratique­ment après chaque enre­gis­tre­ment, j’ai détesté ceux-ci. Alors que beau­coup de gens trou­vaient ça très bien, voir adoraient. Il m’a fallu à chaque fois pas mal de temps pour trou­ver ça pas si mal.

Ne vous inquié­tez pas, c’est plutôt bon signe : l’au­to­sa­tis­fac­tion n’est pas le meilleur moyen d’être motivé pour progres­ser. Et si ça peut vous rassu­rer, sachez que bien peu d’al­bums de grandes stars sont parfaits. Pour prendre un exemple fort, écou­tez Miles Davis : les pains se comptent à la pelle, et pour­tant, le génie est là. Et le fris­son qui va avec. Le jour J, veillez à ce que tout le monde arrive à l’heure. Montez immé­dia­te­ment le maté­riel, sans tension, sans préci­pi­ta­tion, mais sans perte de temps.

Rela­tions avec l’in­gé­nieur du son

Si vous allez en studio, atten­tion aux ingés son bavards. Certes, il est bon de prendre le temps de faire connais­sance. Mais certains aiment bien prolon­ger plus que de raison la discus­sion du matin, histoire de ne pas attaquer trop tôt dans le vif. Il faut trou­ver un équi­libre dans la rela­tion avec l’ingé son. C’est très impor­tant. Disons que vous devez être au même niveau. Il faut à la fois qu’il sente votre respect pour son expé­rience, votre envie d’écou­ter ses conseils et à la fois qu’il n’ou­blie pas que c’est vous le boss parce que c’est vous qui payez. Restez modeste et poli avec lui, faites confiance à son expé­rience et son savoir-faire, mais n’hé­si­tez non plus pas à être direc­tif, voire ferme. C’est votre groupe et c’est vous qui savez le son que vous voulez.

– « Bon, on va peut-être commen­cer à instal­ler le maté­riel ? »
- « Ouais, ça va, on a le temps… »
- « Tant mieux. Mais on va quand même instal­ler. Je serai plus tranquille quand ce sera fait. »

Ingé son

Ne lui donnez jamais d’ordre, mais deman­dez-lui les choses. « Donne-moi plus de batte­rie » passe moins que « tu peux me mettre un peu plus de batte­rie en retour s’il te plaît ? » Le résul­tat sera sûre­ment le même, mais il risque de vous bichon­ner. Bon, n’exa­gé­rons rien. On est dans une atmo­sphère de travail et  on n’est pas obligé de dire s’il te plait merci à chaque phrase. Mais c’est mieux. Bref, il faut être poli sans être servile. L’ingé son aussi a non seule­ment droit, mais besoin de respect. Plus il aura plai­sir à travailler avec vous, plus il se sentira à l’aise et respecté, plus il soignera votre bébé. Et si ça passe carré­ment bien humai­ne­ment, il y a fort à parier qu’il se mettra en quatre pour vous faire une belle démo.

Atten­tion : il est plutôt logique d’être inti­midé lorsqu’on est un jeune groupe inex­pé­ri­menté et qu’on se retrouve pour la première fois en studio face à un ingé son expé­ri­menté. Ne tombez pas dans le piège clas­sique qui consiste à cacher sa timi­dité, voire son malaise derrière une arro­gance d’ar­tiste sûr de lui. Vous ne trom­pe­rez personne, mais vous crée­rez une atmo­sphère désa­gréable. Ne jouez pas non plus les blasés. Au contraire : ne boudez pas votre plai­sir d’être en studio, de voir cet envi­ron­ne­ment merveilleux et ce maté­riel de rêve. On ne vous mépri­sera pas pour ça. Au contraire, votre plai­sir peut faire plai­sir à l’ingé son et le mettre de bonne humeur. Et si vous savez par ailleurs vous montrer profes­sion­nel, disci­pliné, effi­cace et déter­miné, vous aurez droit à un big respect.

N’hé­si­tez donc pas à deman­der ou à signa­ler quand des choses vous semblent anor­males ou ne vous conviennent pas. Et insis­tez s’il le faut.

– « C’est moi où j’ai un peu trop de réver­bé­ra­tion sur ma voix ? »
- « Non, c’est normal »
- « Bon »

La plupart du temps, il va bais­ser ladite réverb, mais s’il ne le fait pas :

« J’ai encore trop de réver­bé­ra­tion sur ma voix. Tu peux la bais­ser s’il te plaît ? »

Jusqu’à ce que vous obte­niez satis­fac­tion. Il vous respec­tera pour ça, surtout si vous restez poli. Mais lais­sez-lui quand même le temps de faire ses réglages entre deux demandes.

Au début, atten­tion à ne pas trop bous­cu­ler l’ingé son au début. Il va avoir plein de choses à connec­ter, proba­ble­ment des câbles à passer, les micros à placer et beau­coup de réglages à faire. Il va donc y avoir un temps assez long pendant lequel vous n’au­rez rien à faire qu’at­tendre et être prêt à jouer à sa demande. Deman­dez-lui d’ailleurs si vous pouvez jouer pour vous chauf­fer pendant ce temps. Ou n’hé­si­tez pas à lui propo­ser un coup de main (qu’il refu­sera proba­ble­ment parce qu’il n’y aura pas grand-chose que vous puis­siez faire à sa place, mais ça lui fera plai­sir). Sachez aussi le lais­ser tranquille quand il a besoin de se concen­trer.

Au moment de faire les réglages des tranches, il faut respec­ter scru­pu­leu­se­ment ses direc­tives. Il faut que chaque musi­cien ne joue que lorsque l’ingé le lui demande et s’ar­rête dès qu’on le lui demande. Pensez aussi à vous être accor­dés au plus tôt et profi­tez du moindre temps mort pour vous réac­cor­der. En venant de l’ex­té­rieur dans un studio souvent bien chauffé, les instru­ments vont bouger pendant quelque temps avant de se stabi­li­ser. Or, il n’y a rien de plus galère que de régler correc­te­ment une tranche pour un instru­ment mal accordé. N’ou­bliez pas non plus de vous réac­cor­der régu­liè­re­ment au cours de la séance.

Chas­sez toute perte de temps

Café


Comme dans tout travail, la produc­tion d’une démo peut être pleine de petites pertes de temps qui n’ont l’air de rien, mais qui mises bout à bout, vont peser lourd à la fin du projet. Quelqu’un pris d’une subite envie de pisser au moment d’en­re­gis­trer, un musi­cien qui s’aperçoit au moment d’ap­puyer sur ‘REC’ qu’il ne s’est pas réac­cordé, un clavier qui n’a pas noté ses sons et qui passe son temps à recher­cher le patch qu’il utilise habi­tuelle et dont, dans le stress du moment, il a oublié le nom ou le numé­ro… Tout temps que vous perdrez risquera d’être soit de la qualité, soit du contenu perdu sur le résul­tat final.

Pensez donc à chas­ser tous les temps morts. Allez aux toilettes avant de commen­cer les balances ou au pire lorsque vous savez qu’il y en pour quelques minutes pour un autre musi­cien. Reve­nez vite. Rien de plus pénible que d’at­tendre un musi­cien absent pour conti­nuer le travail. Sauf excep­tion et hors pauses, il ne doit jamais arri­ver que quiconque attende les bras croi­sés. S’il y a un temps mort, profi­tez-en pour vous réac­cor­der, aller cher­cher une bouteille d’eau, prépa­rer l’ins­tru­ment dont vous aurez besoin au prochain morceau… Mais n’en­ga­gez non plus pas de tâche trop longue, sinon, ce sont les autres qui vous atten­dront. Le coup clas­sique d’en profi­ter pour aller fumer une clope pendant qu’un­tel est parti aux toilettes se termine souvent par une grosse perte de temps, au moins une demi-heure.

Pauses et consom­ma­tions

Les pauses se prennent en géné­ral tous ensemble, à des moments oppor­tuns par rapport à l’avan­ce­ment du travail. Pas selon les caprices de chacun. Mais si quelqu’un déclare avoir besoin d’une pause, c’est peut-être le moment d’en faire une. Rien ne sert de conti­nuer à enre­gis­trer avec un batteur qui est vidé, un guita­riste qui a les doigts en sang ou un bassiste qui a des crampes dans le bras.

Si vous allez cher­cher des cafés, deman­dez à l’ingé si vous pouvez les boire ou non dans le studio ou la cabine et propo­sez-lui-en un. Certains ingés verront d’un mauvais oeil le risque de voir une tasse de café rever­sée sur une console ou un rack, d’autres s’en foutent. Mais faites atten­tion à ces détails, notam­ment l’en­droit où vous posez d’éven­tuelles bois­sons : qu’elles ne risquent pas d’être rever­sées et surtout pas sur du matos, qu’il appar­tienne au studio ou à vous. N’ou­bliez pas non plus que 99 % des studios sont non-fumeurs. Tout ceci n’est, après tout, que du simple respect et de l’élé­men­taire poli­tesse.

Au moment des pauses, prenez le temps de souf­fler un bon coup, de boire votre éven­tuel café, de fumer votre clope, mais ne vous éter­ni­sez pas à refaire le match de la veille, commen­ter le dernier album d’un­tel ou la dernière  provo­ca­tion d’un quel­conque ministre. N’ou­bliez pas que vous avez un travail à faire et un temps limité pour le faire. Ne spee­dez pas non plus. Sachez souf­fler le temps néces­saire pour rechar­ger les batte­ries sans perdre un temps exagéré.

Même chose au moment du déjeu­ner. Faites une vraie pause : une jour­née de studio, c’est long et éprou­vant et un petit bol d’air fait du bien. Mais ne restez pas digé­rer jusqu’au milieu de l’après-midi. Il est bon de se rensei­gner aupa­ra­vant des solu­tions de restau­ra­tion possibles. S’il n’y en a pas, ou que le secteur ne comporte que des bras­se­ries pleines à craquer le midi, voyez si vous pouvez déca­ler le déjeu­ner pour ne pas être pris dans la foule ou prévoyez un pique nique à manger tranquille­ment dans un square ou dans le coin détente du studio : ce sera moins stres­sant et proba­ble­ment moins cher. Durant les jour­nées de studio, certains ont besoin de prendre l’air, d’autres préfèrent rester dans l’am­biance troglo­dyte des studios. Respec­tez les incli­nai­sons de chacun, mais si une partie du groupe décide de sortir, déter­mi­nez une durée précise pour son retour.

Concer­nant le déjeu­ner, évitez de vous remplir la panse. Faites plutôt un repas léger qui vous évitera un gros coup de barre après le repas. Car c’est un moment qui risque d’être essen­tiel dans les enre­gis­tre­ments. Par contre, prévoyez des petits grigno­tages pour le milieu de mati­née et d’après-midi. La jour­née va être longue. Et si possible, des grigno­tages qui ne feront pas des miettes partout.

Évitez de consom­mer de l’al­cool et tout stupé­fiant, calmant ou exci­tant (autre qu’un peu de café, sans excès). Cela risque de nuire à votre concen­tra­tion et à votre pêche. Il sera toujours le temps d’al­ler boire un bon coup et de se taper une bonne clope après la jour­née de travail. Mais si vous travaillez sur deux jours, restez tout de même raison­nables et couchez-vous tôt. En tout cas, si la séance se termine tard (ce qui est probable), ne traî­nez pas après le boulot. La seconde jour­née sera sans doute encore plus intense que la première, car les choses seront lancées et vous aurez besoin de toutes vos forces.

Mais enre­gis­trer quoi?

On l’a dit, une bonne démo n’a pas besoin d’être longue. Deux morceaux sont quand même un strict mini­mum. De trois à cinq, c’est correct. Évidem­ment, vous aurez sélec­tionné aupa­ra­vant les morceaux que vous allez enre­gis­trer. Essayez, si vous en avez le temps, d’en­re­gis­trer un ou deux morceaux de plus que votre objec­tif. Tous les morceaux que vous allez enre­gis­trer ne seront certai­ne­ment pas mixés, faute de temps, mais vous pour­rez choi­sir les enre­gis­tre­ments les plus réus­sis. Bien sur, vous allez prendre vos meilleurs morceaux. Pensez cepen­dant aux aspects tech­niques. Ainsi, si un morceau que vous aimez beau­coup implique une confi­gu­ra­tion instru­men­tale très diffé­rente de l’ha­bi­tuelle, ne le sélec­tion­nez pas ou gardez-le pour la fin, s’il y a le temps. En effet, confi­gu­ra­tion instru­men­tale diffé­rente signi­fie nouveaux réglages, repo­si­tion­ne­ment des micros, etc. Essayez de construire une démo équi­li­brée. Il vous faut des morceaux pêchus, mais n’hé­si­tez pas non plus à mettre des morceaux même très cool qui vous tiennent à cœur et que vous pensez parti­cu­liè­re­ment bien maîtri­ser et surtout, qui peuvent appor­ter une émotion à l’au­di­teur.

Voici ce que j’es­time idéal pour une démo (style et ordre des morceaux) :

  1. Magnéto
    Morceau pêchu, mais pas trop violent. Un truc qui attire l’at­ten­tion et emmène dans votre univers sans heur­ter l’au­di­teur non habi­tué à votre son ou style. Choi­sis­sez un des morceaux les plus « grand public » ou pop de votre réper­toire. C’est une porte d’en­trée dans votre univers pour un audi­toire le plus large possible. Il faut aussi que ce soit un morceau bien maîtrisé tech­nique­ment. C’est lui qui va donner l’image de qualité de votre groupe. Enfin, il faut que le morceau soit « inté­res­sant » dès les premières secondes. Celles-ci sont déter­mi­nantes.
  2. Morceau pêchu, voire bien gras, voire violent (selon votre style de musique) : l’au­di­teur est entré dans votre univers avec le premier morceau, il peut accep­ter des choses moins faciles, moins « grand public ».
  3. Morceau plus cool, voire très cool. Chargé d’émo­tion. Avec les deux premiers, vous avez fait passer la pêche, avec celui-ci, c’est au tour du fris­son.
  4. Morceau vif.
  5. Morceau de choix. Morceau au choix. Là, vous êtes assez libre. On peut être dans le vif ou le cool. C’est surtout l’oc­ca­sion de mettre un morceau un peu à part de votre réper­toire. Une chose à savoir tout de même : termi­ner un disque par un morceau vif donne envie à l’au­di­teur de remettre le disque. Cela dit, il faut savoir que, en pros­pec­tion directe (quand c’est vous qui irez présen­ter le disque) ce morceau de même que le précé­dent ne sera pas vrai­ment écouté (voir enca­dré). Atten­tion quand même à ne pas mettre un morceau qui risque­rait de termi­ner sur une mauvaise impres­sion après de bons morceaux. On l’a dit : la longueur est moins impor­tante que la qualité. Il est souvent tentant de lais­ser un morceau un peu plus faible « parce que ça en fait un de plus ». C’est une grosse erreur, car ce morceau faible va déva­lo­ri­ser l’en­semble des morceaux en déce­vant l’au­di­teur. Mieux vaut un audi­teur frus­tré, ayant envie d’en entendre plus qu’un audi­teur déçu. Surtout pour une démo visant à décro­cher des concerts.

N’ou­bliez pas votre objec­tif : il faut que votre démo donne envie à l’or­ga­ni­sa­teur de vous entendre en concert et donc, pour cela, de vous embau­cher. Un orga­ni­sa­teur ne program­mera pratique­ment jamais un truc qu’il n’aime pas sous prétexte que ça peut plaire à un certain public. Il a tant de choix ! Par contre, il pourra prendre le risque de program­mer un truc qu’il appré­cie, même s’il craint que ça ne passe pas trop auprès du public habi­tuel de son lieu de spec­tacle.

Il est possible que vous ayez déjà des enre­gis­tre­ments en concert parce que vous avez bran­ché un MD en sortie de votre console ou que vous avez joué sono­risé par quelqu’un qui vous a enre­gis­tré. Si un ou plusieurs morceaux sont valables, vous pouvez sans problème les inclure dans la démo, même si le son géné­ral ou l’équi­libre des instru­ments est bof. Si le morceau est pêchu, qu’on sent une bonne ambiance du public, n’hé­si­tez pas à l’in­clure. Vous deman­de­rez à l’ingé son de maste­ri­ser ce ou ces morceaux avec les autres. N’ou­bliez pas de le préve­nir à l’avance. Ce choix de morceaux à mettre dans la démo se fera de toute façon en phase finale, de même que l’ordre des morceaux sur le disque.

Choix d’en­re­gis­tre­ment

Si vous travaillez sur deux jours, la logique veut que ça se passe plus ou moins comme ça :

 

  Enre­gis­tre­ment multi­piste Enre­gis­tre­ment direct 2 pistes
1er jour

Matin : mise en place, balances et réglages, premiers enre­gis­tre­ments tests.

Après-midi : enre­gis­tre­ment

Matin : mise en place, balances et réglages, premiers enre­gis­tre­ments tests.

Après-midi : enre­gis­tre­ment
2ème jour

Matin : Écoute, sélec­tion des morceaux, début du mixage

Après-midi : mixage, puis maste­ri­sa­tion.

Matin : enre­gis­tre­ment

Après-midi : écoute, sélec­tion, maste­ri­sa­tion.

Vous voyez que dans le second cas, le temps d’en­re­gis­tre­ment est plus long. Cela permet ainsi d’en­re­gis­trer plus de morceaux et de choi­sir les meilleurs et surtout, d’en­re­gis­trer plusieurs prises du même morceau et de choi­sir la meilleure. C’est la solu­tion que je recom­mande. Bien sûr, cette solu­tion inter­dit l’édi­ting et oblige à refaire une prise complète si un des musi­ciens fait un (trop) gros pain. Mais en enre­gis­trant plusieurs prises, on a de fortes chances d’en trou­ver une bonne. De toute façon, de l’édi­ting, vous n’avez pas vrai­ment le temps d’en faire. (L’édi­ting consiste à éditer les pistes enre­gis­trées de façon à corri­ger certaines choses, remettre en place un coup de caisse clair mal placé, par exemple).

L’avan­tage de l’en­re­gis­tre­ment en deux pistes est que l’on évite ensuite le mixage puisqu’il est déjà fait à l’en­re­gis­tre­ment (l’ingé son a évidem­ment fait une balance équi­li­brée aupa­ra­vant). Ce qui fait gagner un temps consi­dé­rable. Je trouve pour ma part qu’il vaut mieux avoir du temps pour faire de multiples prises de chaque morceau, les écou­ter tranquille­ment et garder la meilleure que de passer du temps à mixer une prise qui n’est pas forcé­ment la meilleure que le groupe puisse donner.

Pour une démo, j’au­rai tendance à penser que c’est la meilleure solu­tion, à condi­tion que les musi­ciens du groupe soient capables de jouer leurs morceaux de bout en bout sans plan­tade, avec un mini­mum de pains.

Si par contre, vous maîtri­sez mal vos morceaux, il vaut mieux enre­gis­trer en multi­pistes pour pouvoir faire des ‘drops’ et des ‘re-re’ en cas de problème. Mais si vous ne maîtri­sez pas assez 5 ou 6 morceaux pour pouvoir les jouer correc­te­ment de bout en bout, c’est sans doute qu’il est encore un peu tôt pour enre­gis­trer une démo et qu’il faut encore répé­ter.

Le temps gagné va aussi servir à une bonne maste­ri­sa­tion (prémas­te­ri­sa­tion corri­ge­ront les pédants). En deux mots, il s’agit d’ap­pliquer aux mix une égali­sa­tion géné­rale pour mieux struc­tu­rer le son et donner un son simi­laire aux diffé­rents mix qui composent le CD. On applique égale­ment un trai­te­ment dyna­mique, géné­ra­le­ment un compres­seur et un limi­teur. En effet, le mixage est géné­ra­le­ment réalisé quelques dB sous le zéro dB absolu (qui est le niveau maxi en audio­nu­mé­rique, donc pour les CD). La compres­sion va « remon­ter » le mix à 0dB pour le rendre plus fort. Elle va aussi écra­ser la dyna­mique, c’est à dire réduire l’écart entre les sons les plus faibles et les plus forts, donnant ainsi plus de présence au son du disque. Ces trai­te­ments visent aussi à équi­li­brer le son afin qu’il passe au mieux sur diffé­rents systèmes d’écoute. Pour un album, on réalise la maste­ri­sa­tion dans un studio spécia­lisé avec un ingé son spécia­lisé. Mais dans le cas d’une démo, surtout une première, il serait aber­rant de dépen­ser quelques centaines d’eu­ros dans une maste­ri­sa­tion spécia­li­sée. C’est donc l’ingé son de votre studio qui va la réali­ser.

Quel son viser ?

Comment utili­ser la démo

On rentre là dans la démarche de pros­pec­tion qui fera l’objet d’un prochain dossier. Cepen­dant, on ne peut parler d’une démo sans parler de son utili­sa­tion. Voici en bref quelques conseils.

Ne l’en­voyez pas : dépla­cez-vous. À chaque fois que c’est possible, bien sûr. Il est large­ment préfé­rable de prendre rendez-vous par télé­phone et d’al­ler rencon­trer le respon­sable de program­ma­tion. D’une part, vous obtien­drez plein de rensei­gne­ments sur l’éta­blis­se­ment, d’autre part, vous établis­sez ainsi un contact humain large­ment plus profi­table. Des bars où je joue régu­liè­re­ment reçoivent jusqu’à 300 démos par an. Vous compre­nez que l’im­pact de la présence physique repré­sente une sacrée diffé­rence.

Ne vous préci­pi­tez pas pour sortir votre démo au nez de l’or­ga­ni­sa­teur, même si vous en êtes fiers. Enga­gez plutôt la discus­sion et atten­dez qu’il vous la demande. J’ai décro­ché un nombre incal­cu­lable de concerts sans même mention­ner l’exis­tence d’une démo. Simple­ment par la discus­sion avec le program­ma­teur. Si le contact passe bien, si vous inspi­rez le sérieux, ça peut large­ment lui suffire à vous program­mer.

Pas la peine de dépla­cer tout le groupe. Ça dilue les choses. Y aller seul ou mieux, à deux. Si vous êtes quatre, sépa­rez-vous en deux groupes pour faire la pros­pec­tion. Vous en ferez ainsi deux fois plus que si vous y allez tous ensemble.

L’écoute de la démo : si on vous la demande, donnez-la. Ne la prêtez pas (c’est mesquin). N’ou­vrez pas le boîtier pour donner le CD, mais donnez le tout et lais­sez votre inter­lo­cu­teur en prendre posses­sion, lire la jaquette, l’ou­vrir, etc. Ne lui parlez pas : il est occupé. Lais­sez lui reprendre l’ini­tia­tive de la conver­sa­tion. Il peut vous poser quelques ques­tions, faites des réponses brèves, sans racon­ter votre vie. Ne dites rien de plus qu’une réponse simple et concise à ses ques­tions. De même, pendant l’écoute du CD. N’al­lez pas le distraire alors qu’il découvre une si belle musique. En géné­ral, si ça lui plaît, il repren­dra assez rapi­de­ment la conver­sa­tion. Souvent, c’est au troi­sième morceau (le cool) qu’il se remet­tra à discu­ter. C’est pourquoi les derniers morceaux sont enten­dus, mais rare­ment écou­tés lors de la première écoute. S’il commence à parler concert, ne reve­nez plus sur la démo (sauf évidem­ment s’il pose des ques­tions). S’il commence à parler concert, tarif, ou date, c’est que c’est dans la poche. Il est ferré !



Ce point dépend en grande partie de votre style de musique. Cepen­dant, il y a quelques points qui sont spéci­fiques à une démo, indé­pen­dam­ment du genre musi­cal. Au passage, signa­lons tout de même qu’il peut être bon d’ap­por­ter à l’ingé son un CD bien produit d’un groupe dans votre style dont vous aimez bien le son afin de lui donner une idée de la couleur sonore que vous souhai­tez obte­nir. Une même musique, en fonc­tion de la façon de l’en­re­gis­trer et de la mixer, peut sonner très alter­na­tive ou très pop. Et l’ingé son ne connaî­tra pas forcé­ment la couleur sonore propre à votre genre musi­cal.

Si vous enre­gis­trez live, il faut que ça sonne live. L’ingé saura quoi faire. Mais ne lui deman­dez pas de cher­cher à obte­nir un son de grosse produc­tion studio. D’une part, c’est impos­sible, d’autre part, ce n’est pas souhai­table. Par contre, sonner « live » ne veut pas dire sonner « concert ». Vous avez joué dans un studio, sans public et pas à Bercy ou même à la MJC du coin. Norma­le­ment, l’ingé son doit savoir faire la nuance et la faire passer.

Votre démo va être écou­tée sur les systèmes les plus incon­grus et parfois les plus pour­ris. Il ne sera pas rare qu’un orga­ni­sa­teur l’écoute dans son bureau sur les enceintes multi­mé­dia à 20 balles de son ordi­na­teur. Dans les bars et petits lieux, vous aurez droit à tous types de systèmes de diffu­sion, y compris les mini-chaînes à trois francs six-sous. Souvent, celles-ci comportent un « bass boost » qui est un vrai massacre pour la musique. Ce système « pousse » arti­fi­ciel­le­ment les basses que les petites enceintes (et peut-être même amplis) de ce genre de chaînes sont inca­pables de repro­duire. Pour cela, elles fonc­tionnent d’après un prin­cipe psycho-acous­tique (le même que celui du plug in Maxx­Bass de Waves) consis­tant à recréer dans les bas médiums des harmo­niques corres­pon­dant aux basses. C’est un vrai massacre pour tout le bas du spectre. Souvent aussi, on a des mini-chaînes avec bass­boost, mais sur lesquelles sont bran­chées de grosses enceintes parfois de qualité. Le mélange de rendu du bass­boost et des bonnes basses sorties « natu­rel­le­ment » par ces bonnes enceintes peut s’avé­rer… déton­nant. L’ingé son doit prendre ceci en consi­dé­ra­tion, surtout au moment du maste­ring. Para­doxa­le­ment, l’idéal est d’avoir un son pas trop chargé en basses et bien présent, voire légè­re­ment exces­sif dans le médium, là où se trouve l’in­tel­li­gi­bi­lité de la voix et de la plupart des instru­ments, ainsi que dans le bas des aigus. Car les enceintes sont souvent dispo­sées n’im­porte comment dans les bars, rendant la diffu­sion du son un peu… spéciale.

D’où la néces­sité d’une stéréo réduite. Si elle est très large, vous aurez de sacrées surprises. Il n’est pas rare en effet d’avoir une enceinte dans une partie du bar et l’autre dans un autre, voire dans une autre pièce. Si vous avez la ryth­mique de guitare tout d’un côté, elle risque fort de dispa­raître dans de telles condi­tions d’écoute. Ça ne veut pas dire aller jusqu’à sortir un mix mono, mais veillez bien au cours du mixage à ce que ce qui sort de chaque côté soit équi­li­bré et se suffise à lui-même. Cela se véri­fie aisé­ment en mutant alter­na­ti­ve­ment chaque voie (chaque côté, quoi). Ce n’est pas le moment de faire des fantai­sies

Compres­sion : atten­tion aux excès

Rack

La grande tendance actuelle consiste à cher­cher le son le plus « puis­sant » possible sur les CD. Mettez sur votre chaîne un disque d’il y a 10 ou 20 ans et ensuite un disque récent dans style musi­cal simi­laire et vous verrez de quoi je parle. Selon votre style de musique, il sera ou pas souhai­table de suivre cette tendance.

Ce travail sur la compres­sion sur fait au maste­ring, sur la dyna­mique (il y a eu une compres­sion de chaque instru­ment au moment des prises, mais c’est une autre histoire). Quand on compresse (trop) forte­ment, on induit de la distor­sion. Ce qui peut être souhai­table dans certains styles de musique, mais ne le sera pas forcé­ment pour d’autres. Les orga­ni­sa­teurs ont l’ha­bi­tude du faible niveau des CD de démo qui ne sont pas passés par des grands studios de maste­ri­sa­tion (quand même ils ont été maste­ri­sés). Donc, qu’ils soient obli­gés de pous­ser le volume de leur chaîne ne sera pas en votre défa­veur. Alors, vous pouvez dire à l’ingé qu’il n’est pas forcé­ment obligé de compres­ser comme un bour­rin. D’au­tant que certains ingés ont tendance à le faire sans trop en parler au client, car ils pensent que ça plaira plus au client d’avoir un CD qui sonne fort, que ça lui donnera l’im­pres­sion d’un travail plus pro. Mouais… Cette force se paye aussi. On a parlé de la distor­sion, mais il y a aussi la perte de nuances. Main­te­nant, il est vrai que la nuance n’est pas ce qu’on cherche dans une démo.

Par contre, une distor­sion qui peut être discrète, voire bien­ve­nue sur une bonne source de grosse produc­tion peut vite sonner cracra sur une démo forcé­ment moins chia­dée au niveau son. D’au­tant que le compres­seur utilisé sur votre démo ne sera sûre­ment pas un compres­seur haut de gamme dédié au maste­ring, ce qui fait une belle diffé­rence quant à l’élé­gance de la distor­sion, donc prudence.

Le travail sur la dyna­mique ne se résume pas au taux de compres­sion. Il y a notam­ment les attaques et relâ­che­ments du compres­seur. Selon les réglages, les tran­si­toires (attaques des notes) seront plus ou moins claquantes ou douces. À vous de voir selon votre style de musique, mais ne lais­sez pas forcé­ment l’ingé son faire un truc trop claquant si votre musique ne s’y prête pas.

Présen­ta­tion du disque

Il y a à ce sujet plusieurs écoles qui s’op­posent. Certains veulent faire une jaquette clas­sieuse, un peu comme un album, coller une étiquette sur le CD… Person­nel­le­ment, je me base sur la logique de marke­ting que j’ai eu l’oc­ca­sion de pratiquer dans une vie passée : le packa­ging d’un produit doit annon­cer son contenu. Si vous avez une jaquette clas­sieuse, qui peut faire penser à une produc­tion d’al­bum, mais que votre démo sonne moyen, l’au­di­teur aura une décep­tion en écou­tant le disque. Inver­se­ment, si vous avez une démo qui sonne bien, mais que la jaquette est cracra, vous ména­gez certes une bonne surprise à l’au­di­teur, mais aurez déva­lo­risé votre travail. Essayez donc d’être cohé­rent entre le contenu et le conte­nant.

Premier point : le boîtier. Inutile de prendre un boîtier cris­tal ou de brico­ler un digi­pack. Les slim cases font très bien l’af­faire. Ils présentent un triple avan­tage :

  • Ils protègent bien le CD et présentent plus sérieux qu’une enve­loppe papier
  • Ils évitent de s’enquiqui­ner avec une jaquette de dos puisqu’ils n’en comportent pas
  • Ils sont moins lourds, donc coûtent moins cher en cas d’en­voi postal
Boitier Slim

Pour la jaquette de façade, je trouve qu’une simple double page impri­mée maison ou photo­co­piée fait parfai­te­ment l’af­faire. Une double page que vous allez plier en lais­sant les pages du milieu (le verso au moment de l’im­pres­sion) vierges. Ça donne un peu d’épais­seur, ça tient sur le recto d’une page A4 et peut donc être imprimé à la maison, vous n’avez qu’une face à impri­mer et les découpes et façon­nages sont réduits.

Sur la page qui fera la façade du boîtier, mettez le nom du groupe (éven­tuel­le­ment le logo ou le graph si vous en avez un). Vous pouvez éven­tuel­le­ment mettre la formule ou le slogan qui résume votre groupe (ce qu’on appelle le base­line sous un logo en marke­ting). Genre « le gros son qui tue sa mère » ou « chan­son d’hier et de demain ». Ça peut être aussi le nom du style ou mouve­ment musi­cal si vous n’avez pas de slogan, genre « trance goa acous­tique » ou « rap pytha­go­ri­cien ».

N’ins­cri­vez pas de titre genre album. C’est un peu préten­tieux pour une démo. Sauf si vous avez une formule excel­lente ou un truc drôle en corres­pon­dance avec votre nom de groupe et votre style, par exemple « Les Billig Défon­cées, première galette »

Sinon, inscri­vez simple­ment « démo » suivi éven­tuel­le­ment d’une date ou de l’an­née (le fait de mettre une année fait genre le groupe a une histoire !). Enfin, mettez en bas et en petit une infor­ma­tion de contact, par exemple un numéro de télé­phone.

Sur la page inté­rieure, celle qui fera face au CD une fois le boîtier ouvert, inscri­vez :

  • Éven­tuel­le­ment une brève présen­ta­tion ou un histo­rique du groupe en quelques phrases. Restez bref et soyez percu­tant. Les formules type « Nono à la batte­rie, Seb au percus, Nestor à la basse… », l’or­ga­ni­sa­teur s’en fout. Pensez que vous avez peu d’es­pace que chaque infor­ma­tion doit être perti­nente. Une infor­ma­tion perti­nente est dans ce cas une infor­ma­tion qui donne envie d’em­bau­cher votre groupe. Pas la peine non plus de faire monter la mayon­naise exagé­ré­ment. Si vous êtes un groupe débu­tant, ne vous faites pas passer pour de vieux routards. Ça ne marchera pas et vous passe­rez vite pour des guignols qui ont pris le melon. Si vous avez déjà eu droit à un article de presse élogieux, vous pouvez en mettre quelques phrases en citant la source. Genre « excel­lente soirée avec les Zbirg­murf […] les quatre jeunes gens ont fait bouger un public conquis » La Dépèche du Midi 25/12/2205.
  • La liste des morceaux avec les numé­ros de piste et leurs auteurs/compo­si­teurs. La durée des morceaux n’est pas néces­saire, mais elle peut être souhai­table si vous avez un ou des morceaux très longs ou très courts. Si un ou des morceaux ont été enre­gis­trés en concert, le préci­ser. (« en concert à … »).
  • Les infor­ma­tions de contact : télé­phones (deux si possible), une adresse e-mail, l’adresse du site Inter­net, une adresse postale.
  • Si vous avez enre­gis­tré en studio, le nom du studio et de l’ingé son. Si c’est du « fait maison », il n’est pas néces­saire d’in­diquer quoi que ce soit.

Lais­sez tomber les tonnes de remer­cie­ments genre « merci à Jojo pour son micro, à René pour son ampli, à maman pour m’avoir fait et à papa pour l’hé­ri­tage ». On s’en fout, du moins l’or­ga­ni­sa­teur. S’il y a des gens à remer­cier pour leur aide, vous leur ferez une édition spéciale de la démo, avec une jaquette soignée et pourquoi pas person­na­li­sés (un futur collec­tor) et il sera temps d’y faire figu­rer tous les remer­cie­ments qui vous tiennent à coeur.

Comment présen­ter tout ça ?

Person­nel­le­ment, c’est :

  • Une mise en page propre, simple et claire, sans fiori­tures
  • Polices simples et lisibles, éven­tuel­le­ment corres­pon­dant à votre univers musi­cal. Vous pouvez utili­ser deux polices : une un peu fantai­sie, reflé­tant votre univers musi­cal pour les grands textes (nom du groupe par exemple) et une toute simple, genre ‘times’ ou ‘gene­va’ pour le reste. Atten­tion à l’uti­li­sa­tion de polices fantai­sies illi­sibles. C’est agaçant et ça fait amateur.
  • Impres­sion noire sur papier blanc. Point. Papier de couleur à la rigueur. Ça ne revient pas cher, ça peut s’im­pri­mer sur n’im­porte quelle petite impri­mante jet d’encre de base, ça passe bien en photo­co­pie, ce n’est pas sorcier à mettre en page.
Pochette d'album

Sur le CD, je suis contre l’étiquette car :

1– Ca revient cher (il faut que vous puis­siez distri­buer et envoyer plein de démos)
2– C’est long et embê­tant à coller propre­ment
3– Ca nuit à la durée de vie du CD
4– C’est du boulot pas évident d’en faire une qui ait de la gueule.

Pour moi, la bonne option est tout simple­ment d’écrire au marqueur le nom du groupe + démo + un numéro de télé­phone (au cas où le CD perdrait sa jaquette).

Il y a un cas où je recom­man­de­rais une démarche diffé­rente pour la présen­ta­tion : c’est celui d’un groupe faisant forte­ment inter­ve­nir sur scène des éléments visuels. Par exemple, avec des costumes de scène, des fonds de scène peints, des éléments de décors, voire de la vidéo. Dans ce cas, l’as­pect visuel est une partie inté­grante du spec­tacle et il faut que cela trans­pa­raisse au niveau de la démo. Dans ce cas, lais­ser le ou les graphistes du groupe s’ex­pri­mer et déli­rer. Votre démo peut-être bario­lée, livrée dans un boîtier fait maison, etc. N’ou­bliez pas cepen­dant que la démo sera à repro­duire à la main et à des dizaines d’exem­plaires. Un boîtier en pâte Fymo ou en bois, ça peut être top délire et percu­ter les orga­ni­sa­teurs ! Mais s’il vous faut une jour­née pour faire chaque copie, ou si celle-ci vous revient cher, vous allez hési­ter à en distri­buer plein. Or, une démo est faite pour être envoyée ou donnée en masse. Pensez-y. Comme on est dans le fait main, on peut cepen­dant se permettre de travailler en géomé­trie variable selon les cibles. Par exemple, rester sur quelque chose de simple pour les dizaines d’en­vois aux bars, pubs, MJC, et autres petits lieux et faire un truc top moumoute pour les envois aux festi­vals.

Ques­tions légales

Réali­ser un enre­gis­tre­ment que l’on va diffu­ser implique le respect de certaines dispo­si­tions juri­diques et légales. Pas de panique : ça ne va pas être sorcier. En fait, une démo se réalise géné­ra­le­ment « comme ça », sans respec­ter ce qui est norma­le­ment la loi. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas connaître celle-ci et même la respec­ter !

Théo­rique­ment, tout enre­gis­tre­ment en France destiné à la diffu­sion doit respec­ter les règles sur le droit d’au­teur et ce qu’on appelle aujour­d’hui les droits voisins. Par exemple, si votre démo comporte des reprises ou des morceaux dont l’un des auteurs (fut-il un membre du groupe) est inscrit à la SACEM, vous devez payer les droits d’au­teur corres­pon­dant. Quoi ? Même si c’est une démo distri­buée gratui­te­ment ? Eh oui. Et c’est logique, même si nous n’en­tre­ront pas ici dans les consi­dé­ra­tions sur cette légi­ti­mité. Sachez que la SACEM et la SDRM (société de repro­duc­tion des droits méca­niques, filiale de la SACEM s’oc­cu­pant de la percep­tion des droits d’au­teurs sur les produc­tions de disques) ont prévu le cas de la diffu­sion gratuite avec un tarif en consé­quence. Ce tarif est faible. Il est de l’ordre que quelques dizaines de centimes d’eu­ros par morceau et par exem­plaire de CD produit.

Théo­rique­ment, vous devez décla­rer à la SDRM :

  • La liste complète des morceaux et leurs auteurs et compo­si­teurs de même que leur durée
  • Le nombre d’exem­plaires de CD (ou tout autre support) que vous allez produire
  • Le fait que ces CD ne sont pas desti­nés à la vente, mais à être distri­bués à titre promo­tion­nel.

La décla­ra­tion peut se faire en ligne sur le site de la SDRM

SACEM-SDRM

Suite à cela, sous quelques jours, la SDRM vous donnera le prix à payer. Une fois le montant réglé, vous obte­nez un docu­ment certi­fiant que les droits ont été payés pour X CD, docu­ment qu’il faut remettre au pres­seur chargé de fabriquer les CD et sans lequel tout pres­seur refu­sera de pres­ser : il n’en a pas le droit.
Par ailleurs, comme le préci­sera le docu­ment de la SDRM, le pres­seur devra faire figu­rer sur les CD « exem­plaire gratuit non destiné à la vente ». Telle est la loi, la règle, et c’est ainsi qu’il faut procé­der lorsqu’on veut faire pres­ser un CD.

Main­te­nant, il y a fort à parier que si vous gravez vous même vos CD à la maison pour les distri­buer gratui­te­ment à quelques dizaines d’exem­plaires, personne n’ira vous cher­cher des poux dans la tête pour cela. Si votre démo ne comporte que des compo­si­tions origi­nales et qu’au­cun membre du groupe n’est inscrit à la SACEM ou toute autre société d’au­teur, vous n’avez rien à payer.

Si vous déci­dez de vendre votre démo sur les concerts telle­ment elle est réus­sie, il semble cepen­dant moins risqué et plus mora­le­ment honnête d’ef­fec­tuer les décla­ra­tions néces­saires à la SACEM. Dans le cas de CD pres­sés à la maison, vous pouvez décla­rer et payer au fur et à mesure, par exemple par paquets de 50 CD. Compte tenu du montant des droits d’au­teurs, cela repré­sente une somme plus que raison­nable et il serait honnête de votre part de rému­né­rer ainsi les auteurs dont les créa­tions vous font gagner de l’ar­gent. Le montant, pour un CD composé unique­ment de morceaux soumis à droits est envi­rons de 10% du prix de vente de CD. Soit en gros 50 € pour 50 CD vendus 10 € (qui vous en rappor­te­ront ainsi 500 € brut). Atten­tion : j’ai évoqué ce sujet parce qu’il est tentant, avec une démo assez réus­sie et un public deman­deur, de vendre celle-ci. Cette déci­sion devra dans tous les cas venir après la réali­sa­tion. N’ayez pas en tête d’objec­tif de commer­cia­li­sa­tion ou vous risquez de perdre votre objec­tif initial qui est de décro­cher des dates. Vendre la démo ne peut être qu’un bonus (qui ne vous rappor­tera pas des masses de toute façon) et une cerise sur le gâteau. Mais si vous loupez le gâteau, la cerise n’aura aucun inté­rêt.

Rému­né­ra­tion et contrats des colla­bo­ra­teurs

Si vous allez dans un studio, si vous enga­gez quelqu’un pour vous enre­gis­trer chez vous, comment allez-vous rému­né­rer cette personne ? Rappe­lons que léga­le­ment, tout salaire est soumis à charges sociales. Lesquelles sont souvent consé­quentes. En fait, il faut savoir qu’un salaire se décom­pose en (très) gros comme ceci :

 

Montant total versé par l’em­ployeur

Dont charges patro­nales

Salaire brut

Charges sociales sala­riales

Salaire net

100

30

70

19

51

Vous voyez qu’entre ce que vous verse­rez en tant que patron et ce que touche le sala­rié, il y a pratique­ment 50% d’écart. Il est donc très impor­tant de savoir sur quelle base on part. Géné­ra­le­ment, on parle de salaire brut. A l’em­ployeur de calcu­ler ce que ça lui coûte (salaire brut x 1,4) et à l’em­ployé de savoir ce que ça lui rapporte (salaire brut – 25 %). Ces calculs sont légè­re­ment diffé­rents de ce que vous connais­sez peut-être dans d’autres secteurs d’ac­ti­vité. En effet, depuis la réforme de l’in­ter­mit­tence du spec­tacle, les coti­sa­tions chômage employeur et sala­riés des inter­mit­tents ont été multi­pliées par deux.

Billets

Rien ne dit que pour l’en­re­gis­tre­ment d’une démo, vous serez soumis à ces ques­tions. Mais il m’a semblé impor­tant de vous les faire connaître. Après tout, vous pouvez très bien travailler avec un ingé son inter­mit­tent dési­rant être déclaré et il est impor­tant de savoir de quel salaire vous parlez afin d’évi­ter les surprises. C’est un point impor­tant aussi à connaître lorsque vous allez négo­cier des cachets avec les orga­ni­sa­teurs. Sachez aussi qu’avant toute embauche de sala­rié (fut-il inter­mit­tent), l’em­ployeur doit faire une décla­ra­tion préa­lable d’em­bauche auprès de l’UR­SAFF. Enfin, il doit établir un bulle­tin de paye. Pas simple tout ça ? Eh non. Heureu­se­ment, il existe des solu­tions de simpli­fi­ca­tion. Des orga­nismes comme l’UR­SAFF vous rensei­gne­ront et vous conseille­ront sans problème pour les meilleures solu­tions, peut-être même les nouveaux chèques emploi. L’UR­SAFF, dur avec les employeurs indé­li­cats (après tout, son boulot est de récu­pé­rer les coti­sa­tions qui financent le système social) est un inter­lo­cu­teur de bon conseil et dévoué quand on a besoin du moindre conseil ou rensei­gne­ment.

Il existe aussi des asso­cia­tions spécia­li­sées dans le trai­te­ment de salaire des inter­mit­tents comme « Allo Jazz » située à Savi­gny-sur-Orge. Ils peuvent, contre un pour­cen­tage du salaire, s’oc­cu­per de toute la pape­rasse. Enfin, sachez que léga­le­ment, aujour­d’hui, tout salaire d’in­ter­mit­tent pour un employeur occa­sion­nel doit passer par le GUSO (succes­seur du « guichet unique ») orga­nisme qui faci­lite gran­de­ment les démarches, les décla­ra­tions, les répar­ti­tions des coti­sa­tions, etc. Rensei­gnez-vous auprès du GUSO, ils sont aussi là pour ça.

Le cas le plus courant que vous rencon­tre­rez sera cepen­dant le paie­ment d’une facture de pres­ta­tion. Si vous faites appel à un studio, celui-ci sera proba­ble­ment sous une struc­ture juri­dique de type entre­prise (à la rigueur, asso­cia­tion). Vous aurez alors tout simple­ment à payer pour une pres­ta­tion donnée pour laquelle vous aurez une facture.

Sachez que le studio doit vous établir un devis précis. En effet, en France, il est inter­dit de factu­rer une pres­ta­tion de plus de 150 euros à un parti­cu­lier sans devis préa­lable signé. Ce devis devra compor­ter norma­le­ment le nombre de jours (ou d’heures) de studio et la nature du travail. Exigez qu’il spéci­fie bien qu’à l’is­sue de ce temps, vous devez sortir avec un enre­gis­tre­ment maste­risé. Pourquoi ? Tout simple­ment pour éviter tout risque de « petite » arnaque. Par exemple, si le boulot traîne un peu, qu’on vous « force » à payer une jour­née de plus pour termi­ner le boulot. Avec un devis bien établi, si tout doit être bouclé en deux jours, tout le sera, quel que soit le résul­tat. Après, si vous esti­mez qu’il est préfé­rable de prolon­ger pour avoir un meilleur résul­tat, ce sera votre choix, mais le studio ou l’ingé son ne pour­ront pas vous forcer la main ou être tentés de faire traî­ner. Bien sûr, les studios sont géné­ra­le­ment aussi honnêtes que n’im­porte quelle autre profes­sion (c’est dans leur inté­rêt) et tout se passe bien dans la quasi-tota­lité des cas. Mais les contrats ne sont pas faits pour quand ça se passe bien, mais quand ça se passe mal. On peut toujours tomber sur une brebis galeuse ou il peut y avoir des inci­dents. Par exemple, un équi­pe­ment essen­tiel du studio qui tombe en panne, faisant perdre ½ jour­née de boulot. Avec un contrat en bonne et due forme, on pourra diffi­ci­le­ment vous faire payer la demi-jour­née perdue, alors que sinon…

Travail au noir ?

Est consi­déré comme travail illé­gal (ou travail au noir) tout travail contre rému­né­ra­tion se faisant sans décla­ra­tion auprès des orga­nismes du travail et sans verse­ment de charges sociales. Vous pouvez déci­der (comme des millions de français) que deux jours d’en­re­gis­tre­ment et mixage ne valent pas la tracas­se­rie des démarches admi­nis­tra­tives et le « surcoût » des coti­sa­tions sociales. C’est – dirai-je – de votre propre conscience (oui, j’ai été à l’école des bons pères). Sachez que le travail au noir comporte des risques auxquels on ne pense pas forcé­ment. Bien sûr, le risque est faible qu’un inspec­teur du travail se pointe dans votre home-studio pour contrô­ler si les gens qui sont là y sont dans le cadre d’une acti­vité béné­vole ou profes­sion­nelle. Mais que se passe-t-il en cas d’ac­ci­dent ? Si l’ingé son que vous avez « embau­ché » se prend un ampli de 30 kg sur le pied ou est victime d’un court circuit élec­trique ? Si l’ac­ci­dent est bénin, il pourra être déclaré en inci­dent domes­tique et tout ira bien. Mais si l’ac­ci­dent est plus sérieux ? La couver­ture en cas d’ac­ci­dent domes­tique et acci­dent du travail est sans commune mesure. L’ac­ci­denté a alors tout inté­rêt à décla­rer l’ac­ci­dent en acci­dent du travail. Surtout si les dommages causent un long arrêt de travail ou un handi­cap perma­nent.

Travail au noir

Atten­tion donc au travail au noir qui n’est pas si anodin qu’il puisse y paraître. À savoir aussi que dans tous les cas, un contrat permet de verrouiller les choses (par exemple, le cas d’un colla­bo­ra­teur arri­vant avec une demi-jour­née de retard) et surtout, il fait fuir les margou­lins. Quel que soit le mode de travail et de rému­né­ra­tion prévue, une personne qui refuse de signer un contrat sous prétexte que la bonne parole suffit ou qu’« on se fait confiance » est à mes yeux suspect.

En tant que musi­cien, que groupe, surtout débu­tant, vous serez fréquem­ment face à des employeurs qui préfè­re­ront vous prendre « au noir ». Sachez donc ce qu’il en est (dans ce genre de cas, l’em­ployeur risque bien plus gros que le sala­rié) et sachez que dans tous les cas, un contrat permet de préve­nir au lieu de guérir.

En 6 ans de carrière profes­sion­nelle et des centaines de concerts, je n’ai eu qu’UNE seule fois un impayé, et encore, partiel : nous étions embau­chés par plusieurs orga­ni­sa­teurs diffé­rents et l’un deux n’a pas payé sa part. Nous n’avons pas jugé utile de perdre du temps et de l’éner­gie pour quelques dizaines d’eu­ros, d’au­tant que nous étions déjà bien payés, mais si nous l’avions vrai­ment souhaité, il n’au­rait pu échap­per à sa dette.

Tout ce chapitre peut vous faire peur. Pas de panique : les choses se passent pratique­ment toujours bien et sans soucis. Je vous ai donné ces éléments pour éviter toute mauvaise surprise et pour que vous sachiez ce que vous faites. Comme dit Jean-Claude Vandamme : aujour­d’hui, il faut être ‘awa­re’ !

Conclu­sion

Enre­gis­trer une bonne démo n’est pas si diffi­cile ni si coûteux pour peu qu’on prenne bien les choses en main, que l’on se prépare et s’or­ga­nise bien. Il faut surtout éviter quelques écueils. Ces écueils, je les ai pratique­ment tous heur­tés ! C’est dire si je sais de quoi je parle ! Bien préparé, ce projet peut s’avé­rer une vraie partie de plai­sir, un moment impor­tant pour la cohé­sion du groupe et une expé­rience enri­chis­sante, notam­ment pour l’en­re­gis­tre­ment de vos futures maquettes et pourquoi pas albums. En atten­dant, restez simples et allez à l’es­sen­tiel : musi­ca­lité, fraî­cheur, pêche sont les maîtres mots d’une démo réus­sie. Et quelle fierté d’avoir un enre­gis­tre­ment réussi et vivant ! Et quel boos­ter pour la carrière du groupe ! Vous pouvez discu­ter du sujet sur [URL=https://fr.forums.audio­fan­zine.com/apprendre/mailing_forums/index%2Cid­to­pic%2C231523%2Cpage%2C1.html]le thread spécia­le­ment créé pour l’oc­ca­sion.[/URL]

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