Dans les articles parus sur Audiofanzine, nous avons abordé de nombreux thèmes relatifs au mixage ainsi que la marche à suivre pour préparer un mix. Mais certains AFiens ont réclamé une vue d’ensemble du processus de mixage. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de règle pour réussir un mix ; chaque ingénieur de mix a sa propre méthode. Nous vous livrons donc ici un guide pas-à-pas qui correspond à une approche possible.
Le but est de vous fournir une vue d’ensemble du processus de mixage en vous suggérant un enchaînement de tâches précis. Chaque étape est commentée très succinctement car le mixage est un sujet bien trop vaste pour être abordé en détail dans un article comme celui-ci. Pour vous permettre d’approfondir vos connaissances, nous avons ajouté des liens vers des articles parus sur Audiofanzine qui traitent de certains procédés et techniques mentionnés ici.
Sur cette capture d’écran du bandeau de vumètres de Digital Performer, les flèches rouges ont été ajoutées pour indiquer la réserve de niveau (headroom)
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1. Préparez votre mix. Écoutez chaque piste individuellement pour débusquer d’éventuels défauts. Puis, dans votre séquenceur, colorez les pistes, ajoutez des marqueurs délimitant les différentes sections du morceau et organisez logiquement les fichiers et répertoires du projet. Réfléchissez au son global que vous souhaitez obtenir et écoutez des morceaux du même genre. Ils doivent vous servir de références et vous permettre de vous orienter dans votre travail.
2. Configurez le mixeur de votre DAW. Créez des pistes auxiliaires et des départs de bus pour deux reverbs (une longue et une courte) et au moins un delay que vous utiliserez comme effets auxiliaires. Créez tous les sous-groupes dont vous pensez avoir besoin, par exemple pour la batterie et les voix. Certes, vous devrez certainement ajouter d’autres sous-groupes ultérieurement, mais commencez déjà par vous occuper de ceux dont vous êtes sûr d’avoir besoin – cette remarque s’applique aussi aux départs auxiliaires. Si vous n’avez pas de fader master, créez-en un sur le champ. Placez tous les faders des canaux bien en dessous de 0 dB pour éviter les problèmes de réserve de niveau et de distorsion (voir étape 4). Laissez le fader master à 0 dB.
3. Faites une mise à plat en réglant le niveau et le panoramique des pistes. Placez les éléments comme la grosse caisse, la basse et la voix principale au centre (ou près du centre) du champ stéréo. Les sources stéréo ne doivent pas forcément être « pan-potées » totalement à droite et à gauche. Essayez de les déplacer vers l’un ou l’autre côté. Si les canaux stéréo de votre DAW offrent des boutons Pan gauche et droit, vous pourrez resserrer les pistes stéréo et leur attribuer leur propre espace dans le champ stéréo.
Pour retrouver de la réserve de niveau dans un projet contenant des données d’automation, vous pouvez aussi grouper toutes les pistes, sélectionner tout le morceau puis baisser l’automation du volume dans une seule piste pour les atténuer toutes uniformément.
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4. Vérifiez que vous avez assez de réserve de niveau (la différence entre les crêtes de vos pistes et le 0 dB de l’afficheur) pour éviter qu’une piste « tape » dans l’indicateur d’écrêtage (Clip). Pendant le mix, il se peut que vous ne puissiez plus faire les réglages comme vous l’entendez à cause de l’apparition d’écrêtages. Dans ce cas, activez le groupe de mixage « all tracks » (le nom varie selon les DAW) puis abaissez le fader d’une seule piste pour réduire le niveau de toutes les pistes uniformément. Pour finir, remettez le fader master sur 0 dB. Cette méthode ne fonctionne pas si vous avez déjà automatisé une ou plusieurs pistes parce que le niveau des pistes en question continuera à suivre l’automation. Dans ce cas, activez le groupe de mixage et d’édition « all tracks », mettez les pistes en mode d’automation du volume et sélectionnez une piste du début à la fin du morceau. En réduisant l’automation de son volume, vous abaisserez toues les pistes uniformément. Une autre solution consiste à insérer un plug-in de contrôle du niveau dans chaque piste et appliquer la même atténuation à toutes les pistes (sauf au master).
5. Égalisez là où c’est nécessaire. Essayez de rester subtile et, tant que possible, atténuez certaines fréquences plutôt que d’en amplifier d’autres. Pour éviter d’avoir un mix brouillon, utilisez un filtre passe-haut qui supprimera progressivement le grave superflu. N’hésitez pas à traiter chaque piste (ou presque) de la sorte. Vous obtiendrez une amélioration audible du son d’ensemble. Fiez-vous à vos oreilles pour régler la fréquence de coupure de chaque filtre. Pour trouver le bon réglage, augmentez lentement la fréquence de coupure en partant du minimum, arrêtez-vous dès que le son devient trop maigrichon puis revenez légèrement en arrière. Ne procédez pas de la sorte avec la piste en solo, mais écoutez-la plutôt dans le contexte.
L’utilisation d’un filtre passe-haut pour supprimer le grave superflu peut contribuer à ouvrir le son du mix.
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6. Contrôlez la dynamique des pistes. Utilisez l’automation pour atténuer les crêtes excessives qui semblent « déborder » des pistes. Faites ainsi avec toutes les crêtes qui vous donnent envie de réduire momentanément le volume sonore. Utilisez aussi l’automation pour compenser les endroits des pistes dont le volume baisse, tout particulièrement dans les prises de voix. Utilisez la compression pour lisser la dynamique globale et/ou donner du caractère au son. Les compresseurs conçus dans l’unique but de contrôler la dynamique sont transparents ; d’autres apportent une couleur sonore particulière, tout spécialement les émulations d’outils vintage. La raison pour laquelle on compresse après égalisation réside dans le fait que les modifications apportées aux fréquences par l’égaliseur peuvent modifier la façon dont le compresseur réagit au signal, tout particulièrement dans le bas du spectre. Vous serez plus efficace en égalisant d’abord car vous n’aurez pas à retoucher le réglage de compression. (Remarque : je laisse de côté les effets du bus master. Si vous avez l’habitude d’en utiliser, ajoutez-les suffisamment tôt afin de mixer « en leur présence ». Évitez de les ajouter à la fin du processus sans quoi vous devrez peut-être revoir certains aspects du mix.)
7. Ajoutez des effets d’ambiance comme la reverb et le delay et utilisez-les judicieusement. En règle générale, des réglages subtils donnent les meilleurs résultats. Les pistes avec peu d’ambiance sonnent de façon plus directe que les pistes traitées lourdement qui ont tendance à reculer au fond de l’image sonore.
Le plug-in Magic AB de Sample Magic permet de comparer facilement votre mix à des morceaux de référence
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8. Comparez votre mix avec des morceaux similaires en écoutant les deux au même volume. Observez comment votre mix se comporte par rapport aux morceaux de référence. Si vous remarquez des différences flagrantes (par exemple votre basse est bien plus forte), retouchez votre mix pour l’aligner sur la référence. L’écoute comparative aide aussi à compenser les problèmes acoustiques inhérents à votre pièce. Le plug-in Magic A/B de Sample Magic est un super outil d’écoute comparative.
9. Laissez reposer votre mix pendant un moment pour prendre du recul. L’idéal est de ne pas l’écouter pendant une nuit, ou au moins pendant quelques heures.
10. Réécoutez avec des oreilles fraîches. Vous trouverez à coup sûr des détails à améliorer. Voici quelques points sur lesquels vous pourrez concentrer votre attention : y a-t-il suffisamment d’espace dans le mix ou est-il confus et chargé ? Est-ce que la voix principale (ou l’instrument principal dans le cas d’un instrumental) est suffisamment en avant ? Est-ce que la compatibilité mono du mix est bonne ? Testez votre mix avec d’autres écoutes et dans votre voiture. Prenez des notes sur les ajustements qui s’imposent.
11. Faites les ajustements nécessaires. Quand vous êtes satisfait du résultat, enregistrez ou « bouncez » le mix sous forme de master stéréo 24 bits. Plus tard, vous pourrez lui ajouter un dithering et le convertir en 16 bits WAV ou AIFF et en MP3.
12. Reprenez les étapes 9 à 11, sauf si vous n’avez plus le temps car vous devez livrer votre travail sous peu. Concernant le projet dans votre DAW, n’oubliez pas « d’Enregistrer sous… » avant de retoucher le mix. De cette façon, vous pourrez faire vos modifications tout en conservant tel quel le projet du mix original, au cas où vous le préfériez à la seconde version.
La meilleure façon de progresser en mixage est d’en faire beaucoup. Si vous souhaitez vous entraîner, mais n’avez pas de sessions multipistes, n’hésitez pas à télécharger celles proposées dans le cadre de concours de remix pour vous faire la main. Bon mixage !