La fonction d'un compresseur est de réduire la dynamique du signal, c'est-à-dire la différence de niveau entre les portions de signal les plus fortes et les portions les plus faibles.
Pourquoi la compression ?
Au temps de l’analogique, la dynamique limitée des supports musicaux grand public (vinyles, cassettes audio et vidéo) ne permettait pas de reproduire la dynamique d’un orchestre de classique, de jazz ou même de rock dans le cas de la cassette audio. On compressait donc le signal pour éviter l’apparition de distorsion dans le support de diffusion.
À présent que la musique est convertie en 16 bits ou plus, enregistrée en numérique puis diffusée sur CD/DVD ou par téléchargement, la dynamique des supports est suffisante pour reproduire fidèlement la dynamique de n’importe quel orchestre ou presque. Les anciennes contraintes techniques ont disparu, la compression n’est donc plus indispensable.
Pourtant, quel que soit le genre musical, certaines sources (les voix) sont compressées presque systématiquement. Le but de la compression moderne est donc d’optimiser la prise de son, soit pour approcher toujours plus la réalité, soit au contraire pour créer un son moins fidèle mais plus dense, plus maîtrisé, plus puissant, etc., voire même un son totalement nouveau.
Et pour faire tout ça, le compresseur se contente d’un principe simple : il réduit la dynamique en atténuant le niveau du signal quand ce dernier dépasse un niveau seuil donné.
Paramètres de niveau
- Threshold (niveau seuil, en dB)
Ce paramètre détermine le niveau seuil à partir duquel le compresseur se déclenche. Tant que le niveau du signal en entrée reste sous le seuil, le compresseur ne se déclenche pas et aucun traitement n’est appliqué. Dès que le signal source dépasse le niveau seuil, la compression est appliquée.
- Ratio (taux de compression)
Le ratio détermine l’importance de la réduction de niveau appliquée à la portion de signal dépassant le niveau seuil, le reste du signal n’étant pas traité. Selon les compresseurs, le ratio peut varier de 1:1 à Inf:1. Quésaco ?
Avec un ratio de 1:1, aucune compression n’est appliquée, le niveau du signal d’entrée est égal à celui du signal de sortie. Avec un ratio de 2:1, le niveau de la portion de signal dépassant le seuil est divisé par 2 dans le signal de sortie. Avec un ratio de 3:1, il est divisé par 3, etc. Quand le taux de compression est infini (ratio Inf:1), le compresseur se comporte comme un limiteur : le signal de sortie ne dépasse jamais le niveau seuil, quel que soit le niveau d’entrée.
L’intensité de la compression appliquée au signal est donc un compromis entre les réglages de seuil et de taux de compression :
- Plus le seuil est faible, plus la portion de signal compressée est importante.
- Plus le ratio est élevé, plus la réduction de niveau appliquée à la portion de signal au-dessus du seuil est importante.
Selon les compresseurs, vous trouverez éventuellement d’autres paramètres, par exemple un réglage de niveau d’entrée (input level) au lieu du seuil (threshold) ou un réglage de gain (aussi appelé make up ou output level) qui amplifie le signal de sortie pour compenser la baisse de niveau résultant de la compression.
Paramètres de temps
- Attack (attaque, en ms)
L’attaque correspond au temps dont le compresseur a besoin pour atteindre le ratio donné quand le niveau du signal dépasse le niveau seuil. Une attaque rapide de quelques millisecondes déclenche une forte compression dès que le niveau du signal excède le niveau seuil ; avec une attaque plus lente, le compresseur laisse passer les premières transitoires des crêtes du signal qui garde ainsi un côté vivant et bien détouré.
- Release (relâchement, en ms et s)
Le relâchement correspond au temps dont le compresseur a besoin pour revenir au ratio unitaire 1:1 quand le signal source repasse sous le niveau seuil. Un relâchement rapide de quelques dizaines de ms permet de conserver le caractère vivant du signal original. Un relâchement plus lent renforce la résonance des instruments et la réverbération, mais peut entraîner la compression des premières transitoires des crêtes quand ces dernières sont rapprochées.
- Knee (littéralement genou !)
Le paramètre Knee détermine la montée en compression, c’est-à-dire la transition entre le taux de compression unitaire (1:1, pas de compression) et le taux de compression réglé avec ratio. La plupart des compresseurs offrent deux réglages possibles : Soft knee (traduisons par mou du genou !), auquel cas la transition est progressive, ou hard knee pour une transition soudaine.
Utilisations
- À la prise, on peut utiliser le compresseur comme un limiteur pour contrôler les crêtes du signal et éviter l’apparition de distorsion dans l’étage de conversion analogique/numérique.
- À la prise et au mix, une compression légère peut permettre de faire ressortir les portions faibles du signal, et donc révéler certains détails.
- Au mix, le compresseur permet d’augmenter le niveau moyen du signal sans dépasser le maximum numérique car il abaisse le niveau des crêtes.
- Au mix toujours, on peut utiliser le compresseur de façon créative, c’est-à-dire générer des effets clairement audibles, notamment de la distorsion et le fameux effet de pompage qui apparaît sur les signaux large bande auxquels on applique un taux de compression (ratio) élevé.