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Pas si mort de rire que ça
7/10
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Grand classique des studios d'enregistrement, mais aussi des plateaux cinéma ou télévision, où sa précision accrue dans l'aigu a toujours été appréciée, la MDR-7506 fait vraiment partie du panthéon des casques "de référence", grâce à (ou malgré ?) une signature sonore particulière.

Test du casque MDR-7506 de Sony : Pas si mort de rire que ça

Ce mois-ci, nous ajou­tons à nos tests, qui d’ha­bi­tude suivent les sorties récentes, un passage en revue de six casques qui ont plus que fait leurs preuves : les indé­bou­lon­nables, les clas­siques, ceux que l’on trouve comme écoute de réfé­rence dans de nombreux studios, mais aussi dans d’autres domaines où la capta­tion sonore joue un rôle phare (radio, cinéma, TV, régie…). Il s’agit égale­ment de six réfé­rences qui font toujours partie des meilleures ventes chez leurs construc­teurs respec­tifs, et cela plusieurs décen­nies après leur première produc­tion. Chacun d’entre eux est connu pour quelque aspect parti­cu­lier (confort, isola­tion, soli­dité, légè­re­té…). Certains tirent vers le « neutre » (si tant est que cette notion existe pour des trans­duc­teurs), d’autres sont fran­che­ment du côté de l’écoute « effet loupe ».

Certains de ces casques avaient fait l’objet d’un compa­ra­tif AF il y a main­te­nant… douze ans ! Main­te­nant que notre méthode de test s’est affi­née et que nous avons sous la main notre propre testeur, il nous a paru inté­res­sant d’éta­blir ces six tests « de base », auxquels tous nos lecteurs pour­ront se réfé­rer.

Et cette fois-ci, nous nous penchons sur le MDR-7506 de Sony.

Présen­ta­tion/débal­lage

Spéci­­fi­­ca­­tions

Le MDR-7056 est un casque de type circum-aural, fermé, avec un trans­­duc­­teur dyna­­mique de 40 mm.

Les spéci­­fi­­ca­­tions annon­­cées par le construc­­teur sont : 

  • impé­­dance 63 ohms, donc plutôt adap­­table à tous types de sources
  • réponse en fréquence : 10 Hz à 20 kHz

IMG 20230413 164423Le câble est semi-droit, semi-torsadé, non déta­chable (on en repar­lera) et fait presque 4,5 mètres de long une fois étiré. Il se termine par l’ha­bi­tuel ensemble : fiche 3,5 mm TRS + adap­ta­teur 6,35 mm TRS.

Il est réalisé prin­ci­pa­le­ment en plas­tique, avec une pièce en métal pour l’ar­ceau, mais la fabri­ca­tion paraît accep­ta­ble… À l’ex­cep­tion des mousses, qui sont clai­re­ment le point faible : on a rare­ment vu un faux cuir aussi fin et léger dans ces tests. On craint tout de suite un vieillis­se­ment préma­turé.

Démon­­table ?

Plutôt, même si un peu moins que d’autres casques dans notre sélec­tion de casques « de réfé­rence ».

IMG 20230413 163549Comme pour beau­coup des casques de cette liste, « toutes » les pièces sont trou­vables en ligne, même si celles-ci ne sont pas toutes distri­buées par Sony. De même, quelques boutiques proposent des pièces pour custo­mi­ser votre casque (mousses d’épais­seur, de matières et de couleurs diffé­rentes, par exemple).

Le démon­tage le plus simple se fait de la manière suivante :

En premier lieu, reti­rer les mousses en tirant dessus, pour accé­der aux supports de haut-parleur qui sont main­te­nus en place par 4 vis : 

IMG 20230413 163649

Une fois ces vis ôtées, il suffit de déta­cher le support du HP (puis de débloquer les câbles pour ne pas forcer sur les soudures) :

IMG 20230413 164146

Cela fait, il est assez aisé de dessou­der le haut-parleur. Le câble, non déta­chable d’ori­gine, peut être remplacé une fois l’oreillette ouverte. Certains utili­sa­teurs modi­fient même le casque en remplaçant le câble par une prise jack 3,5 mm TRS femelle, de façon à pouvoir utili­ser un câble déta­chable.

Les oreillettes peuvent être faci­le­ment décli­pées des fourches sur lesquelles elles se fixent :

IMG 20230413 164302

Cela permet alors le rempla­ce­ment de l’ar­ceau et des fourches.

Voilà en revanche un point critique à nos yeux : il serait bien sûr possible de pous­ser le démon­tage plus loin, mais les pièces que l’on trouve le plus aisé­ment sont les mousses, les fourches et l’in­té­gra­lité de l’ar­ceau, avec son câble et sa mousse. Diffi­cile donc de procé­der à des répa­ra­tions plus précises (par exemple d’un joint plas­tique fendu entre l’ar­ceau et la fourche, du câble inter-oreillette, ou juste de la mousse d’ar­ceau), à moins d’al­ler vampi­ri­ser un autre MDR-7506 d’oc­ca­sion (ce qui est toujours une possi­bi­lité). 

Confort

Correct, même si, comme beau­coup de casques fermés promet­tant une isola­tion suffi­sante pour un usage pro, il serre assez forte­ment.

Trois choses à noter spéci­fique­ment à ce propos :

– les écou­teurs sont moins larges que dans d’autres circum-auri­cu­laires, et peuvent appuyer sur le pour­tour du pavillon de l’oreille de certains utili­sa­teurs (ça dépend donc de votre taille d’oreille).

– l’ar­ceau est assez désa­gréable à la longue : la mousse est bien trop fine.

– Le vieillis­se­ment rapide des mousses aggrave cet incon­fort, de même que la finesse de la mousse d’ar­ceau. Toutes ces pièces sont remplaçables, mais cela demande néces­sai­re­ment de prévoir un petit « budget » mousse pour utili­ser le casque au mieux.

Isola­­tion

Bonne du point de vue de l’au­di­teur, un peu moins pour ceux qui l’en­tourent (le casque a un peu tendance à « fuir »).

Là aussi, soule­vons un point néga­tif qu’il vaut mieux prendre en compte : 

– Plus d’un utili­sa­teur note qu’avec le temps l’ar­ceau a parfois tendance à se ramol­lir, ce qui dimi­nue la qualité de l’iso­la­tion, ainsi que le confort noté ci-dessus. Cela, couplé au vieillis­se­ment des mousses, joue sur l’iso­la­tion du casque sur le long terme.

Trans­­port

Très facile !

IMG 20230413 163628Le casque se replie selon le mode « écou­teurs sous arceau », ce qui fait gagner de la hauteur (et égale­ment de la largeur, car une fois dans cette posi­tion l’ar­ceau peut encore être compressé laté­ra­le­ment sans dommage). Le câble, non déta­chable et torsadé n’est pas un atout, en revanche, et l’on aurait aimé rece­voir un sac de protec­tion un peu plus robuste (et pas en toile très cheap)

Bench­mark

Voici donc le nouveau proto­­­cole de mesures objec­­­tives, mené par nos soins afin de complé­­­ter l’écoute subjec­­­tive. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plai­­­sir de pouvoir vous four­­­nir des courbes de réponse en fréquence et distor­­­sion harmo­­­nique totale (THD), réali­­­sées dans notre atelier.

Réponse en fréquence :

MDR-7506 FR

On trouve ici ce à quoi l’on s’at­ten­dait : 

  • bonne linéa­rité de 300 Hz à 4 kHz
  • Accen­tua­tion marquée à 5 kHz (le casque est connu pour cela)
  • Un creux impor­tant vers 14 kHz, mais un casque qui au-dessus de cette fréquence tient encore bien la route, presque jusqu’à 20 kHz.
  • Des haut-parleurs correc­te­ment appa­riés, mais sans plus.

En revanche, on est surpris par les bas médiums et graves en retrait : certes, c’est une parti­cu­la­rité connue de ce casque (basses un peu en retrait), mais ce trait est ici parti­cu­liè­re­ment accusé, ce qui ne « colle » pas à d’autres courbes de réponse dispo­nibles sur le Net. Nous avons pris cette mesure trois fois, toujours avec le même résul­tat. S’agit-il seule­ment du modèle que nous avons eu entre les mains ? La ques­tion restera pour l’ins­tant sans répon­se… Si dans le futur, l’oc­ca­sion se présente de mesu­rer un autre exem­plaire de ce casque, nous l’ajou­te­rons à l’ar­ticle.

Bon à savoir : le MDR-7506 est consi­déré comme un des casques « de réfé­rence » les plus proches de la fameuse courbe Harman, déve­lop­pée en 2012 grâce aux recherches de Sean Olive de Harman Inter­na­tio­nal, et aujour­d’hui utili­sée pour le déve­lop­pe­ment de certains casques (en parti­cu­lier chez AKG et JBL, mais pas seule­ment). Nous le souli­gnons car les avis d’uti­li­sa­teurs (il n’y a qu’à parcou­rir ceux sur votre site préféré) se partagent géné­ra­le­ment en deux caté­go­ries : ceux qui perçoivent le casque comme « plat », avec une réponse « neutre », et ceux qui le trouvent surac­cen­tué dans les aigus (ces deux juge­ments étant parfois posi­tifs, parfois néga­tifs, selon les préfé­rences). La courbe Harman (qui a été par la suite affi­née en trois courbes de préfé­rences, aux profils rela­ti­ve­ment proches) est censée repré­sen­ter la courbe atten­due (voire préfé­rée) par une majo­rité d’au­di­teurs (basé sur un panel initial de 71 parti­ci­pants, de 18 à à 59 ans, à 82 % mascu­lins). Il est donc inté­res­sant de remarquer que dans le cas spéci­fique du MDR-7506, les préfé­rences expri­mées mises à part, une telle courbe semble aussi bien pouvoir être perçue comme natu­relle et fidèle (« neutre », « plate »), ou au contraire non natu­relle, et arti­fi­ciel­le­ment accen­tuée.

Nous revien­drons sur cela au moment de l’écoute.

Distor­sion :

MDR-7506 DIST

Là aussi, assez peu de surprise : c’est correc­te­ment bas sous 300 Hz (moins de 0,2 %, c’est à peu près la norme) mais un peu plus prononcé dès qu’on descend en dessous de cette fréquence (ce qui recoupe géné­ra­le­ment les mesures de distor­sion faites par d’autres sites). Doit-on s’at­tendre à un certain manque de préci­sion sur les basses ? Là aussi, l’écoute servira de révé­la­teur.

Écoute

Richard Hawley – Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur True­lo­ve’s Gutter)

Une ballade acous­tique, avec beau­coup de réverbe et une diffé­rence de dyna­mique impor­tante entre la voix et la guitare. Le MDR-7056 ne tourne pas autour du pot : l’aigu compte pour donner une impres­sion de détail et d’es­pace aéré, et ce casque va droit au but dans ce domaine. On entend chaque ouver­ture de bouche, chaque contact du plectre sur les cordes. La réverbe de la scie musi­cale est très bien suivie, et le rendu de l’image stéréo dans son ensemble est plutôt satis­fai­sant, sans être excep­tion­nel­le­ment subtile. Pour ce qui est de la contre­basse, qui sur ce morceau a parfois tendance à paraître brouillonne, on est plutôt content de sa présence un peu « en retrait ». La voix, en revanche, manque peut-être un peu de « coffre », d’as­sise : le bary­ton se fait un peu nasal, mais reste encore assez fidèle.

Sun Kil Moon – Butch Lulla­bye (sur Common As Light And Love…)

Sur l’in­tro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmo­niques médiums ajou­tées par la distor­sion, l’at­taque légè­re­ment piquée des notes, tout en sépa­rant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. La voix, origi­nel­le­ment assez nasale sur cet enre­gis­tre­ment, l’est encore un peu plus. En revanche, la sépa­ra­tion entre l’at­taque piquée sur la note du clavier-basse et le coup de grosse caisse est vrai­ment excel­lente. Les éléments plus « médiums » de la batte­rie (la caisse claire rajou­tée en over­dub sur la pré-refrain par exemple) sont bien rendus : on commence à décou­vrir un peu mieux les médiums plutôt bien équi­li­brés de ce casque qui insiste pour­tant forte­ment sur l’aigu.

Massive Attack – Tear­drop (sur Mezza­nine)

Un titre avec beau­coup d’ex­trême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Autant être clair : l’ex­trême grave n’est pas là, il est remplacé par une sorte de réso­nance bas-médium un peu « pâteuse » qui déna­ture la vraie « profon­deur » du morceau. La voix qui, sur le deuxième couplet, souffre déjà d’une prise de son un peu trop « sifflante » (des « S » très en avant) n’est pas vrai­ment rendue plus agréable par le côté ultra-détaillé du casque dans l’aigu. En revanche, on trouve le médium vrai­ment bien équi­li­bré, en parti­cu­lier sur le piano. Autre point posi­tif, l’image stéréo est large, avec un suivi assez facile du place­ment de chaque élément dans le pano­ra­mique du mix.

Char­lie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)

Voilà un morceau avec beau­coup de souf­flants jouant dans des tessi­tures simi­laires : c’est très touffu et le but est d’es­sayer de discer­ner les timbres. Là aussi, l’élé­ment dont on trouve parfois qu’il « noit » tout dans l’aigu (les cymbales) est peut-être un peu trop souli­gné. Le suivi des réverbes (ligne du sax en solo), la masse de cuivre dans le médium et l’ai­gu… Tout cela est forte­ment détaillé, mais un peu agres­sif à la longue. On commence à fati­guer au point de vue audi­tif.

Edgar Varèse – Ioni­sa­tion (New York Phil­har­mo­nic, dir. Pierre Boulez)

Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réver­bé­ra­tion natu­relle de la salle, qui joue sur l’im­pres­sion d’es­pace. L’écoute se fait entre 0 h 30 et 1 h 15 min. La fatigue audi­tive n’aide pas, mais sur ce genre de morceau, dans le contexte d’une prise, ou d’une écoute analy­tique de mix (par exemple), le MDR-7506 fonc­tionne très bien : réso­nance de la salle, longueur des réver­bé­ra­tions, préci­sion des dyna­miques et des attaques, timbre des percus­sions, place dans le pano­ra­mique. Chaque coup de mailloche devient une frappe chirur­gi­cale.

Conclu­sion

À la lecture de l’ar­ticle, vous devez vous douter de notre conclu­sion : le MDR-7506 est inté­res­sant, mais vrai­ment pas pour toutes les appli­ca­tions !

IMG 20230413 163529En effet, ce casque a quelques quali­tés indé­niables : une rela­tive robus­tesse, un très bon pliage, une isola­tion adéquate, et un son très précis si ce que l’on recherche concerne le haut médium et l’aigu. C’est typique­ment ce que l’on nomme un « casque loupe » : par compa­rai­son, si le DT-770 PRO est très « aéré », cela ne l’em­pêche pas d’avoir une belle assise dans le grave. Le MDR-7056, quant à lui, mise tout sur un équi­libre spec­tral qui privi­lé­gie les médiums (bien détaillés) et surtout le haut médium et l’aigu. La bosse à 5 kHz, tout parti­cu­liè­re­ment, se ressent forte­ment sur les voix, les attaques percus­sives, les arti­cu­la­tions…

Alors, pour de la prise, sa bonne isola­tion couplée à sa préci­sion en font clai­re­ment un casque « de réfé­rence ». Comme « loupe », lors d’une mise à plat, pour recher­cher des défauts, là aussi le MDR-7506 a fait ses preuves. Pour une écoute nomade, pourquoi pas ? Mais pour du mix, nous restons dubi­ta­tifs, car même avec une bonne égali­sa­tion, les basses manque­ront toujours de la préci­sion néces­saire, en compa­rai­son des aigus ou même des médiums. On peut donc dire que sa courbe spec­trale parti­cu­lière est à la fois son atout, et sa limite.

7/10
Fabrication (?) : Thaïlande
Points forts
  • Réparable et customisable facilement
  • Pliable pour le transport
  • Bonne isolation
  • Précision diabolique des aigus
  • Médiums très linéaires
Points faibles
  • Mousses fragiles
  • Câble non détachable
  • Confort un peu limite
  • Peut causer une fatigue auditive
Auteur de l'article Pr. Soudure de La Feuille

Venu à la musique par le bruit, j'y retournerai un jour. J'aime les beaux circuits bien propres, les musiques sales et moches. Technicien de jour, la nuit je dors.


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