Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
< Tous les avis Akai Professional MPC Live
Aerodrink Aerodrink

« Machine bien née, efficace et inspirante »

Publié le 07/06/17 à 11:16
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Tout public
J'aurais voulu donner 4.5/5 comme note mais c'est soit 4, soit 5 donc ... bah ça sera 4 car il y a encore quelques petits défauts de jeunesse :-D

Après quelques jours d'utilisation je pense pouvoir donner un premier retour sur cette MPC Live et le bilan est franchement positif !

D'abord, la promesse de retrouver une vraie bécane standalone, comme à la bonne époque, mais avec des outils modernes (écran tactile) et des capacités élevées (taille RAM, SSD, USB3 etc.) est vraiment tenue. C'était pour moi vraiment le sujet n°1, et là-dessus faut avouer qu'Akai a vraiment assuré le coup. Il y a 2 gigas de RAM pour charger les samples (autant dire que c'est large, TRÈS large) et hier j'ai monté un SSD de 120 Go en NTFS qui traînait (hyper facile) et donc j'ai pu coller toute ma banque de sons + plein d'autres et il me reste plein de place (même pas besoin de reformater). Il a été reconnu direct et quand tu navigues, tu te ballades dans tes sous-dossiers comme tu le ferais sur ton PC. C'est pratique pour ceux comme moi qui utilisent les arborescences de dossiers pour organiser et répartir les sons.

Ensuite, le son. Honnêtement c'est un sans faute pour moi. C'est plein, péchu, chaud, limite je suis surpris, je m'attendais à une sortie de converto plus policée donc c'est une vraie bonne surprise. Au point qu'on peut vraiment faire saturer la machine et qu'il faut faire attention (dans le pire des cas on peut aller baisser la sortie du Master dans le mixer interne pour éviter de faire saturer la sortie son). D'ailleurs au passage le niveau de la sortie casque est vraiment très péchu, pas de risque d'avoir un son trop maigre au casque, même si celui-ci a une impédance haute (par contre le connecteur est un petit 3.5, pas le 6.35 d'usage habituellement sur du matériel typé studio).

La machine elle-même est un chouia lourde (on lui en veut pas, y'a quand même un ordi à l'intérieur avec une batterie) mais elle donne l'impression d'être vraiment construite pour durer. C'est du costaud, et en plus c'est beau (bon les goûts et les couleurs ...). Le côté dark/mat/sturdy est vraiment réussi à mon avis. Aucun bruit perceptible en fonctionnement (alim silencieuse - faut vraiment avoir l'oreille collée au côté gauche de la Live pour percevoir une fréquence aigüe vraiment discrète-, fonctionnement interne fanless semble t-il) donc on est peinard pour bosser en toute quiétude. La batterie tient bien les 5/6 heures annoncées, aucun pb de ce côté-là. Quel bonheur d'avoir juste une bécane, un casque, et pouvoir partir où l'on veut pour faire du son !

La manipulation au niveau sample est vraiment pas mal, on peut facilement caler les marqueurs de start / end / loops points là où on veut, rapidement et précisément. En mode Sample &gt; Trim par exemple, on peut déclencher uniquement la partie loop en boucle (sans avoir à maintenir le pad appuyé) puis chercher les bons points de bouclage en toute tranquilité (option snap to zero-crossings dispo). Si vraiment on voulait chipoter, je dirais qu'il manque juste un petit encart qui montre comment les dernier samples de la loop se raccordent avec ceux du début, de sorte que les slopes coïncident (oui je suis nostalgique du bon vieux E-Mu EOS ^^). Dans l'écran d'édition du sample on peut faire un zoom horizontal soit par pinch soit avec les QLinks, mais par contre dans le piano roll, tout doit se passer aux doigts, mais on prend vraiment le coup. Les QLinks sont une vraie bonne surprise en termes d'ergonomie car s'ils ont une fonction par défaut dans chaque page de l'OS, on peut les customiser à souhait pour réaliser ce qu'on veut. En gros on possède 16 potards en permanence (4 dans 4 pages) et on leur assigne les fonctions qu'on veut en fonction du type d'édition.

Un autre très bon point est la possibilité de changer à tout moment à quelles mesures commencent & finissent la lecture à l'intérieur d'un pattern (appelé "Sequence" chez Akai) ce qui est diablement pratique pour aller corriger une partie précise (en particulier si vous faites le choix d'un pattern assez long) sans avoir besoin de se farcir l'écoute intégrale dudit pattern et de façon non destructive (on remet le start en mesure 1 et la fin en mesure 8 par exemple, et roule ma poule -&gt; on retourne à la lecture complète du pattern).

L'organisation à l'intérieur d'une song est un peu opaque au début, mais une fois qu'on a pris ses marques et compris la logique de la machine, ça va tout seul (comme souvent). Les effets internes sont assez efficaces (notamment les distos / overdrive pour lesquelles je m'attendais à quelque chose d'assez gadget, alors qu'au final elles remplissent plutôt bien leur rôle si on prend le temps de les paramétrer comme il faut). Les reverbs font le job mais manquent de largeur stéréo c'est un peu dommage mais rien d'insurmontable pour une future update. Pour les delays : le Stereo Delay, bien réglé, remplit très bien son rôle; il y a pas mal de types de delays, et même si aucun n'est franchement enthousiasmant (forcément je me suis habitué à ma Strymon TimeLine), en en empilant deux on peut créer un délai + complexe.

On voit la place RAM occupée par les samples dans la song (on peut purger en 2 secondes ceux qui sont inutilisés), et la consommation globale de CPU pris par les plugs, par contre pas de vue détaillée par FX pour détecter ceux qui seraient gourmands. En parlant des effets, une très bonne nouvelle c'est qu'on peut placer ces FX en Aux (4 bus auxiliaires dispos sur le master) et en insert -&gt; dans ce dernier cas on a plein de possibilités : sur le pad uniquement, sur la banque, sur le channel ... ça c'est génial :bravo:. Autre vraie bonne nouvelle si on veut empiler plein d'effets par exemple sur un pad : c'est très simple de resampler soit un pad soit une séquence avec les effets, pour libérer du CPU interne. Les fonctions de resampling existent à tous les niveaux où c'est nécessaire pour ne pas entraver le workflow.

Une fois connectée à l'ordi, la bécane reconnait instantanément tous les VST et permet d'avoir accès à tous les plugs. Comme la Live possède une sortie son, c'est son moteur audio qui va servir de carte son ! (contrairement à Maschine par exemple avec laquelle il faut une carte son en plus). Ce qui est cool c'est qu'on peut facilement coucher un stem qui contient un plug VST appliqué au sample, puis débrancher la machine et repartir en standalone. Là c'est vraiment le côté "meilleur des deux mondes" qui joue à plein. Le software d'Akai est pas exempt de défauts mais fait globalement le job, pour l'instant je n'ai pas passé assez de temps dessus pour vraiment me faire un avis complet, vu que ce qui m'intéresse pour l'instant c'est surtout l'utilisation en standalone.

En parlant des défauts de jeunesse - dont on peut espérer qu'au moins une partie puisse être réglée avec de nouvelles version de l'OS de la bécane - on peut noter :

- pas de preview des loops ajustée au tempo en cours (en tt cas j'ai pas encore trouvé si ça existe). Ça serait pratique de pré-écouter comment une loop s'adapte au morceau en contexte, AVANT l'import, tous les DAWs font ça, certains très bien (Reaper ...).
- pas de crossfade loop dispo (rhaaa mais pourquoi ??)
- pas de synthèse granulaire sur les samples (ça, ça serait de la grosse balle)
- pas de matrice de modulation à proprement parler, les sources et destinations sont statiques et vraiment peu nombreuses donc pour l'instant c'est service minimum de ce côté là, mais celles implémentées à l'heure actuelle permettent déjà d'apporter un peu de vie aux samples.
- l'automation est éditable seulement connecté à l'ordi, à moins d'utiliser des astuces de sioux franchement pénibles, donc encore un petit défaut de jeunesse

Au final et malgré ses quelques défauts, il faut avouer que retrouver le plaisir de faire une song complète en dehors d'un DAW est franchement plaisant (adieu la SOURIS !!) comme on peut s'y attendre, on gagne en plaisir, en écoute et en efficacité. Il me tarde de tester les fonctions audio lors d'une prise de gratte ou de basse ;)

Je précise que j'ai eu la chance d'avoir une Elektron Octatrack pendant 2 ans. Une très bonne machine mais vraiment orientée musiques électroniques (et encore, pas toutes - typiquement pour de la house ou de la minimale ça le fait bien). Quand Akai aura implémenté une automation bien faite (en standalone surtout), voire un système de P-Locks que les utilisateurs Elektron connaissent bien, on pourrait avoir une excellente machine qui satisfasse tous les types d'usages et de musiques.

Voilà, bilan plutôt positif et qui avec un peu de chance va même pouvoir s'améliorer avec les futures updates de l'OS interne et du software (qui si j'ai bien compris sont un seul et même objet en termes de développement, à savoir l'Akai 2.0 en Beta pour l'instant).

Quand même, il aura fallu attendre longtemps icon_facepalm.gif pour qu'Akai sorte de cette longue léthargie et nous ponde enfin une machine à la fois 100% standalone (jusque dans son mode d'alimentation), mais qui connectée à l'ordi permet de récupérer ce qui fait toute sa puissance (VST/AU/RTAS) pour potentiellement repartir à nouveau en standalone :-D, gavée de bons sons, mais ça valait le coup d'attendre. Reste maintenant à faire vivre et évoluer la partie software qui n'est pas exempte de défaut (j'ai oublié de mentionner quelques bugs par-ci par-là) mais franchement rien de rédhibitoire.

Quel plaisir de revenir au standalone et de faire du son, allongé dans son canapé avec un bon vieux DT-770 sur les oreilles; et quel plaisir de lâcher cette vilaine souris/trackball/pad et de se concentrer sur l'essentiel, à savoir le son. Et franchement cette petite Live en a plein à donner et pas du petit.

[edit après 1 mois et demi d'utilisation]

Ça y est la Live est devenue la pièce centrale de mon setup. D'ailleurs quand je veux bosser avec un VST je n'allume même pas le soft Akaï et je reste en standalone : je charge juste le VST dans mon DAW préféré (en l'occurence Reaper); ensuite il suffit d'entrer les parts MIDI directement dans le séquenceur de la Live (en plus vu que les périhériques USB class compliant sont reconnus, on peut connecter un petit clavier maitre USB auto-alimenté par exemple - mais on peut aussi le faire en MIDI). Une fois satisfait hop on sample dans la Live et voilà. En termes de workflow c'est juste mortel car on reste dans l'environnement standalone, pourquoi retourner s'embêter encore avec une souris et un PC pour autre chose que charger nos plugins favoris ?

A l'usage, je me rends compte que j'exploite beaucoup plus mes pédales externes qu'avant; il suffit de sortir par exemple sur les sorties 3/4 et récupérer la sortie de l'effet. Ce qui est cool c'est qu'on peut vraiment affecter des sorties différentes PAR PAD, du coup on peut avoir tous les pads d'un drumkit en sortie 1/2 SAUF le snare sur lequel on veut coller une pure réverb hardware (au hasard un Strymon Big Sky ;)) et qu'on va router vers 3/4. Du coup on fait play et on écoute tout de suite dans le contexte pour travailler le son de la réverb au mieux. Ensuite un coup de sampling et hop on remplace le sample, on remet la sortie du pad sur 1/2 et roule ma poule.

Bref : toujours emballé, plus que jamais. C'est vraiment la petite machine que j'attendais depuis longtemps. J'ai quand même en tête plusieurs évolutions qui - pour mon usage - en ferait un avion de chasse encore plus redoutable :
&gt; Automation éditable (en standalone aujourd'hui on ne peut qu'eraser ou overwriter)
&gt; Crossfade looping
&gt; Synthèse granulaire icon_facepalm.gif

[edit après 3 mois d'utilisation]

Au début un peu réfractaire au fait d'utiliser le logiciel Akai (j'avais trop envie de rester en standalone), j'ai finalement pris conscience de l'intérêt du soft. Un bête câble USB3, on lance l'appli, et ... on oublie l'ordi - je veux dire : on continue à bosser intégralement sur la Live si on veut, mais en bénéficiant de la puissance du PC !

Du coup évidemment on accède à tous ses plugs, mais également le timestretch / pitch-shift est bien meilleur que celui proposé par la Live en standalone (mode Clips). Par contre je veux toujours pouvoir rouvrir n'importe quel projet en standalone; aucun pb il suffit de convertir les pistes utilisant les plugs en nouveaux samples (ça se fait en deux secondes) et hop on débranche l'USB3 et vive la liberté. Le seul point un peu pénible (mais qui tient peut-être à un paramètre dans ma config) est que les interfaces des plugs apparaissent deux fois plus petites que d'habitude ... faut un peu plisser les yeux :-D mais bon c'est le son qui compte.

J'utilise également énormément la fonction sampling pour choper des sons provenant directement de YouTube, etc. La qualité d’échantillonnage est franchement excellente, on ajuste le niveau d'entrée et hop !

Cette machine a donné un gros gros coup de boost à mon workflow. Lorsque je produis je me sens plus libre, plus inspiré. Mon esprit est moins attiré par les tonnes d'info que présentent les DAW, du coup il est intégralement dédié au son. J'ai plus de plaisir à produire - et ça finit par s'entendre.

Avant d'avoir la Live je pensais que leur argument du "meilleur des deux mondes" (Standalone / DAW) était un peu du brossage marketing, mais pour le coup je trouve que c'est totalement le cas, et une vraie réussite. En particulier le fait de pouvoir continuer à travailler depuis la Live en chargeant ses plugs et en les couchant en stems aussi simplement, c'est un très gros point fort pour moi.