La mode est au mini. La mode est au vintage. Alors que diriez-vous d’un mini ampli de guitare vintage ? C’est ce que nous propose Fender avec cette réédition d'un Champion sorti entre 1949 et 1953. Au menu : ni entrée ni dessert, mais juste 5 Watts à lampes et un potard de volume. Alors, œufs de lump ou caviar ?
La pollution sonore peut rapidement devenir étouffante dans les grandes villes et beaucoup de musiciens cherchent des solutions pour assouvir leur passion sans anéantir la patience de leur voisin. On voit donc logiquement fleurir des produits adaptés aux petits espaces dans tous les secteurs.
Les gratteux n’y ont évidemment pas échappé et plusieurs marques d’amplis proposent des modèles à puissance modérée afin de pouvoir pousser le bouton de volume sans voir la police débarquer dans la demi-heure.
Car les guitaristes le savent bien, un bon ampli est un ampli poussé dans ses derniers retranchements, surtout s’il est à lampes ! On voit alors tout de suite l’intérêt d’un ampli à lampes de 5 Watts : avoir du bon son, mais pas trop fort !
Vite, ouvrons le carton !
Petit, mais beau
Lorsque l’on déballe le petit dernier de chez Fender, on ne peut qu’être séduit si l’on aime le style ‘vintage’. L’aspect vinyle deux tons est du plus bel effet, la moquette marron surplombant le haut-parleur est douce et agréable, le petit logo Fender, le potard de volume à l’ancienne, le switch on/off, la petite loupiotte rouge de mise en marche, tout est très homogène et la machine à remonter le temps marche très bien. En bref, ça claque ! La poignée en cuir semble résistante, du moins bien assez pour le poids modéré du Champion 600 (7 kg sur la balance). Petit détail sympa : une bande de velcro est mise à l’intérieur de la caisse de l’ampli afin d’attacher le cordon d’alimentation lorsque l’on transport le bébé.
Au niveau réglage, c’est simple et direct : un seul et unique potentiomètre de volume. Pas de tonalité. C’est un choix de Fender qui peut être discutable, mais personnellement, cela ne m’a pas gêné. On arrive à trouver rapidement le son désiré avec le sélecteur de micro et le potard de tonalité de la guitare. Et sachant que l’ampli est orienté vintage, cela n’est pas si surprenant que ça. Petit détail important : le potentiomètre est gradué jusqu’à 12, ce qui est quand même mieux que 11, qui est lui-même mieux que 10 ! Au niveau des entrées, on en retrouve une estampillée ‘High’ et une ‘Low’. Cette dernière servira si votre instrument possède un très haut niveau de sortie (micros doubles bobinages par exemple) et que vous êtes allergique à la moindre distorsion sonore. Cela dit, je n’ai pas entendu de différence énorme entre les deux entrées…
La beauté intérieure
Comme le dit mon grand-père : les petits amplis à lampes c’est comme les femmes, c’est la beauté intérieure qui compte. Avec le Champion 600, on semble plus se rapprocher d’une Jodie Foster que d’une Paris Hilton. Le circuit a été légèrement modifié par rapport à l’original de 1959 pour avoir plus de puissance et un peu de saturation lorsque l’on pousse l’ampli dans ses derniers retranchements. À l’intérieur, on retrouve deux lampes : une de préamplification 12AX7 et une d’amplification 6V6, un haut-parleur de 6 pouces avec une impédance de 4 Ohms et une sortie pour brancher un autre haut-parleur (de 4 Ohms aussi).
C’est simple, mais cela peut s’avérer efficace, du moins dans certains cas. Car le Champion 600 ne s’annonce pas comme un amplificateur polyvalent avec son canal unique et son potentiomètre de volume orphelin. Il est fort probable que les chercheurs de nouveaux sons soient déçus, mais après tout, l’intérêt du petit dernier de chez Fender ne se situe pas là et la marque joue franc jeu en imposant un look qui en dit long sur le caractère sonore de l’engin…
Maintenant que le suspens est devenu insoutenable, il nous reste plus qu’à brancher le petit champion…
La beauté sonore
Après une courte attente due au chauffage des deux lampes, les premiers sons surgissent de la boîte et les derniers soupçons s’envolent. Le timbre est beau, clair et ne manque pas de grave ! Le petit haut-parleur de 6 pouces se montre largement à la hauteur et délivre un son chaleureux qui respire l’authenticité. C’est bien du Fender, il n’y a aucun doute là-dessus ! On retrouve les principales caractéristiques des amplis de la marque et on est étonné qu’une si petite gamelle puisse sortir des sons aussi ronds, clairs et puissants. Car même s’il est indiqué sur la fiche technique ‘puissance : 5 watts’, je peux vous dire que c’est bien suffisant pour embêter vos voisins ! Cela peut s’avérer en revanche un peu juste pour jouer avec une batterie qui tape fort, mais après tout, les micros et les sonos, ce n’est pas fait pour les chiens ! Si votre local de répétition possède un système de diffusion, le combo champion 600 et un micro dynamique peut largement faire l’affaire et votre dos vous remerciera ! En plus, un SM57 rentre parfaitement dans la cavité arrière de l’ampli (j’ai testé pour vous), vous n’avez donc plus aucune excuse…
Mais je vois déjà les aigris du dernier rang qui commencent à ronchonner : ‘c’est bien beau tout ça, mais ça ne semble pas très polyvalent !’ Oui, en effet, ce n’est pas le cas. C’est fait pour jouer du blues, du rock, du jazz et les musiques extrêmes se sentiront à l’étroit. Mais rien n’empêche les hard rockeurs d’y ajouter une pédale de distorsion qui rentrera elle aussi, avec un peu de chance, dans la cavité arrière du Champion 600. Nous avons fait le test avec une tube screamer et le résultat s’est avéré très efficace. Cela palliera au fait qu’il n’y ait qu’un seul canal et aucun footswitch.
Les sons !
Pour le test de l’ampli, deux guitares ont été utilisées : une Stratocaster américaine VG (mais utilisée en mode standard) et une Telecaster 52’, Américaine elle aussi. Il est intéressant de noter que les deux guitares ont vu leur timbre respecté, et leur caractère, que l’on connait bien, inchangé. C’est donc un bon point pour le baby ampli qui, en bon gentleman, respecte ses dulcinées. En plus de cela, la dynamique délivrée fait que le 600 obéit aux doigts et au médiator, et c’est très agréable de ressentir les bonnes vibrations qui donnent l’impression d’avoir un son vivant.
Les enregistrements ont été fait avec un SM57 (tiens, le revoilà, lui) placé devant la gamelle et légèrement excentré suivant les situations. En rapprochant le micro, vous obtiendrez des graves plus profonds (oui, oui, même avec le petit 6 pouces) due à l’effet de proximité du micro, tandis que qu’en éloignant le transducteur, vous aurez un son plus aéré. Pour peu que vous ajoutiez un micro statique à quelques mètres de l’ampli et que vous ayez une belle salle, vous gagnerez en naturel. Car le 57 est un micro très typé qui laisse son empreinte partout où il passe… Avec chacune des guitares, des prises ont été faites avec des volumes différents afin d’observer le comportement du Champion lorsqu’on le malmène un petit peu…
Stratocaster
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Telecaster
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Sur les sons clairs, on reconnait bien les deux guitares, les sons sont tout simplement beaux et on oublie même de temps en temps que l’on a affaire à un si petit ampli ! Les crunchs sont eux aussi intéressants et bien vintages. Que c’est agréable de faire saturer le signal avec un simple coup de médiator ! Quant au son saturé, il ne fera pas l’unanimité et a une personnalité bien 60’s. On aime, ou pas. Rien ne vous empêche de brancher une pédale vous convenant davantage. Pour information, des petits malins se sont déjà empressés d’ouvrir le Champion 600 pour changer les lampes ou faire des modifications en tout genre. Allez faire un tour sur les forums de votre site préféré (indice : ça commence par ‘Audio’ et ça finit par ‘Fanzine’), ça grouille de bidouilleurs !
Conclusion
Le Champion 600 a des atouts et des défauts, mais il ne laisse pas indifférent.
Même si la polyvalence n’est pas sa tasse de thé et qu’il n’est pas le symbole de la modernité, il faut avouer qu’il en a fait craquer plus d’un dans mon entourage… et pour cause, avec sa petite taille et son poids plume, on aurait envie de l’emporter partout avec soi !
II est ainsi difficile de trouver de véritables défauts à cet ampli à travers nos yeux remplis d’amour. Quelques rivaux existent chez la concurrence (Peavey et Epiphone notamment) et si vous en avez la possibilité, testez-les, car cela reste aussi et surtout une affaire de goût.
En ce qui concerne le Champion 600, il a certes son petit caractère (vous êtes désormais prévenus !), mais je ne peux que recommander son achat, surtout à 229 € prix public.