Rappelez-vous, nous avions eu l'occasion de tester le surprenant amplificateur miniature nommé « Spark Go » proposé par la marque Positive Grid. Découvrons aujourd'hui comment se débrouille son grand frère, le « Spark Mini ».
Caractéristiques
La collection d’amplificateurs de la marque américaine Positive Grid, intitulée « Spark », est conçue pour les guitaristes et les bassistes. Lors du test du plus petit d’entre eux, le « Spark Go », nous avions été agréablement surpris par la qualité sonore au vu de ses dimensions minimalistes ainsi que par l’écosystème proposé par Positive Grid. Le Spark Mini est quant à lui identique sur bien des aspects, mais ses dimensions de 147 × 123 × 165 mm pour environ 1,5 kg, en font un ampli certes compact, sans pour autant rentrer dans une housse de guitare comme sait si bien le faire son petit frère. Ici encore, le boitier est recouvert d’une texture caoutchouteuse épaisse qui, en plus de donner un aspect fini au produit, lui confère une forme de protection contre les éventuels aléas que peut subir un ampli destiné à être transporté régulièrement. Sur la face principale se trouve une grille que l’on peut facilement enlever pour découvrir deux haut-parleurs de 2 pouces qui se chargeront de retranscrire les 10 Watts que le Spark Mini est capable de délivrer.
La section dédiée aux réglages est sommaire avec une entrée instrument mono et trois potentiomètres « RRESET », « GUITAR » et « MUSIC ». Des LEDs viennent agrémenter l’ensemble pour signaler le preset en cours d’utilisation ainsi que l’état de l’alimentation et de la connexion sans-fil. À l’arrière de l’ampli, on accède au bouton d’alimentation, au Bluetooth, à une prise USB-C qui servira à la fois à recharger la batterie de 3000 mAh et à se connecter à un ordinateur. Deux prises jack stéréo 3,5 mm « AUX IN » et « PHONE/LINE OUT » complètent le tout. Environ 3 heures seront nécessaires pour recharger complètement la batterie, pour atteindre une autonomie d’environ 6 à 8 heures en fonction de l’utilisation. Par ailleurs, la marque américaine ne semble pas communiquer sur la possibilité de changer la batterie une fois celle-ci usée. Cependant, et comme vous pouvez le constater sur les photos, les vis de montage à l’arrière de l’ampli sont bien accessibles. On peut aussi se rassurer en se disant que la batterie devrait garder le meilleur de sa forme pendant au moins quelques années dans le cadre d’une utilisation modérée.
Avant de poursuivre notre test, notons que le Spark Mini est conçu aux États-Unis, mais fabriqué en Chine. Il est difficile de lui reprocher quoi que ce soit en ce qui concerne la qualité de fabrication, car l’ensemble paraît suffisamment solide. Le prix de vente constaté lors de la rédaction de ce test s’élève à environ 240 euros.
Un ampli polyvalent et pratique
Comme nous l’avons vu précédemment, nous ne disposons que de peu de contrôles accessibles sur l’amplificateur. En réalité, le Spark Mini est conçu pour fonctionner en binôme avec l’application « Spark » dédiée aux appareils Android et Apple. Depuis le test de la version « Go », l’application ne semble pas avoir énormément évolué. Ainsi, on découvre une interface soignée dont l’écran principal donne accès à l’édition des préréglages. Ces derniers sont composés au maximum de 7 blocs qui seront alimentés par un catalogue de 33 amplificateurs et 43 pédales d’effets. Il est important de garder à l’esprit que nous sommes dans le domaine du numérique, et il est fort probable que la liste s’allonge au fil du temps. Quoiqu’il en soit, Positive Grid met à disposition tous les grands classiques que l’on retrouve habituellement lorsqu’on parle de simulation, que ce soit pour la partie dédiée à l’amplification ou pour celle qui traite des effets. Le nom des références est remanié, mais les avatars sont très soigneusement élaborés et nous permettent de reconnaître des modèles d’amplis de chez Marshall, Bogner, Friedman, Fender, Orange ou encore Ampeg pour les bassistes. En ce qui concerne les pédales, on ne se sent pas dépaysé en voyant un compresseur rouge, ou encore une overdrive verte ou dorée. Si l’édition des préréglages est simple avec un accès à un catalogue communautaire plutôt complet, il est crucial de souligner qu’il est impossible de déplacer les différents blocs. De plus, ces derniers ne permettent de charger qu’un type spécifique d’effet. En d’autres termes, il est impossible d’envisager d’utiliser deux overdrives avant d’attaquer l’ampli, ou encore de combiner deux réverbes. On devra forcément respecter une chaîne du son qui suit le schéma suivant :
- un noise gate
- un compresseur ou une Wah-Wah
- une pédale de boost/overdrive/distortion/fuzz
- l’amplificateur et son enceinte
- un effet de modulation ou une égalisation supplémentaire
- un délai
- une réverbe
Pour un ampli aussi compact et dans le cadre d’une utilisation conventionnelle, c’est tout à fait suffisant et pertinent. En réalité, là où Positive Grid aurait pu améliorer son application, c’est au niveau du choix des enceintes. Pour l’heure celui-ci est inexistant et chaque amplificateur est de facto rattaché à une simulation d’enceinte qu’il est impossible de personnaliser. Il aurait par exemple été très pratique de pouvoir importer ses propres Réponses Impulsionnelles (IR) ou à défaut, de pouvoir constituer des binômes ampli/enceinte en utilisant la collection disponible par défaut.
À l’usage, j’ai aussi été gêné par l’extrême dépendance de l’appareil à son application, en particulier pour la gestion de l’égalisation. Si l’on aime jouer sur plusieurs guitares très différentes, on ne pourra pas ajuster la courbe des fréquences sans avoir son téléphone devant soi. On aurait pu imaginer un potentiomètre de type « Tone » que l’on peut retrouver sur certains amplis qui partagent des dimensions similaires et qui permet de sculpter une égalisation globale.
L’application mobile donne accès à des fonctionnalités supplémentaires que nous avions déjà évoquées lors du test du Spark Go. Celles-ci méritent d’être rappelées tant elles sont pertinentes dans le cadre d’une pratique quotidienne. En utilisant « Spark », il est possible d’analyser le contenu harmonique d’une vidéo YouTube ou d’un morceau chargé via les plateformes de streaming Spotify et Apple Music. Dans le même esprit, on dispose de deux autres fonctionnalités appelées « Quick Jam » et « Smart Jam ». La première est une collection d’accompagnements constitués d’une batterie et d’une basse (que l’on pourra désactiver) dans des styles variés. La seconde, que je trouve être la plus intéressante, permet de jouer sa propre grille d’accords que l’application prendra soin d’analyser pour proposer différents accompagnements. D’ailleurs, contrairement au suivi harmonique des morceaux de musique importés de YouTube, Spotify ou Apple Music, ici, l’application est capable de détecter les accords à 4 sons et de ne pas se limiter aux seules triades.
Voici un exemple où je joue avec un accompagnement généré automatiquement sur une suite d’accords :
Le Spark Mini peut aussi être utilisé pour enregistrer de différentes manières. La première consiste à passer par l’application et permet de se filmer. La synchronisation entre l’image et le son se fait automatiquement. À l’ère des réseaux sociaux, l’idée est excellente. La deuxième option consiste à utiliser le port USB-C pour utiliser l’ampli comme une interface audio. Lors de l’essai du Spark Go, j’ai rencontré de nombreux problèmes de stabilité de la part des pilotes ASIO fournis par Positive Grid. Cette fois-ci, sur le même ordinateur, plus de soucis ! Tout a fonctionné immédiatement, sans aucun décrochage et avec une latence tout à fait négligeable. Néanmoins, l’enregistrement se restreint à une fréquence d’échantillonnage de 44,1 kHz. Enfin, il sera possible d’utiliser la sortie Line Out qui sert aussi de prise casque et dont le résultat est tout à fait satisfaisant.
Voici deux extraits enregistrés en utilisant la fonction « interface audio » et les pilotes ASIO dédiés :
- 2 – Enregistrement en USB00:22
- 3 – Enregistrement en USB 200:31
Qu’en est-il du son ?
Je vous invite à écouter quelques extraits enregistrés en utilisant un micro Shure SM57 :
- 4 – Clone Drive + American Deluxe + Rev Ambient01:02
- 5 – Optical Comp + AD Clean + Room Studio A00:24
- 6 – Blues Boy + Plate Short00:32
- 7 – American High Gain + Digital Delay + Holy Grail00:30
- 8 – BE 101 + Rev Chamber00:30
- 9 – Red Comp + Tube Drive + TreadPlate + Classic Plate00:21
- 10 – Hammer 500 + Digital Chorus00:13
- 11 – LA Comp + Black Op + RB-80000:18
Comparé au Spark Go, le Mini propose un son moins boxy, avec une réponse plus agréable dans le bas du spectre. Le format et la puissance le rendent également plus polyvalent dans le cadre d’une utilisation autre que celle de la pratique en solitaire. Par exemple, on pourrait envisager de l’utiliser pour s’accompagner en duo. Les simulations, quant à elles, restent les mêmes et sont globalement plutôt réussies. Elles ont aussi l’avantage de couvrir une large gamme de sons. Bien entendu les sensations de jeu n’ont rien de bien « organiques », mais l’ampli réagit correctement à la dynamique de l’instrument et le jeu au potentiomètre de volume est tout à fait crédible. Encore une fois, le comportement de l’ampli face à l’utilisation d’une guitare 7 cordes et même d’une basse 5 cordes m’a agréablement surpris. Le son reste propre et défini.
Pour conclure
Le Spark Mini est un amplificateur compact qui offre une excellente qualité de fabrication et une large palette de sons. Les sensations de jeu, même si elles ne sont pas impressionnantes, sont tout à fait crédibles et respectent la dynamique de l’instrument. Il faudra toutefois se satisfaire de la très grande dépendance de l’ampli à son application mobile. Cette dernière a le mérite d’être agréable à utiliser et propose des fonctionnalités tout à fait pertinentes dans le cadre d’une pratique quotidienne. De manière générale, on aurait apprécié pouvoir agir sur l’égalisation d’un préréglage sans passer par son téléphone, et il aurait aussi été agréable de pouvoir personnaliser davantage le binôme ampli/enceinte. Malgré tout, le Spark Mini trouvera sans difficulté sa place dans de nombreuses situations.