Test de la Music Production Suite d’Izotope by Native Instruments

En dehors de nombreuses opéra­tions promo­tion­nelles, on était sans trop de nouvelles d’Izo­tope depuis près d’un an, si ce n’est pour apprendre l’aban­don regret­table des excel­lents Thrash, Iris et Breakt­wea­ker en octobre dernier. Et voilà que l’édi­teur nous revient avec la sixième version de son Music Produc­tion Bundle qui nous réserve bien des surprises, à commen­cer par les nouvelles version d’Ozone Advan­ced, la célèbre suite de Maste­ring qui est avec RX le produit phare de l’édi­teur, et de Nectar Advan­ced, son multief­fet dédié à la voix.

En vis-à-vis de ces nouveaux venus, on a par ailleurs droit à Neutron 4 (suite dédiée au mixage), Vocal­Synth 2, les visua­li­seurs Insight 2, Tonal Balance Control 2, l’uti­li­taire Audio­lens, les réverbes Neoverb, Stra­tus 3D et Symphony 3D, la version Stan­dard de RX 10 : une quasi-inté­grale d’Izo­tope donc, à laquelle s’ajoutent six plugins signés Plugin Alliance (bx_delay 2500, bx_boom!, bx_satu­ra­tor V2, bx_subsynth, bx_cleans­weep Pro et bx_refi­ne­ment) et huit produits signés Native Instru­ments.

Encore que huit, c’est vite dit vu que trois de ces huit produits sont des bundles compor­tant trois effets. On dispose ainsi de la réverb Raum, des bundles Crush Pack, Mod Pack et Solid Mix Series, de Driver, Tran­sient Master, Super­char­ger GT, Replika XT et…

…et même d’un neuvième produit…

…et non des moindres vu qu’on l’au­rait plus attendu dans une Komplete qu’ici : Guitar Rig 7 !

Autant le dire donc, en termes de quan­tité comme de nouveau­tés, la mois­son est impres­sion­nante, et elle l’est plus encore si l’on consi­dère que Guitar Rig regorge d’ef­fets tandis que les versions Advan­ced de Nectar et d’Ozone comme Neutron se déclinent en dizaines de plug-ins… Il y a vrai­ment de quoi ne plus savoir où donner la tête ! Aussi allons-nous commen­cer, avant de nous pencher sur les trois plus grosses nouveau­tés, par détailler le reste.

Le top d’Izo­to­pe…

Hormis Stut­ter Edit dont on peine à expliquer l’ab­sence ici, tout le cata­logue d’Izo­tope est là, y compris les réverbes d’Ex­po­nen­tial Audio qui, parce qu’elles gèrent le multi­ca­nal, sont plus orien­tée Broad­cast que musique. De fait, il y a vrai­ment tout ce qu’il faut pour l’édi­ting (version Stan­dard d’Izo­tope RX), le mixage et le maste­ring, soit l’au­dio « sérieux », et si l’on consi­dère les ajouts de Plugin Alliance mais surtout ceux de Native, on dispose de quan­tité d’ef­fets créa­tifs : l’ex­cellent Vocal­Synth 2 se voit ainsi rejoint par les non moins excel­lents effets de satu­ra­tion, modu­la­tion, delay, trai­te­ments dyna­miques publiés par l’édi­teur alle­mand ces dernières années.

Que manque-t-il ? Sincè­re­ment, si l’on part du prin­cipe qu’il n’est plus ques­tion de dispo­ser d’ins­tru­ments, pas grand-chose, à plus forte raison quand Nectar est même livré avec la version 5 de Melo­dyne Essen­tial. Un certain nombre de plug-ins font même doublons (le Tran­sient Master qui n’ap­porte pas grand-chose au Tran­sient Shaper qu’on trouve dans Neutron et les EQ qu’on trouve dans Neutron et Nectar sont proches pour ne pas dire jumeaux), même si d’autres s’avèrent complé­men­taires comme les réverbes : entre les plug-ins Broad­cast d’Ex­po­nen­tial, la NeoVerb parfaite pour le mix et la créa­tive Raum, le champ couvert est vaste…

…& Co

De son côté, Plugin Alliance a bien pris garde de ne pas marcher sur les plates-bandes d’Ozone. Point de Maste­desk ici mais quelques trai­te­ments bien complé­men­taires du reste comme le bx_Subsynth qui vaut le détour pour gonfler le bas à coups d’har­mo­niques synthé­tiques, le bx_Delay 2500 qui s’avère être un delay extrê­me­ment poly­va­lent tout en restant simple d’ap­proche et enfin le bx_refi­ne­ment, un plug-in conçu pour réduire l’agres­si­vité d’un signal (le « harsh­ness ») en tirant vers un son tubesque et qui s’avère souvent éton­nant dans ce qu’il amène de douceur… À n’en pas douter, c’est un outil méconnu de Plugin Alliance qui mérite qu’on s’y inté­resse.

Mais avouons-le : c’est Native qui se taille ici la part du lion, car en dehors des bundles Solid Mix Series (testés ici à l’époque) et du Tran­sient Master qui, tout en étant très recom­man­dables sont rela­ti­ve­ment conve­nus, les plug-ins proposé ici sont parmi les meilleurs de tout le cata­logue de l’édi­teur : les packs Mod et Crush, le filtre Driver, le compres­seur Super­char­ger GT, le delay Replika XT et la réverbe Raum sont tous excel­lents en dépit de l’âge de certains. Face au sérieux de plug-ins comme Ozone, Neutron ou Neoverb, parti­cu­liè­re­ment pensés pour être « neutres » ou pour le moins sages, Ils font chacun montre d’un gros carac­tère et amènent une bonne dose de folie à cette Music Produc­tion Suite…

Et que dire de Guitar Rig 7 qui les intègre tous (et bien d’autres encore) et qui, ne mâchons pas nos mots, est l’un des multief­fets les plus abou­tis du marché, bien au-delà du seul domaine de la guitare, comme vous le compren­drez proba­ble­ment dans son test dédié…

Bref, les guest ont bien joué leur rôle, même si c’est forcé­ment Nectar et surtout Ozone qui sont les deux plus grosses stars de ce bundle, ce qui mérite un test complet pour chacun mais aussi qu’on s’ar­rête un peu ici sur leur cas…

La voix de son maître

Commençons par le moins célèbre des deux, à savoir la suite de produc­tion vocale Nectar qui n’avait plus connu de mises à jour majeure depuis 2018, si ce n’est une version Plus en forme de 3.5. L’idée est simple : rassem­bler au sein d’un même bundle tous les effets néces­saires à la produc­tion d’une piste voix, sachant qu’en marge des atten­dus EQ, compres­seurs, dé-esseur, correc­teur de tona­lité, delay et réverbe, on dispose de quelques outils plus créa­tifs pour géné­rer des chœurs ou des doublages de voix. Ne vous atten­dez pas à retrou­ver toute la pano­plie qui équipe le Vocal Synth 2 de l’édi­teur (lui aussi fourni dans le bundle) mais à un ensemble rela­ti­ve­ment cohé­rent qui reprend dans les grandes lignes le fonc­tion­ne­ment des autres outils Izotope, avec un assis­tant capable de travailler autour d’une réfé­rence issue du free­ware Audio­lens, et dont l’in­ter­face a été revue pour offrir en première inten­tion un tableau de bord très bien fait.

Sans dévoi­ler l’in­té­gra­lité du test à paraître sous peu, souli­gnons que Nectar 4 s’ac­quitte fort bien de sa tâche avec, comme toujours chez Izotope, des outils effi­cients et bien conçus sur le plan ergo­no­mique. Tout juste souli­gnera-t-on que les chœurs et doublages qu’il génère ne font ni pire ni mieux que la concur­rence : sous-mixé au sein d’une orches­tra­tion, ça passe, mais les arte­facts et le côté plas­tique des voix a vite fait de se faire remarquer si on les met trop en avant…

Reste une suite complète et effi­cace, dotée d’un assis­tant et d’un panneau de contrôle simpli­fiant les tâches de produc­tion : un produit tout à fait honnête en somme, même s’il est forcé­ment moins exci­tant que la star de ce bundle : Izotope Ozone 11.

Master Mind

Produit iconique de l’édi­teur, Ozone nous revient donc dans une version qui ne brille pas tant par ses nombreux nouveaux modules (Clarity est la seule nouveauté de ce côté) mais par des ajouts faits ça et là dans certains modules ou sur le fonc­tion­ne­ment global du logi­ciel. Outre une compres­sion ascen­dante très inté­res­sante dans le Maxi­mi­zer, on sera ravi de dispo­ser dans tous les trai­te­ments spec­traux et spatiaux de la possi­bi­lité de trai­ter diffé­rem­ment tran­si­toires et sustains, à la manière de Spli­tEQ. Voilà une avan­cée consi­dé­rable qui permet d’en­vi­sa­ger quan­tité de nouveaux emplois des diffé­rents modules (et donc de nouvelles solu­tions aux problèmes de maste­ring), tandis que la sépa­ra­tion du mixage en STEM Voix, Batte­rie et Instru­ments est désor­mais perma­nente, avec la possi­bi­lité de passer de l’un à l’autre d’un simple clic. Ça ne semble rien dit comme ça, mais dans certains cas parti­cu­liers, la chose devrait être un game chan­ger (notam­ment lorsqu’on n’a plus la possi­bi­lité de réin­ter­ve­nir au niveau du mix). Bref, même si elle ne corrige pas les défauts que nous rele­vions déjà dans notre test d’Ozone 10, à savoir la dispa­ri­tion de la version complète, l’im­pos­si­bi­lité d’hé­ber­ger des plug-ins tiers et le fait que l’as­sis­tant ne s’adapte pas à toutes les varia­tions d’un morceau à défaut d’au­to­ma­tions, cette version 11 est indu­bi­ta­ble­ment une évolu­tion très inté­res­sante de la suite de Maste­ring d’Izo­tope, confir­mant le statut de leader de l’édi­teur sur ce marché.

Allez voir le test pour vous en convain­cre…

Conclu­sion

Avec un tarif public de 660 euros (et une offre de départ à 450), le Music Produc­tion Bundle peut se targuer d’être l’un des meilleurs, sinon le meilleur, bundles d’ef­fets sur le marché. Je ne crois pas qu’il y ait en effet un concur­rent, sinon Native avec sa Komplete (c’est le comble !) qui puisse se targuer d’of­frir autant de varié­tés et d’ou­tils inno­vants pour ce prix. Certes, les accros à l’ému­la­tion iront frap­per à d’autres portes, car le propos ici est plutôt de four­nir certaines des solu­tions les plus nova­trices parues ces dernières années. De fait, s’il fallait trou­ver des concur­rents, ce n’est pas tant chez IK, Slate, Artu­ria, UVI ou UA qu’on les trou­ve­rait, mais chez Sonible ou Fabfil­ter qui sont très loin d’of­frir un ensemble aussi complet pour un prix aussi agres­sif.

Quant à savoir si vous devez sauter le pas du bundle, tout dépend évidem­ment de vos besoins et de ce dont vous dispo­sez déjà dans votre arse­nal, tout comme de votre désir de vous simpli­fier la vie avec nombre d’ou­tils effi­cients. Je pense bien sûr à Ozone en disant cela, dont nombre de compo­sants sont deve­nus des réfé­rences sur le marché (Maxi­mi­zer, Vintage EQ, Imager, Tonal Balance Control, etc.) mais je pense aussi à RX qui, malgré les progrès de ses concur­rents et l’ar­ri­vée de nouvelles solu­tions à base d’IA abso­lu­ment bluf­fantes, demeure pour l’heure le grand leader du domaine de la restau­ra­tion. Or, qu’on soit pro ou home studiste, il est depuis long­temps justi­fié de dispo­ser de ce genre d’ou­til pour amélio­rer l’or­di­naire ou sauver des situa­tions drama­tiques. N’en oublions pas le reste pour autant car Il n’y a pas de produit faible dans ce bundle tandis que, comme vous l’au­rez compris, Native nous grati­fie ici d’un best of de tour premier ordre de son cata­logue d’ef­fets, avec un Guitar Rig toujours aussi enthou­sias­mant.

Bref, vous voyez la porte, vous voyez les deux aiguilles sur le douze de l’hor­loge : la perti­nence de cette offre est l’af­faire de chacun, sachant que le fait de possé­der des produits Izotope donne droit à des réduc­tions. Bravo Izotope donc ? Ben oui : bravo !