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Test du Native Instruments Rounds - Des Rounds dans l’Ø

7/10

Troisième synthé proposé avec Komplete, Rounds mixe deux types de synthèse pour 16 synthés pilotés de façon étonnante, via une interface inhabituelle. Explications.

Bon an, mal an, l’édi­teur Native Instru­ments nous livre une nouvelle version de son ensemble d’ins­tru­ments et d’ef­fets, plus ou moins complet suivant les versions, Komplete. C’est la dixième version qui nous est parve­nue, dans sa version Ulti­mate, sans clavier asso­cié. L’objet de ce test est l’un des trois nouveaux synthés offerts avec la collec­tion, Rounds…

L’édi­teur a en effet pris pour habi­tude de sortir en même temps que la Komplete quelques nouveau­tés, et de les offrir dans cette dernière. Cette année, on a droit à la Defi­ni­tive Piano Collec­tion (voir le test ici) et à trois synthés diffé­rents, qui seront tous testés pour AF, Kontour (voir le test ici), Poly­plex (voir le test ici) et celui qui nous inté­resse ici, Rounds.

Machine de test 

MacPro Xeon 3,2 GHz
OS 10.9.5 et OS 10.10
Komplete 10 Ulti­mate
Rounds
Reak­tor 5.9.2
Logic Pro X 10.0.7

Dernier synthé de la livrai­son de prin­temps 2014, Rounds regroupe, selon l’édi­teur, un moteur de synthèse numé­rique et un moteur de synthèse analo­gique, que nous appel­le­rons ici plutôt analo­gique virtuel (le fameux VA). Ce n’est pas pinailler, on entend parfois des trucs à faire dres­ser les cheveux sur la tête (même si je n’en ai plus…). 

On peut program­mer huit sons par moteur, que l’on placera ensuite dans un système de huit blocs circu­laires à quatre cellules et l’on acti­vera diffé­rents modes en fonc­tion de son jeu pour lire des suites de ces sons, trai­tés via un multief­fet, le tout avec une desti­na­tion assu­mée pour la scène via commande directe sur le clavier-maître et autres subti­li­tés. On détaille tout ça.  

Intro­du­cing Native Instru­ments Rounds

Native Instruments Rounds

Rounds peut être acheté seul sur le site de l’édi­teur, pour la somme de 99 euros, ou au sein de la Komplete (de 199 euros l’up­date à 499 euros la version complète) et de la Komplete Ulti­mate (de 399 euros l’up­date à 999 euros la version complète), sans oublier les versions incluant les nouveaux contrô­leurs de la maison (voir ici).

On procè­dera comme d’ha­bi­tude à l’ins­tal­la­tion et à l’au­to­ri­sa­tion grâce au Service Center et au numéro de série fourni, et l’on pourra utili­ser Rounds avec la version complète de Reak­tor 5 aussi bien qu’avec sa version gratuite (Reak­tor Player). Une version stan­da­lone et des décli­nai­sons sous forme de plug-ins aux prin­ci­paux formats actuels sont four­nis, sachant qu’il faudra de toute façon passer par Reak­tor.

La Komplete utilise main­te­nant un nouveau logi­ciel/navi­ga­teur très bien conçu (on pense son plutôt qu’ins­tru­ment), Komplete Kontrol. Après avoir fait des petits clones au nez rouge de nos DD système, nous avons installé dans nos machines le dernier OS d’Apple, OS 10.10, de son petit nom Yose­mite. Si tout fonc­tionne sans problème sur la tour (une petite mani­pu­la­tion à faire pour gérer certaines kexts, comme celle de la Power­Core, par exemple), sur le portable, il existe un conflit entre certains logi­ciels/maté­riels de Native et le pilote Avid­Core Audio, faisant que Komplete Kontrol ne s’ouvre plus (pour en savoir plus, voir ici). Retour à Rounds (ce qui fait qu’on tourne en rond…).

Synthèses multiples

Native Instruments Rounds

On l’a vu, Native consi­dère que son premier moteur est « analo­gique ». Regar­dons ce que recouvre ce vocable : d’abord, un réglage d’ac­cord global et un Glide, puis deux oscil­la­teurs à plusieurs formes d’onde (Noise, Triangle, Saw pour les deux, plus Pulse pour Osc1, Square pour Osc2) avec possi­bi­lité de Hard Sync, ajout d’un Sub, réglage d’ac­cord par demi-tons et fin pour l’Osc2, taux de modu­la­tion de la hauteur de l’os­cillo 1 par le second, taux commun de largeur d’im­pul­sion, balance entre les deux et niveau de sortie global vers le filtre. Qui est un filtre 24 dB/oct. multi­mode (Low, Band et High-Pass) réso­nant, avec modu­la­tion de la fréquence de coupure par l’Osc2, suivi de clavier et taux d’ac­tion du géné­ra­teur d’en­ve­loppe. Une section de modu­la­tion offre un LFO multi-onde (Triangle, Saw, Pulse, Random) avec resync, vitesse en Hz ou par valeur tempo­relle, desti­na­tion (Pitch, Semi, PW, Mix, Cutoff, Pan, Level) et un géné­ra­teur d’en­ve­loppe AD (cela semble un peu court en ce que ça empêche d’ef­fets spéci­fiques sur le filtre), avec sa desti­na­tion (Pitch, Semi, PW, X-Mod, Mix, FM), suivi de clavier, réponse à la vélo­cité et mise en boucle.

On termine par la sortie globale, avec ses départs vers le délai et la réverbe inclus, un pan, un Master Level, et un géné­ra­teur d’en­ve­loppe ADSR pour l’am­pli­tude, avec suivi de clavier et réponse à la vélo­cité. Tout cela semble bel et beau, avec cepen­dant les limites poin­tées, mais sachant que l’on dispose de huit fois ce synthé…

Native Instruments Rounds

Huit fois aussi pour le synthé numé­rique, qui utilise une forme de FM (qui est donc à la fête à l’oc­ca­sion de Komplete 10, voir le test de Kontour ici). On recom­mence par un réglage d’ac­cord global et un Glide, puis un oscil­la­teur FM composé de trois opéra­teurs (un porteur et deux modu­la­teurs), avec confi­gu­ra­tion en série ou paral­lèle, réglages de fréquence (Ratio ou inter­valle) et de feed­back (un des trois opéra­teurs). Un réglage Spread ajoute deux oscil­la­teurs FM supplé­men­taires (Unison, une ou deux octaves au-dessus, en dessous) et Op Out permet d’ajou­ter le signal de sortie audio des modu­la­teurs à celui du porteur.

Le filtre est cette fois-ci un 12 dB/oct. réso­nant, avec réglage continu entre hi et low-pass (notch au milieu), suivi de clavier et taux d’ac­tion du géné­ra­teur d’en­ve­loppe. Une fonc­tion Digi­tize remplace la modu­la­tion, une réduc­tion de bits avant d’at­taquer le filtre. Sections Mod et Output sont iden­tiques à celle du moteur « analo­gique ».

Tantum ergo­no­mie

Native Instruments Rounds

Depuis quelques années, les synthés Native issus de Reak­tor font montre d’une recherche ergo­no­mique assez unique. L’ac­cent semble reve­nir à des surfaces visuelles, des raccour­cis/Macros, des éléments si ce n’est ludiques, tout du moins agréables à utili­ser et mani­pu­ler, avec parfois des résul­tats emme­nant l’uti­li­sa­teur dans d’autres direc­tions que celles prévues (à partir du moment où l’on sait comment aller quelque part, on peut accep­ter de se lais­ser prome­ner, puisqu’on pourra toujours reve­nir à son idée première). Le tout récent Kontour avec ces Macros répond à cette philo­so­phie, tout comme Poly­plex et ses nombreux para­mètres pseudo-aléa­toires. Rounds adopte aussi ce point de vue et la fenêtre Control offre une vision globale des 16 synthés sous forme de deux fois huit curseurs, qui permettent de visua­li­ser et modi­fier d’un coup de souris le même para­mètre pour tous les synthés à la fois : en effet, chaque série de faders bascule sur le para­mètre sélec­tionné dans la fenêtre de synthèse. Huit macros sont dispo­nibles, on peut y assi­gner n’im­porte quel para­mètre en deux clics, tout comme pour la molette de modu­la­tion (on regrette que cela ne fonc­tionne pas ainsi sur Kontour, par exemple). De même, les niveaux, le Pan, les niveaux d’en­voi vers Delay et Reverb sont ici acces­sibles ; on peut dessi­ner des courbes sur tous les faders avec le clic droit et les réglages peuvent être liés avec offset, le réglage maître étant celui du premier synthé.

Native Instruments Rounds

Au niveau des effets, on dispose d’un délai modulé avec réinjec­tion (affi­chant milli­se­condes ou divi­sion de mesure), mono ou ping-pong, le LFO offrant vitesse en Hz ou valeur tempo­relle, et formes d’onde Triangle, Saw, Square et Random, et béné­fi­cie de deux filtres Hi et Lo-Pass. Un para­mètre Grain permet de choi­sir entre compor­te­ment clas­sique lors du chan­ge­ment de durée (effet de pitch) ou compor­te­ment forcé de stret­ching des retards. Enfin la réverbe spécia­le­ment conçue pour ce synthé selon l’édi­teur, offre, parfois sous des noms moins courants, la tota­lité des para­mètres que l’on peut attendre d’une bonne algo­rith­mique, ce qu’elle est.

Il est temps main­te­nant d’en­tendre ce que propose au niveau sonore Rounds, grâce notam­ment à sa dernière partie et ses ronds intri­gants. 

Tous en cercle !

Native Instruments Rounds

Huit ronds, les Sound Blocks (SB), donc, que l’on va char­ger avec des sons program­més dans l’un ou l’autre synthé, dans quatre cellules, les Sound Cells (SC), qui peuvent être acti­vées ou non ; on peut mettre plusieurs fois le même son dans diffé­rentes cellules, ne pas toutes les remplir, en utili­sant deux types d’ou­tils, Paint et Replace, le premier pour placer un son à la souris, le second pour des rempla­ce­ments multiples.

Ces ronds font partie d’un Voice Program­mer, qui va permettre toute la richesse suppo­sée du synthé. D’abord, tous les SB disposent de fonc­tion de morphing indé­pen­dantes, fonc­tions pilo­tées dans le temps par un LFO, qui agira dans les deux sens des aiguilles d’une montre. Une aide visuelle sous la forme de lignes en quart de cercle permet de connaître le nombre de voix actives (quatre maxi­mum), le sens et le tempo du morphing. 

D’abord il faut choi­sir le compor­te­ment de Rounds à la récep­tion de notes ; on dispose de cinq Voice Modes, et de plusieurs Poly Modes, fonda­men­taux pour la gestion des sons, et donc de la richesse en décou­lant (nous ne détaille­rons pas tout ici, le mode d’em­ploi est acces­sible en ligne ici). Premier mode, Rotate, dans lequel les Cells sont jouées l’une après l’autre, avant de passer au SB suivant. Les Poly Modes agissent ainsi : Mono­chord, toutes les notes proviennent de la même SC. Multi­chord, toutes les notes d’un accord sont égre­nées sur autant de SC, quitte à aller cher­cher les manquantes dans le SB suivant. Unison, euh, eh bien, unis­son. Démons­tra­tion audio dans l’ordre, une triade, le passage par les quatre Cells en Mono­chord, puis Multi, puis Unison :

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Native Instruments Rounds

Rotate Reset fonc­tionne quasi­ment de la même manière, sauf qu’il démar­rera tout le temps sur la première Cell active d’un SB. Les modes Poly sont iden­tiques, à l’ex­cep­tion du Multi dont les notes sont confi­nées dans le même SB. Random fait ce qu’il dit, et fonc­tionne d’un point de vue Poly comme Rotate.

Layer permet comme, son nom l’in­dique, de super­po­ser toutes les Cells d’un SB sur les notes entrantes, le Mono­chord résul­tant en un mode mono. Enfin Zone permet de répar­tir les quatre Celles une par une sur quatre zones du clavier.

Enfin, le Progress Mode permet de choi­sir vitesse et condi­tion de passage d’un SB à l’autre, via note, durée ou séquence.

Voilà de quoi donner de la vie à un son. Cela peut aller du prin­cipe de mode Rotate à la Oberheim Matrix 12 à des super­po­si­tions et enchaî­ne­ments presque proche d’un synthé Wave­table. Repre­nons l’exemple précé­dent, en jouant simple­ment sur le mode Sequence et des réglages de morphing diffé­rents. 

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Native Instruments Rounds

Préci­sons qu’on ne joue pour le moment que sur un SB, et qu’il en reste sept à truf­fer de ce que l’on veut, ou presque (pas d’échan­tillons, bien évidem­ment). On dispose de plus d’une octave de commande réglable, les notes blanches permet­tant la sélec­tion des SB, les notes noires celles des SC, une par une ou grou­pées. C’est bien vu et très puis­sant, puisque lais­sant la main sur une forme de mani­pu­la­tion directe du son malgré une répar­ti­tion pré-program­mée dans les SB. 

Voici quelques exemples issus de la banque d’usine de Rounds, plus ou moins modi­fiés selon les besoins de la démons­tra­tion, et sur quelques séquences de base.

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Bilan

Rounds, s’il ne révo­lu­tionne rien, n’en est pas moins un synthé très inté­res­sant, notam­ment grâce à son concept de cellules, à mi-chemin entre le Rotate du Matrix 12 et la synthèse à table d’ondes. On peut aussi penser à la façon dont on peut confi­gu­rer certains Combis dans Reason.

Si la poly­pho­nie de quatre voix pourra sembler légère à certains, il faut remettre Rounds dans son contexte, qui n’est pas de produire des pads chatoyants ou des imita­tions d’ins­tru­ments réalistes, mais plutôt des gros sons, mouvants et pêchus, des effets spéciaux ou des séquences toujours (ou presque) renou­ve­lées. Dans l’es­prit de ce cahier des charges, Rounds est tout à son affaire, et l’on ne peut que saluer l’es­prit d’in­ven­tion et de simpli­fi­ca­tion (en termes ergo­no­miques notam­ment) des concep­teurs de Native, sur ce test qui conclut le tour des nouveaux synthés inclus dans la livrai­son 2014 de la Komplete.

 

  • Native Instruments Rounds
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Notre avis : 7/10

  • Concept, maîtrisé
  • Excellente ergonomie
  • Mariage des deux « mondes » de synthèse
  • Promesse de séquences inventives
  • Possibilités offertes pour le live
  • Dans le cadre du concept, pas grand-chose
  • Attention parfois au CPU

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