Parmi les nouveautés de Komplete 10, Native a glissé trois nouveaux synthétiseurs, chacun spécialisé dans un domaine particulier. Voici le premier d’entre eux, Polyplex. Que fait-il ?
Bon an, mal an, l’éditeur Native Instruments nous livre une nouvelle version de son ensemble d’instruments et d’effets, plus ou moins complet suivant les versions, Komplete. C’est la dixième version qui nous est parvenue, dans sa version Ultimate, sans clavier associé. L’objet de ce test est l’un des trois nouveaux synthés offerts avec la collection, Polyplex…
L’éditeur a en effet pris pour habitude de sortir en même temps que la Komplete quelques nouveautés, et de les offrir dans cette dernière. Cette année, on a droit à la Definitive Piano Collection (voir le test ici) et à trois synthés différents, qui seront tous testés pour AF, Rounds, Kontour et celui qui nous intéresse ici, Polyplex.
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Native est dès son origine un concepteur de synthés. Les exemples ne manquent pas, les réussites non plus, de Reaktor et ses possibilités de production de « sous-ensembles » synthétiques, à Massive, en passant par Absynth, FM8 et autres producteurs de synthèses, ces dernières parfois très variées. La plateforme Reaktor est un outil surpuissant de programmation, qui a permis de belles réussites comme Monark, Molekular ou Razor. Native Instruments l’a encore mise à contribution, avec l’aide du duo de développeurs Josh Hinden et Igor Shilov, deux des têtes pensantes de Twisted Tools, pour nous présenter Polyplex, synthé dédié aux sons courts, percussifs, de quelque nature qu’ils soient.
Introducing Native Instruments Polyplex
L’instrument est disponible seul, à 69 euros, et au sein de la Komplete (de 199 euros l’update à 499 euros la version complète) et de la Komplete Ultimate (de 399 euros l’update à 999 euros la version complète), sans oublier les versions incluant les nouveaux contrôleurs de la maison (voir ici).
L’installation et l’autorisation s’effectuent sans problème, via le Service Center et le numéro de série fourni, et l’on pourra utiliser Polyplex avec Reaktor 5 version complète aussi bien qu’avec le Reaktor Player gratuit. Le synthé, au format propriétaire .ens est un paquet comprenant les échantillons fournis avec l’instrument (ce qui explique son poids, 599 Mo), sans que l’on soit sûr de leur provenance (éditeurs externes, Native, Twisted Tools ? Les documents de licence mentionnent Northstar Prod, VSL, Zero-G et Sonic Implants, mais datent de 2009 et se réfèrent à… Kompakt).
Principe complexe, mais simple
Le concept repose sur une organisation en huit générateurs de sons, sous forme de pads, chacun d’eux disposant de quatre layers. Polyplex offre ensuite un nombre conséquent de réglages et effets pour modifier les sons, et plutôt en misant sur le (pseudo) hasard que sur le sound design en bonne et due forme, même si rien ne l’empêche. La présentation et l’interface graphique sont fort réussies, et dotées de détails sympas et ergonomiques : par exemple, la frappe d’un pad (sur l’interface ou via MIDI) affiche une forme d’onde animée, si ce n’est pratique, au moins ludique. On distingue trois parties principales.
Un Sound est donc constitué de quatre layers, affichés simultanément dans la fenêtre Main et à remplir avec l’un des 127 échantillons prévus par catégorie (Kick, Snare/Clap, Hi-Hat, Cym/Perc, Tom/Perc, Acoustic, Synthetic et User) et sous-catégorie (Acoustic, Analog, Digital, Sub, Snare, Clap, Crash, Ride, Shaker, Metal, Tonal Syn, Ambiance, Impact, etc.). La catégorie User permet d’importer ses propres échantillons, en utilisant le Sample Map Editor de Reaktor (version complète de Reaktor seulement). Sens de lecture, stéréo/mono, inversion de phase, catégorie et sous-catégorie, sélection de l’échantillon, de la hauteur, du point de départ, du panoramique et du volume, avec définition de la plage de réglage, tout est réglable, et modifiable au « hasard » grâce à des boutons dotés d’une icône de dé à jouer. Une « randomization » globale permet aussi de modifier l’ensemble des paramètres (avec exclusion de certains au besoin), ainsi qu’une par Pad. Ces modifications au « hasard » peuvent être de faible ou forte amplitude, selon l’endroit où l’on cliquera sur le bouton dédié.
Les quatre derniers paramètres de la fenêtre Main se transforment en Delay, Attack, Hold et Decay quand on clique sur Envelope, et en Lo Shelf, Lo Gain, Hi Shelf et Hi Gain quand on clique sur EQ, avec les mêmes possibilités de sélection aléatoire. Chacun des quatre derniers paramètres peut être modulé par un LFO doté de plusieurs formes d’onde et une Envelope ADSR plus Amp supplémentaires, avec taux et Offset de taux.
Enfin, une section Global FX offre deux inserts et deux sends, à choisir entre 18 effets, de l’Autopan au SubGen, en passant par Disto, Reverb, Stutter, LoFi, etc. Chaque Sound bénéficie d’un On/Off pour les inserts, et d’un réglage d’envoi pour les effets de bus. Réglages et possibilités de modulation temps réel sont très complets, et l’on peut saluer l’ergonomie globale de l’instrument, très bien conçue et réalisée.
Voici quelques exemples à partir d’un groove unique, utilisant les huit instruments disponibles, avec modifications pseudo-aléatoires globales et par pad.
Intéressant, non ?
Bilan
Qu’est-ce qui fait l’intérêt de Polyplex ? Ses échantillons, les fonctions de base, les effets, tout ou presque peut être reproduit par les différents logiciels dédiés aux batteries électroniques ou sonorités de percussion synthétiques (la part acoustique de Polyplex est là pour ajouter une touche particulière aux programmes, il n’est pas question d’y voir un concurrent de BFD3, SD2 ou AD2). Mais il faut reconnaître qu’ici c’est parfaitement bien intégré et que graphisme et ergonomie (à l’exception de la sortie des menus déroulants) sont assez fabuleux.
En fait, l’intérêt majeur tient dans ses fonctions ajoutées aux fonctions pseudo-aléatoires et les nombreuses possibilités qu’elles offrent pour peu que l’on soit curieux, ouvert et réactif. Rien d’indispensable, donc, si l’on est un peu court question budget. Mais un outil très bienvenu si l’on acquiert une des versions de la Komplete.
Notamment dans des conditions live, si l’on aime l’improvisation ; il me semble utile de rappeler ici qu’un batteur nommé Bill Bruford, pionnier de l’utilisation des kits électroniques en live (jouant à la fois des rythmes acoustiques et l’équivalent de séquences sur des pads…), avait demandé à disposer d’une fonction pseudo-aléatoire sur son kit Simmons (il a été de la plus grande aide dans le développement des produits du constructeur), le mettant ainsi face à ses pads sans qu’il ne sache quels sons seraient assignés, et où. Et pourtant, la musique a toujours été au rendez-vous. Qui se lance ?