Le besoin d’un casque peut rapidement se faire sentir pour un home studiste qui débute dans l’art de s’enregistrer. À la fois pour ne pas déranger son entourage, ou pour pouvoir avoir un retour lors de ses prises de son. Le casque est un accessoire indispensable et il est important de le choisir avec soin. C'est pourquoi nous avons comparé 6 casques à 150€.
Le ticket d’entrée pour un casque peut être relativement bas (moins de 50€), mais s’il veut commencer à travailler sérieusement, le home studiste ne devra pas lésiner. Le casque est en effet très important et il aidera son acquéreur dans les différentes phases qui composent l’enregistrement d’une chanson. Lors des prises de son, le casque servira alors de retour pour le musicien qui enregistre, mais aussi lors du mixage, afin de compléter ou non une paire d’enceintes de monitoring.
Pour ce comparatif, nous avons fixé le budget moyen à 150€ environ, ce qui nous semble le prix à payer pour avoir un casque digne de ce nom. D’ailleurs, la majorité des casques présents dans cet article sont devenus des références au fil des ans, et vous aurez forcément croisé l’un d’eux dans un studio ou chez un copain. Il est à noter que tous les casques sont de types fermés, ce qui nous semble nécessaire pour la prise de son, un casque ouvert ayant la fâcheuse tendance à repisser dans le micro placé à proximité du musicien, c’est à dire que le micro capte le résidu sonore qui s’échappe du casque.
Les différents types de casque
Il existe différents types de casques, et nous retrouvons dans ce comparatif des casques au design circum-aural qui ont la particularité d’englober entièrement l’oreille de l’utilisateur (parmi les casques testés, les Beyer, AKG, Ultrasone, Sony et Audio-Technica), et des casques de type supra-aural (comme notre Sennheiser) qui viennent se poser sur l’oreille.
De même, il existe des casques ouverts et fermés. Dans le cas des casques fermés, le haut-parleur est enfermé de manière hermétique dans la coque du casque, et donc l’isolation (dans les deux sens !) sera plus forte qu’avec un casque ouvert. Mais ce dernier sera dans certains cas plus agréable et moins fatigant. Quoi qu’il en soit, tous les casques que nous avons testés dans ce comparatif sont de type fermé.
Certains modèles de casques proposent différentes impédances, et le futur acquéreur devra choisir en fonction de son utilisation. Les casques à faible impédance se destinent plus à une utilisation nomade (baladeur, et tout ampli ne pouvant pas fournir une tension élevée), tandis que les casques à forte impédance se destinent à être utilisés avec des amplis pouvant fournir de plus fortes tensions, comme ceux équipant nos home-studio (amplis casques, interfaces audionumériques…). Les casques à hautes impédances sont donc à privilégier dans la mesure du possible en home-studio si vous avez un ampli digne de ce nom, car ils ont l’avantage de pouvoir plus facilement être branchés en parallèle (l’impédance est divisée, mais reste d’un niveau correct), de permettre de pousser un peu plus l’ampli et de s’éloigner par la même occasion de son bruit de fond.
Place maintenant aux présentations, avant de laisser les gladiateurs rentrer dans l’arène…
Présentation
Le premier casque est le Sony MDR 7506, un grand classique utilisé depuis des années par un grand nombre de musiciens et home studistes. Le casque est livré avec un adaptateur jack 6,35/3,5 mm, une housse souple et un câble torsadé de 3 mètres non remplaçable, mais les coussinets sont en revanche disponibles en pièces séparées (19€ pièce !). Son poids est de 230 grammes environ et son impédance de 63 Ohms. Ce casque dynamique de type fermé et circum-aural renferme un haut-parleur de 40 mm.
Le deuxième casque est le Beyerdynamic DT 770 Pro, aussi un autre grand classique que l’on retrouve dans beaucoup de studios et de radios. Ce modèle dynamique, circum-aural et fermé est doté d’un système bass-reflex et toutes les pièces sont remplaçables. Son poids est de 270 grammes, son câble torsadé mesure 3 mètres (avec adaptateur jack 6,35 mm vers 3,5 mm) et il est disponible en version 250 et 80 ohms.
Le troisième casque est le Sennheiser HD-25 C II, que l’on voit aussi beaucoup sur les plateaux de tournage et dans le monde du DJing. Il est de type dynamique et fermé, léger (140 grammes), de petite taille, est livré avec des coussinets de rechange en velours (ceux d’origine sont en cuir), une housse souple et un adaptateur jack 6,35 mm vers 3,5 mm au bout du câble torsadé de 1,5 mètre. Le HD-25 donne la possibilité d’écouter facilement une seule oreillette, et son impédance est de 70 ohms (version 600 ohms disponible), Il est à noter que c’est le seul casque supra-aural de notre sélection.
Le quatrième casque est l’Audio-Technica ATH-M50, qui fait partie de la catégorie des outsiders. Ce casque dynamique et fermé a une impédance de 38 ohms, son poids est de 284 grammes, et son câble torsadé mesure 3 mètres tandis que l’adaptateur jack/minijack se visse. Ses écouteurs circum-auraux pivotent sur 180 degrés et le casque est entièrement pliable.
Le cinquième casque est l’Ultrasone Pro 550, le deuxième outsider, qui est le plus onéreux de ce comparatif, mais le moins cher de la gamme Pro du constructeur (le haut de gamme, dont nous reparlons plus tard, ne coûte pas moins de 400€). Le casque est livré avec une housse rigide, deux câbles vissables (un droit et un torsadé), et des coussinets de rechange, pas mal ! Le Pro 550 est un dynamique de type fermé et circum-aural et profite de la technologie S-Logic de la marque. Son impédance est de 64 ohms et son poids de 295 grammes. C’est donc le plus lourd de ce comparatif, en plus d’être le plus encombrant. Il est revanche pliable et les oreillettes peuvent se tourner à 90 degrés.
Enfin, on termine avec le célèbre AKG K 271 mkII, qui est lui aussi un grand classique. Ce casque dynamique, fermé, circum-aural, possède deux câbles droit (3 mètres) et torsadé (5 mètres) avec connecteur mini-XLR côté casque (bien !) et un système qui coupe le son dès qu’il n’est plus posé sur une tête. Son impédance est de 55 ohms et son poids de 240 grammes. On retrouve aussi dans la boite deux coussinets de remplacement en velours ainsi qu’un adaptateur jack vers mini-jack.
Pour ce comparatif, trois rédacteurs ont mis la main à la pâte, et on donné leurs impressions personnelles : Red Led, Will Zégal et Los Teignos.
Le protocole et les amplis
Afin de tester ces casques, nous avons utilisé deux amplis très différents, qui ont grandement facilité le comparatif. Le premier ampli utilisé est le Presonus HP-60 qui a le grand avantage de pouvoir alimenter jusqu’à 6 casques simultanément (ça tombe bien, on en avait 6 à tester !). Cela nous a permis de passer rapidement d’un casque à un autre, afin de les comparer le plus précisément possible. Le second ampli, un Grace Design m902 beaucoup plus onéreux, ne peut alimenter que deux casques simultanément, mais ses qualités audio, son convertisseur intégré et son interface USB nous ont permis d’écouter certains détails dans de meilleures conditions.
Il est à noter que les niveaux des différents casques ont été effectués à l’oreille et de manière subjective et que les résultats obtenus par les trois testeurs seront forcément personnels. En effet, le choix d’un casque reste dans la plupart des cas une affaire de goût, mais nous espérons tout de même pouvoir, grâce à cet article, vous guider dans votre quête du casque ultime.
Ah! si j’étais riche
À la rédac’ d’AudioFanzine, après avoir testé quelques casques à 150€, nous avons voulu les comparer avec un casque beaucoup plus onéreux, l’Ultrasone Pro 900 (environ 400€), afin de savoir si l’investissement était justifié. La réponse fut assez unanime : oui. En effet, ce casque surclasse n’importe quel modèle du comparatif en situation de mix. Le bas du spectre est tout simplement hallucinant et il est le seul à retranscrire correctement le titre Angel de Massive Attack. Pour autant, ces basses élevées aux stéroïdes ne semblent pas masquer le reste du spectre et les détails restent présents aussi bien dans les médiums que les aigus. Suite à ce constat, l’équipe d’AudioFanzine réfléchit fortement à rééditer le comparatif avec cette fois-ci des références plus onéreuses…
Le mixage au casque: oui… mais non… mais oui!
N’importe quel acousticien ou ingé son vous le dira : un rendu au casque n’a rien à voir avec un rendu sur des enceintes, à moins d’avoir les baffles scotchés sur les oreilles, ce qui n’est pas courant parce que ce n’est pas pratique. Pourquoi y aurait-il une différence ? C’est relativement simple à comprendre…
Lorsque vous écoutez votre chaîne stéréo dans votre salon, votre oreille droite reçoit évidemment le son émis par l’enceinte droite, mais aussi celui émis par l’enceinte gauche, même si ce dernier est atténué et arrive logiquement avec un infime retard (il a plus de distance à parcourir). Idem avec votre oreille gauche qui, si elle entend d’abord ce qui provient de l’enceinte gauche, entend aussi une bonne partie de ce qui sort de l’enceinte droite.
On a déjà à ce stade une différence énorme avec une écoute au casque puisqu’avec ce dernier, votre oreille n’entend que le canal qui lui est dédié. Et c’est sans même parler du fait que les ondes sonores émises par vos enceintes interagissent avec les objets et surfaces qu’elles rencontrent, certaines les réverbérant, d’autres les absorbant, de sorte que le son, avant d’arriver à vos oreilles a déjà subi des altérations acoustiques. Point de tout ça avec le casque puisque chaque HP se trouve à quelques millimètres du tympan.
Du coup, en terme de spatialisation, vous comprendrez aisément que la restitution au casque n’a rien à voir avec celle des enceintes, car c’est également grâce ce décalage avec lequel nous arrive les ondes (entre autres phénomènes acoustiques) que notre cerveau parvient à localiser la source des sons. Et c’est pour cette raison toute bête qu’on considère comme une hérésie le fait de mixer au casque : parce que l’écoute sur laquelle on se sera basé pour spatialiser les sons n’a rien à voir avec la chaîne de Monsieur tout le monde, et que si un mix fait sur des enceintes s’écoute très bien au casque, un mix fait au casque ne passe pas forcément très bien sur des enceintes.
Dernière différence entre un casque collé aux tympans et une bonne paire d’enceintes équipées de boomer 8" : la perception physique des basses. Un bon vieux sinus à 40 Hz, ça vous remue au fond du ventre, ça fait vibrer tout votre petit corps, phénomène qu’on ne retrouve pas au casque où l’on aura tendance, en l’absence de cette information, à pousser sur les basses, quitte à les découvrir exagérés en passant après sur un système d’écoute classique…
Bref, mixer au casque, c’est mal, très mal. Sauf que… tout le monde le fait !
Quelques bonnes raisons de misquer au caxe :
Tout le monde le fait parce que tout le monde n’a pas forcément la possibilité logistique de mixer sur des enceintes. Le casque, c’est en effet l’ami du bébé qui dort, des voisins qui se plaignent du bruit, de votre conjointe qui aimerait bien regarder un peu la télé sans entendre le boom boom d’une grosse caisse dont vous bossez pendant une heure l’égalisation. À toute heure et en tous lieu vu sa portabilité, il vous permet de bosser sans gêner personne, et sans être tributaire de l’environnement dans lequel vous l’utilisez. La restitution qu’il vous offre n’est en effet pas impactée par l’acoustique du lieu dans lequel vous l’utilisez : dans une chambre de bonne, dans un garage, dans un TGV ou dans la régie des studios Abbey Road, un casque aura toujours le même rendu sans que vous ayez à travailler l’acoustique de la pièce. On ne peut pas en dire autant des enceintes…
Mais le casque est aussi une solution économique, car au prix d’un modèle sérieux, il n’existe aucune paire d’enceintes de monitoring qui tienne la route : si l’on commence à avoir des choses intéressantes en terme de moniteurs à partir de 500 € la paire, l’entrée de gamme des casques de qualité commence aux alentours de 150 € (d’où ce dossier…). Et inutile de dire qu’en mettant ‘seulement’ 400 € dans un casque, vous accédez à un outil vraiment pro qui vaudra toujours 5 à 20 fois moins cher qu’une paire de moniteurs professionnels.
Vous me direz à juste titre que tous ces arguments ne changent pas grand-chose aux problèmes de spatialisation du casque, quel que soit son prix. Et vous aurez bien raison, sauf qu’il y a moyen de truander un peu là-dessus, car on peut tout à fait simuler une écoute sur des enceintes dans un casque. Comment ? En injectant un peu de signal droit filtré et retardé dans l’oreille gauche, et vice et versa. Évidemment, les algos utilisés sont un tout petit peu plus complexes que cela, mais dans le principe, c’est comme ça que ça marche et on dénombre déjà pas mal de produits utilisant cette méthode qu’ils soient matériels ou logiciels.
Quelques plug-ins et matos pour le mixage au casque
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Histoire d’en finir avec les arguments contre le casque, on a coutume de dire qu’il faut mixer sur des enceintes, car c’est sur des enceintes que sera la plupart du temps écoutée la musique que vous produisez. C’était parfaitement vrai il y a 30 ans, mais avouons que ça l’est beaucoup moins de nos jours, depuis que Sony a révolutionné l’écoute de la musique avec son Walkman et qu’Apple a envahi le monde avec ses iPod. Sans qu’on puisse dire que le baladeur a mis à la retraite la bonne vieille chaîne hi-fi, il suffit d’observer les voyageurs d’un bus ou d’un wagon de métro à 8 h du matin pour se rendre compte qu’il est devenu, pour beaucoup, le principal moyen d’écouter de la musique. De ce constat, on ne déduira pas forcément qu’il faille mixer au casque, mais au minimum porter une grande attention à la façon dont votre mixage sonne sur pareil équipement…
Quoi qu’il en soit, de nombreux gens mixent aujourd’hui au casque, et obtiennent des résultats tout à fait étonnants en termes de qualité. Le fait est que lorsqu’on connait parfaitement son casque et qu’on travaille avec des albums de référence pour la comparaison, on peut faire pas mal de choses…
L’avis de Red Led
Johnny Cash – Hurt
On commence par la chanson « Hurt » interprétée par Johnny Cash, écrite par Trent Reznor de Nine Inch Nails et issue de l’album American IV : The Man Comes Around. Cet album regroupe toute une série de reprises et a été enregistré sous la tutelle de Rick Rubin. La chanson est composée de deux montées en puissance et met en avant la guitare acoustique Martin et la voix de Cash.
Sur le casque Sony MDR 7506, l’attaque de la guitare Martin est très franche et les sibilantes de la voix de Cash sont très en avant en laissant le coffre un peu trop loin derrière. On remarque une bonne bosse vers 4 kHz, ce qui donne pas mal de détail dans les doigts du guitariste, mais cela peut s’avérer être très fatiguant à la longue, surtout sur le final de la chanson, très compressé. Nous sommes à la limite du saignement ! Les basses sont plutôt en retrait par rapport au haut médium et aux aigus.
Avec le BeyerDynamic, on retrouve le coffre de la voix de Johnny Cash, et les attaques de médiator sont moins agressives. De même, quand le son devient plus compressé au fur et à mesure du morceau, la fatigue auditive se fait moins ressentir. La spatialisation est très bonne et les instruments se détachent très bien, le haut du spectre étant très développé, le casque nous donne l’impression d’avoir plus d’air. La voix de Cash passe beaucoup mieux et semble plus équilibrée que sur le Sony. Les basses sur la fin du morceau sont très bien rendues.
Au tour de l’AKG, qui offre lui aussi beaucoup de détails dans le haut du spectre, mais sans agressivité aucune. On retrouve plus de gorge et moins de coffre dans la voix de Cash par rapport au BeyerDynamic, et les sibilantes sont moins présentes que sur le Sony. Le corps du piano a en revanche un peu disparu. La spatialisation est aussi bonne que sur le Beyer et le seul reproche que l’on peu lui faire est dans le bas du spectre, les fréquences basses sont vraiment très en retrait. En revanche, on entend très bien la saturation sur la voix et les instruments.
Concernant le Sennheiser HD-25, la guitare récupère du corps et conserve pas mal d’attaque. La voix de Cash a vraiment beaucoup de coffre par rapport aux autres casques. Nous avons vraiment une grosse sensation de proximité et beaucoup moins d’espace que sur les Beyer et l’AKG. La résonnance du piano ressort très bien et les basses fréquences sur la fin du morceau sont plus présentes que sur le Sony et l’AKG, mais plus floues que sur le Beyer. On a un peu l’impression qu’elles masquent le reste du spectre.
La guitare conserve une très bonne attaque et une bonne résonnance sur l’Ultrasone et la voix de Johnny Cash paraît cette fois-ci un peu trop nasale. La résonnance du piano est très bien retranscrite, mais le casque nous donne une sensation de distance par rapport aux instruments, à l’opposé du Sennheiser. Les basses fréquences finales ne mettent pas le casque à défaut, ce qui est plutôt de bon augure.
Place maintenant à l’Audio-Technica : le tout semble assez équilibré et nous ne trouvons pas de gros défaut. La balance entre le corps et l’attaque des cordes de la guitare est bonne, il en va de même pour le piano. La voix de Johnny Cash nous paraît aussi bien équilibrée, un bon mix entre les sibilantes, la gorge et le coffre. Les basses sont à la fin sont très bien retranscrites.
Michael Jackson – Liberian Girl
La prochaine chanson, « Liberian Girl » est signée par Bamby, alias Michael Jackson, et figure sur l’album « Bad » sorti en 1987 et produit par Quincy Jones. Cette chanson est le 9e single (!) issu de l’album et a la particularité d’être l’une des seules chansons downtempo du disque. Pour la petite histoire, la Liberian Girl en question n’est autre qu’Elizabeth Taylor.
Avec le Sony, l’attaque du kick est en avant, mais il y a peu de résonance. Le cross stick est aussi très en avant, notamment à cause de la bosse qui se situe entre 3 et 4 kHz. Les sifflantes et sibilitantes de la voix de Michael Jackson ressortent aussi un peu trop à cause de l’autre bosse vers 10 kHz. La basse tient en revanche plutôt bien la route.
Sur le Beyerdynamic, le charley est assez en avant par rapport aux autres casques, car le DT-770 est quasiment le seul à ne pas être creusé autour de cette fréquence (environ 9 kHz). Dans le bas du spectre, on récupère le corps de basse et la résonnance du kick par rapport au Sony, mais on sent un creux vers 80 Hz. Concernant les voix, elles semblent beaucoup plus agréables et équilibrées que sur le Sony. Le son semble plus droit, du moins dans les médiums et les aigus.
Avec l’AKG, la spatialisation est vraiment très bonne, mais le bas est très en retrait par rapport aux autres casques. On entend que l’attaque du kick, toute la résonance a disparu. Les sifflantes et sibilantes sont beaucoup moins agressives que sur le Sony et les voix semblent de manière générale plus agréables. En faisant abstraction du bas, l’AKG semble plus droit que les deux casques précédents.
Au tour du Sennheiser, avec lequel on récupère plus de basses que le Sony (et que l’AKG !), mais moins que le Beyer qui descend plus bas. Le casque n’a pas le côté agressif du Sony vers 4 kHz, en revanche, on perd la sensation d’espace des Beyer et AKG pour un son plus confiné et moins aéré. Les voix restent cependant bien équilibrées, on perd l’espace sur toutes les nappes et les choses se détachent moins dans le bas médium peut-être à cause du bas qui vient flouter tout ça.
Sur l’Ultrasone, les basses sont très profondes, beaucoup plus que sur tous les autres. On ressent un léger voile sur les voix qui donne l’impression d’avoir un peu moins de précision. Les sifflantes ne nous gênent pas, mais on ressent moins de présence que sur les Beyer et AKG. Dans le haut du spectre, on peut situer l’Ultrasone entre les Beyer/AKG et le Sennheiser. Le cross stick (3/4 kHz) reste assez prononcé.
On termine avec l’Audio-Technica, qui retranscrit moins de kick et de basse que l’Ultrasone et le Beyer, et à peu près autant que le Sony. Le bas du spectre si situe dans une bonne moyenne, et l’ont ressent un léger voile sur les chœurs : il n’a pas le détail des Beyer/AKG dan les hautes fréquences, ni la profondeur de l’Ultrasone dans le bas. Mais on peut dire qu’il s’en sort relativement bien partout !
Massive Attack – Angel
On passe maintenant au titre « Angel » de Massive Attack, aux basses fréquences (voir très basses fréquences !) plus que généreuses.
Avec le Sony, on a entend directement la conséquence de la bosse à 4kHz : le cross stick est trop en avant et fait mal à la tête. La basse est moins présente que sur d’autres casques, mais le kick répond bien. L’autre bosse à 10 kHz fait ressortir les sifflantes et le charley, les cymbales ont aussi tendance à vriller les tympans. Aïe.
Le Beyer n’est pas exempt de tout reproche non plus, car le kick fait vibrer l’oreillette gauche, ce qui est plutôt gênant ! Le cross stick est moins agressif que sur le Sony, mais le côté développé du casque au dessus de 10 kHz rend les cymbales fatigantes, alors que cela rajoute de l’air sur les autres morceaux. Les guitares s’en sortent en revanche très bien.
Avec l’AKG, on perd tout le corps de la basse et il ne nous reste plus que la saturation. Le kick reste bien sec, mais n’a aucune résonance. Le charley et le cross stick sont bien retranscrits et on a un gros détail dans le haut du spectre, sans avoir les cymbales qui cassent la tête comme sur le Beyer. En revanche, les guitares semblent plus agressives.
Une fois le Sennheiser chaussé, on se retrouve face à un son très compact, la basse est bien présente, le cross stick et le charley aussi. Cependant, il est à noter que les basses ne descendent pas aussi bas que sur le Beyer et l’Ultrasone, et le kick peut avoir du mal à se détacher de la basse.
L’Ultrasone est celui qui a le plus de basses de tous, et on a en même temps beaucoup de détails. C’est le meilleur de ce point de vue. Contrairement au Beyerdynamic, le kick résonne comme il faut. Le cross stick est un peu en avant, mais pas autant que sur le Sony. L’Ultrasone n’a pas le haut du spectre aussi prononcé que le Beyer, ce qui fait que les cymbales et le charley sont plus en retrait, ce qui n’est pas forcément plus mal sur ce morceau.
L’Audio-Technica a un bas du spectre moins développé que le Beyer et l’Ultrasone, et le haut du spectre est moins prononcé que sur le Beyer et l’AKG. Néanmoins, le casque ne souffre d’aucun défaut rédhibitoire. Il n’est pas transcendant, mais on a rien à lui reprocher véritablement. Il est tout de même à noter que le kick est plus mou que sur l’Utrasone et qu’il a plus de mal à se détacher de la basse. Aucune agressivité n’est à déplorer sur les cymbales ou les guitares saturées.
Metallica – Enter Sandman
Place maintenant au métal, avec Metallica et leur tube « Enter Sandman », issu du fameux Black Album sorti en 1991.
Avec le Sony, la peau des toms est très en avant et les cymbales ont tendance à faire mal. En revanche, on distingue bien l’attaque de la basse. Le charley est aussi un moment difficile à passer tandis que la bosse vers 3–4 kHz se faire bien sentir sur les pistes de guitares saturées. La réverbe sur les toms ressort plus que sur le Beyer.
Le Beyer peut faire mal aussi sur certaines pêches de cymbales et les guitares semblent plus creusées que sur le Sony, ce dernier ayant une belle bosse. L’extrême bas généreux du casque ne ressort pas tant que ça sur cette chanson !
Avec l’AKG, la résonance des toms a disparu et on n’entend que l’attaque de la basse. Les cymbales sont moins agressives que sur le Beyer et le Sony. Le haut du spectre ressemble au Beyer, mais avec l’agressivité en moins et pas mal de détails.
Le Sennheiser fait bien ressortir la réverbe sur l’attaque des toms, plus que sur le Beyer. Le bas du spectre est toujours très compact et pour le coup, plus présent que sur le Beyer. Les palm mute des guitares ressort plus, à la limite du brouillon, mais la chanson sonne plutôt bien sur ce casque. Dans le haut du spectre, certaines pêches de cymbales peuvent être un poil agressives.
L’Ultrasone rend très bien la résonance des toms et le corps de la basse. Les cymbales et le charley ne sont pas trop agressifs, c’est parfait. Les guitares se détachent bien entre elles, et les palm mute ne sont pas flous. On arrive assez bien à distinguer l’attaque de la basse et le haut du spectre reste moins en avant que sur les autres casques.
Enfin, avec l’Audio-Technica, le bas du spectre est bien présent sur les toms et la basse lors de l’intro. Les palm mutes résonnent un peu trop et peuvent masquer certaines fréquences. Le haut du spectre n’est pas du tout agressif et le son est globalement bon sur ce morceau.
Miles Davis – Seven steps to heaven
On passe par la case Jazz avec le fabuleux morceau de Miles Davis, « Seven Steps to Heaven » de l’album éponyme sorti en 1963.
Avec le Sony, la contrebasse reste timide, les trompettes sont en revanche très en avant et on a un son nasal assez désagréable.
Le Beyer s’en sort mieux, avec le haut du spectre qui donne de l’air et des cymbales qui ne sont pas trop agressives. La trompette est aussi plus douce et la contrebasse est meilleure que sur le Sony, mais n’est pas parfaite : on a bien l’attaque, mais le creux à 80 Hz fait qu’elle manque un peu de corps.
Sur l’AKG, il faut bien chercher la contrebasse, car elle est cachée ! On entend malgré tout l’attaque… Mais c’est tout ! Il y a de manière générale peu de bas, mais il reste clair. Pour le reste du spectre, il y a de l’air, c’est très agréable à écouter et on est proche du Beyer (mis à part le bas bien sûr !)
Avec le Sennheiser, on a bien le corps de la contrebasse, la trompette a un son très agréable et les cymbales ressortent bien. Mais comme sur les autres chansons, on a l’impression d’avoir moins d’air que sur les Beyer et AKG.
Sur l’Ultrasone, la trompette est très en avant et moins chaleureuse que sur le Beyer, l’AKG et le Sennheiser. En revanche, le corps de la contrebasse est mieux rendu que sur les autres casques.
Avec l’Audio-Technica, on a moins d’air que sur les AKG et Beyer, car le haut du spectre est plus en retrait, et moins de corps et de résonance sur la contrebasse qu’avec l’Ultrasone, mais dans l’ensemble, pas de défaut majeur.
Conclusion
Pour conclure, je ne peux que conseiller le Beyerdynamic DT-770 à nos lecteurs, qui est l’un des casques qui descend le plus bas (après l’Ultrasone), et celui qui monte le plus haut dans les fréquences. En plus, il est très confortable et repisse très peu. Son seul véritable défaut est ce creux aux alentours de 80Hz qui peut ennuyer en mixage. L’Audio-Technica reste ma deuxième référence, car s’il est le meilleur nulle part, il n’a aucun réel défaut. Le Sennheiser peut être la référence pour les DJ et les preneurs de son plateau ou extérieur et pour cause, sa portabilité, son isolation et son rendu des basses fréquences sont ses plus grosses qualités. L’Ultrasone possède quant à lui le meilleur grave, mais il repisse beaucoup. On le conseillera donc aux personnes mixant de la musique chargée en bas (musique électro par exemple) et qui ne font pas de prises. L’AKG est l’un des casques qui possède le plus de détails dans le haut du spectre, mais son manque de grave ne permettra pas à son acquéreur de s’affranchir totalement d’enceintes de monitoring. C’est en revanche le casque parfait pour le tracking, car il permet de déceler rapidement le moindre problème (buzz et compagnie). Enfin le Sony MDR 7506, même s’il reste le dernier de mon classement pour le mixage (quel supplice d’écouter certaines chansons avec…), peut avoir son intérêt en prise, car il ne repisse presque pas, et ses bosses dans le haut médium/aigu permettent aux chanteurs et musiciens de bien s’entendre et donc de chanter/jouer plus juste.
Mon top personnel en mixage :
1 – BeyerDynamic DT-770
2 – Audio-technica ATH-M50
4 ex aequo – AKG K271 mkII et Sennheiser HD-25
6 – Sony MDR 7506
Mon top personnel en retour musicien :
1 – BeyerDynamic DT-770
2 – Sennheiser HD-25
3 – Audio-technica ATH-M50
4 – Sony MDR 7506
5 – AKG K271 mkII
Sony MDR 7506
- Bosses dans le haut médium qui peuvent servir aux chanteurs pour les prises
- Coussinets disponibles en pièces détachées
- Peu encombrant
- Un peu moins cher que les autres
- Casque très agressif et vite fatiguant
- Bas du spectre en retrait
- Pas super confortable
- Repisse en dessous de la moyenne
- Câble non disponible en pièce détachée
BeyerDynamic DT770
- Le spectre le plus large
- Confortable
- Faible repisse
- Coussinets et câble disponible en pièces détachées
- Creux vers 80Hz parfois déstabilisant
- Fatiguant dans certaines situations
- Encombrant et non pliable
AKG K271 mkII
- Léger et confortable
- Haut du spectre détaillé et agréable
- Connecteur mini-XLR
- Coussinets et câble disponibles en pièces détachées
- Système de désactivation automatique lorsqu’on l’enlève
- Bas très en retrait
- Encombrant et non pliable
- Repisse légèrement
Sennheiser HD-25
- Compact
- Très bonne isolation
- Coussinets et câble disponibles en pièces détachées
- Bas présent…
- …mais un peu flou
- Son compact qui manque d’air
- Pas super confortable
- Basses profondes et précises
- Coussinets et câble disponibles en pièces détachées
- Spectre assez équilibré
- Pliable
- Encombrant
- Moyennes fréquences pouvant être déroutantes
- Repisse importante
- Un peu plus cher que les autres
Audio-Technica ATH-M50
- Confortable
- Pliable
- Spectre équilibré
- Aucun gros défaut…
- …mais il n’est le meilleur nulle part
- Coussinets et câble non disponibles en pièces détachées
L’avis de Will Zégal
Pour réaliser ce test, j’ai essayé de prendre un ordre différent (et aléatoire) d’écoute des casques à chaque morceau différent.
Loreena McKennith – Nights from the Alhambra
Les deux premiers morceaux sont extraits du DVD concert de Loreena MCKennith « Nights from the Alhambra » qui comporte de très nombreux instruments différents, tant anciens que modernes et occidentaux comme moyen-orientaux. Souvent joués à l’unisson, ils permettent de juger des capacités de dissociation du système d’écoute. Enfin, certains passages descendent assez bas dans le grave.
Le premier morceau est « She moved through the fair ». Il comporte essentiellement la seule voix de Loreena McKennith accompagnée de sa harpe celtique et une kemençe, sorte de violon méditerranéen (Turc).
Avec le Sennheiser HD25, pas grand-chose à dire sur la harpe ou la kemençe, mais la voix semble comme étouffée. Sur certains passages (brefs), on a comme une impression de saturation sur la voix.
Avec l’Audio Technica ATH-M50, la voix devient plus claire. On gagne encore en clarté en passant à L’UltraSone Pro 550. Le souffle dans la voix devient aussi plus audible.
Pas grand-chose à dire avec l’AKG K-271 mk II et le Beyerdynamics DT-770 sur lesquels l’écoute est équivalente, claire et agréable.
On termine avec le Sony MDR-7506 qui pique après les autres : tout est dans l’aigu. En contrepartie, les transitoires et les sons percussifs sont bien présents. Trop ?
Le second morceau est le premier du concert : The Mystic’s Dream. L’intro est constituée de cœurs d’hommes auxquels vient s’ajouter la voix de la chanteuse, puis une instrumentation chargée, pleine de percussions et de graves lance la suite du morceau et le chant.
Avec le HD25, le oud est très présent. Violon et violoncelle se trouvent trop peu détachés. La voix est légèrement pincée (un peu nasale) et on entend une saturation sur certaines syllabes.
L’ATH-M50 donne un bas un peu « boomy » : très présent, il est un peu brouillon. Le rumble est trop présent. La voix est par contre bien rendue et très agréable.
Sur l’UltraSone, la basse manque un peu de précision. La voix est bien claire et le l’image stéréo est bonne, large mais sans excès.
Le passage à l’AKG est décevant, presque désagréable : on a l’impression que les percussions sont en plastique. Elles ont perdu leur coffre. En contrepartie, la derburqa se détache beaucoup plus. Le rendu de la voix est correct, le oud bien présent, mais le son du violon (électrique) est assez laid (déjà qu’à la base, ce n’est pas ce qu’il y a de plus beau dans ce concert par ailleurs superbe).
Avec le Beyer, on a une bien meilleure impression quand on chausse le casque. La vielle ressort bien, la voix est claire sans agressivité, sauf sur les sifflantes qui ont tendance à beaucoup ressortir. L’image stéréo est excellente et c’est probablement le casque qui, sur ce morceau, offre le meilleur détachement des instruments. Par contre, à part la derburqa, les percussions sont un peu enterrées.
Avec le Sony, on retrouve sans surprise l’impression d’avoir tout dans les aigus et un peu dans le très bas, mais rien dans les médiums. L’oud est très présent et la vieille ressort bien. On retrouve la même impression de saturations sur la voix qu’avec le Sennheiser et le violon est laid.
Calexico – Stay
Le morceau suivant est « Stay » de Calexico (album « The black light »). Je l’ai choisi à la fois parce qu’on retrouve pas mal d’instruments révélateurs de rendus des timbres, avec des prises de son intéressantes notamment sur contrebasse et guitare dont les « coffres » sont bien audibles, mais aussi un son assez particulier avec l’acoustique de la pièce très marquée sur la partie batterie et percussions et enfin des cuivres très intéressants pour juger des rendus.
C’est le K-271 mkII qui ouvre le bal. La prise de son avec les acoustiques de pièces est bien marquée. Tout semble clair, mais les sifflantes sur le chant sont un peu agressives. La guitare manque un peu de substance, mais la légère saturation sur deux notes graves (bien présente dans l’enregistrement) est audible.
En réécoute après les autres casques, le son semble « petit » par rapport aux autres, mais le global s’en sort bien, avec une impression de détachement de chaque partie.
Avec le MDR-7506, l’acoustique de la pièce disparaît pas mal sauf sur la batterie où elle est la plus marquée. Les sifflantes sur la voix et les pêches de cuivres sont agressives et la batterie trop aiguë. La guitare manque de coffre. On entend la saturation sur les notes basses en 2e écoute. À l’inverse des autres casques, les glissements de doigts sur les cordes ressortent. La contrebasse est pas mal avec la ligne bien audible, mais manque de définition dans le son. En cours de morceau, on ne sait plus si on écoute une basse électrique ou une contrebasse !
Le Pro 550 prend le relais. Curieusement, le son de contrebasse sur l’intro n’est pas terrible alors qu’on entend bien le coffre de la guitare (et la saturation sur certaines notes). La voix est claire, sans agressivité. Les pèches de cuivre sont bien vivantes sans agressivité non plus et la dynamique globale est d’ailleurs bonne. Sur la suite du morceau, la contrebasse est bien présente et assez claire. Le rendu de l’acoustique de la pièce batterie est bonne et tout semble là, sans agressivité.
En passant au HD25 mk II, on a une sensation de son très médium et pourtant un peu étouffé. Pas terrible sur la contrebasse en intro. La saturation sur les notes basses de la guitare est bien là. L’acoustique de la pièce batterie est bien rendue. Les cuivres sont agréables et bien détachés. Sur la voix, les sifflantes sont légèrement agressives. Le rendu global est assez bon une fois oublié le côté médium.
Avec le DT-770, la contrebasse en intro est bien, mais manque de substance. La guitare semble éloignée. Le woodblock ressort et on trouve les habituelles sifflantes agressives sur ce casque. La voix est d’ailleurs un peu nasale (ce que ne produisent pas les autres casques). Batterie et percus sont bien détaillées, avec l’acoustique de la pièce bien rendue. Le tout manque un peu d’assise dans le bas médium.
L’ATH-M50 offre un très bon rendu de la contrebasse. On entend le bois de la caisse et c’est le seul qui le donne. La guitare a un gros coffre et la saturation sur les notes basses est bien audible. L’acoustique de la pièce batterie est mieux rendue que jamais. La voix est épaisse, sans agressivité. Cuivres doux et subtils, mais ils auraient peut-être mérité un poil plus de brillance. De fait, les pêches de cuivres sont un peu légères. L’image stéréo excellente.
Treponem Pal – One trip/one Noise
Le morceau suivant est le remix par Treponem Pal de One trip/one Noise de Noir Désir. Outre du gros bas pas toujours facile restituer, on y trouve des sons synthétiques qui rendent plus ou moins bien selon le système d’écoute. On note également la présence d’un son très intéressant de balais sur caisse claire qui semble passé à la fois par un filtre résonnant et par une modulation. La production de ce morceau le fait sortir correctement sur presque tout système d’écoute, mais selon la qualité de celui-ci, le morceau sonne banal ou avec un très beau son. Une résonance dans le très grave à la fin du morceau est utile pour déceler à quel point le système descend dans le bas.
On commence cette fois-ci avec le BeyerDynamic et… RAS. Tout semble bien là et on a une assez belle stéréo.
Derrière, l’UltraSone s’en sort aussi très bien. On retrouve le son un peu particulier du Pro 550, surtout sur les médiums qui sont comme éloignés, mais l’ensemble est cohérent.
L’Audio-Technica fonctionne aussi très bien. Comme on pouvait s’y attendre, le bas est assez énorme. Le charley est moins brillant, mais toujours bien là. Sur la résonance finale, on descend moins bas que sur le Beyer, mais le son est plus rond et plein et plus agréable.
En passant sur l’AKG, le son est un peu plus criard. La modulation sur les balais ressort plus et les réverbérations sont bien plus audibles. Le mix offre plus de largeur et de profondeur et la stéréo est bonne, mais sur le final, la résonance basse est inaudible.
Avec le Sony, on a un phénomène curieux : sur les balais, on n’entend plus que l’ouverture du filtre. La modulation a complètement disparu ! Étant très surpris, j’ai fait confirmer ce constat par Los Teignos. Sinon, on retrouve la signature sonore aiguë du MDR-7506, mais le morceau passe correctement après les premières secondes (un peu difficiles) nécessaires pour s’y habituer.
Terminons avec le Sennheiser sur lequel le morceau passe bien également. Le son est légèrement criard et un peu short côté basses, mais le global se tient.
Will Zégal – Army Dreamers
Passons ensuite à Army Dreamers. C’est une reprise de Kate Bush par votre serviteur sur un album autoproduit il y a quelques années. Outre le fait qu’ayant enregistré et mixé ce titre (et supervisé son mastering), je le connais plutôt bien (et ses nombreux défauts), il est intéressant par son orchestration comportant voix, choeurs (hommes et femme), multiples guitares, synthés, métallophone, une carabine et des bruitages de guerre.
On commence avec l’AKG K-271. Rien de bien méchant à relever. Le son se montre légèrement criard et manquant d’épaisseur, mais c’est léger. Il y a une bonne dynamique sur les bruitages d’armes et de guerre et on a une très bonne séparation des éléments constituant le mix.
Avec le DT-770, le son est plus velouté, mais les arpèges à la guitare classique se montrent un chouia agressifs, avec des frisures qui ressortent. La voix lead se trouve un peu rentrée par rapport notamment à l’ATH-M50. Par rapport à l’AKG, les voix des choeurs se montrent bien plus distinctes et l’image stéréo est bonne. Les « didoudam » sur le final sont bien mieux : plus audibles, clairs et gagnent en épaisseur. On a moins de dynamique sur les bruits d’armes et de guerre, mais plus de graves sur l’explosion finale.
Pas grand-chose à signaler avec le HD25. Le global est bien, même s’il est un peu étriqué. L’explosion finale est bien grave, mais pas la suite (les dernières secondes du morceau).
Sur le MDR-7506, on retrouve les aigus très marqués. La voix lead se trouve très amincie, comme filtrée. Sur le final, les effets synthétiques se trouvent noyés dans les arpèges. Sur l’explosion, il y a du bas, mais un manque d’ampleur et ce qui suit manque de bas et de détail.
Avec l’ATH-M50, l’image stéréo est très bien. La voix lead est un peu nasale et légèrement voilée par rapport à l’AKG. La voix back dans le grave est bien audible. Les choeurs sonnent bien et sont distincts, mais moins que sur l’AKG. Par contre, c’est une fois de plus le seul casque à bien faire ressortir le coté bois de la caisse de guitare sur le petit rythme tapé avant chaque couplet. Sur le final, la réverbe sur la voix féminine (oui oui, c’est bien une vraie voix, pas un synthé) sort mieux, mais les arpèges sont un peu plus noyés que sur l’AKG. L’explosion finale comme sa suite offrent un gros grave.
Le Pro 550 sonne très bien sur l’intro. La voix lead est un peu amincie et plus rentrée dans le mix. Les coups sur la caisse de guitare sont pas mal, mais moins que sur l’AT. Les didoudam sont presque aussi bien que sur le DT-770 et on a une bonne dynamique sur les explosions et les armes. Le gros grave sur l’explosion finale est peut-être un des meilleurs, mais la suite est moins détaillée.
Paul Simon – Diamonds on the soles of the shoes
On termine avec « Diamonds on the soles of the shoes ». Cette chanson extraite de l’album « Graceland » de Paul Simon démarre avec un merveilleux choeur zoulou (les Ladysmith Black Mambazo) très révélateur et comporte d’intéressants indicateurs dans le reste du morceau.
Cette fois, c’est le Sennheiser HD25 CII qui passe en premier. Sur la première écoute, le son global est OK et plutôt beau. Les toms de la batterie sont même plutôt classes. Mais ensuite, en comparaison avec l’UltraSone qui vient après… Si le rendu des voix est plutôt beau, il manque tous les bruits de labiales, de salive et la réverbe est éteinte. Sur ce morceau, le HD25 se fait complètement enterrer par l’UltraSone.
Justement, le Pro 550 donne beaucoup plus d’air. Les réverbérations sont claires et plus marquées et le son est bien plus détaillé. Le côté un peu nasal ou curieux dans les médiums s’entend surtout face au DT-770 (écoute suivante), mais ce qui lui fait perdre sa première place ex aequo pour ce morceau est le rendu sur les cuivres et les accords plaqués de guitare folk qui souffrent du rendu étrange de ce casque dans le médium.
Avec le DT-770, on passe une fois de plus dans le tout bon. Le son est joli, même si les bruits de bouche ressortent beaucoup. On retrouve l’excès habituel de ce casque sur les sifflantes. Le choeur manque aussi un peu de gras et de coffre sur « Empty as a pocket », un classique du creux vers le bas du DT-770. Les réverbes sont moins marquées que sur l’UltraSone, sans que ce soit forcément un défaut.
L’ATH-M50 est, comme on pouvait s’y attendre, magnifique sur l’intro (le choeur). Grâce à son rendu dans le bas, les voix sont très pleines avec de la gorge et du coffre. Les labiales sont présentes, sans excès et les réverbes sont bien là. On n’a pas de sifflantes sur les voix. Les toms de batterie sont aussi superbes. Par contre, sur les parties instrumentales, c’est moins pêchu et moins clair qu’avec le DT-770 et l’UltraSone. On retrouve cette impression courante sur ce casque de son ample et épais, mais manquant un peu d’air.
Après tout ça (hasard du tirage) le Sony se fait laminer. Les premières secondes d’écoute (avant que l’oreille ne s’habitue) sont même catastrophiques. Les bruits sont accentués et omniprésents, il n’y a pas de gras, de coffre, le son est tout petit. Quant aux parties instrumentales, elles sont criardes.
Avec l’AKG, les voix de l’intro sont belles, même si les bruits ressortent beaucoup. Les parties instrumentales sont très bien, mais la voix de Paul Simon est rendue un peu nasale.
Conclusion
Si vous avez lu ce qui précède, vous comprendrez que j’écarte d’emblée le Sony MDR-7506. Ses caractéristiques sonores expliquent pourquoi il est le roi des plateaux de tournage, mais il ne me semble pas recommandable en home-studio au regard de la concurrence.
Parmi les 5 autres, il m’est impossible d’en exclure un seul, car aucun n’est mauvais, ni d’en recommander un, car ils se tiennent tous dans un mouchoir, chacun avec ses qualités et ses défauts. Notez d’ailleurs qu’il faut beaucoup relativiser les propos que j’emploie sur ces casques. Aucun n’est « criard » au point d’être désagréable : les défauts constatés le sont surtout face aux compères et si vous n’en écoutez qu’un, vous risquez de ne pas les déceler ou pas de façon aussi frappante.
Ce sera donc une question de goût et d’utilisation, mais quel que soit votre choix, vous devriez pouvoir faire du bon boulot avec à partir du moment où vous êtes habitué à votre casque.
Le DT-770 sort indiscutablement premier par ses qualités cumulées, mais son côté agressif fatiguant n’en fait pas un bon choix si vous devez travailler longuement avec. Dans ce cas, il vaut mieux se tourner vers le Pro 550 ou l’ATH-M50. Le Pro 550 me semble à exclure pour de la chanson et des musiques acoustiques : son rendu en médiums me semble délicat pour travailler cette zone essentielle des fréquences. Par contre, si vous faites de la musique électronique, c’est probablement un des meilleurs choix grâce à son range et à sa meilleure précision dans le bas. L’ATH-M50 me semble le meilleur choix sur les musiques acoustiques, mais si vos mix sont plutôt chargés, l’AKG sera peut-être préférable, son confort supérieur sur la durée étant aussi à considérer. Il se montre aussi plus dynamique et son pouvoir séparateur en fait un bon choix pour le tracking, à quoi s’ajoute l’excellente trouvaille du son qui se coupe quand le casque quitte la tête. Quant au Sennheiser HD25, ses caractéristiques en font probablement un des meilleurs choix pour les DJ.
En prise de son et retour de l’artiste, c’est une autre chanson. Pour le monitoring, la repisse disqualifie l’UltraSone qui fuit comme une passoire. Avec son excellente isolation, le Sennheiser revient dans le peloton de tête, avec le Beyer Dynamic qui offre une bonne isolation et dont le détail permet un placement précis des micros. Même chose pour l’AKG. Mais sur une batterie, une basse ou une grosse guitare, le manque de coffre frustrera le musicien, sans compter que les sifflantes excessives du Beyer risquent de déstabiliser un chanteur. Pour ces cas, l’Audio Technica avec sa douceur dans les aigus et sa plénitude dans le bas offre une impression d’immersion très agréable pour l’artiste. S’il est moyen pour l’isolation et la repisse, cela ne posera peut-être problème que si vous enregistrez Françoise Hardy ou Carla Bruni. S’il n’est pas forcément le meilleur en cabine de mix, c’est pour moi le meilleur en retour artiste.
Mon top personnel en mixage :
1 – Beyer Dynamic DT-770 (sauf longue utilisation)
3 ex æquo – UltraSone Pro 550 et AKG K-271 mk II (selon priorités)
5 – Sennheiser HD25 (sauf Djing : 1er)
6 – Sony MDR 7506
Mon top personnel en retour musicien :
2 ex æquo – UltraSone Pro 550 et Sennheiser HD25
4 – Beyer Dynamic DT-770
5 – AKG K-271 mk II
6 – Sony MDR 7506
Sennheiser HD25
- Bonne isolation
- Léger et confortable (ne recouvre pas les oreilles, mais se pose sur le pavillon)
- Descend assez bas
- Son un peu médium et nasillard
- Manque de plein dans le bas
AKG K-271 mk II
- Meilleure séparation des éléments du mix
- Bonne définition
- Look sympa et pro
- Système qui coupe le son quand on enlève le casque (excellent)
- Son étriqué, petit
- Un peu criard
UltraSone Pro 550
- Bon range
- Écoute agréable sur beaucoup de morceaux
- Pas de gros défaut flagrant (sauf peut-être le médium)
- médium étrange, comme reculé et manque de précision dans ce secteur du son
Audio-Technica ATH-M50
- Très riche dans le bas
- Très bons médiums
- Solidité
- Oreillettes mobiles et repliables : facilement transportable et écoute une oreille facile
- Câble parfait à l’usage (partie droite + torsadée : ne s’emmêle pas, n’accroche pas et longueur s’adaptant)
- Manque de précision dans le grave
- Léger dans les aigus
- Chaud sur les oreilles à la longue (nécessite des poses pour aérer)
BeyerDynamic DT-770
- Range très important
- Bonne définition
- Beaucoup de détails
- Choix de la matière des oreillettes (simili cuir ou moumoute)
- Écoute fatigante
- Sifflantes excessives
- Gros creux en bas du médium
- Aspect et toucher des plastiques fait un peu cheap
L’avis de Los Teignos
Gorillaz - Feel Good inc.
Dans le genre production à gros son avec 1000 petits détails à écouter à l’arrière-plan, le titre de Gorillaz se pose là. Au-delà du gros beat et de la basse massive qui pourront être indicatifs pour juger du côté ‘Hip-Hop compliant’ des casques, c’est un vrai plaisir de scruter ces pistes à peine audibles qui font le sel du morceau, et de voir comment s’en sortent nos compétiteurs là-dessus.
L’ UltraSone Pro 550 propose un bas avec du corps que et se rapproche en cela du HD25 ou de l’ATH50, sans que ce bas ne vienne bouffer quoi que ce soit. Les aigus sont aussi intéressants et offrent pas mal de détail, mais le médium, sans qu’on puisse dire qu’il est absent semble un peu inhibé, lointain, ce qui procure une impression assez étrange.
Le Sennheiser HD 25-C II propose assurément le plus gros bas du panel sur ce morceau. La basse est énorme, le kick aussi, au point peut-être de gêner l’écoute d’autres registres, comme le médium, même si les aigus sont là et bien là, comme on s’en aperçoit sur la voix du chanteur, le charley et divers petits éléments en arrière-plan, tous bien audibles. C’est aussi le casque qui offre le rendu le plus compact de tous ceux que j’ai essayés sur ce morceau, le moins délié : on est aux antipodes de l’AKG ou du DT770.
Pour sa part, l’ AudioTechnica ATH-M50 est après le HD25, le casque qui offre le bas le plus gros de notre panel, mais la chose est mieux contenue et comme le casque, sans être à la hauteur des aigus du DT770 ou de l’AKG K271, se débrouille bien sur les autres parties du spectre, il représente sans doute un des meilleurs compromis pour ce morceau précis que ce soit sur les couplets ou sur le refrain plus acoustique.
Le Beyerdynamic DT 770 Pro, puisqu’on en parle est assurément le champion de l’aigu sur ce titre à égalité avec l’AKG mais s’en sort nettement mieux que ce dernier dans l’extrémité du bas. Il livre surtout une restitution aérée du titre, propice à l’écoute attentive de toutes les pistes et l’on peut se concentrer sur un détail sans être gêné par un autre, ce qui n’est pas le cas avec un HD25, par exemple. Comparé à ce dernier, le Beyer manque toutefois un peu de corps dans le bas, et c’est bien dommage sur un tel riff…
C’est toutefois avec l’AKG K271 Studio MkII que la ligne de basse énorme du titre est la plus mise à mal : sans évidemment disparaître, cette dernière reprend des proportions normales avec ce casque qui est assurément, sur ce titre, celui qui propose le moins d’énergie dans le bas du spectre. Au point d’ailleurs que même certaines voix sous-mixées s’en ressentent, sans pour autant atteindre l’effet coupe-bas du MDR7506. Les aigus sont en revanche excellents, assez proches du DT770 en un peu plus prononcés.
Sans qu’on puisse dire qu’il n’y a pas de bas sur le Sony MDR-7506, car on entend clairement le ‘pump’ des kicks, les aigus et le haut médium sont tellement en avant qu’on a du mal à écouter les autres parties du spectre : c’est un peu le double inversé sur HD25, avec le même médium qui trinque à la fin. Ce faisant, la voix trafiquée de Damon Albarn est vraiment fatigante à écouter, et on a l’impression, sur le break, qu’un filtre coupe-bas a été mis sur cette dernière. Le problème, c’est que cette hypertrophie du haut ne permet pas au casque d’offrir plus de détails que le Beyer ou l’AKG, tout en étant dure à supporter…
Lou Reed – Walk on the wild side
Beaucoup de chose à entendre sur ce titre acoustique : la contrebasse évidemment, mais aussi les guitares de part et d’autre du champ stéréo, les balais, la réverbe sur les chœurs, et surtout, enfin, la voix de Lou Reed et de ses choristes qui permettent de juger de la partie médium de nos concurrents.
L’UltraSone Pro 550 propose un joli détail des guitares sur les côtés, mais le haut manque un peu de détail sur le couple charley/balai cependant que le médium et le bas manquent semblent distants : c’est flagrant en vis-à-vis de casques au rendu plus compact comme l’AT ou le HD25. Les chœurs s’en tirent bien même si cette impression de distance perdure, à plus forte raison lorsque la réverbe s’en mêle au début de ceux-ci.
Avec le Sennheiser HD 25-C II, on gagne beaucoup de bas médiums sur la contrebasse et sur la voix, ce qui a tendance à gêner l’intelligibilité des guitares sur les côtés. En revanche, on distingue bien, malgré tout, le charley des balais dans le haut du spectre. La basse bouffe aussi un peu la réverbe sur le début des chœurs, même si ces dernières présentent un corps agréable.
L’AudioTechnica ATH-M50 présente un peu le même défaut que le HD25 en moins prononcé : le bas est là, mais vole un peu la vedette à ce qui se passe sur les côtés. Le tout donne une impression d’équilibre même si le détail dans les aigus est perfectible, notamment sur le couple Charley / Balais. Les chœurs des filles sont très bien côté réverbe comme sur l’assise des voix.
Le Beyerdynamic DT 770 Pro manque un peu de corps dans le bas médium, mais l’extrême bas est là et on a surtout le plus beau haut de tout ce comparatif, ce qui profite à l’intelligibilité du charley en vis-à-vis des balais, et aux guitares sur les côtés.
Avec l’AKG K271 Studio MkII, la contrebasse manque de corps et de consistance et le charley a du mal à se détacher des balais, mais on a en revanche un beau détail sur les guitares de chaque côté. Les voix s’en sortent très bien également.
Curieusement, le Sony MDR-7506 offre un peu plus d’épaisseur dans le bas que l’AKG même si tout le reste semble étriqué, porté vers le haut : pas de bas médium, et si les guitares sont bien distinctes, la voix de Lou agresse un peu l’oreille. En revanche, sur les chœurs, on jurerait que ça sature quand les voix des filles se rapprochent. Et c’est très désagréable…
Pink Floyd - Time
Certes, la prod de Dark Side a vieilli, mais elle n’en demeure pas moins très léchée et sur Time, elle permet de juger de l’aptitude des casques à spatialiser les sons, sachant que les plus à l’aise dans le registre aigu s’en tirent évidemment le mieux pour détailler les réverbes.
L’UltraSone Pro 550 présente un beau détail sur les sonneries du début qui sont bien distinctes les unes des autres et ses aigus de qualité lui font passer sans trop de problèmes le passage des rototoms de l’intro. Reste qu’au démarrage réel de la chanson, on a cette petite impression d’EQ en V : plein de choses en haut, du monde en bas, et des médiums en retrait…
De son côté, l’AudioTechnica ATH-M50 éprouve quelques difficultés sur le canal gauche pour distinguer une pendule d’un métallophone. Le bas sur l’intro est là et bien là, même s’il s’avère moins convaincant que sur l’Ultrasone ou le HD25. Je ne vois pas grand-chose de plus à dire sur le reste du morceau, car le casque, dans quelque compartiment qu’on regarde, y fait figure honorable.
Preuve que le Sennheiser HD-25 C II peut pousser dans le haut, il propose des sonneries relativement brillantes sans pour autant atteindre le niveau de ce qu’on entend sur le MDR et lorsqu’arrive la basse, elle est comme d’habitude énorme. Énorme avec un T comme « Trop grosse », et qui porte un tantinet préjudice au passage du Rhodes vers le Wurlitzer pendant le morceau. La voix s’en sort malgré tout très bien, tout comme les rototoms et leur répartition dans l’espace.
Avec l’AKG K271 MkII, les sonneries de l’intro se détachent parfaitement et on peut à loisir entendre chaque détail. Sur le passage basse/rototoms, la basse est vraiment inhibée cependant qu’on entend bien la résonance des percussions. L’AKG se débrouille bien dans le haut du spectre et c’est sans conteste l’un des plus intéressants pour entendre les cymbales sur le reste du morceau, même si je le trouve, même dans cette partie, pas aussi clair qu’avec le Beyerdynamic DT 770 Pro.
Sur ce dernier, les réveils de l’intro se détachent très bien tout en semblant moins ‘dans ta face’ que sur l’AKG K271, ce que la suite du morceau confirme : les rototoms sont plus en arrière (on manque de quelque chose dans le bas médium). En revanche, sur les cymbales, les voix, les chœurs, les guitares et les pianos électriques, c’est du bonheur…
On finit avec l’un des moments les plus éprouvants de ce test : l’écoute de l’intro de Time, avec tous ses réveils qui sonnent en même temps, sur un Sony MDR-7506 : c’est juste une torture. Il me faudra 15 minutes pour m’en remettre, ne sachant pas si sur un carillon à droite, la distorsion provenait du casque ou de mes oreilles. Sur l’intro basse/percus, les percussions manquent de bas et semblent beaucoup plus étriqués tandis le reste de la chanson donne encore cette impression que certaines pistes sont affublées d’un coupe bas : c’est vrai pour les voix, mais aussi pour la guitare lead ou les chœurs. Bref, on n’est vraiment pas loin du carton rouge.
Strauss – Also sprach Zarathustra
Immortalisée par Kubrick, cette célèbre pièce de Richard Strauss (ici jouée par le London Philharmonic Orchestra sous la direction de Klaus Tennstedt) est un régal pour une écoute comparée, car on peut y entendre l’intégralité du spectre. De l’orgue qui se trouve tout en bas aux métallophones de la fin en passant par les timbales, cymbales, cuivres et cordes, il y a tellement de monde qu’on découvre immédiatement les plages de prédilection d’un système d’écoute rien qu’en entendant les notes ou instruments qu’il met en avant.
Sur le DT 770 Pro, la note grave tenue à l’orgue en intro du morceau provoque une vibration dans l’oreillette gauche. Le casque descend certes très bas, mais on n’en demandait peut-être pas tant du coup. Sur l’orchestre au complet, on apprécie comme toujours avec ce casque le fait que les instruments soient bien détachés les uns des autres, même si on aurait aimé plus de vigueur dans le bas médium.
L’UltraSone Pro 550 descend sans doute aussi bas que le Beyer mais sans aucune vibration sur la note grave de l’intro. Sur la suite du morceau, on a toujours cette curieuse impression de médiums distants, ce qui n’empêche pas la perception de détails, mais demeure déstabilisant et ne rend pas grâce aux cuivres et aux cordes du final.
C’est assurément de tous les casques l’AudioTechnica ATH-M50 qui s’en sort le mieux sur la note grave d’intro. Pour ne rien gâcher, c’est aussi celui qui m’a semblé présenter le meilleur équilibre sur le reste du morceau, dans un registre assez voisin du HD25, avec des aigus et un haut médium plus ternes toutefois.
J’avoue n’avoir rien compris à ce que m’a sortie le Sennheiser HD 25-C II sur ce titre : le bas est consistant, comme je m’y attendais, même si la note tenue du début montre qu’il n’est pas si à l’aise que ça dans l’extrémité basse du spectre où l’ATH-M50 fait mieux. En revanche, il s’est montré relativement homogène sur les passages avec l’orchestre au complet et fait très bonne figure où que l’on regarde. Curieusement, cette grande gueule du bas l’emporte même à mon sens sur l’ATH-M50 sur le registre haut médium, parce qu’il s’y montre plus clair.
Bien que ces détails soient perceptibles sur tous les modèles, le MDR-7506 de Sony est celui qui met le plus en avant le souffle de l’orgue et les bruits mécaniques de sa soufflerie. Il y a du monde en haut, mais il y en a aussi en bas et sans proposer le bas médium du HD25 ou du M50, il se défend plutôt pas mal. Reste le problème de son haut médium prononcé qui rend la section cuivre ‘nasale’ et fatigante à écouter.
Finissons avec l’AKG K271 MkII qui confirme mes impressions sur la note d’orgue très basse en début de morceau : c’est lui qui offre le moins de bas de tout le panel. Il se situe même derrière le MDR7506 sur ce point. Et lorsqu’entre en jeu tout l’orchestre avec les roulements de timbales, force est d’admettre qu’en vis-à-vis de cuivres et de cordes détaillées, tout ça manque singulièrement d’énergie dans le grave, ce qui rétrécit singulièrement la taille des timbales et leur impact dramatique. Soit l’un des points cruciaux du morceau…
The Raconteurs - Consoler of the lonely
Quand Jack White joue avec un vrai groupe et surtout un vrai batteur, le rock’n’roll est au rendez-vous et l’on retrouve la prod moderno-vintage qui a fait le succès des White Stripes, avec toutes les aiguilles dans le rouge ou pas loin de l’être. Plus étonnant pour du rock, le bas est énorme : digne d’un morceau de trip hop !
Sur l’UltraSone Pro 550, le kick en intro de ce morceau offre ainsi tellement de bas qu’il en devient louche (un MaxxBass quelque part ?) : on sent même les choses vibrer à l’entour, ce qui n’est pas banal. L’Ultrasone s’en sort en tous cas très bien pour restituer cette énergie même si le médium, et notamment l’attaque de la caisse claire sont un peu en retrait. Quand les guitares arrivent avec les voix, on garde certes ce bas bien présent, mais les grattes manquent de corps et le bas semble tout bouffer sur le pont : le tambourin devient pour sa part fantomatique.
Rien à redire sur l’intro avec l’Audio-Technica ATH-M50 : rien ne manque, en bas, en haut ou au milieu et c’est un peu le même constat qu’on fait à l’arrivée des guitares et de la voix. Le pont est quant à lui une belle surprise, car tout en ayant une basse bien présente comme sur le HD25, on ne perd pas pour autant le tambourin à gauche. Le haut est en revanche un peu sourd par rapport à un DT 770.
Si le kick du début ne pose évidemment pas de problème au Sennheiser HD 25-C II, le charley manque un peu de clarté sur les passages chargés (j’ai dû vérifier sur les autres casques qu’il n’y avait pas un tambourin dans le kit du batteur, car il me semblait en entendre un). La basse arrivant plus tard avec les guitares et la voix prend ensuite le pouvoir comme souvent avec ce casque qui hypertrophie le bas du spectre. Ce qui se passe en haut est du coup plus dur à atteindre même si rien n’est impossible en se concentrant… Le pont est en revanche fatal pour le HD25 : tandis que la ligne de basse est plus audible que sur n’importe quel autre casque, le tambourin à gauche disparaît purement et simplement et les coups de cymbales sur les temps sont difficilement audibles. On n’est pas loin, là aussi, du carton rouge !
De tous les casques présents dans le panel, l’AKG K271 Studio Mk II est le seul à ne pas donner la dimension de cet incroyable kick en début de morceau : il s’en sort en revanche mieux que les autres sur la caisse claire avec une frappe et une résonnance bien présentes. Belles guitares ensuite sans pour autant perdre le reste, même si là encore, la basse se fait discrète. Le pont où toutes les pistes tapent dans le rouge confirme cela, et le petit phrasé virtuose du bassiste manque de présence même s’il est là. Les cymbales et le tambourin sont audibles, mais on est très loin des aigus du DT770 en terme de détail…
Poursuivons avec le Beyerdynamic DT 770 Pro : rien à signaler sur l’intro avec un kick qui descend bien bas et une caisse claire un poil moins présente que sur le K271, mais un charley qui monte plus haut dans l’aigu qu’avec ce dernier, une supériorité qu’on retrouve lorsque le tambourin et les autres cymbales s’en mêlent : le DT est beaucoup plus clair là où l’AKG rame en haut du spectre, et sur les passages chargés, il s’en sort mieux que tous ses petits camarades…
On finit avec le Sony MDR-7506 : Le ‘stomp’ de la grosse caisse est bien là même si, en haut, le charley est presque aussi gros que la caisse claire, rapetissée autant que possible. Les voix qui discutent de part et d’autre sur l’intro sont plus audibles que sur les autres casques, mais deviennent, lorsqu’on passe au chant proprement dit, relativement agressives dans les aigus avec les sifflantes qui ressortent à mort sur la phrase ‘I haven’t seen the sun in a week’ qui ouvre le morceau : on a envie de dégainer direct le deesser ! Les guitares sont très haut médium quand elles arrivent, mais ce n’est vraiment que sur le pont et ses coups de cymbales sur chaque temps qu’on frôle la disqualification : vu que tout est dans le rouge et que le MDR en rajoute une couche, il est très dur de garder le casque sur les oreilles même si on distingue bien le tambourin sur la gauche et que le phrasé de basse est bien là. On a hâte en tout cas de passer à un autre casque…
Conclusion
Autour de 150 €, aucun casque n’est mauvais, mais aucun casque n’est parfait et on entend énormément de différences d’un modèle à l’autre, chacun semblant avoir son domaine de prédilection et ses lacunes. Tous m’ont paru cependant valoir la dépense, car lorsqu’un détail me sautait aux oreilles sur un modèle, je l’ai retrouvé quasiment toujours avec les autres, même si la chose réclamait parfois un peu plus d’attention.
À l’heure du choix, je repartirais bien avec deux modèles complémentaires plutôt qu’un, mais s’il n’en fallait qu’un seul, la raison porterait sans doute mon choix sur l’ATH-M50, pliable donc portable, excellent nulle part, mais bon partout et bien conçu : un bon généraliste en somme. Toutefois, il me serait très dur de ne pas craquer aussi pour le DT 770 Pro qui est indubitablement le casque qui m’a fourni, en dépit de sa faiblesse dans le bas, l’écoute la plus détaillée. Voici en tout cas un duo très complémentaire, comme pourraient l’être le DT770 et le HD25, plus nomade, et que l’on pourra préférer pour d’autres usages (prise de son, sono, voire DJing, etc.).
Les trois autres compétiteurs ne déméritent pas, même si à mes yeux, leur intérêt est moindre. Je ne me suis pas fait aux médiums de l’Ultrasone, au manque d’information dans le bas de l’AKG (à déconseiller donc si vous donnez dans le hip-hop, le trip-hop ou l’électro) et à l’agressivité gratuite du Sony qui m’a vrillé la tête sans pour autant m’offrir plus de détail qu’un DT770 ou que le K271, les deux meilleurs dans le haut.
Évidemment, mes oreilles en mousse valent bien les vôtres qui sont en carton et je ne saurais que trop vous conseiller d’aller écouter tout ça par vous-même…
Sony MDR-7506
- Relativement confortable
- Du bas, bien qu’inhibé
- Le moins cher de tous en Street Price
- Médium et aigus hypertrophiés…
- …et bas médium inexistant (effet coupe bas)
- Une agression sonore permanente, au point qu’on a peur pour d’y laisser ses oreilles
- Repisse
- Un bas et un bas médium bien charnu
- Des médiums et des aigus pas dégueu non plus
- Peu encombrant (le seul qui puisse servir de casque de baladeur)
- Isolation de l’extérieur et niveau de cheval : parfait pour bosser en environnement bruyant
- Son compact (bien comme casque de prise)
- Son compact (pas bien pour le mixage)
- Le bas hypertrophié, au détriment des médiums
- Bien moche, sans doute pour faire ‘pro’
Ultrasone Pro 550
- Confort
- De très bonnes choses en bas comme en haut
- Médiums ‘distants’, ce qui me déstabilise complètement
- Oreillette détachable (un peu trop facilement sur le modèle testé)
- Repisse
AKG K271 Studio MKII
- Aigus et haut médiums
- Confort
- Le bas le plus rikiki de tout le panel, rédhibitoire pour certains styles
- Un peu trop léger à mon goût
- Manque d’articulations et système d’extinction du casque (dur de n’écouter qu’une oreillette)
- Repisse
Audio-Technica ATH-M50
- Presque autant de bas que sur le HD25 sans pour autant délaisser le reste du spectre
- Un bon généraliste
- Bon confort et bonne conception (pliable)
- Isolation
- Bon partout, mais meilleur nulle part
- Pas de pièces détachées
Beyerdynamic DT 770 Pro
- Ca monte bien haut et ça descend bien bas
- Le son le plus détaillé de tous les casques testés : les pistes s’y détachent bien, ce qui aide grandement l’écoute.
- Confort
- Isolation
- Manque de consistance dans le bas
- Le côté délié pourra troubler lors d’une prise
Mon top personnel en mixage :
1 – Beyerdynamic DT770 Pro
2 – AudioTechnica ATH-M50
4 – AKG K271 Studio Mk II
5 – Ultrasone Pro 550
6 – Sony MDR-7506
Mon top en personnel en retour musicien :
1 – AudioTechnica ATH-M50
3 – Beyerdynamic DT770 Pro
4 – AKG K271 Studio Mk II
5 – Sony MDR-7506
6 – Ultrasone Pro 550