Impossible de parler du genre synthé-bass sans citer l’Electro-Harmonix. Il faut savoir que la grande sœur de cette pédale (le Micro Synthesizer) fait friser les oreilles depuis la fin des années 70. Et quarante ans, ça fait tout de même de l’expérience sur un marché !
Nous disposons donc d’une version rien que pour nous les bassistes, avec des filtres tout adaptés à notre instrument, sans ajouter d’options ni de contrôles supplémentaires. Voici la review d’un grand classique.
Comment ça marche ?
Mais qu’arrive-t-il à notre son, une fois qu’il passe dans cet effet, pour se retrouver métamorphosé de la sorte ? Eh bien c’est simple, que ce soit en analogique ou passant par un DSP, le principe est le même que sur un synthétiseur classique : votre signal est traité par une succession de filtres et de modulations. Je résumerai assez vite le processus, les experts en synthèse me le pardonneront certainement, pour souligner trois phases de traitement intelligibles pour les simples bassistes que nous sommes :
- Le traitement de fond du signal : la note jouée va être triplée, à l’octave supérieure et inférieure et subir un passage optionnel par une case saturation (avec un rendu assez proche d’une fuzz)
- Le passage par un étage « delay » qui permet de modeler l’attaque et la longueur de la note
- Le filtrage du signal qui apporte le coté Funky de l’effet et de manière plus sophistiquée qu’une simple wah ou un envelope filter. Certaines pédales proposent un étage supplémentaire d’oscillateurs.
Le résultat est assez spectaculaire, car non seulement votre signal se trouve modifié sur une dimension tonale, mais aussi dans sa durée. À la manière d’un envelope filter, l’effet Synthé se déclenche en fonction du seuil d’attaque à la main droite, son utilisation est donc très « tactile », le jeu de l’utilisateur garde donc une belle part dans la gestion de cet effet.
La guerre des boutons
Sur l’Electro-Harmonix, les possibilités de réglages donnent un peu le vertige : pas moins de dix curseurs à déplacer le long de bandes, permettant de façonner des sons à la limite de l’hallucination auditive :
- Trigger : Le réglage de la sensibilité
- Sub Octave : Le volume de l’octave inférieure
- Guitar : Le volume de la note fondamentale
- Octave : Le volume de l’octave supérieure
- Square wave : niveau de saturation
- Attack Delay : Comme son nom l’indique, ce curseur estompe l’attaque quand on le pousse
- Resonance : Ajuste le niveau d’ouverture de l’enveloppe
- Start freq : Fixe la fréquence d’ouverture de la courbe
- Stop freq : Détermine la fréquence de fermeture de la courbe
- Rate : Permet de régler la vitesse entre l’ouverture et la fermeture. On conseille de régler la chose en fonction de la vitesse de jeu.
Les connectiques sont limitées à une entrée et une sortie, une seconde sortie Dry aurait certainement été un plus.
Un son qui se mérite
Sur cette pédale, les réglages sont assez durs à maîtriser. D’abord parce qu’ils sont nombreux et surtout parce que même d’apparence rudimentaire, ils restent subtils et délicats à manipuler.
L’avantage à tirer de ce côté pointu : une fois que l’on comprend le fonctionnement du Bass Micro Synthesizer, on peut se servir de la plupart des synthés analogiques ! Par contre, pour devenir maître de cet objet, la route est longue. Et à l’époque où j’ai fait les enregistrements qui vont suivre, je n’avais pas mon doctorat en synthèse.
Le réglage de sensibilité est très fin, j’ai vraiment peiné à l’ajuster sur la ligne samplée, entre la première partie jouée avec des notes courtes et la seconde partie ou elles sont plus longues. Quand on l’utilise avec un instrument, il faut garder un jeu très propre au niveau de l’attaque, une fois que la sensibilité est réglée, il faut savoir rester constant à la main droite (quand on est droitier). L’ajustement des fréquences d’ouverture et de fermeture permet d’inverser le sens de la vague, du traditionnel « wah » au « yop » assez tendance, avec tous les entre-deux que l’on peut imaginer. Pour les extraits qui vont suivre, j’ai utilisé les suggestions de réglages qui accompagnent la notice, tout en ajustant la sensibilité pour chaque prise.
- Mini moog Bass Like 00:32
- Arp Synth 00:32
- Circuit noises 00:32
- Fuzz 00:32
- Sequencer Bass 00:32
- Enveloppe 00:32
- Moog Taurus 00:32
- Taurus 2 00:32
- Custom 00:32
- Percussive Moog 00:32
- Filter Synth Bass 00:32
- Backward Fuzz 00:32
- Roland TB 300 00:32
- Dub 00:32
À vous, je peux l’avouer : je regrette de ne pas avoir pu enregistrer ces extraits en live, en me passant de mon sampleur. Car la maîtrise du signal est quand même plus évidente quand on peut gérer soi- même l’attaque, en fonction des réglages de la pédale. Et puis on règle mieux la chose avec une basse entre les mains, on est bassiste c’est comme ça, on n’y peut rien.
Je trouve le rendu nettement plus pertinent quand on joue au-dessus de la douzième frette, car on évite plus facilement les décrochages. Je trouve à ce titre que l’octave basse perd assez vite pied quand on balance un Mi grave à vide. Et mes oreilles m’ont dit que l’octave supérieure se faisait surtout entendre quand on passait au-dessus de la douzième frette.
C’est dans les vieux chaudrons…
On comprend vite l’étendue des possibilités que cette petite boîte propose et pourquoi elle plaît depuis tant d’années. Formidable outil en studio, on pourra lui reprocher de ne pas être forcément commode à régler rapidement sur scène, en plein milieu d’un set et de ne pas être alimentée par pile, en plus du secteur (qui reste pourtant du 9 V).
Un must pour beaucoup d’utilisateurs avertis.