Pas forcément aventurier, mais curieux de nature je me suis dernièrement intéressé à un rayon haut perché de nos effets pour basse.
Pour l’anecdote, la première fois que j’ai essayé un synthé-bass, je me suis demandé sur le vif ce qui pouvait bien clocher avec l’ampli. De prime abord, cet effet m’apparut comme impossible à contrôler, un gadget un peu dingue vraiment efficace pour décentrer un haut-parleur. Bien des années plus tard, après avoir laissé mes oreilles filtrer une bonne demi-tonne de Funk, j’ai enfin réalisé que cet effet avait quelque chose d’incontournable. Qu’on l’adopte ou pas, il faut l’essayer, ne serait-ce qu’une fois dans une vie de bassiste. Alors comme on est chez Audiofanzine et que nous ne faisons pas les choses à moitié, je vais en tester trois pour vous, rien que cela. Et je vais commencer par une entrée de gamme bien attractive : le Bass Synth Wah de Digitech.
Plongeons-nous ensemble dans le monde merveilleux des octaves, des filtres et autres oscillateurs ! Car quelque chose me dit tout bas, que ce banc va faire du bruit !
Qui veut une histoire ?
Au Moyen Âge, les musiciens ne se lavaient pas beaucoup et jouaient les basses avec leurs pieds ! On n’en parle pas beaucoup, on préfère raconter des histoires de princesses, de chevaliers et de trouvères. Mais c’est pourtant une réalité historique : les organistes se servent de leurs panards, pour jouer les notes les plus basses de leur instrument, depuis le XIIIe siècle. Ceci afin de laisser leurs mains s’affairer à la polyphonie. Dans les années trente, l’orgue s’électrifie grâce aux efforts de Laurens Hammond et John M Hanert qui commercialisent dès 1935 le premier orgue amplifié. Si la fée électrique permet de réduire le format du clavier, l’ère de l’électronique permettra d’aller jusqu’au bout de la miniaturisation : dès les années 70 (entre 1974 et 1976), la société Moog Music sort le premier pédalier autonome, bien connu sous le nom de Taurus. À ce sujet et pour éviter de paraphraser un excellent article sur la question, je vous invite à lire un précédent test Synthwalker qui s’est penché sur une reissue de ce premier pédalier autonome générateur des sons de basses. Déjà à cette époque, le fabricant employait un synthétiseur analogique pour générer des tonalités à la fois profondes et délirantes et surtout permettre aux musiciens guitaristes de libérer leurs mains sur scène. Cela contribua à son succès quasi immédiat qui s’étendra jusqu’aux confins de la new-wave. Le produit est aujourd’hui réédité. Ce répertoire de sons, tout à fait perchés, constituera d’ailleurs le principal attrait d’une nouvelle clientèle, qui ne jouera plus avec ses pieds, mais bien sur leur guitares (basses et six cordes) pour générer un signal traité en amont par un convertisseur sous forme de pédale. Les premiers sur ce créneau seront les ingénieurs de chez Electro-Harmonix avec le très populaire Micro Synth, sorti à la fin des seventies. Puis Boss et Akai s’engouffreront dans la brèche pour mettre sur le marché les premières versions en format de petite pédale, au début des années 2000.
Premier prix
Bien représentative de l’entrée de gamme pour ce type d’effets, la Digitech est vendue neuve aux alentours des 90 € ; on pourra facilement la trouver pour 60 € sur le marché de l’occasion. Premier bon point évident : son tarif qui propose une pédale au format Boss réunissant pas moins de quatre familles de modulations : deux types d’enveloppes (envelope filter/SubEnvelope), deux synthétiseurs, deux filtres (synth talk effect) et un octaver. L’ensemble constitue presque un multi-effet en soi !
Deuxième qualité de la pédale : les corrections sont réunies sous quatre potards. J’imagine que certains considèrent que c’est court. Je trouve personnellement que pour la clientèle visée, la chose suffit amplement pour s’amuser :
- Type : un sélecteur de type de modulation, que l’on compte au nombre de sept
- Sens : un potard qui a pour fonction constante de régler le niveau de sensibilité (seuil de déclenchement pour la wah et le synthé), élément critique des réglages, il permet d’ajuster l’effet en fonction de son attaque et du niveau de sortie de son instrument.
- Control : voit son rôle varier en fonction de la modulation choisie. En mode Envelope, le potard sert de balance (dry/mix), en mode synthé ou filtre il gérera l’attaque et enfin, quand la pédale est en mode Octaver, vous pourrez ajuster le niveau de l’octave inférieur grâce à ce dernier.
- Range : un contrôle aussi multitâches que le précédent. Quand on utilise les enveloppes, il va ajuster la hauteur de la modulation. En mode synthé, il permet de régler la fréquence de fermeture. Et pour les deux filtres, le Range devient paramétrique et permet de balayer les fréquences que l’on veut filtrer.
Troisième bon point : malgré un petit format, la pédale Digitech propose deux sorties : une pour le signal clair, qui est constante, et une seconde, pour le signal modifié, qui s’active via le footswitch. On peut donc jouir de la chose en studio : il est toujours bon, quand on enregistre, de garder une piste avec un signal non affecté (dry), pour la mixer avec une piste modulée (wet). L’utilisation en live est, quant à elle, aussi agrémentée par cette double sortie : vous pouvez diriger le signal neutre sur un ampli et sa modulation sur un second système de diffusion (autre ampli ou sono). Un bon geste des fabricants qui pourra s’avérer bien commode pour l’utilisateur. La Bass Synth Wah fonctionne avec une pile de neuf volts ou sous secteur. Voici sept extraits correspondant aux types de modulations, ces réglages sont suggérés et baptisées par le fabricant :
- Extrait 1 00:32
- Extrait 2 00:32
- Extrait 3 00:32
- Extrait 4 00:32
- Extrait 5 00:32
- Extrait 6 00:32
- Extrait 7 00:32
Conclusion
Pour son tarif, je trouve cette pédale attractive, surtout pour ceux qui voudraient y goutter sans risquer d’y risquer un bras (ça n’est pas comme si on pouvait s’en passer). Pas forcément très exhaustive côté réglages, elle a le mérite de rester compacte tout en proposant des modulations assez variées. On pourra lui reprocher de ne pas vraiment approfondir le sujet, mais à ce tarif, elle donne quand même le change. Je conseille donc aux néophytes de tester la chose, les utilisateurs plus avertis seront certainement plus intéressés par ce qui va suivre demain et après demain.