La nouvelle série à la mode berlinoise s'appelle donc EXO. Eve Audio revient avec un moniteur de studio qui, sans être révolutionnaire, affine certaines des belles caractéristiques de la marque, de ses graves généreux au fameux tweeter doré d'Adam et Eve...
Eve Audio EXO : héritage berlinois, tweeter AMT et nouvelle série 2025
Eve Audio est un constructeur de moniteurs de studio actif depuis 2011, qui fait partie de la grande famille berlinoise. La capitale allemande est décidément l’épicentre européen de ce marché, et, bien qu’on ne soit pas là pour parler religion, c’est en partie une histoire de genèse qu’il faut rappeler. Il existe une autre marque d’enceintes bien connue, Adam Audio, dans laquelle le fondateur d’Eve Audio a travaillé pendant plus de dix ans, avant de fonder cette dernière société. Une autre marque du même secteur, HEDD, fait également partie de cette dynastie berlinoise. Un des points communs qu’on retrouve chez ces différents constructeurs, les tweeters sont conçus d’après la technologie Air Motion Transformer et ses diverses déclinaisons. Eve est une marque qui ne produit que des moniteurs de studio et des caissons de basses, et la série principale qui avait été développée précédemment, et dont on avait connaissance, était nommée SC comme SilverCone, à l’image du haut-parleur principal. Cette nouvelle série EXO, arrivée à l’automne 2025 sur le marché, propose des caractéristiques un peu différentes de ce que la marque avait développé jusqu’ici, et qu’on va détailler en découvrant et en décrivant la paire qu’on a reçue. La série est constituée de quatre modèles de tailles différentes, des plus compacts EXO 24 aux plus puissants EXO 28, et c’est une paire d’EXO 27 qu’on teste ici. La paire en question coûte aujourd’hui autour de 1300 € sur le marché, ce qui la situe dans une gamme de prix comparable à des Focal Shape 65, des Adam Audio A7V, HEDD Type 07 A-CORE, par exemple.
Eve Audio EXO 27 : design, haut-parleur 6,5”, guide d’ondes et connectique (XLR/RCA, S/PDIF, RJ45)
Ces moniteurs sont plutôt imposants, un peu plus volumineux que nos paires de référence, pour une taille de haut-parleur équivalente.


Première écoute des EXO 27 : image stéréo, transitoires et équilibre grave/aigu
On installe la paire d’EXO 27 dans la régie, aux côtés de nos paires de référence sur la console. On prend bien soin de mettre des tapis isolants pour découpler du mieux que l’on peut les enceintes de la surface sur laquelle elles reposent. On s’aperçoit vite que leur niveau par défaut est un peu fort comparé à celui des autres paires, cela va nous donner l’occasion de tester un premier réglage. 
Radiohead – 15 step
Comme écrit précédemment, on est enthousiasmés par les aigus, très précis, et la netteté des transitoires. La dissociation des éléments percussifs, la précision de la scène dans la largeur et dans la profondeur, tout cela nous fait une belle impression, on perçoit bien tous les mouvements de cette production rythmique riche et complexe. En revanche il est assez clair que le grave est un peu trop généreux par rapport à nos habitudes. Sur les précédents moniteurs Eve Audio qu’on avait eu l’occasion d’entendre, c’était encore plus marqué, mais cela reste un point un peu sensible pour nous ici.
DSP des EXO 27 : filtres Grave/Desk/Médium/Aigu, réglages et limites sans logiciel
On va donc sans plus tarder tester le DSP et ses options de réglages, pour optimiser notre écoute avec ces prometteuses EXO 27. Quatre filtres figurent au menu, qu’on visualise sur le petit écran derrière les moniteurs. Évidemment, on aurait préféré les activer depuis notre point d’écoute via l’ordinateur, c’est toujours laborieux de devoir passer derrière une enceinte, puis l’autre pour passer d’un réglage à un autre, et la comparaison est un peu faussée par ce temps de réglage où l’équilibre précédent devient un souvenir, mais, normalement, ça devrait être rendu plus facile dans les mois qui viennent. Le filtre grave permet d’augmenter en étage en dessous de 300 Hz, ou d’agir en coupe-bas, le « Desk » a pour fonction de compenser les fréquences amplifiées par la surface sous les enceintes. Ce dernier peut être augmenté jusqu’à 3 dB ou diminué jusqu’à –5 dB, de même que les deux suivants, le filtre médium, puis l’aigu en étage. Les deux premiers vont particulièrement nous intéresser.
Moderat – A new error
Ce qui nous frappe particulièrement, c’est le niveau d’infrabasses généré. On s’en rend bien compte en passant derrière les enceintes, là où est situé l’évent, il y a une énergie assez impressionnante dans des fréquences très basses. En fonction du volume de la pièce et de la situation des moniteurs dans celle-ci, ça pourra être un atout ou un piège. Ici, on a 40 cm d’air derrière les moniteurs, puis un bass trap de 80 cm, donc on n’est pas dans les pires conditions, mais on ressent tout de même le besoin d’ajuster ce bas. On parvient à limiter le grave de manière plutôt fine, grâce au coupe-bas, que l’on peut monter par pas de 5 dB, dont la pente est de 24 dB par octave. Situé à 15 dB, il calme légèrement l’infrabasse sans pour autant appauvrir ces graves qui restent un bel atout pour les moniteurs. À ce niveau, les grosses basses de Moderat sonnent vraiment bien, et le reste aussi.
Lou Reed – Walk on the wild side
Dans l’ensemble, la réponse sur cette chanson est magnifique, les graves mettent superbement en valeur la ligne de contrebasse et la profondeur du mix est très bien restituée. Cependant, on s’est dirigé d’instinct vers cette écoute parce qu’on pressentait qu’elle serait représentative d’un autre point. Il nous semble que l’isolation avec nos petits tapis pour découpler les enceintes du châssis de la console n’est pas suffisamment efficace, et on perçoit notamment dans les voix une densité un peu excessive dans la zone bas-médium, à peine au-dessus des graves. Comme souvent lorsqu’on place des enceintes dans ce contexte, le filtre « Desk » va nous intéresser. Celui-ci est situé autour de 470 Hz, ce qui est un peu plus haut que ce à quoi on s’attendait, mais il est finalement assez utile, et on gagne en clarté, particulièrement dans les voix en l’utilisant. Il fonctionne par pas de 0,5 dB, on a commencé par le régler à –2 dB, avant de revenir un peu en arrière en testant sur d’autres morceaux, et de s’arrêter sur –1 dB.
On a également testé rapidement les deux autres filtres, bien que n’ayant pas ressenti le besoin de les utiliser. Le médium est en fait une cloche dans les hauts médiums, située autour de 3,5 kHz, et le filtre aigu est assez large, puisque l’étage commence à partir de 5 kHz. On précise par ailleurs que d’autres fonctions sont accessibles depuis le réglage SMART, comme la sélection de l’entrée utilisée ou le niveau d’entrée analogique (-10 dBV ou +4 dBV). Un délai est aussi à disposition, jusqu’à 18 ms, qui pourrait servir si on utilise ces moniteurs pour une multidiffusion, Atmos ou autres.
Mesures bruit rose : comparaison EXO 27 vs Genelec 1030A et Adam A7X, focus sur l’infragrave
Pour évaluer la réponse en fréquences des enceintes sans que cette représentation ne soit trop impactée par l’acoustique de la pièce, nous allons mesurer les moniteurs individuellement, à un mètre, à l’aide de notre micro de mesure Neumann MA1. On vous présente donc ici la mesure sur un bruit rose pendant une dizaine de secondes d’un seul moniteur EXO 27 (mesure 1), mais sachez qu’on a aussi mesuré l’autre, et la réponse est quasi identique. On a reproduit le même dispositif au même endroit avec nos deux paires de moniteurs de référence pour ces tests, les Genelec 1030A (mesure 2) et les Adam A7X (mesure 3), pour comparer et éventuellement donner du sens au résultat obtenu. On constate avant tout que le grave n’a rien à voir d’une enceinte sur l’autre, et ce n’est pas vraiment une surprise.
Les EXO 27 ont bien un niveau très important en dessous de 75 Hz, alors que les 1030A sont très en dessous dans cette zone, ce qui correspond bien à ce que l’on connaît de ce modèle. Les A7X sont également très en dessous dans l’infrabasse, et elles atteignent leur pic nettement plus haut, entre 100 Hz et 200 Hz où elles rejoignent les EXO 27 et présentent des niveaux plus proches à partir de ces fréquences. Certaines inclinaisons de la courbe sont communes aux trois modèles, donc on peut en conclure qu’elles sont du fait du dispositif (pièce, micro de mesure ou autre élément de la chaîne) plutôt que des enceintes, comme ce creux autour de 100 Hz. Entre 400 Hz et 1 kHz, la courbe révèle une baisse chez les EXO 27, plus large qu’avec les autres modèles, qu’on n’avait pas identifiée à travers nos écoutes (on a bien pris soin de remettre les filtres à 0 avant de procéder à ces mesures). Dans les aigus, la courbe EXO 27 est celle qui se maintient le mieux, alors que nos références présentent soit une forme plus accidentée, soit une baisse plus brutale tout en haut.




