Test des HEDD Type 20 mk2 - Reçu 20/20

Les origines de HEDD : une filia­tion berli­noise experte en trans­duc­teurs

Il y a quelques semaines, on avait décou­vert — et testé pour vous — les moni­teurs de la série « Type » avec les 07, et nous voici main­te­nant en présence de leurs grands frères et stars de la série, les HEDD Type 20 mk2. On voit passer et on écoute un certain nombre de modèles par an, mais ce n’est pas tous les jours qu’on teste une paire de moni­teurs à ce prix-là : près de 4400 € ! Il s’agit là d’un produit qui s’adresse aux profes­sion­nels, et on place natu­rel­le­ment des attentes assez élevées sur ses perfor­mances. La marque HEDD, loin d’être une des plus connues sur ce marché, nous vient de Berlin, déci­dé­ment la ville euro­péenne du moni­to­ring. En Alle­magne, de fabu­leux micros sont fabriqués depuis de nombreuses décen­nies, et ce savoir-faire se trans­fère assez logique­ment vers les haut-parleurs et les enceintes. Cette société, rela­ti­ve­ment nouvelle pour nous, est étroi­te­ment liée à une autre marque berli­noise de moni­teurs, Adam Audio, puisqu’elles partagent le même créa­teur, M. Heinz, qui donne son H initial au nom HEDD. La série Type comporte égale­ment deux modèles plus petits, les 05 et 07, et un autre de taille supé­rieure, les 30. Une première version de la série, y compris les Type 20, était sortie en 2017 aux débuts de la marque (fondée en 2015), et c’est donc une seconde version mk2 qu’on teste ici, appa­rem­ment bien modi­fiée et opti­mi­sée par rapport à l’ori­gi­nale (qu’on ne connaît pas).

Twee­ters AMT : l’hé­ri­tage tech­no­lo­gique de Klaus Heinz

Les Type 20 sont des moni­teurs trois voies, équi­pés d’un haut-parleur 7 pouces, un second 4 pouces pour les médiums et un twee­ter ruban AMT, tech­no­lo­gie déve­lop­pée par Klaus Heinz chez Adam dans un premier temps, puis reprise par d’autres marques. Le prin­cipe du Air Motion Trans­for­mer, parfois appelé aussi ART (Acce­le­ra­ting Ribbon Tech­no­logy) a été inventé par le physi­cien (Alle­mand lui aussi) Oskar Heil, dans les années 1960. Cela consiste donc en une trans­for­ma­tion d’un mouve­ment laté­ral des plis de la membrane vers le mouve­ment fron­tal de l’air qui nous trans­met les fréquences. Les enceintes ne se posi­tionnent que dans un sens hori­zon­tal, avec les haut-parleurs aigus vers l’ex­té­rieur. La paire est donc consti­tuée de l’unité gauche et l’unité droite, non inter­chan­geables. Elles sont plutôt impo­santes, notam­ment en profon­deur (338 mm) et pèsent 15 kg chacune. Le panneau avant est sobre et élégant, composé des trois haut-parleurs, d’un petit logo de la marque surmon­tant les Leds qui indiquent le fonc­tion­ne­ment ou standby, et d’un évent bass reflex. Les angles sont légè­re­ment arron­dis, le modèle que l’on a reçu est noir, mais il existe égale­ment en blanc.

Enceintes fermées ou ouvertes : adap­ta­bi­lité sonore à la carte

Lorsqu’on reçoit la paire, les évents sont fermés par des bouchons, ce qui nous aurait forcé­ment surpris si on n’avait pas connu les Type 07 au préa­lable. En effet, c’est une des spéci­fi­ci­tés de cette série, les enceintes peuvent être utili­sées ouvertes (Ported) pour plus de niveau et de basses fréquences, ou fermées (Closed) pour plus de préci­sion. Un outil livré avec la paire permet d’en­le­ver les bouchons et de libé­rer le bass reflex. Chaque moni­teur est équipé d’un DSP Sharc, qui permet d’af­fi­ner un certain nombre de para­mètres. Par exemple, un préré­glage adapté existe pour chaque usage de l’en­ceinte, Ported ou Closed. Le Linea­ri­ser est une autre des spéci­fi­ci­tés de ce DSP, et permet d’ali­gner dans le temps les diffé­rentes fréquences, selon des mesures effec­tuées sur chaque unité, pour éviter les déca­lages et les problèmes de phase. Ces options, ainsi que d’autres réglages, sont acces­sibles sur le panneau arrière. On y retrouve égale­ment un réglage de volume, cranté de –12 dB à +12 dB, et deux filtres en étage, pour les graves et aigus, cran­tés là encore de –4 dB à +4 dB. Un sélec­teur LF Range offre la possi­bi­lité d’étendre les fréquences graves, ou au contraire de les restreindre à partir de 80 Hz pour une utili­sa­tion avec un Subwoo­fer. Les moni­teurs de cette série sont aussi pensés pour la multi­dif­fu­sion et notam­ment le fameux Atmos : les enceintes fermées avec le filtre coupe-bas seront parti­cu­liè­re­ment indiquées pour cet usage. Il existe, pour l’At­mos ou un simple usage stéréo, des acces­soires pour fixer les moni­teurs au sol ou au plafond, qui peuvent être ache­tés sépa­ré­ment. On peut égale­ment choi­sir entre une entrée analo­gique clas­sique en XLR ou une entrée numé­rique en AES, régler la sensi­bi­lité de l’en­trée qui peut être réduite jusqu’à –10 dB ou augmen­tée jusqu’à +4 dB, ou enfin utili­ser le Desk Filter. Celui-ci, conçu pour limi­ter les fréquences bas médium poten­tiel­le­ment ampli­fiées par le support sur lequel les enceintes reposent, propose trois posi­tions : Small, Medium et Large. Un Sharc est un proces­seur numé­rique parti­cu­liè­re­ment perfor­mant, et il est rare que les marques de moni­teurs commu­niquent autant sur la tech­no­lo­gie de leur DSP.

Test d’écoute : analyse détaillée du rendu sonore des Type 20 mk2

On connecte les moni­teurs, on écoute quelques beaux morceaux de musique et on est d’em­blée sous le charme. Comme on les a reçus fermés et que notre expé­rience des Type 07 dans cette confi­gu­ra­tion nous avait parti­cu­liè­re­ment plu, on commence par là. La préci­sion de la spatia­li­sa­tion nous frappe tout parti­cu­liè­re­ment, la disso­cia­tion des instru­ments, des diffé­rents plans de l’ar­ran­ge­ment et du mix, tout ça est fran­che­ment admi­rable. Les enceintes étant posées sur la console du studio, on active le filtre Desk sur la posi­tion Small, et cela suffit pour débar­ras­ser le spectre d’un léger embon­point, la sensi­bi­lité doit aussi être augmen­tée pour avoir un niveau compa­rable avec nos écoutes de réfé­rences, les Gene­lec trois voies 1037c.

Analyse audio : “15 Step” de Radio­head sur les HEDD Type 20

Sur l’in­tro du morceau, dans laquelle le mix se promène dans la stéréo, d’élar­gis­se­ment en rétré­cis­se­ment, la paire de Type 20 fait des merveilles. La préci­sion dans la largeur, mais aussi dans la profon­deur, rend vrai­ment justice à la finesse de cet arran­ge­ment. Les enceintes fermées permettent aussi d’at­teindre ce niveau de netteté et de disso­cia­tion de tous les éléments — et ils sont ici nombreux — qui composent le morceau. Les tran­si­toires sont ultra-précises, et les arri­vées succes­sives de la guitare élec­trique puis de la basse viennent prendre exac­te­ment la place qui leur va si bien, toutes en rondeur et en sustain, sans débor­der sur la voix ni le reste.

Exten­sion des graves testée sur “Alright” de Kendrick Lamar

Sur ce titre, on va tester l’ex­ten­sion des fréquences graves. Dans la version LF par défaut, la resti­tu­tion des graves est déjà excel­lente, la ligne de basse est très cohé­rente, ce qui n’est pas le cas avec tous les moni­teurs sur ce morceau. En acti­vant la posi­tion Extend, on perçoit un léger chan­ge­ment sur les notes les plus graves, mais la diffé­rence reste assez subtile. Puisqu’on observe parti­cu­liè­re­ment les basses fréquences, on décide d’ou­vrir les évents, et là l’ex­ten­sion des graves donne sa pleine mesure. Sans être exces­sives pour autant, les basses les plus profondes prennent une ampleur impres­sion­nante. Natu­rel­le­ment, l’ou­ver­ture des enceintes implique aussi un léger recul sur la préci­sion, la netteté des tran­si­toires et de la spatia­li­sa­tion, mais cela reste tout de même très convain­cant.

Test basse/fréquence : “A New Error” de Mode­rat sur les Type 20 mk2

Notre test ultime pour les graves. Sur ce morceau, entre l’ou­ver­ture du bass reflex et l’ex­ten­sion vers le bas, on retrouve l’équi­libre entre l’éner­gie de la ryth­mique et la profon­deur des basses. On tente un nouveau réglage et on va ajou­ter des aigus grâce au filtre en étage, pour ouvrir les caisses claires et gagner un peu d’air. On commence de manière radi­cale, à +4 dB, et c’est effi­cace au point d’être exces­sif. En reve­nant à +2 dB, on obtient un résul­tat très équi­li­bré, avec des tran­si­toires un peu plus agres­sives, qui peuvent faire du bien à certains utili­sa­teurs.

Le Linea­ri­ser : une approche du son linéaire via DSP Sharc

Le Linea­ri­ser c’est, avec la dualité ouvertes/fermées, la grande propo­si­tion auda­cieuse de ces moni­teurs et en parti­cu­lier de leur DSP Sharc. La « linéa­rité », c’est une sorte d’uto­pie dans le son, un idéal dans lequel les matières et les espaces ne pertur­be­raient ou n’am­pli­fie­raient pas les fréquences dans leur chemin jusqu’à nos tympans. Il faut préci­ser que cette fonc­tion implique une latence, forcé­ment, car pour compen­ser des délais acous­tiques, il faut retar­der l’émis­sion de certaines fréquences. Lorsqu’on écoute le même morceau — en l’oc­cur­rence Tear­drop de Massive Attack — avec puis sans linéa­ri­ser, on perçoit de nettes diffé­rences sur les tran­si­toires en parti­cu­lier. Le rapport entre sustains et tran­si­toires, les attaques et enve­loppes des diffé­rents événe­ments musi­caux s’en trouvent préci­sés, assez sensi­ble­ment. On retourne faire la même compa­rai­son sur notre premier morceau test 15 step de Radio­head, et le constat est encore plus net. Le Linea­ri­ser combiné à la ferme­ture des enceintes permet d’ac­cé­der à un niveau de préci­sion impres­sion­nant. Le sélec­teur qui permet de s’en passer sera évidem­ment utile dans les usages qui néces­sitent de réduire la latence au mini­mum. On aurait aimé, peut-être, que le DSP puisse être commandé depuis l’or­di­na­teur et ne pas avoir besoin de passer derrière les enceintes pour tester les diffé­rents réglages et options. Mais nos discus­sions avec le construc­teur nous ont infor­més du fait que cet aspect est encore en déve­lop­pe­ment, et on peut s’at­tendre à ce que les possi­bi­li­tés de contrôle numé­rique soient éten­dues.

FAQ

1. Quelle est la parti­cu­la­rité du twee­ter utilisé dans les HEDD Type 20 mk2 ?

Il s’agit d’un twee­ter AMT, hérité de la tech­no­lo­gie ART conçue par Klaus Heinz, offrant une réponse rapide et une excel­lente préci­sion dans les hautes fréquences.

2. Pourquoi les enceintes peuvent-elles être utili­sées en mode fermé ou ouvert ?

Le mode fermé favo­rise la préci­sion, tandis que le mode ouvert permet une exten­sion des basses fréquences pour une écoute plus géné­reuse.

3. Le DSP inté­gré apporte-t-il un réel avan­tage ?

Oui. Le DSP Sharc permet d’ajus­ter les réglages (filtrage, exten­sion grave, Linea­ri­ser, etc.) pour adap­ter les enceintes à divers envi­ron­ne­ments et usages.

4. À quoi sert le Linea­ri­ser sur les HEDD ?

Il aligne tempo­rel­le­ment les fréquences pour éviter les déca­lages de phase. Cela améliore la défi­ni­tion des tran­si­toires et la préci­sion globale.

5. Ces enceintes conviennent-elles pour un système Dolby Atmos ?

Oui, leur préci­sion, leur capa­cité à fonc­tion­ner en mode fermé, et la présence d’un filtre coupe-bas les rendent compa­tibles avec une instal­la­tion Atmos.

6. Les enceintes sont-elles pilo­tables via un logi­ciel ?

Pas encore, mais HEDD travaille sur une solu­tion logi­cielle pour faci­li­ter le contrôle du DSP depuis un ordi­na­teur.

Carac­té­ris­tiques tech­niques

• Moni­teurs 3 voies ampli­fiés

• Twee­ter AMT déve­loppé par Klaus Heinz

• Haut-parleur médium 4 pouces, woofer 7 pouces

• DSP Sharc inté­gré avec Linea­ri­ser

• Fonc­tion­ne­ment en mode fermé ou ouvert

• Réglages de volume cranté (-12 à +12 dB)

• Filtres graves/aigus réglables (-4 à +4 dB)

• Desk Filter (3 posi­tions)

• Entrées XLR (analo­gique) et AES (numé­rique)

• Réglage de sensi­bi­lité d’en­trée (-10 à +4 dB)

• Dimen­sions : 180 × 358 × 338 mm

• Poids : 15 kg par enceinte

• Fabri­ca­tion : Alle­magne