Dans la catégorie des paires de moniteurs passe partout pour petits budgets, où la concurrence fait rage, voici les CR5BT de Mackie, 3e génération ! Sauront-ils se distinguer de leurs semblables, autrement que par la connexion Bluetooth ?

Contexte : positionnement de la série CR et des CR5BT (3e génération) sur le marché d’entrée de gamme.
On avait eu l’occasion de tester et d’écouter un certain nombre de petites paires de moniteurs peu onéreuses, via ces tests, et voici que s’ajoute à la liste la proposition de la marque Mackie, bien connue de nos services.
Conception, connectique et réglages
En les sortant du carton, on est d’emblée frappé par la légèreté des moniteurs : on en a vu de plus petits, dans le même registre, mais ceux-là font sans doute partie des plus légers.
Écoutes comparatives : équilibre tonal, impact des réglages Work/Play et Desktop/Bookshelf, mesures et limites
On commence notre écoute en prenant l’option de réglage Desktop, puisqu’on a posé les moniteurs sur la console du studio, aux côtés de nos enceintes de référence, et le rotatif avant est tourné complètement du côté « Work », pour une écoute plutôt transparente. Le signal entre par deux jacks TRS depuis nos convertisseurs et notre contrôleur de monitoring.
Radiohead – 15 step
Au premier abord, on est plutôt agréablement surpris par cette écoute : l’équilibre fréquentiel est assez cohérent et les transitoires plutôt tranchants. Certes, les fréquences aiguës ne sont pas les plus séduisantes qu’on a entendues sur cette musique, mais on compare les CR5 à des références bien plus chères et élaborées, donc il ne faut pas trop en attendre. Les graves semblent assez linéaires, et c’est plutôt dans le bas médium, la substance harmonique, qu’on perçoit un léger creux, notamment au regard des hauts médiums qui confèrent une présence assez saisissante à la rythmique. En comparaison avec nos moniteurs de référence, l’image stéréo parait privilégier les éléments placés au centre, et la voix est donc plutôt mise en avant.
Moderat – A new error
On se penche, c’est le cas de le dire, sur le bas du spectre. Sur le papier, les CR5BT sont supposés couvrir de 50 Hz à 20 kHz, et, dans la réalité, il est vrai que les basses fréquences qu’on perçoit ici sont loin d’être ridicules, même si on sent évidemment la limite de ces petits haut-parleurs. Ce qui nous plaît le moins, a priori, ce sont les aigus qui semblent manquer d’ouverture, tout en étant très présents au centre, pour les fréquences les plus représentées. Il est temps de tester ce fameux rotatif qui titille depuis le début notre curiosité : Work/Play. Avec un réglage radical tout à droite, on obtient effectivement plus d’aigus, mais seulement certaines fréquences qui en deviennent vraiment excessives et un peu déplaisantes. Les graves aussi sont excessifs, mais c’est une option que certains peuvent prendre, pour une écoute de « bass music » test ou plaisir. Les aigus, principalement, nous mènent à revenir en arrière et à chercher un réglage intermédiaire. À mi-course, le rotatif marque un cran, et à ce stade-là, c’est assez intéressant. Cela ne règle pas complètement le manque de linéarité des aigus, mais pour une écoute de ce type de musique, c’est assez séduisant.
Kendrick Lamar – Alright
On va expérimenter sur cette écoute l’autre réglage, celui-ci à l’arrière de l’enceinte et appelé Location. La position Desktop sur laquelle on était jusque-là nous convenait bien, mais à la lecture du manuel d’utilisateur, elle s’adresse davantage à une écoute de proximité, tandis que la position Bookshelf aurait vocation à « remplir la pièce de son ». On l’active pour en juger par nous-mêmes, et on perd complètement la cohérence de la basse qu’on avait jusque-là. Sur ce titre, où la basse a des mouvements disjoints et où elle est un peu détachée du reste des éléments de la production, on perd assez franchement l’assise qu’on aimerait ressentir. Dans une pièce comme la nôtre, qui est traitée pour ne pas laisser s’amplifier des fréquences basses ou médiums au hasard des reliefs et des matériaux, ce réglage génère un signal déséquilibré.
Lou Reed – Walk on the wild side
À l’écoute de cette (splendide) chanson, on arrive souvent à percevoir la profondeur de la scène, et les différents plans sonores dans cette dimension. On touche ici à une deuxième limite de ce modeste système de monitoring, avec lequel l’impression de profondeur et la dissociation de différents plans nous semblent moins évidentes. Néanmoins, sur une production un peu plus ancienne et vintage comme celle-là, la balance tonale est vraiment agréable et la voix bien présente.
Voici des mesures effectuées sur un bruit blanc, à l’aide d’un micro de mesure et d’un analyseur de fréquences, avec les positions suivantes :
1) Desktop / Work 2) Desktop / Play 3) Bookshelf / Work
Ces représentations viennent confirmer nos impressions sur les différences générées par ces réglages.
Appairage Bluetooth, différences perçues vs filaire et sortie casque
Évidemment, l’écoute en Bluetooth fait également partie de la proposition du produit, donc on l’a testée. La connexion se fait, heureusement, de manière très rapide, et le voyant lumineux indique en vert qu’un appareil est appairé au moniteur principal. On a comparé, sur deux mêmes écoutes, l’entrée analogique depuis notre contrôleur de monitoring et l’entrée en Bluetooth. Une légère perte de définition est perceptible en BT, ce qui semble bien normal, mais, dans l’ensemble, le résultat est assez probant. Idem avec la connexion filaire en RCA, qui, sans surprise, fonctionne très bien. La sortie casque, lorsqu’on l’utilise, coupe le son des enceintes. Sa qualité n’est pas exceptionnelle, le même casque branché sur notre contrôleur délivre un signal plus ouvert, plus précis dans les aigus.