On connaissait Kali pour des moniteurs très accessibles, voici une nouvelle proposition beaucoup plus haut-de-gamme, intégrant des innovations dans l'acoustique, mais aussi dans l'utilisation du DSP. Il y a beaucoup à dire sur les SM5 !

Kali Audio : une jeune marque qui passe au haut de gamme
Une des premières choses qui nous avaient intéressés lorsqu’on avait découvert la marque il y a trois ans, avec à l’époque le modèle IN8, c’était le tweeter coaxial avec un autre haut-parleur. Cela permettait de proposer trois voies dans un format deux voies, et même si on a retrouvé cette configuration chez d’autres constructeurs depuis, c’était une proposition franchement audacieuse, notamment pour un modèle bon marché.
DSP, calibrage intégré et contrôle réseau des Kali SM5
Puisqu’il est question d’innovation, Kali se met à la page avec les SM5, car la marque adopte à son tour la nouvelle grande tendance des moniteurs de studio, la fameuse « room calibration ». Depuis bientôt trois ans, et notre découverte de ce procédé avec l’association entre Adam Audio et Sonarworks, on a vu presque tous les grands constructeurs s’y mettre : Neumann, Genelec, etc. IK Multimedia en a aussi fait une spécialité, proposant même un outil de calibrage indépendant de ses enceintes. Pour résumer, si vous n’êtes pas familier avec cet outil, il s’agit d’adapter les moniteurs à l’environnement acoustique dans lequel on les utilise. La correction du signal peut être effectuée par un logiciel comme SoundID Reference, dans l’ordinateur avant d’être converti, ou bien dans un boîtier comme l’ARC Studio inséré entre le convertisseur et les moniteurs, ou encore, et c’est l’idéal, directement dans le processeur numérique DSP des moniteurs. C’est cette dernière configuration qui est proposée avec les SM5, et elle a de nombreux avantages : la correction n’est appliquée que sur les enceintes auxquelles elle est dédiée, elle est appliquée sur toutes les écoutes, quelle que soit la source, et enfin, cela n’implique pas de conversion supplémentaire.
Design, connectique et caractéristiques des Kali SM5
Plus globalement, ces enceintes sont très hautes (396 mm) et pas bien larges (200 mm), entièrement noires, hormis le tweeter.
Test d’écoute des Kali SM5 en situation de mixage
Pour nous familiariser avec les moniteurs, on les installe dans la régie, posées sur notre console, juste à l’intérieur de nos moniteurs de référence Genelec. On suit les recommandations du constructeur, et on lève les interrupteurs 1 à 3 sur le panneau arrière, puisque c’est le préréglage associé à ce positionnement. On fait défiler les quelques morceaux qu’on utilise souvent pour tester les moniteurs ou systèmes de diffusion. La première impression est plutôt convaincante, et l’écoute est confortable et plaisante. On n’est pas déstabilisés et on trouve rapidement nos repères, ces moniteurs ne sont pas trop éloignés de ceux dont on a l’habitude. On perçoit une densité importante au centre de l’image, avec des bas médiums qui donnent aux voix une corpulence assez remarquable, des graves assez présents, mais qui ne descendent pas très bas. La spatialisation est effectivement d’une grande précision, et les transitoires nous font aussi une belle impression, mettant en bien en valeur les dynamiques des morceaux qu’on écoute. Si on devait raisonner en termes de Mid/Side, on pourrait dire que le centre semble un peu plus fort que les côtés, mais ceux-ci sont d’une grande précision et d’une grande finesse.
Radiohead — 15 Step
Cette écoute confirme nos impressions initiales, les transitoires sont bien au rendez-vous ! Une grande clarté dans l’image stéréo, beaucoup de relief, les SM5 rendent vraiment justice à l’introduction de cette chanson, à sa très riche production rythmique. C’est assez rare pour être signalé, ces moniteurs génèrent des aigus présents et équilibrés, et des transitoires saillants, assez comparables à ceux de nos Genelec, et un peu à contre-courant de ce qu’on entend souvent ces dernières années. Chaque entrée est marquante, la guitare vient prendre sa place à gauche, son bas médium est très bien dosé, la basse est très homogène et ne se perd à aucun moment dans le reste de l’arrangement, malgré ses allées et venues.
Moderat — A New Error
On s’intéresse particulièrement aux graves ici. Sur ce morceau, où les basses ont un rôle capital, les SM5 montrent leurs limites dans cette direction, du moins dans ce réglage-là. Pas d’infrabasses ici, et on perd un peu l’assise à chaque tour, quand on arrive sur l’harmonie la plus grave. En revanche, on est toujours aussi impressionnés par la netteté des transitoires, le claquement des caisses claires, et la précision de l’image stéréo, qui nous fait relever quelques détails auxquels on n’avait jamais prêté attention (et ça, c’est tout le travail de moniteurs de studio dédiés au mixage).
Kendrick Lamar — Alright
On retrouve tous les constats faits au préalable : une belle densité au centre, pour une voix pleine et présente, des transitoires qui giclent et beaucoup d’impact sur les caisses claires, une superbe image stéréo, avec une dissociation très précise des éléments, notamment sur tout ce qui est rythmique et en haut du spectre. Mais aussi, et c’est tout ce qu’on regrette pour l’instant, des graves un peu légers, particulièrement tout en bas. On va donc enlever le préréglage lié à la position sur la console, pour s’assurer que ce n’est pas lui qui nous fait passer à côté (ou plutôt au-dessus) de certaines fréquences. Après avoir abaissé les interrupteurs 1 à 3, on retrouve le même constat sur ces deux derniers morceaux, le registre le plus grave est un peu discret. On décide donc d’activer le filtre grave au dos des enceintes, et pour cela, on lève les interrupteurs 5 et 6 sur le panneau arrière. L’étage augmenté de 2 dB est très efficace ! L’équilibre fréquentiel est franchement modifié, et on trouve les basses et les kicks beaucoup plus présents. Reste que sur les notes les plus graves, vraiment tout en bas, on perçoit encore une petite limite.
Lou Reed – Walk On The Wild Side
Sur cette splendide chanson, on retrouve plus d’instruments acoustiques, et on revient au réglage d’origine, adapté à la surface et sans filtre grave. Les dynamiques sont très bien mises en valeur, et on ressent à nouveau ce léger contraste entre un centre plus dense, notamment en bas médiums, et des côtés très subtils, aérés, où l’impression de profondeur et de contrastes est saisissante. L’avancée des voix féminines sur la fin des refrains est particulièrement impressionnante ici.
Analyse spectrale et mesures des Kali SM5
Nous avons effectué quelques mesures pour vérifier nos impressions. Voici donc l’analyse du spectre en jouant un bruit rose, mesuré par notre micro de mesure Neumann MA1. Le graphique montre bien une chute assez nette en dessous de 50 Hz, une bosse plutôt franche entre 130 Hz et 220 Hz qui correspond à la densité qu’on percevait au centre de l’image. Les mesures comparatives du même signal sont ajoutées ici, pour donner des références : avec les 1037 c, nettement plus grosses et donc plus généreuses en graves, on décline plus nettement dans l’aigu ; avec les 1030a, l’aigu est plutôt comparable, mais le grave et le bas médium sont en dessous ; enfin les 1030a corrigées par SoundID Reference sont plus linéaires dans le bas du spectre.
Kali Control Panel : le logiciel de contrôle des SM5
On passe à l’étape supérieure, et on connecte les deux moniteurs en RJ45 au réseau, pour les contrôler depuis le logiciel dédié. Pour cela, il faut tout de même avoir les deux câbles, qui ne sont pas fournis, et surtout un Switch qui permet de recevoir le réseau depuis notre box internet et de le relayer à tout appareil connecté. C’est le système utilisé par d’autres marques très sérieuses de moniteurs, pour le contrôle distant du DSP intégré. Une fois le logiciel téléchargé sur le site de Kali et installé, celui-ci reconnaît assez rapidement les deux moniteurs connectés, une fonction permet de les identifier en faisant clignoter leur LED. On choisit la configuration stéréo, mais quadriphonie, 5.1 et autres multidiffusions sont aussi disponibles, et on attribue chaque enceinte aux canaux gauche, puis droit. On dispose ici d’une égalisation huit bandes, totalement paramétrique, chaque bande pouvant être un filtre, un étage, une cloche ou un pic serré, assigné à n’importe quelle fréquence. Les fréquences les plus graves nous manquaient un peu, et le filtre accessible sur le panneau arrière était un peu trop haut et large à notre goût, ici on va pouvoir cibler plus précisément et corriger la bande de fréquence qui nous intéresse.
Le logiciel permet également de gérer des délais, si besoin, ainsi qu’un trim de volume pour chaque canal, d’accéder à des Mute, Solo ou Dim, et de mettre les moniteurs en standby. On peut y enregistrer différentes configurations et passer de l’une à l’autre. Les réglages d’égalisation et autres peuvent être implémentés dans le DSP de l’enceinte, par le réseau ou bien par la connectique USB disponible à l’avant de chaque moniteur. Ainsi, une fois les réglages effectués, les moniteurs n’ont pas besoin de rester connectés au réseau pour les exploiter. Pour cela, il faudra utiliser un des petits interrupteurs (le 4ᵉ) du panneau arrière, qui détermine si le DSP utilise un préréglage ou bien celui que vous avez chargé depuis le logiciel via le réseau. Tout cela marche très bien, et c’est un complément très pertinent à des enceintes qui sonnaient déjà fort bien !
Calibrage des Kali SM5 : fonctionnement et limites
Le calibrage en fonction de la pièce est nettement plus complexe que nos expériences précédentes dans ce domaine. Déjà, il faut des outils qui ne sont pas fournis avec les moniteurs, un logiciel Room EQ Wizard qui est gratuit, donc pas de problème, mais aussi un micro de mesure spécifique Earthworks M23R, qui coûte la bagatelle de 689 €. Après avoir effectué les mesures, ce qui est une étape résolument plus laborieuse que chez Sonarworks, IK Multimedia et autres, il faut envoyer ces mesures à Kali et payer 50 $ par moniteur pour obtenir les fichiers de calibrage qui pourront finalement être chargés dans les moniteurs à l’aide du Control Panel. On n’a pas eu la possibilité d’expérimenter ce calibrage et d’écouter le résultat, on ne se prononcera donc pas plus que cela sur le sujet.
FAQ
Quels sont les avantages des moniteurs Kali SM5 ?
Les Kali SM5 offrent une excellente précision stéréo, un DSP intégré avec calibrage, une connectivité réseau pour le contrôle à distance, et une gestion fine de la réponse en fréquence.
Les Kali SM5 sont-elles adaptées aux home studios ?
Elles le peuvent, mais leur prix et leur calibrage avancé les destinent surtout à des studios professionnels ou des home studios très exigeants.
Faut-il un micro spécifique pour la calibration ?
Oui, le calibrage nécessite un micro de mesure Earthworks M23R, non fourni, ce qui peut représenter un coût supplémentaire non négligeable.
Les câbles réseau et USB sont-ils fournis avec les SM5 ?
Non, les câbles USB et RJ45 nécessaires pour utiliser le logiciel de contrôle ne sont pas inclus.
Peut-on utiliser les SM5 sans connexion réseau ?
Oui, les réglages peuvent être chargés dans le DSP des enceintes via USB ou réseau, puis elles fonctionnent de manière autonome sans être connectées.
Caractéristiques techniques
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Haut-parleurs :
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Grave : 6,5 pouces
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Médium : 4 pouces coaxial avec le tweeter
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Tweeter : à dôme métallique, coaxial
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Réponse en fréquence : environ 50 Hz — 22 kHz (limitation sous 50 Hz)
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Dimensions : 396 × 200 × 255 mm (hauteur x largeur x profondeur)
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Connectique :
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Entrée audio : XLR symétrique
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Port USB-A (en façade, pour le DSP)
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Port RJ45 (réseau pour contrôle DSP)
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Entrées/sorties AES/EBU via BNC
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DSP intégré avec :
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8 bandes d’égalisation paramétrique
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Réglages de délais, Trim, Mute, Solo, standby
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Préréglages de placement selon la pièce
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Calibrage acoustique (optionnel) via micro Earthworks M23R (non fourni) et service payant
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Matériaux : coffret MDF finition noir mat
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LED de statut en façade
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Bouton de volume cranté (System Output)