Le catalogue de la marque italienne IK Multimedia est impressionnant, les Transalpins donnant l’impression d’être présents sur tous les fronts. Applis mobiles, claviers MIDI, microphones, plug-ins, instruments virtuels, DJing, vidéo et même enceintes avec l’iLoud. Cette dernière, qui se destine plus à l’écoute récréative, a vu une nouvelle cousine débarquer, l’iLoud Micro Monitor, une paire d’enceintes très compactes et destinées au mixage et la production musicale. Et ça, ça nous intéresse !
Si le marché des enceintes de monitoring de proximité équipées d’un boomer de trois pouces demeure assez développé, chaque marque (Genelec, Eve Audio, Mackie, Alesis, Fostex) y allant de sa petite référence, IK Multimedia se démarque d’entrée en proposant un modèle beaucoup plus compact (180 × 135 × 90 mm) que ceux que l’on trouve généralement chez la concurrence (116 × 190 × 134 pour la SC203 de Eve Audio ou encore 195 × 121 × 116 mm pour la 8010 de Genelec). L’iLoud Micro Monitor est particulièrement étroite et trouvera sa place sur n’importe quel bureau. Côté poids, c’est aussi assez léger avec 1,720 kg sur la balance pour les deux enceintes, soit environ deux fois moins que les deux concurrentes précitées. Pour la compacité et le transport, on regrettera juste que les iLoud Micro Monitor aient une alimentation externe, soit un bloc secteur à trimballer en plus… Ajoutez à cela un gros câble reliant les deux enceintes, et les enceintes d’IK seront encore un peu moins transportables. Malgré tout, le constructeur italien a prévu une sacoche en option qui a l’air assez pratique pour les musiciens nomades.
Des fils et du sans-fil
À l’avant, on retrouve les deux transducteurs, à savoir le tweeter type dôme de soie de 3/4 de pouces et le boomer de 3 pouces, alimentés par deux amplis en classe D de 50 W avec une fréquence de coupure située à 3 kHz. Juste en dessous se situent la LED d’activité, le port bass reflex et le pied permettant d’incliner l’enceinte, chose très pratique lorsqu’elle est placée sur un bureau. À l’arrière de l’enceinte gauche, on retrouve le potard de volume, des entrées aux formats mini-jack TRS et RCA (un câble RCA/mini-jack est d’ailleurs fourni), le bouton de mise sous tension (pas super accessible), le bouton pour l’appairage du Bluetooth (qui induira une latence de 155 ms), le connecteur pour relier l’enceinte droite et les trois réglages pour modifier la réponse en fréquences. Le premier dénommé Desktop filter tentera de compenser l’effet acoustique du bureau qui aura généralement tendance à accentuer certaines fréquences. Ce filtre rajoute 3,5 dB entre 1 kHz et 10 kHz et retire 1 dB sous 400 Hz. Les deux autres filtres sont de type « plateau » et permettent de retirer 3 dB au-dessus de 4 kHz et en dessous de 250 Hz. Il faudra attendre l’écoute pour savoir si ces réglages sont intéressants. À noter qu’il sera aussi possible de mettre les enceintes sur des pieds de micro, ce qui vous fera gagner de la place et surtout vous évitera des réflexions indésirables. Si vous pouvez le faire, faites-le !
Pour les besoins du test, les enceintes seront posées sur un bureau Modson face aux SC203 de Eve Audio dotées elles aussi d’un boomer de 3 pouces. À noter que les Eve Audio restent plus imposantes et plus onéreuses (500 € la paire contre 300 € pour les IK). Après quelques pré-écoutes, nous avons décidé d’activer le filtre desktop afin d’aplanir un peu la réponse en fréquences, même si nous le verrons, le résultat reste déséquilibré et le filtre n’a finalement que trop peu d’incidence.
Écoute
Johnny Cash – Hurt
Sur la guitare acoustique Martin, les enceintes IK sonnent beaucoup plus médium que les Eve, qui en comparaison ont un rendu plus creusé. On sent quand même qu’il manque de la brillance et de la présence sur les iLoud. L’arrivée de la voix confirme la grande différence entre les deux enceintes, à savoir un son très nasal sur les IK et un rendu un peu plus creusé dans les bas médiums (400/800 Hz) sur les Eve Audio. On ressent qu’il manque vraiment de l’air sur les iLoud, le tout est très boxy. Avec le filtre Desktop désactivé, les hauts médiums sont un peu moins présents, le bas revient un peu plus, mais les aigus demeurent toujours cachés… Dommage, surtout que les réglages situés à l’arrière ne permettent que de les atténuer, alors qu’il aurait fallu les accentuer !
Michael Jackson – Liberian Girl
Sur la nappe d’intro, les IK accusent un peu le coup avec un manque de détails dû à l’insuffisance dans le haut du spectre. Forcément, avec des aigus à partir de 4 kHz en retrait, on perd en détail. Sur l’équilibre général, les IK sont vraiment en souffrance avec le sentiment qu’un voile se pose quand on vient des SC203. On a vraiment l’impression que Michael Jackson met ses mains devant la bouche quand on passe sur les IK. Elles descendent en revanche assez bas dans le spectre même si l’équilibre général de l’enceinte fait sonner le kick de manière un peu « cartonnée ». Cela reste quand même un petit point positif : les enceintes, malgré leur taille réduite, donnent le change dans le bas du spectre. Côté dynamique, on sent qu’il manque un petit quelque chose par rapport aux Eve, et côté image stéréo, les aigus en berne rendent l’espace sonore un peu plus réduit, forcément.
Gorillaz – Feel Good Inc.
Sur cette chanson, les IK Multimedia confirment leur bas assez solide et sec. Ça ne bave pas et cela reste assez lisible. Vu leur gabarit, c’est assez impressionnant. Pour le reste, c’est le même problème avec un déséquilibre hauts médiums/aigus qui rend le tout très boxy, l’effet radio sur la voix devient carrément exagéré. Tous les petits détails de craquements de type vinyle passent à la trappe sur les iLoud et l’impression de se déboucher les oreilles quand on passe sur les Eve est encore plus présente. Alors soit, les Eve restent des enceintes un peu brillantes et un peu creusées dans le bas médiums, mais il reste que les IK sont trop ternes, on perd trop de détails et le rendu n’est en plus pas du tout agréable à l’écoute. Il manque vraiment un réglage +4 dB à partir de 4 kHz, dommage.
Pour résumer l’écoute, les iLoud nous ont impressionnées dans le bas du spectre, avec un rendu sec et précis qui descend assez bas (65 Hz) vu le volume des enceintes. Pour le reste, les hautes fréquences sont beaucoup trop en retrait, ce qui en plus de donner un rendu très boxy et fermé, masque pas mal de détails importants. Régler des réverbes avec ces enceintes doit être assez compliqué.
Conclusion
Si les iLoud disposent d’énormément de qualités, comme leur bas impressionnant, leur compacité (même s’il y a un transfo externe et un gros câble entre les deux enceintes), leur pied intégré ou encore leur connectivité Bluetooth, il est compliqué pour nous de les conseiller pour le mixage ou la production musicale pour une simple et bonne raison, les aigus en berne. Le rendu est trop boxy et pas mal de détails passent à la trappe, ce qui est vraiment rédhibitoire, surtout quand on ne peut pas le corriger. Côté ergonomie, on aurait aussi souhaité avoir un switch à l’avant ou au moins un mode veille automatique. On espère que le constructeur italien pourra revoir rapidement sa copie, car l’idée d’une paire d’enceintes de monitoring ultra compacte est vraiment très bonne.