La dernière référence du comparatif des enceintes de trois pouces à 100 € à passer sous la loupe d’Audiofanzine est l'Alesis Elevate 3 mkII, qui se distingue des trois autres modèles mais pas toujours pour les bonnes raisons.
Si la Mackie CR3 nous avait fait très forte impression lors du déballage, nous sommes beaucoup plus réservés à ce sujet concernant l’Elevate 3 mkII. Pas que le look soit raté, il est même plutôt réussi si l’on recherche un modèle un peu passe-partout, mais la qualité d’assemblage nous a semblé un peu approximative, avec des arêtes pas toujours bien régulières et des surfaces hétérogènes au niveau de la texture… Bref, tout ça ne respire pas la qualité. On aurait pu considérer qu’à ce prix-là, on ne peut pas tout avoir, mais les trois autres références testées précédemment prouvent le contraire. L’Elevate a néanmoins un point positif : elle est compacte (127 × 163 × 190 mm) et plutôt légère (2,9 kg), même si elle n’égale pas la M-Audio de ce point de vue.
À l’avant, on remarque que l’Elevate ne propose pas, contrairement à ses concurrentes, d’entrée auxiliaire. Dommage, ce genre de connecteur est pratique pour brancher rapidement un smartphone. On retrouve quand même la sortie casque et le potard de volume/switch de mise sous tension, présents aussi sur les trois autres enceintes testées.
À l’arrière, point d’entrées symétriques (seulement du RCA), mais une sortie stéréo en mini-jack pouvant servir à relayer le signal entrant à une console de mixage, un enregistreur ou encore une autre paire d’enceintes amplifiées. Nous doutons de l’utilité d’une telle sortie en pratique, et on aurait personnellement préféré une entrée auxiliaire à l’avant…
Le câble reliant les deux enceintes est différent ici aussi, c’est un modèle type mini-jack/mini-jack au lieu du câble de deux conducteurs dénudés des autres références. L’avantage c’est que c’est plus simple à brancher et que l’on ne peut pas inverser la polarité, mais si vous n’êtes pas daltonien vous devriez, a priori, vous en sortir aussi avec les PreSonus, M-Audio et Mackie. Enfin, Alesis ne fait pas l’erreur de Mackie en fournissant un câble d’alimentation détachable et propose même un switch intitulé « bass boost » que nous ne manquerons pas d’essayer lors de l’écoute. À l’intérieur de la bête, on retrouve un boomer de trois pouces et un tweeter d’un pouce de type dôme de soie, alimentés par deux amplis de 10 W (un par canal).
Écoute
Passons maintenant au cœur de l’article, à savoir l’écoute comparative avec la PreSonus Eris 3.5 et la M-Audio AV32. Le compte-rendu est cette fois-ci différent des trois précédents, notre système d’écoute nous permettant de ne comparer confortablement que trois paires d’enceintes à la fois, nous avons décidé de retirer la Mackie CR3 afin de la remplacer par l’Elevate 3 mkII. Nous avons donc comparé l’Alesis aux meilleures !
Nous avons utilisé une Apollo 8 d’Universal Audio qui permet de passer rapidement d’une paire d’enceintes à une autre et des fichiers non compressés que nous connaissons bien pour les avoir utilisés sur de nombreux tests d’enceintes passés. Nous avons placé les enceintes sur pied en nous arrangeant pour avoir la même distance entre les enceintes gauches et les enceintes droites sur chaque modèle afin de ne pas fausser la largeur stéréo.
Johnny Cash – Hurt
Ayant déjà testé les Eris 3.5 et AV32 précédemment face aux Mackie CR3, nous allons ici plus nous pencher sur le cas des Elevate MKII D’Alesis, en prenant les PreSonus et M-Audio comme référence.
Sur l’introduction avec la guitare acoustique Martin, les Elevate tranchent tout de suite avec les deux autres enceintes en proposant un rendu beaucoup plus limité dans le bas, une emphase dans les bas-médiums assez peu naturelle (500 Hz – 1 kHz), un creux important dans le haut-médium (3–5 kHz) et une brillance exacerbée dans les aigus à partir de 6 kHz. La guitare donne l’impression d’avoir une toute petite caisse, un peu à la manière d’une Baby Taylor. On sent que l’enceinte essaie de compenser un manque dans le bas du spectre en mettant en avant le bas-médium, mais ça a tendance en embourber le mix final. Quand la voix arrive, on constate que, même par rapport aux pourtant brillantes PreSonus, les Alesis ont des aigus très développés et que la voix a un rendu assez creux, à l’opposé des M-Audio, qui demeurent plus centrées sur les moyennes fréquences. Ce n’est pas avec ce morceau que les Alesis vont nous convaincre.
Michael Jackson – Liberian Girl
L’introduction avec l’ambiance et les nappes permettent d’entendre parfaitement la réponse en fréquences des Alesis qui ont un haut de spectre très développé, même face aux Eris, à partir de 6 kHz. Quand la basse et la grosse caisse arrivent, les Alesis font vraiment pâle figure par rapport aux deux autres concurrentes. Le bas du spectre coupe vraiment très haut, vers 150 Hz (avec le bass boost activé…), alors que les deux autres peuvent parvenir à 80 Hz sans trop de problèmes. La différence est vraiment énorme quand on passe d’une paire à une autre. Pour le reste du spectre, on fait les mêmes constatations que sur la chanson précédente, à savoir des bas-médiums qui embourbent le mix, un gros creux dans le haut-médium et beaucoup d’aigus et d’air dans le mix qui a tendance à désincarner les voix.
Gorillaz – Feel Good Inc.
Évidemment, ce n’est pas avec cette chanson que les Alesis vont briller… Le bas de la chanson est complètement raboté, et il manque beaucoup d’informations. Le passage avec la voix et l’effet radio est assez intéressant, car la courbe de réponse en fréquences de l’enceinte atténue complètement l’effet. Il est compliqué de trouver des qualités aux Elevate mkII qui possèdent trop de limites dans le bas du spectre et une réponse en fréquences beaucoup trop accidentée pour être fiable en utilisation home-studio.
Conclusion
Vous l’aurez compris, l’Elevate est la lanterne rouge de notre comparatif des enceintes de monitoring de troispouces à 100 €. Si les trois autres références arrivent à se démarquer avec chacune des qualités bien spécifiques, il est difficile de trouver des réels arguments en faveur de l’enceinte Alesis, mis à part peut-être le type de connexion entre les deux enceintes et leur format plutôt compact, mais le bilan reste bien maigre… Étant donné que l’on trouve mieux ailleurs pour le même prix, nous vous conseillons plutôt de relire nos trois articles précédents afin d’arrêter votre choix.