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Test de l'Analog Four d'Elektron - La boîte à malice

Faire tenir 4 voix de synthèse analogique dans un module séquenceur orienté live bourré d’astuces pour faire bouger le son, tel est le pari d’Elektron. Voyons en quoi l’Analog Four a de quoi séduire…

Premier produit signé Elek­tron il y 15 ans, la Sidsta­tion combi­nait une géné­ra­tion sonore hybride, oscil­la­teurs numé­riques et filtre analo­gique, qui a fait son succès. Au début des années 2000, la société suédoise a commencé à décli­ner une gamme de puis­santes machines numé­riques conçues pour la perfor­mance live, basées sur la multi­syn­thèse, les percus­sions ou l’échan­tillon­nage. Citons respec­ti­ve­ment la Mono­ma­chine, la Machi­ne­drum et l’Octa­track. Mais quelle ne fut pas notre surprise, fin 2012, de décou­vrir, dans un clip origi­nal d’ins­pi­ra­tion SF, une petite bombe embarquant un géné­ra­teur analo­gique multi­tim­bral et un séquen­ceur à pas bien agité. D’abord commer­cia­lisé en direct puis main­te­nant via le réseau d’im­por­ta­teurs Elek­tron, l’Ana­log Four a vu son OS peau­finé depuis quelques mois. La marque vient tout juste de nous propo­ser un modèle flam­bant neuf en test. Nous l’avons immé­dia­te­ment passé en OS 1.4C et installé au milieu de notre arse­nal sono­re…

Mono­lithe ventilé

Tout comme le Magma d’Eo­wave testé récem­ment, l’Ana­log Four est un mono­lithe noir mat compact, au format à l’ita­lienne plus conven­tion­nel ; on peut l’ins­tal­ler à plat ou en rack 4U (cornières en option). L’ins­tru­ment respire la classe dès le débal­lage : débar­rassé du carton décor exté­rieur, il nous faut ouvrir un second carton noir haut de gamme où repose la machine, tel un bijou dans son écrin (si, si…). La classe ! On trouve un petit compar­ti­ment avec la connec­tique : alimen­ta­tion secteur (type bloc au milieu) et câble USB. Un manuel papier de prise en main est fourni, mais le manuel complet est télé­char­geable sur le site construc­teur, unique­ment en anglais ou japo­nais…

Elektron Analog Four

Sorti de son plas­tique de protec­tion, l’Ana­log Four se présente sous la forme d’un module tout en métal extrê­me­ment robuste. Un petit coup d’œil sur chaque côté laisse appa­raître de petites ouïes de venti­la­tion… le pépère chauffe un peu, c’est bon signe. La qualité est aussi au rendez-vous au niveau des boutons, à course géné­reuse et confor­table, avec un ressort de rappel parfai­te­ment cali­bré ; on appré­cie… d’au­tant que la façade renferme pas moins de 64 boutons pous­soirs.

Côté rota­tifs, on trouve un potard de volume, un enco­deur niveau de partie / entrée de données et 2 rangées de 5 enco­deurs d’édi­tion temps réel, de part et d’autre de l’af­fi­cheur. Ces 11 enco­deurs sont parfai­te­ment lisses, bien ancrés à la façade et offrent une fonc­tion pous­soir permet­tant d’ac­cé­lé­rer leur action, bien vu ! On peut regret­ter la trop grande proxi­mité des 10 enco­deurs d’édi­tion, il nous est arrivé de modi­fier une valeur d’un enco­deur voisin sans le vouloir ; ce n’est pas trop grave pour les valeurs conti­nues, puisque les enco­deurs sont en prise directe (pas d’ef­fet de saut), mais c’est plus gênant pour les valeurs discrètes (genre choix du type de filtre). Tant qu’on râle, signa­lons la toute peti­tesse du LCD rétroé­clairé mono­chrome (à vue de nez un 122 × 32 pixels), limi­tant à 3 carac­tères le nom de certains para­mètres, bien serrés !

Elektron Analog Four

Le panneau arrière regroupe l’en­semble de la connec­tique : prise pour alimen­ta­tion externe 12V, inter­rup­teur secteur, prise USB 2.0 type B (données Midi / dumps programmes / OS), trio Midi (commu­table en double sortie synchro), 2 sorties CV / Gate / Trig­ger pour raccor­de­ment à du maté­riel 100% analo­gique, 2 entrées audio (paire stéréo), 2 sorties audio (paire stéréo, donc pas de sorties sépa­rées par voix) et une prise casque. Les entrées audio permettent d’en­voyer un signal externe mono ou stéréo vers les filtres et les effets, nous y revien­drons. Fort de cette connec­tique, l’Ana­log Four est connec­table avec des instru­ments élec­tro­niques de toutes les époques.

Dur à cuire !

Elektron Analog Four

La concep­tion des machines Elek­tron a toujours néces­sité un temps de prise en main. L’Ana­log Four n’échappe pas à la règle, parce qu’il permet un tas de choses sur une surface propor­tion­nel­le­ment très réduite. La partie gauche de la façade est réser­vée à la sélec­tion du mode de jeu et des banques de patterns ; pour choi­sir un pattern, il faut choi­sir le groupe (supé­rieur / infé­rieur), appuyer sur l’une des 4 touches de banque et sélec­tion­ner l’un des 16 gros boutons de la rangée infé­rieure ; cela paraît simple de prime abord, mais on peut se plan­ter assez vite… Au centre, on trouve les touches d’édi­tion, de navi­ga­tion dans les menus et de trans­port simpli­fié du séquen­ceur (enre­gis­tre­ment, lecture / pause, arrêt). À droite, les 2 rangées d’en­co­deurs permettent de modi­fier des para­mètres en temps réel, suivant la page sélec­tion­née au moyen des boutons situés juste en-dessous et selon la piste acti­vée : c’est ainsi qu’on modi­fiera les évolu­tions d’un filtre ou d’un temps de réverbe, en temps réel, voire plusieurs para­mètres sur des pistes diffé­rentes, en un seul tour de vis !

Elektron Analog Four

La ligne de 7 boutons verti­caux située tout à droite permet de sélec­tion­ner une piste, de l’ac­ti­ver / muter la piste ou de la trans­po­ser à la volée. Pour ce dernier point, on peut utili­ser le groupe de 13 boutons blancs et noirs arran­gés en mini-clavier une octave, lui-même trans­po­sable sur 5 octaves. En partie infé­rieure, une ligne de 16 gros boutons permet de suivre et éditer les Patterns par pas ; elle est agré­men­tée de 16 diodes (l’Ana­log Four en regorge des dizaines, parfois bico­lores). Chaque bouton dispose de 2 fonc­tions (parfois 3 pour celles assi­gnées aux para­mètres de synthèse). Ceci permet, en conjonc­tion avec la touche « Func­tion », d’ac­cé­der à la très grande majo­rité des para­mètres dispo­nibles, l’écran se conten­tant souvent d’af­fi­cher la page d’édi­tion, les para­mètres et les valeurs modi­fiables. Incon­vé­nient, on se prend parfois les pieds dans le tapis, notam­ment lors de la sélec­tion, l’ac­ti­va­tion ou la coupure des pistes. En résumé, on ne peut pas dire que l’er­go­no­mie soit mauvaise, c’est juste que la machine est bour­rée de para­mètres, donc il faut être vigi­lant à l’usage.

Sound of Four Voice

Elektron Analog Four

L’Ana­log Four est un synthé – séquen­ceur multi­tim­bral orga­nisé autour de Patterns ryth­miques 6 pistes. Les pistes 1 à 4 contiennent chacune un son mono­pho­nique (une voix de synthé), la piste 5 contient les réglages dyna­miques des 3 effets dispo­nibles et la piste 6 contient les réglages dyna­miques de 4 CV / Gate / Trig­ger permet­tant de pilo­ter des synthés analo­giques purs externes. Chaque voix de synthé est produite par un moteur analo­gique (oscil­la­teurs + filtres + ampli stéréo) sous contrôle numé­rique (accor­dage, modu­la­tions). On ne peut pas allouer plusieurs voix à une seule piste donnée pour produire direc­te­ment un accord ; le construc­teur réflé­chit encore à l’im­plé­men­ta­tion d’un tel mode poly­pho­nique. Les Patterns peuvent ensuite être assem­blés, comme nous le verrons plus tard.

L’écoute des quelques Patterns de démons­tra­tion permet déjà de se faire une bonne idée de ce qu’est capable la machine : des basses biens dodues (grasses ou rondes, avec ou sans Sub destruc­teur), des pads filtrés très agréables, des leads aigre­lets ou violents, des effets spéciaux variés et d’ex­cel­lentes percus­sions analo­giques. Les enve­loppes sont suffi­sam­ment rapides pour casser la baraque, comme en témoignent les grosses caisses, les caisses claires, les hi-hats et autres percus­sions synthé­ti­sées ; en abusant de la distor­sion, le son bouillonne, le filtre sature, la réso­nance siffle (parfois un peu trop…). Elek­tron nous offre là un bon son analo moderne, parfois brillant, parfois bien crade quand on en a envie. Le tout est rehaussé par une très belle réverbe dont nous repar­le­rons…

Elektron Analog Four

Mais c’est en commençant à tripa­touiller tous ces enco­deurs et boutons qu’on s’éclate vrai­ment : on lance un motif, on fait appa­raitre une partie, on modi­fie les para­mètres de synthèse, on trans­pose à la volée, on bloque certaines valeurs, on modi­fie le temps de réverbe, on chaîne un autre motif… pendant que ça tourne, on coupe des pas un à un, on ajoute un accent ou un petit Slide bien placé… le pied ! Avec 4 voix, on crée assez rapi­de­ment des séquences évoluées, d’au­tant que les sons et les modu­la­tions peuvent être consi­dé­ra­ble­ment diffé­rents d’un pas à l’autre. On a d’ailleurs souvent l’im­pres­sion d’en­tendre plus de 4 lignes sonores en même temps, telle­ment c’est souple !

A01
00:0001:37
  • A01 01:37
  • A03 01:42
  • A06 01:23
  • A07 00:43
  • A12 00:45
  • A13 01:01
  • A14 01:38
  • B03 01:51
  • B07 01:09
  • B10 01:42
 

Pistes de synthé…

Elektron Analog Four

Les 4 premières pistes, comme nous l’avons dit, sont dédiées à la synthèse. Chacune renferme un synthé analo­gique mono­pho­nique, doté de 2 DCO, 2 Sub DCO, un géné­ra­teur de bruit numé­rique, 2 filtres, 1 distor­sion et 1 VCA stéréo pour produire le son. Les DCO ont un para­mètre Drift, pour ceux qui aiment l’in­sta­bi­lité de la fréquence propre aux VCO. Chaque DCO propose un accor­dage gros­sier sur plus ou moins 64 demi-tons et un accor­dage fin, qui peut être constant ou suivre le clavier, bien vu ! La fréquence peut être fixe, très utile pour les percus­sions. On règle ensuite le niveau d’en­trée dans le filtre, dont les valeurs les plus élevées saturent ce dernier et agissent sur la réso­nance. C’est alors le moment idéal pour choi­sir sa forme d’onde ; si on ne peut en acti­ver qu’une à la fois par DCO, toutes ont la parti­cu­la­rité d’avoir un contenu harmo­nique conti­nû­ment variable, que ce soit la dent de scie, l’im­pul­sion tran­sis­tor (type TB Roland), l’im­pul­sion clas­sique ou le triangle. La « largeur d’im­pul­sion » varie de 0 à 100% et peut être modu­lée par un LFO indé­pen­dant à inten­sité et vitesse program­mables. On peut aussi substi­tuer à l’onde l’une des entrées audio ou créer une boucle de filtre, sympa ! S’ajoute un Sub oscil­la­teur pour chaque DCO (carré à –1 ou –2 octaves, impul­sion à –2 octaves) et un unique géné­ra­teur de bruit numé­rique avec couleur variable et fondu (en entrée et en sortie, idéal pour créer des percus­sions sans consom­mer d’en­ve­loppe).

Elektron Analog Four

Elek­tron a eu l’ex­cel­lente idée de rendre les DCO inter­ac­tifs et de bien belle manière : au programme, modu­la­tion d’am­pli­tude de 1 par 2 et de 2 par 1 (double Ring Mod comme sur le Synthex) puis synchro de 1 par 2, de 2 par 1 ou croi­sée (mode Metal comme sur le JX-3P) ; mieux, un para­mètre continu permet de passer progres­si­ve­ment d’une Soft Sync à une Hard Sync. Un auto­bend program­mable en inten­sité (bipo­laire) et en temps permet de géné­rer des glis­se­ments plus ou moins rapides vers la note en cours. Dommage qu’on ne puisse le désac­ti­ver de l’un des DCO. On peut ensuite forcer la phase des DCO à redé­mar­rer à chaque appui de note, idéal pour ajou­ter du punch aux sons percus­sifs. Enfin, un vibrato peut agir sur le pitch global, avec vitesse et inten­sité program­mables. Tout cela commence très bien !

… et de modu­la­tions

Elektron Analog Four

Le signal ainsi produit (2 DCO ou entrées audio + 2 Sub + Noise) attaque ensuite un premier filtre analo­gique passe-bas réso­nant 4 pôles en échelle de tran­sis­tors (façon Moog). La réso­nance est plus impor­tante sur les fréquences élevées, voire très sifflante à partir de l’auto-oscil­la­tion. On peut ajou­ter du feed­back dans ce premier filtre : les valeurs néga­tives créent un écrê­tage doux, alors que les valeurs posi­tives apportent une distor­sion plus marquée. La fréquence de coupure peut suivre le clavier et être modu­lée par une enve­loppe ADSR dédiée, avec des valeurs bipo­laires pour chaque modu­la­tion. Le second filtre, placé unique­ment en série, est un filtre multi­mode analo­gique 2 pôles à VCA, avec une réso­nance rela­ti­ve­ment constante quelle que soit la fréquence. Ce filtre possède 7 modes : passe-bas 2 pôles, passe-bas 1 pôle, passe-bande, passe-haut 1 pôle, passe-haut 2 pôles, réjec­tion de bande et peak. Là encore, la fréquence de coupure peut être modu­lée par le suivi de clavier et l’en­ve­loppe de filtre, tout cela en bipo­laire. La section ampli stéréo analo­gique permet de régler le volume final, le pano­ra­mique, les départs vers les 3 effets et l’en­ve­loppe ADSR de volume.

Pour modu­ler les para­mètres, on dispose de 3 enve­loppes ADSR : une figée sur l’am­pli, une assi­gnée aux filtres et une libre ; les 2 dernières ADSR peuvent modu­ler 2 desti­na­tions de façon bipo­laire, à choi­sir parmi 50 para­mètres : quasi­ment tous les para­mètres des DCO, leurs inter­ac­tions, leur vibrato, les filtres (FC et Q), l’ADSR sur l’am­pli, le volume, le pano­ra­mique, les départs effets et l’ac­cent. Chaque enve­loppe possède des segments à forme variable (log, linéaire, expo­nen­tiel), ce qui la rend assez passe-partout, dans les registres rapides comme lents. S’y ajoutent 2 LFO synchro­ni­sables assez complets : vitesse (synchro à l’hor­loge globale / Midi et facteur multi­pli­ca­teur), fondu en entrée ou sortie, phase, mode de déclen­che­ment (libre, redé­clen­ché, demi-cycle unique, cycle unique) et forme d’onde (triangle, sinus, carré, dente de scie, courbe expo­nen­tielle, rampe, aléa­toire). Les LFO sont capables d’os­cil­ler jusqu’aux niveaux audio (ils se règlent par multi­pli­ca­tion de la fréquence de base, ce jusqu’à 2000 fois !), mais le résul­tat est plutôt sale (alia­sing et autres bruits métal­liques peu musi­caux) ; ils peuvent modu­ler chacun 2 desti­na­tions, là encore à choi­sir dans une liste de plusieurs dizaines de para­mètres (les mêmes que précé­dem­ment plus les enve­loppes et les LFO). Pour sauve­gar­der ses sons, l’Ana­log Four offre 128 empla­ce­ments mémoire que l’on pourra rappe­ler au sein de chaque piste de Pattern.

Piste d’ef­fets

L’Ana­log Four offre 3 effets numé­riques placés en paral­lèle du signal analo­gique. Le premier effet est un Chorus plutôt quel­conque, avec pré-délai, vitesse, profon­deur, feed­back (assez diffi­cile à maîtri­ser), filtrage passe-bas et passe-haut, niveau final et départs vers le délai et la réverbe. Deuxième effet, le délai se synchro­nise au tempo ; cette synchro ne décroche pas lors des varia­tions lentes de tempo, mais se met à coui­ner joyeu­se­ment lorsqu’on change la donne de manière exagé­rée. Il peut fonc­tion­ner en place­ment stéréo ou ping-pong, avec éten­due ajus­table. Comme tout bon délai, on trouve un feed­back, des filtrages passe-bas et passe-haut ; mieux, un over­drive permet de percer les tympans de ceux qui souffrent d’otite aigüe. Le niveau final est aussi réglable, tout comme le départ vers la réverbe. Ce troi­sième et dernier effet embarqué est une simu­la­tion de pièce très réus­sie, avec une belle queue sans aspé­ri­tés métal­liques ou bouclages courts désa­gréables. Les para­mètres dispo­nibles sont le pré-délai, le temps de réverbe, la fréquence de Shel­ving, le gain, le filtrage passe-bas, le filtrage passe-haut et le niveau global. Vrai­ment une magni­fique réverbe !

Chaque piste de synthé possède un départ séparé vers chacun des effets, comme sur une table de mixage. On peut aussi trai­ter chacune des entrées audio, avec départs gauche et droit sépa­rés vers chaque effet. La piste FX a ses 2 LFO dédiés, qui possèdent les mêmes para­mètres que les LFO des pistes synthé, chacun capable de modu­ler 2 desti­na­tions. On y trouve une tren­taine de para­mètres assi­gnables : les départs effets, le volume et le pano­ra­mique de chaque entrée audio, ainsi que tous les para­mètres d’ef­fets, rien que cela ! Les réglages d’ef­fets et toutes les modi­fi­ca­tions en temps réel les concer­nant sont mémo­ri­sés au sein de la piste FX, dans chaque Pattern, ce qui permet des évolu­tions temps réel complé­men­taires aux varia­tions des pistes synthés, en parfaite synchro­ni­sa­tion.

Piste CV

Elektron Analog Four

Grâce à sa piste CV, l’Ana­log Four est capable d’en­voyer des messages CV / Gate / Trig­ger séquen­cés vers le monde exté­rieur, en synchro avec tout le reste. Ceci se fait à l’aide des 2 connec­teurs CV Gate Out (AB et CD) au format jack TRS (câbles d’in­sert par exemple) situés sur le panneau arrière. Pour chaque port (ABCD), on choi­sit au niveau global le type de signal qui doit être envoyé : CV sur Pitch en V/Octave (valeur en Volt de la note C central, suivi de clavier en Volt), CV sur Pitch en Hz/V (accor­dage, profon­deur d’oc­tave), CV linéaire (tension mini, tension maxi, réglables entre –10 et +10 V par déci-Volt), Trig­ger (longueur et pola­rité), Gate (pola­rité, niveau réglable de 0 à 10 V par déci-Volt) ou mise à la masse.

Le reste des réglages est mémo­risé dans chaque piste : accor­dage par demi-ton et fin (modes CV sur Pitch), le niveau de voltage du CV (mode linéaire) et la piste de base pour envoyer les valeurs de CV (l’une des 6 pistes peut être utili­sée). Pour modu­ler le tout en direct (en plus des modu­la­tions de pistes), on dispose de 2 enve­loppes ADSR et 2 LFO, iden­tiques à ceux des autres pistes. Ce qui change, ce sont les 2 desti­na­tions de chacune des modu­la­tions, cette fois dédiées aux CV : accord gros­sier, accord fin, niveau, valeur, piste source, ce pour les 4 ports ABCD. Pour les LFO, on ajoute à cette liste les para­mètres d’en­ve­loppes (ADSR, temps de Gate, profon­deurs de modu­la­tion). Une concep­tion vrai­ment origi­nale qui trans­forme l’Ana­log Four en puis­sant séquen­ceur de type analo­gique, parfai­te­ment inté­gré à des synthés purs analo, vintage ou contem­po­rains, là où le CV / Gate règne en maître absolu et où la main du Midi n’a jamais mis le pied.

Assem­blages sauva­ges…

Les réglages statiques des 6 pistes (4 sons, 3 effets et 4 CV) sont assem­blés dans des kits, liés à des Patterns ryth­miques ; il y a 128 kits et 128 Patterns en mémoire utili­sa­teur. C’est au niveau du Pattern qu’on peut régler l’ac­tion de quelques contrô­leurs externes : la courbe de réponse de la vélo­cité assi­gnée au volume (3 types), 5 choix de desti­na­tions pour la vélo­cité (avec quan­ti­tés bipo­laires de modu­la­tion), 5 pour le pitch­bend, 5 pour la molette, 5 pour le contrô­leur de souffle et 5 pour la pres­sion (où leurs CC corres­pon­dants). De quoi faire… Chaque Pattern peut conte­nir de 1 à 64 pas (4 sections de 16 pas acces­sibles avec la touche Page). Dans un Pattern, chaque piste peut avoir une longueur diffé­rente de pas, ce qui permet des évolu­tions très complexes. Par contre, il n’y a pas d’in­ver­sion de sens lecture ou de mode aléa­toire, l’exo­tisme s’ar­rête là…

Elektron Analog Four

En lecture, on peut lancer un Pattern, couper une piste, modi­fier des para­mètres (synthèse, effets, CV), reve­nir aux valeurs initiales instan­ta­né­ment (sons / effets, pistes, Patterns). Mieux, le mode Perfor­mance permet d’as­si­gner 10 para­mètres aux enco­deurs, ou plutôt des macro-commandes, afin de pilo­ter plusieurs para­mètres diffé­rents sur plusieurs pistes simul­ta­nées ; ainsi, pendant que le Pitch plonge sur la piste 1, la réso­nance du filtre explose sur la 3 ! On peut ajou­ter un peu de Swing (50 à 80%), accen­tuer certains pas, lier certaines notes ou des para­mètres enre­gis­trés (pour les lisser). Chaque piste dispose égale­ment d’un arpé­gia­teur avec sens de lecture variable (ordre initial, haut, bas, alterné, aléa­toire x2), vitesse multiple de l’hor­loge globale / Midi, plage de 1 à 8 octaves, mode legato et durée de note. L’ar­pé­gia­teur travaille sur 16 pas, chacun étant débrayable et peut être utilisé en lecture comme en enre­gis­tre­ment.

… & chaî­nages variés

Elektron Analog Four

En enre­gis­tre­ment, les Patterns se programment indif­fé­rem­ment en pas à pas ou en temps réel. On peut natu­rel­le­ment quan­ti­ser les pas ou béné­fi­cier d’un micro timing précis au 384e de double-croche. Outre l’en­trée de notes avec le clavier inté­gré ou un clavier externe, la toute-puis­sance de l’Ana­log Four réside dans ses génia­lis­simes modes Locks. Le premier, Sound Locks, permet de placer un son diffé­rent à chaque pas des 4 pistes synthé : on pense tout de suite à une alter­nance grosse caisse / caisse claire / percus­sions. Le second, Para­me­ter Locks, permet de modi­fier, à chaque pas de chaque piste, tous les para­mètres program­mables, à concur­rence de 128 maxi­mum par Pattern ; ceci se programme et s’édite en temps réel ou en pas-à-pas, avec les 10 enco­deurs et les 6 boutons de pages de para­mètres situés en-dessous ; par exemple, alors que filtre et pano­ra­mique se baladent sur la piste 1, la piste 2 alterne les percus­sions, alors que sur la piste 3, les DCO synchro­ni­sés gémissent en rythme, tandis que sur la piste 5, le temps de réverbe s’al­longe sur les temps pairs… tout cela se fait de manière discrète ou avec lissage pas par pas (Para­me­ter Slide), ce qui permet de rendre les modu­la­tions conti­nues… plus conti­nues. En 3 mots, ma-gni-fique !

Les Patterns peuvent ensuite être assem­blés en Chains (64 Chains de 2 à 256 pas maxi­mum, à parta­ger entre toutes les Chains). Au stade ultime, Chains et Patterns peuvent être regrou­pés en Song ; à chaque pas d’une Song, on peut spéci­fier jusqu’à 99 répé­ti­tions du Pattern ou de la Chain en cours, puis muter / acti­ver chacune des 6 pistes. Très vite, on crée des Songs complexes, évolu­tives, subtiles, à partir de quelques Patterns / Chains bien choi­sis. Et si on se trompe dans tout cela, on peut rechar­ger chaque son / kit / piste / Pattern tels qu’ils étaient enre­gis­trés avant modi­fi­ca­tion. Niveau mémoires, on ne peut pas dire que l’Ana­log Four batte des records de géné­ro­sité : 128 sons, 128 kits, 128 Patterns assem­blés en 64 Chains et 16 Songs. Heureu­se­ment qu’on peut envoyer et rece­voir tout ce beau monde via Midi / USB.

Conclu­sion

Au final, l’Ana­log Four est une excel­lente surprise. Nous avons appré­cié la qualité de construc­tion irré­pro­chable, la géné­ra­tion sonore analo­gique subti­le­ment cuisi­née à la sauce numé­rique, la multi­tim­bra­lité, la puis­sance de la synthèse, la chouette réverbe, les modu­la­tions temps réel, les auto­ma­tions géniales du mode Pattern et la connec­ti­vité avec le monde exté­rieur. Cette puis­sance concen­trée sur une surface propor­tion­nel­le­ment réduite complique un peu la prise en main ; et pour être parfaite, l’Ana­log Four méri­te­rait un mode poly­pho­nique, plus de mémoires et des sorties sépa­rées. Mais le prix ne serait pas aussi modé­ré… Voici donc un module sonore de très belle facture, destiné aux accros de la synthèse, des perfor­mances live et des séquences multi­tim­brales évolu­tives. Une très belle rencontre !

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

  • Excellent rapport fonctionnalités / prix
  • Savant mélange analogique et numérique
  • Puissance de la synthèse
  • Oscillateurs à ondes variables
  • Modes interactifs avancés des oscillateurs
  • Double filtre analogique résonant
  • VCA analogique stéréo
  • Possibilités étendues de modulations
  • Enveloppes très rapides
  • Fonctions Sound et Parameter Locks géniales
  • Longueur des pistes indépendantes
  • Réverbe très réussie
  • Entrées audio vers les filtres / effets
  • Interfaces multiples (Midi, USB, CV)
  • Qualité de construction
  • Temps de prise en main
  • Artefacts sur les LFO rapides
  • Pas de pistes polyphoniques
  • Nombre de mémoires réduit
  • Pas de sorties séparées
  • Alimentation externe

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