Nous avons eu le loisir de tester pendant de nombreux jours et dans le cadre d’une utilisation intensive, la « Harley Benton SC-DLX Gotoh Black » qui, au premier coup d’œil, n’est pas sans rappeler un célèbre et onéreux modèle américain. Alors, est-ce qu'Harley Benton saura nous convaincre ?
La marque allemande nous propose donc une (énième) copie d’une Les Paul Custom avec néanmoins des caractéristiques bien éloignées de ce qu’offre le géant américain, en plus des quelques milliers d’euros d’écart, bien entendu. Ainsi, on retrouve une caisse en nyatoh avec un vernis noir brillant, entourée d’un filet blanc et noir. La guitare est étonnamment légère et parfaitement équilibrée avec le manche en acajou. Que ce soit en position assise ou debout, cette Harley Benton ne penche ni d’un côté ni de l’autre, beaucoup apprécieront cette caractéristique. Le manche se révèle être très confortable avec son diapason de 628 mm et un profil en C décrit comme moderne dans le sens où il est relativement peu épais, on est donc bien loin de la buche de certaines Les Paul. Celui-ci possède une touche en palissandre, très sombre, qui de loin ferait presque penser à de l’ébène. Il est équipé de 22 frettes en acier inoxydable (fait rare dans cette gamme de prix) de taille « médium jumbo », de repères en forme de trapèze et offre un radius assez plat. L’arrière du manche est verni, mais ne colle absolument pas à la main. L’arrière de la caisse offre quant à lui une découpe profilée pour le confort du buste.
Le manche et la caisse sont collés et la jonction est propre. La pose des frettes est également plutôt qualitative, on ne retrouve pas de frettes coupantes sur la partie basse du manche comme souvent sur des guitares d’entrée de gamme. On notera cependant quelques traces de pose sur le binding du manche, rien de rédhibitoire, bien entendu, et plutôt en adéquation avec le positionnement tarifaire de l’instrument.
La guitare est montée d’origine en 010–046, ce qui, avec ce diapason, offre des sensations de jeu plutôt passe-partout.
Il est à noter également que sur le modèle testé, le réglage d’usine est assez bon. L’action est suffisamment basse et la hauteur des micros est bien ajustée. Seul un léger réglage au niveau des harmoniques a été nécessaire pour retrouver un peu de justesse une fois passée la douzième case. Toujours au sujet de la justesse, la tenue des cordes est assurée par des mécaniques de la marque Gotoh et elles font très bien leur travail. La guitare a été jouée plusieurs heures par jour avec divers déplacements et la tenue a été très bonne. Le chevalet fixe est également un Gotoh de type Tune-o-Matic.
Bien que tous les goûts soient dans la nature, on ne pourra qu’apprécier cet accastillage doré venant compléter le vernis noir brillant. On retrouve par-ci par-là quelques petits ratés de finitions au niveau de la pose du vernis, mais encore une fois, cela reste acceptable et visible uniquement en y regardant de plus près.
La guitare est équipée de deux humbuckers de type AlNiCo 5 « TESLA VR-2 ». Rassurez-vous cependant, nul besoin de recharger la guitare avant de jouer… Ces deux micros possèdent chacun un volume individuel et une tonalité commune. Le potard de tonalité est de type « push/pull » et permet dans sa position haute de splitter les deux micros afin de passer en simples bobinages. On retrouve bien entendu le traditionnel sélecteur trois positions sur la partie haute de la caisse.
J’ai été particulièrement embêté par le potentiomètre de tonalité, beaucoup plus fluide que les deux potentiomètres de volume. Le problème étant que l’on a vite fait de le tourner sans le vouloir, la résistance étant pratiquement nulle. Si votre jeu s’accompagne de nombreux changements de volume au niveau des micros, il sera sans nul doute nécessaire de changer ce potentiomètre pour un modèle plus « dur ». Cependant, je n’ai constaté aucun crachotement sur toute la course des trois potentiomètres, cela semble être un minimum sur une guitare neuve et pourtant on constate régulièrement ce problème sur des guitares parfois (très) chères.
Cette Harley Benton est vendue un peu moins de 350 euros, ce qui la place dans la fourchette haute de l’entrée de gamme et sa fabrication est d’origine indonésienne.
Je joue en Tesla
- 1 – Clean – Micro chevalet00:31
- 2 – Clean – Micro manche00:45
- 3 – Clean – manche + chevalet00:40
- 4 – Crunch – chevalet00:19
- 5 – Crunch – manche00:35
- 6 – High Gain – chevalet00:21
- 7 – High Gain – manche00:31
La guitare sonne très bien à vide avec une belle projection sonore et une fois branchée, je dois bien avouer avoir été agréablement surpris.
Premièrement, la guitare est vraiment très agréable à jouer grâce notamment à ce manche au profil plutôt fin malgré sa forme en C. L’accès aux aigus ne pose aucun problème, on peut aller chercher un bend à la 22e case sans trop de difficultés et on s’offre même le luxe d’avoir du sustain. Deuxièmement, les deux micros passifs TESLA qui équipent cette guitare font clairement du très bon travail. Le micro chevalet offre un niveau de sortie tout à fait suffisant pour couvrir une palette sonore très large allant du crunch aux distorsions bien énervées. D’ailleurs, en son clair, dans la tête Victory V30 MKII utilisée dans les différents extraits, le micro chevalet fait d’office cruncher le préampli et il faut jouer avec le potentiomètre de volume pour retrouver un peu de clarté. Ce micro est aussi très équilibré avec des basses qui ne sont pas baveuses, mais au contraire bien compactes, de jolis médiums et des aigus avec beaucoup de mordant. Cette Harley Benton a d’ailleurs plutôt tendance à « briller » et on se retrouve avec un son bien défini, même sur des saturations généreuses. On s’éloigne un peu de ce que l’on peut attendre d’une Les Paul au sens plus traditionnel. Il faut noter aussi que l’utilisation de l’acier inoxydable pour les frettes, en plus d’assurer une longévité théoriquement infinie, rajoute du claquant au son et on le constate même en jouant débranché.
Le micro manche est quant à lui convaincant aussi bien sur des sons clairs que saturés. Il apporte naturellement davantage de rondeur sans pour autant perdre la définition dans l’attaque du médiator. Avec un haut niveau de saturation, les basses restent suffisamment définies pour une utilisation en jeu solo. De manière plus générale, le mordant et la définition dans le haut du spectre permettent de très bien ressortir autant en rythmique qu’en solo et la guitare sonne de manière très convaincante dans les divers amplificateurs essayés pour ce test.
Autre très bon point : les deux micros TESLA, bien que passifs, se sont révélés être étonnamment silencieux sur des niveaux de gains élevés. C’est quelque chose de très appréciable en jeu solo ou dans des styles rock/metal, mais aussi tout simplement en studio. En règle générale dans cette gamme de prix, les micros sont souvent tout au plus moyens et il faut admettre que sur cette SC-DLX Gotoh Black, cette paire de TESLA pourra satisfaire bien des guitaristes et ne pas pousser à un changement de kit trop rapidement.
Dans la position « simples bobinages », le ressenti est un peu moins enthousiaste. La réponse des micros est correcte, mais pas extraordinaire. Le son manque de caractère dans les trois positions et on comprend que ce n’est pas le terrain de jeu de prédilection de cette Harley Benton. Ne vous attendez donc pas à vous retrouver avec une Stratocaster en forme de Les Paul. On n’y est pas du tout, mais ça dépannera dans bien des situations et cette option participe à offrir encore un peu plus de polyvalence à cette guitare.
- 8 – Clean – chevalet simple00:22
- 9 – Clean – manche simple00:30
- 10 – Crunch – chevalet simple puis manche simple00:53
- 11 – Crunch – chevalet simple + manche simple00:35
Deluxe à pas cher
Harley Benton propose avec cette SC-DLX Gotoh Black, une guitare surprenante. Pour un tarif tout à fait raisonnable, on se retrouve avec une très belle copie de Les Paul à la robe noire et dorée. Une lutherie qui, sans être parfaite, est très correcte et offre un instrument confortable et agréable à jouer aussi bien assis que debout. Les micros ne méritent absolument pas un changement immédiat et offrent une très bonne polyvalence ; son clair, crunch, high gain, tout y passe sans problème. Attention cependant si vous recherchez une fidèle copie de Les Paul, vous risquez d’être déçu par le son bien plus moderne, brillant et mordant que rond et chaleureux. Mais nous parlons ici d’une guitare à 350 euros, et pour ce tarif, le cahier des charges est amplement respecté.