La marque grecque Crazy Tube Circuits a dévoilé une nouvelle réverbe au format pédale dont la particularité est d’intégrer deux moteurs identiques, promettant de belles escapades musicales. Découvrons cela ensemble.
Mirage : une réverbe numérique « boutique »

Au déballage, on découvre une pédale au boîtier en acier dont les dimensions restent tout à fait contenues : 12,3×9,7×5,4 cm pour un poids de 460 grammes. La face principale présente des réglages disposés « en miroir », indiquant clairement que nous avons affaire non pas à une, mais à deux réverbes identiques offrant les mêmes possibilités sonores.
Chaque section propose les mêmes potentiomètres : VOLUME, MIX, SWELL, EXCITE et VOICE. S’ajoutent à cela trois boutons-poussoirs : SHIFT, ASSIGN et IND SW/R1 XF. La pédale dispose également de deux footswitches accompagnés de leurs LED, offrant deux modes de fonctionnement sur lesquels nous reviendrons un peu plus loin.
Sur la tranche gauche, on trouve une entrée R2 XF, destinée à accueillir une pédale d’expression dédiée à la seconde réverbe. Sur la tranche supérieure, les entrées et sorties peuvent donner un léger tournis au premier regard en raison de leurs doubles étiquettes : OUT1/SEND, IN1/MASTER, IN2/RETURN et OUT2/MASTER. Cette organisation reflète la grande flexibilité des branchements possibles.
La Mirage peut ainsi s’utiliser en stéréo, avec chaque réverbe sur un canal (voire sur deux amplificateurs différents), mais aussi en série, par exemple dans la boucle d’effet d’un ampli. Il est également possible d’insérer une pédale externe dans la boucle intégrée de la Mirage, ce qui ouvre encore davantage de perspectives créatives.
Côté alimentation, la pédale n’est pas livrée avec son bloc secteur, mais requiert une alimentation classique en 9 V DC pour une consommation de 210 mA, ce qui reste tout à fait standard pour un effet de ce type.
Enfin, la Mirage est fabriquée en Grèce, et la qualité d’assemblage se révèle excellente. Le boîtier inspire confiance, les potentiomètres offrent une légère résistance agréable à la rotation, et les footswitches semblent conçus pour durer. S’il fallait formuler une réserve, ce serait du côté de l’ergonomie visuelle : les potentiomètres blancs avec capuchons « aluminium brossé » affichent leur position via une petite excroissance blanche/noire, peu lisible sur le fond bleu foncé de la pédale.
Son prix de vente constaté au moment de la rédaction de ce test est de 325 euros.
Banques, algorithmes et contrôles : comment piloter les 2 réverbes
La prise en main de la Mirage mérite qu’on jette un petit coup d’œil au manuel disponible sur le site de la marque pour appréhender ses diverses subtilités. Au premier abord, je n’étais pas certain de bien comprendre toutes les possibilités offertes par la pédale.

La première banque regroupe des réverbes que l’on pourrait qualifier de « réalistes », avec les grands classiques que l’on souhaite toujours retrouver sur une pédale de ce type : Plate, Cathedral, Hall, Room, Spring, Springier, Inchindown et Gated.
La seconde banque nous emmène dans un univers plus audacieux, certains diraient expérimental, avec les algorithmes suivants : Up Shimmer, Down Shimmer, Dual Shimmer, Pitch Shimmer, Repeater, Moduverb, Frozen Hall et Infinite.
Comme évoqué précédemment, on peut donc opter pour une réverbe classique — par exemple une Hall en stéréo — ou, au contraire, explorer des terrains bien plus sophistiqués en combinant deux algorithmes, que ce soit en stéréo ou en série. Dans ces conditions, vous imaginez aisément que les possibilités sont nombreuses et que l’on peut passer d’agréables heures à expérimenter des combinaisons inattendues.
Le bouton ASSIGN permet de déterminer quel paramètre — SWELL ou EXCITE — sera contrôlé via le footswitch de droite pour la première réverbe (à condition que le bouton R1 XF soit activé), ou via une pédale d’expression branchée sur la prise R2 XF mentionnée plus haut.
Autrement dit, les footswitches offrent deux modes de fonctionnement :
- Activation/désactivation indépendante de chacune des réverbes lorsque le bouton R1 XF n’est pas actif et se trouve sur la position IND SW.
- Activation/désactivation simultanée des deux réverbes à l’aide du footswitch gauche, pendant que celui de droite contrôle la modulation du paramètre SWELL ou EXCITE.

Il faudra donc dévisser la plaque inférieure pour accéder à de petits switchs internes permettant de sélectionner le type de bypass (True ou Tails, pour laisser la réverbe se dissiper lorsqu’elle est coupée). C’est également à cet endroit qu’on active le mode « mono to stereo » (MISO) ou encore le mode « Kill Dry » (KD).
Alors, certes, c’est génial de pouvoir agir sur ces paramètres, qui trouveront sans aucun doute leur utilité, mais je reste personnellement peu convaincu par le fait de devoir dégrafer la pédale de mon pedalboard puis retirer la plaque inférieure pour changer un mode de fonctionnement. Dans un monde idéal, de petits switchs accessibles sur la tranche de la Mirage auraient offert une solution bien plus confortable.
En somme, je reste mitigé sur l’ergonomie générale de la Mirage, ce qui n’enlève rien à l’amplitude de ses possibilités et, comme nous allons le voir, à la qualité sonore qu’elle est capable de délivrer.
En test : qualité sonore, exemples et limites (pas de MIDI)
Je commence mon tour du propriétaire en me concentrant sur la première banque de la Mirage, dont je vous laisse écouter quelques extraits dans la configuration « MISO », autrement dit : entrée mono dans la pédale, sortie stéréo vers la carte son.

- 1 – Double Cathedral00:49
- 2 – Double Hall00:31
- 3 – Plate + Cathedral01:16
- 4 – Double Springier00:21
Le rendu sonore de cette réverbe au format pédale est vraiment convaincant. J’ai été particulièrement séduit par les modes Cathedral et Plate, surtout lorsqu’ils sont combinés (exemple 3). Naturellement, pour les besoins du test, j’ai forcé le trait sur le mix général de la pédale, mais même dans ces conditions, le résultat reste très musical.
À noter que ce sont les potentiomètres SWELL et EXCITE qui permettent d’agir sur le comportement des réverbes. Ainsi, SWELL influe globalement sur la taille et la durée de la réverbe, tandis qu’EXCITE agit sur le timbre, en apportant plus ou moins de brillance et de présence. J’ai d’ailleurs trouvé agréable de disposer de réglages que je qualifierais « d’aveugles », dans le sens où aucune indication numérique n’est donnée. Cela pousse à ajuster l’effet à l’oreille plutôt qu’avec les yeux.
Je vous propose maintenant de découvrir quelques possibilités offertes par la seconde banque :

- 5 – Double Dual Shimmer00:33
- 6 – Up Shimmer + Down Shimmer01:03
- 7 – Pitch Shimmer + Repeater00:49
- 8 – Moduverb + Frozen Hall00:42
Ici encore, les algorithmes sont de très belle qualité. Et s’il est bien sûr possible d’appliquer deux algorithmes identiques sur les deux canaux, on se retrouve rapidement à expérimenter des binômes étonnants, capables de façonner des textures sonores originales. Il est également possible de combiner un algorithme de la première banque avec un autre de la seconde, ce qui multiplie encore les possibilités. Autant dire qu’elles sont immenses.
J’ai ensuite testé le système de modulation des paramètres de la pédale, en assignant le footswitch de droite au potentiomètre EXCITE. Le réglage reste assez sommaire : on tourne le potentiomètre pour définir l’amplitude de la modulation. Voici un exemple :

La pédale peut aussi être utilisée en mono, et dans cette configuration, les deux réverbes peuvent être chaînées en série. Par ailleurs, la boucle d’effet intégrée permet d’insérer une autre pédale entre les deux moteurs de réverbe. Voici un exemple avec une Plate sur la R1 et une Infinite sur la R2 :

Qu’en est-il avec un synthé ? C’est ce que j’ai voulu tester en branchant la Mirage sur les sorties de mon Osmose. On imagine sans peine des routages plus sophistiqués grâce aux nombreuses possibilités de la pédale, mais même avec une configuration simple, on obtient déjà des textures très musicales :

Je vous propose maintenant d’écouter le même patch de l’Osmose, avec le même binôme d’algorithmes, mais cette fois en mode « Kill Dry » (KD). Le résultat est vraiment surprenant (dans le bon sens du terme) :

Après avoir passé plusieurs heures à jouer avec la Mirage, j’ai compris qu’elle pouvait être l’alliée idéale pour les longues sessions créatives et expérimentales. Toutefois, je ne peux m’empêcher d’exprimer une certaine frustration face à l’absence de pilotage MIDI, ne serait-ce que pour rappeler quelques mémoires lors d’un set.






