Bien heureux celui qui a la chance de pouvoir se payer un mastering digne de ce nom avec un spécialiste du genre, le local et le matériel qui l’accompagnent ! Mais que faire par temps de disette ?
Même si ce n’est pas l’idéal, il est largement possible de s’en tirer avec les honneurs en « bricolant » une solution maison. En effet, les outils logiciels disponibles aujourd’hui permettent d’obtenir des résultats impressionnant pour peu que l’on sache les manier avec précaution. Loin de prétendre vous transformer en ingénieur de mastering qualifié, cette série d’articles vise à vous aiguiller tout au long de ce délicat processus afin d’éviter les écueils les plus courants et ainsi tirer le meilleur de vos productions musicales.
Qu’est-ce que le mastering ?
Sachez tout d’abord que la dénomination « mastering » est un abus de langage, il faudrait plutôt parler de pré-mastering. Cependant, cet abus étant tellement courant, nous continuerons d’utiliser le terme « mastering ». Et donc de quoi s’agit-il exactement ? Pour faire simple, disons que c’est l’étape finale avant la diffusion et/ou la commercialisation d’un album. Le but de la manœuvre est de donner une cohésion à l’ensemble de l’album, tant au niveau de la « couleur sonore » qu’au niveau du volume perçu, en passant par l’agencement des titres, les fondus, le temps de pause entre chaque morceau, etc. Le travail de l’ingénieur de mastering ne se limite pas qu’à cela, mais ce sont ces aspects auxquels nous allons essentiellement nous intéresser dans la suite des événements. L’idée principale à retenir ici est la notion de cohésion en guise de couche de vernis finale pour donner une belle patine à vos œuvres.
Philosophie
Derrière cet intitulé un peu pompeux se cache une idée toute simple qui devrait à coup sûr vous éviter pas mal d’ennuis : oubliez les idées reçues, il ne s’agit pas de sonner plus fort que le voisin ! Ce que l’on nomme la « loudness war » est un véritable fléau qui n’a pas lieu d’être. Lorsque quelqu’un écoute une musique, s’il veut l’entendre plus fort, il tournera tout simplement le volume de son ampli. De même, si vous avez peur de sonner « petit bras » lors d’un éventuel passage radio, sachez que la plupart des radios utilisent déjà du matériel type limiteur pour gonfler le volume sonore, vous n’avez donc pas besoin d’en faire trop à la base. D’autant qu’à chaque gain de décibel, c’est un coup de rabot qui est donné à la dynamique de votre titre et au final, c’est l’aspect vivant et même la « puissance » de votre musique qui est perdante.
Une anecdote à ce sujet, il y a quelques années je me suis retrouvé à « masteriser » l’album d’un groupe de rock en présence du leader du groupe. Ce dernier trouvait toujours que ça manquait de « patate » et me poussait à toujours aller plus loin dans le rouge. Au bout d’un moment, je lui ai demandé de me donner un exemple concret de ce qu’il attendait exactement. Il me cita un grand classique du genre, « Smells Like Teen Spirit » de Nirvana. Nous avons alors écouté ensemble ce monument du rock des 90's, puis, sans toucher au volume de mes enceintes, nous avons enchainé avec le single sur lequel nous étions en train de travailler… En termes de volume perçu, le single sonnait deux fois plus fort que le titre phare de Nirvana sans pour autant dégager le même sentiment de puissance… Moralité, s’en prendre plein les oreilles n’est pas et ne sera jamais synonyme de puissance.
Bref, l’étape du mastering est faite pour améliorer la qualité et le confort d’écoute de votre musique sans jamais rien enlever à son intention originelle, pas pour rendre l’auditeur un peu plus sourd.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Dans le prochain épisode, nous rentrerons un peu plus dans le vif du sujet avec quelques conseils de base qui vous permettront d’attaquer vos séances de mastering sous les meilleurs auspices.