Bien conscient que le vlogging et le streaming sont des marchés en pleine expansion, Shure propose avec Movemic une solution audio complète pour l’interview vidéo qui entend bien remettre la concurrence à sa place.
Si Rode fut l’un des premiers constructeurs de micro à massivement investir le marché du son pour la vidéo amateur, il va sans dire que son succès, et notamment celui du Rode Wireless Go, ne sont pas passés inaperçus chez la concurrence. Après DJi proposant le système Mic 2, voici que Shure, inventeur de tant de micros de légendes, entend bien faire valoir sa grande expérience avec le système Movemic dont nous testons ici la version la plus complète : le Movemic Two Receveir Kit, composé de deux micros cravates Bluetooth et du recepteur à fixer sur votre caméra, ainsi que d’un petit boitier de charge pour les lavaliers, de deux cordons USB-C, d’un cordon MiniJack.
Le tout prend place dans une housse transport à compartiments plutôt bien foutue et qui pourra accueillir au besoin d’autres accessoires…
Mini mic…
Le premier constat qui s’impose au déballage, en comparaison avec la concurrence, c’est que Shure propose à la fois le récepteur le plus imposant et les micros les plus petits, ce qui semble plutôt pertinent si l’on considère que cela offre une bonne lisibilité pour naviguer dans les réglages du système depuis la caméra, tandis que les micros sont nettement plus discret que chez DJi ou Rode.
Et c’est une très bonne chose à l’image car une fois clipsées sur les intervenants, les petites barrettes noires se font d’autant plus oublier qu’elles ne proposent ni sérigraphie blanche ni LED qui clignote outrageusement (elles sont d’ailleurs désactivables)…
Si les micros sont aussi petits, c’est toutefois parce qu’ils ne proposent pas d’entrée comme chez DJi ou Rode, et donc pas de possibilité de connecter un capteur filaire que vous auriez choisi. Dans l’absolu, cette lacune en refroidira certain, mais le choix s’entend d’autant plus que, pour avoir durablement utilisé les Wireless Go de Rode avec ou sans les Lavalier proposés par la marque, au-delà de l’aspect visuel, je n’ai jamais constaté un avantage énorme à le faire en termes de son, tout en ayant un setup plus compliqué à gérer… et plus fragile aussi : un des deux Lavaliers m’a laché un jour en pleine interview en générant une ronflette ruinant la prise, ce dont je ne me suis aperçu qu’après coup en l’absence d’une possibilité de monitoring chez Rode, là où Shure propose quelque chose de plus abouti avec un sortie casque sur le récepteur.
…maxi features!
À n’en pas douter en effet, le plus gros avantage du système Shure sur la solution de Rode réside bien plus encore, selon moi, dans son récepteur. Ce dernier se fixe à la caméra via une semelle cold shoe avec la petite molette de serrage qui va bien ainsi que la possibilité de le tourner et de l’orienter à la verticale ou l’horizontale. Il propose, via son écran à LED un bon confort de visualisation tant pour le monitoring des niveaux que pour le paramètrage du système. Mais il dispose surtout, en plus d’un connecteur USB-C pour la charge et d’une sortie audio à relier à la caméra, d’une sortie casque.
Et cette dernière n’a rien d’un gadget car devoir se fier aux modulations du signal sur des vu-mètres sans pouvoir vérifier à l’oreille le son demeure pour moi la plus grosse lacune de la solution de Rode, sachant que bon nombre de caméras ne sont pas elle-mêmes équipées de ce genre de sortie… Avec cette possibilité sur le Movemic, on peut ainsi checker tout éventuel défaut de prise, que cela se situe au niveau des capteurs (la ronflette évoquée plus haut) ou de l’environnement. Dans un contexte bruyant en effet, comme peut l’être un salon, des vu-mètres n’ont rien de très indicatifs pour savoir si les voix demeurent audibles ou non…
Et le Movemic est d’autant plus convaincant qu’il offre pas mal d’options intéressantes, que ce soit en termes de fonctionnalités ou de traitements…
S’il est évidemment possible de gérer le gain des microphones en plus de veiller au niveau qu’ils reçoivent comme à leur charge, on dispose en outre de traitements visant à améliorer la qualité de la prise : filtre coupe-bas à 75 ou 150 Hz, égaliseur graphique 5 bandes, compresseur rudimentaire (Light, medium ou heavy) et même réducteur de bruit… Le tout se paramètre assez simplement cependant qu’on dispose de presets prêts à l’emploi (speech, singing, flat). On peut également définir comment sont mixés les signaux des deux micros dans les différentes sorties ou au niveau du monitoring, et on dispose même de l’intéressante possiblité d’enregistrer une Safety Track, soit une version du signal avec un gain inférieur de 3, 6 ou 12 dB : l’idéal pour gérer un niveau qu’on n’avait pas prévu à l’enregistrement… C’est très bien vu ! Au-delà du son, on dispose encore de choses intéressantes pour se simplifier la vie, comme le fait de pouvoir désactiver les LED sur les micros, ou opter pour des variantes de dénomination du capteur…
Bref, fonctionnellement, Shure a très bien pensé son coup… Et il l’a d’autant mieux pensé qu’on peut aussi utiliser les micros du kit sans le récepteur, directement depuis un smartphone sous iOS ou Android via les Applis ShurePlus MOTIV qui se cantonne à l’audio, ou MOTIV Video… Et là, on franchit encore un palier en termes de fonctionnalités puisqu’outre le confort de disposer d’une interface tactile, on peut renommer chaque micro, mais aussi définir les formats et résolutions d’encodage et même, depuis MOTIV Video, streamer directement sur Youtube ou Facebook…
Disons un mot sur l’autonomie enfin et la commodité du petit boîtier servant à la fois d’étui et de chargeur. Chaque micro pourra servir 8 heures, et pourra être rechargé deux fois par le boitier, voici qui vous assure a priori de ne jamais vous trouver pris au dépourvu, même si certains auraient préféré un boitier encore plus grand pour gérer aussi la charge du récepteur comme chez DJi alors qu’il devra, ici, être chargé à part. Reste à voir ce qu’il en est du son en regard de la concurrence…
Le son
Pour ce faire, j’ai utilisé la capacité du produit Rode et du produit DJi à enregistrer de manière autonome tandis que le Movemic est utilisé avec un smartphone. Voyez ce que ça donne dans une chambre pour les trois protagonistes, en sachant que j’ai utilisé le Movemic en mode Speech, ce qui active un coupe-bas à 75 Hz :
- djiroom00:19
- roderoom00:18
- shureroom00:18
Voyez ce que donne le compresseur, pas forcément hyper bourrin même avec un réglage max :
- nocomp00:14
- comp00:16
Et voyons ce que donnent les Shure en envronnement bruyant en activant la réduction de bruit sur l’un des deux :
- djifoule00:24
- rodefoule00:24
- shurefoulenodenoise00:23
- shurefouledenoise00:23
Évidemment, la réduction de bruit dans ce contexte difficile bouffe un peu les aigus, ce qu’il faudra corriger ensuite, mais elle permet toutefois de contenir un peu plus le fond. Mission plutôt accomplie donc…
Enfin, même si c’est plus pour la blague qu’autre chose, voyez ce que donner un enregistrement avec deux micros d’un guitare-voix, un micro étant plus réglé pour la voix et l’autre pour la musique :
Perfect Move ?
Tant qu’à parler batterie, on notera toutefois que Shure, pas plus Rode ou DJI n’ont la moindre considération pour la réparabilité de leurs solutions, et donc pour l’environnement : les batteries sont en effet logées dans les plastiques moulés de boîtiers indémontables et ne sont donc pas prévues pour être changées. Quand l’utilisateur sera arrivé à la fin de leur cycle de vie, il lui faudra donc mettre à la poubelle le micro, le récepteur ou encore la valisette de charge pour les racheter : un vrai non-sens en 2024 en regard de l’urgence environnementale, mais hélas tellement courant dans la plupart des industries, a fortiuri sur des produits destinés au grand public, qu’on ne s’en étonne plus…
Dans le sillage de ce bémol, on pourra regretter aussi que le Movemic n’enregistre pas en 32 bits comme cela commence à se faire un peu partout… En regard des solutions de DJi et Rode, il ne permet pas non plus d’enregistrer de manière autonome et demeure tributaire d’un enregistreur, qu’il s’agisse d’une caméra ou d’un smartphone…
Reste enfin à parler de son prix, singulièrement supérieur à celui de la concurrence, mais qui peut se justifier par le fait de proposer la solution la plus polyvalente et aboutie fonctionnellement du marché… Rien ne vous oblige d’ailleurs à acheter le kit complet si vous n’avez besoin que d’un ou deux micros pour votre smartphone… Sur ce point, chacun devra voir en fonction de ses besoins quelle solution vaut quel investissement…