Cocorico ! Mic&Mod, la petite boîte française bien de chez nous propose des kits des plus grands microphones à prix ultra économique. Aujourd'hui, nous testons leur version du U67. À nous les joies du Do-It-Yourself !
Stam audio, Advanced Audio, Microphone parts… Les fabricants de micros en kits se multiplient pour le plus grand bonheur du consommateur. Et les Français ne sont maintenant plus en reste grâce à la marque Mic&Mod, une société installée à Metz et qui développe depuis quelques années des clones de micros parmi les plus réputés (et les plus convoités). U47, M49, C12, U67 font par exemple partie de leur tableau de chasse, mais aujourd’hui nous allons nous focaliser sur leur clone de U67.
Un 67 en kit
Le Neumann U67 est l’un des micros à lampe les plus cotés dans l’histoire de l’enregistrement audio. Construit dans les années soixante pour remplacer le non moins fameux U47, le U67 s’est très vite instauré comme un classique en studio d’enregistrement. Sa courbe de réponse, sa présence, sa chaleur en ont fait un micro d’une polyvalence incroyable. Malheureusement, la production du U67 s’arrêta quelques années plus tard pour laisser place au U87, micro incontournable lui aussi, mais ne possédant pas la richesse et le cachet des micros à lampes. Depuis, le U67 est donc devenu une pièce rare et très recherchée par les ingénieurs du son. Les tarifs sur le marché de l’occasion sont au fil des ans devenus très souvent prohibitifs et en 2018, Neumann a décidé de sortir une réédition de ce micro, mais pour un prix toujours assez élevé… On comprend alors aisément tout l’intérêt de (re)trouver un clone de ce micro en kit.
Un micro en kit ?
Si vous n’êtes ni un adepte du fer à souder ni un anglophone averti, les mots « kit » et « DIY » (pour « Do-It-Yourself », ou en français « Fais-le toi-même ») ne devraient pas vous parler outre mesure. Or, derrière ces deux mots se cache une alternative très alléchante aux prix souvent exorbitants annoncés par les grands fabricants de microphones.
Les microphones vendus en kit ne sont donc pas vendus en un seul bloc unitaire, mais en éléments séparés. Corps, cellule, lampes, résistances, PCB, tous les composants arrivent en pièces détachées. Il ne vous reste plus qu’à vous armer de votre fidèle fer à souder (et d’un peu de patience) pour assembler vous-même votre microphone. Le gros avantage de ce modus operandi, outre l’aspect amusant et instructif, est de pouvoir choisir exactement les composants souhaités et évidemment, de réduire de façon assez drastique les coûts de fabrication. Pour reprendre le slogan de Mic&Mod : « Pourquoi acheter un microphone vintage cher en mauvais état, alors que vous pouvez le construire vous-même ? ». Certes, votre microphone en kit ne sera sans doute pas un clone parfaitement identique d’un point de vue esthétique et/ou sonore, mais vous aurez de grandes chances de vous rapprocher énormément des caractéristiques du micro original tout en gardant un très bon rapport qualité/prix.
Le Microphone
Pour le besoin de ce test, les ingénieurs de Mic&Mod ont eu la délicatesse de nous envoyer un produit déjà monté. Sachez que pour ses clients les plus impatients (ou pour les testeurs fainéants comme moi), ils proposent justement leurs produits entièrement assemblés (via une petite option payante). Je vous invite cependant à vous rendre sur leur site internet pour étudier le guide de construction qui, bien que destiné à des personnes ayant tout de même certaines notions de maintenance, est très bien écrit et très didactique.
Il est important de souligner que nous parlons ici d’un micro « en kit » et non d’un micro de telle ou telle autre grande marque. Ne vous attendez donc pas à recevoir votre microphone dans une belle et grosse valise en métal. Non. Ici, le principe est d’arriver à égaler les performances et les caractéristiques d’un micro pour un moindre prix et certaines concessions sont forcément nécessaires. Par conséquent, pas de boite en métal, mais un joli carton avec le microphone et tous ses accessoires (alimentation, suspension, câble 7 broches et trousse) parfaitement emballés.
Le Mic&Mod U67 arrive donc entièrement monté, à l’exception de sa lampe, rangée à l’écart dans sa propre boîte afin d’éviter tout risque de casse durant le transport. Le micro est idéalement blotti au creux d’un petit coffret en bois et l’on sent irrémédiablement chez Mic&Mod, l’envie de faire de beaux produits.
Le design du Mic&Mod U67 est fort logiquement inspiré du U67. Optant pour un gris brillant, il propose les habituels switches de directivité (cardioïde, omni et bidirectionnel), d’atténuateur –10 dB et de coupe-bas que l’on retrouve situés aux mêmes endroits que sur le micro vintage. Pour du DIY, le corps et la grille sont de très bonne facture et le fuselage réussi. Un détail plutôt amusant : le logo de Mic&Mod, qui parodie le célèbre logo Neumann.
Le bloc d’alimentation est également bien travaillé et sa solidité ne fait aucun doute. Afin de garder ce rapport qualité/prix si bénéfique, Mic&Mod a opté pour une alimentation générique. Elle peut donc convenir à tous les micros de la marque réclamant une alimentation externe et c’est la raison pour laquelle se trouve dessus un potard de directivité qui, pour ce micro-ci, est totalement inactif (vous devrez vous servir des switches présents sur son corps).
Enfin, la suspension, elle aussi très similaire à l’originale, tient parfaitement le micro et l’on ne sent aucun jeu de mouvement. Seule petite contrariété : les deux vis utilisées pour bloquer le microphone appuient légèrement les élastiques. Cela n’entrave en rien son efficacité, mais pourrait toutefois induire quelques vibrations lors de certaines prises de son.
Mic&Mod versus 67 Vintage
Les vieux microphones vintage ont une signature sonore incomparable, mais ont ce défaut malheureusement assez universel : ils vieillissent. En fonction de leur vécu, de leur utilisation, de leur maintenance, effectuée ou non, et de la vitalité de leur lampe, ils sonnent tous assez différemment. Pour ce test, nous avons eu l’opportunité de nous faire prêter deux vieux U67 d’époque. Et quoiqu’entretenus à la perfection, ils ne sonnent évidemment pas de façon identique. Cependant, leur identité sonore est bien la même et nous allons voir si Mic&Mod parvient à l’égaler.
Piano
Premier test sur un piano droit en omnidirectionnel et premières très bonnes surprises. Le Mic&Mod réagit exactement comme les deux micros vintage : leur niveau sonore et l’interaction microphone/préampli sont quasiment identiques. L’équilibre du Mic&Mod est très agréable et rappelle dès les premières écoutes les avantages du U67 : la proéminence des médiums est bien là, les transitoires sont douces et la chaleur générale indéniable. Le bas n’est pas très présent, mais c’est l’un des avantages de ce micro : il en devient très facile à mixer, s’insérant parfaitement dans votre musique sans forcément réclamer une égalisation externe.
En comparant avec les U67 d’époque (que nous appellerons « Blue » et « Red » par souci de compréhension), la ressemblance est frappante. Le son des trois micros est très proche. La grosse différence semble être l’accentuation des médiums qui, entre chaque microphone, ne paraît pas se faire exactement sur la même gamme de fréquences. Les U67s sont légèrement plus pincés et le Mic&Mod, plus ouvert dans le haut du spectre, sonne un poil plus moderne. Les distinctions sont assez minimes et dans un mix, il serait à mon avis largement possible de passer de l’un à l’autre de ces trois micros sans que cela ne s’entende.
Si la seconde prise peut prêter à sourire (et était initialement une blague du musicien) elle permet de soulever la petite ouverture du Mic&Mod sur les aigus. Si vous prêtez bien l’oreille, vous sentirez une fréquence un peu plus dure que sur les micros vintage. Leur douceur, leur « magie » est plus audible, mais ne surclasse aucunement celle du micro en kit.
- A1 Piano Omni Mic&Mod00:39
- A2 Piano Omni U67 Blue00:39
- A3 Piano Omni U67 Red00:39
- B1 Piano Omni Elise Mic&Mod00:06
- B2 Piano Omni Elise U67 Blue00:06
- B3 Piano Omni Elise U67 Red00:06
Batterie
Face à la batterie, en omnidirectionnel
Pour le second test, nous avons placé les micros en face d’une batterie, cette fois en omnidirectionnel.
Comme pour le piano, le Mic&Mod parait bien équilibré. Peut-être un léger manque de basses fréquences voire de corps, mais la balance de la batterie (fûts et cymbales) est bien restituée. J’ai ressenti une petite gêne sur les hauts médiums, principalement sur le timbre de la caisse claire et sur les cymbales, tous un poil trop durs à mon goût. Mais rien de dramatique et une simple petite égalisation suffit à corriger cela.
Les deux 67 vintage sonnant différemment entre eux cependant, les trois micros restent tous bien dans la même ligue sonore. Comme pour le piano, chacun semble prôner une fréquence différente et j’avoue une préférence pour le 67 Red, plus plein, plus profond et plus doux à mes oreilles. Bien que le Blue soit un peu plus étriqué que le Red, vous remarquerez même avec lui cette petite différence de couleur par rapport au Mic&Mod, moins corpulent, moins « 3D », notamment sur le timbre, le charley ou la cymbale.
En overhead, en cardioïde
Les sensations éprouvées juste avant se renforcent une fois les micros placés au-dessus de la batterie en cardioïde. Les couleurs du Mic&Mod et du Blue sont très proches, là où le Red sonne une fois de plus bien plus profond (écoutez la caisse claire).
Un petit test amusant consiste à créer une fausse stéréo en panant les retours des micros de chaque côté, cela afin de voir comment ils interagissent entre eux. Si les deux U67 fonctionnent très bien ensemble et produisent une belle image stéréo, unitaire et compacte, je trouve le rendu entre le Mic&Mod et chacun des 67 moins sympathique. La couleur plus brillante du Mic&Mod casse cette stéréo faussement créée et un coupe-haut s’avère nécessaire pour que le résultat fonctionne enfin.
Un dernier test avec un jeu de rimshot redonne toute sa grandeur au Mic&Mod. Comme pour la prise précédente, la couleur des trois micros est très similaire, mais l’ouverture du Mic&Mod apporte une clarté sur le jeu de charley et de rimshot qui est cette fois-ci plutôt profitable, en les mettant bien en valeur, cela pouvant évidemment se révéler bien utile lors du mixage.
- C1 Drums Front Omni Mic&Mod00:18
- C2 Drums Front Omni U67 Blue00:18
- C3 Drums Front Omni U67 Red00:18
- D1 Drums OH Mic&Mod00:16
- D2 Drums OH U67 Blue00:16
- D3 Drums OH U67 Red00:16
- E1 Drums OH Rim Mic&Mod00:14
- E2 Drums OH Rim 67 Blue00:14
- E3 Drums OH Rim 67 Red00:14
Sur une Guitare
Guitare Acoustique
Sur une guitare acoustique, on retrouve LE son de tous nos disques préférés des années 60 et 70, chaleureux et « classieux ». Le Mic&Mod parait une nouvelle fois un peu plus large, plus creusé, plus moderne (pour ne pas dire plus hifi) que les micros vintage. La dynamique est très agréable et il est à nouveau bien délicat de choisir entre ces trois micros. La magie des 67, par leur présence et leur douceur me touche plus personnellement, mais tous ces micros conviendraient totalement dans un mix. En fonction de la couleur recherchée, la clarté du Mic&Mod pourrait se révéler comme une qualité (si votre mix est très chargé) ou un léger défaut (si jamais vous préférez les couleurs sonores plus mates).
- G1 Gtr Arpege Mic&Mod00:11
- G2 Gtr Arpege U67 Blue00:11
- H1 Guitare Mic&Mod00:20
- H2 Guitare U67 Ref00:20
- I1 Gtr Arpege Mic&Mod00:13
- I2 Gtr Arpege U67 Red00:13
Guitare électrique
Face à un ampli de guitare, une fois le pad –10 dB enclenché, le Mic&Mod prouve encore sa polyvalence. Le son de guitare est bien tranchant, parfaitement ciselé pour le mix. Cette fameuse dureté est toujours présente, mais amène un mordant qui, comme pour la guitare acoustique, pourra in fine se dévoiler comme un atout lors du mix.
- J1 Gtr Elec Mic&Mod00:22
- J2 Gtr Elec 67 Blue00:22
- J3 Gtr Elec 67 Red00:22
Voix
Sur une voix, le Mic&Mod ne se démonte pas et offre un résultat incroyablement bluffant face aux deux vieux 67 s. La voix est profonde, ténue et semble pouvoir s’insérer directement dans un mix. L’effet de proximité présente une belle rondeur et la dynamique comme les transitoires sont splendides. Cette prise de son met le micro moderne vraiment en valeur et la différence entre les trois s’amoindrit fortement. Si l’on voulait tatillonner, la sempiternelle ouverture dans le haut du spectre pourrait de temps à autre devenir problématique sur certaines voix et requérir l’utilisation d’un dé-esseur mais la couleur sonore est très belle et la qualité au rendez-vous.
- K1 Voix Cardio Mic&Mod00:16
- K2 Voix Cardio U67 Blue00:16
- K3 Voix Cardio U67 Red00:16
Conclusion
Le Mic&Mod 67 est, je le rappelle, un micro à monter soit même. Le comparatif avec des micros d’exception pourrait jouer en sa défaveur. Or, force est de constater que pour un tel tarif il tient tout de même la route face à deux vieux 67 s vintage parfaitement entretenus. Il en reprend cette polyvalence incroyable et si les 67 s sont toujours plus magiques et plus profonds, cela se joue à assez peu de choses. Cette petite touche de magie vaut elle d’ailleurs une si grande différence de prix (d’un rapport de 10 à 20 tout de même !) ? Et cette subtile différence de douceur est-elle principalement due aux composants et à la lampe sélectionnés par la marque française ? Ou juste au vieillissement de ceux des vieux 67 ? Un débat sans fin est ouvert… Mais si vous cherchez la pâte sonore d’un microphone vintage à petit prix et voulez découvrir le monde du DIY, dirigez-vous vers le site de Mic&Mod : cela devrait vous plaire.