Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
5 réactions

Test de l'ATH-M50xSTS d'Audio Technica - Un ATH sans attache

8/10

Chez Audio Technica, la variation est d'usage : son célèbre casque M50x a connu de multiples éditions colorées, avec suffixes accolés (RD, BL, DG, MG...), et le voici qui nous parvient aujourd'hui en version casque-micro, version spéciale 2023... pour le streaming, bien sûr !

Test de l'ATH-M50xSTS d'Audio Technica : Un ATH sans attache

Au début j’ai cru qu’on m’an­nonçait la nais­sance d’un nouvel enfant d’Elon Musk, mais non, l’ATH-M50xSTS est bien un casque. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle, car, si je suis toujours content de tester un nouveau casque, je ne montre pas le même enthou­siasme pour les excen­tri­ci­tés (j’uti­lise ce terme par souci de poli­tesse) du proprié­taire d’X. Au passage, il est plutôt drôle de remarquer que quelqu’un qui souhaite tant lais­ser son nom dans ce qu’il reste d’his­toire à l’hu­ma­nité n’ar­rête pas de reve­nir à la lettre qui a toujours servi de signa­ture anonyme aux illet­trés…

C’était donc plutôt une belle jour­née quand j’ai reçu ce ruti­lant et gros casque-micro, dont les formes ne m’étaient pas étran­gères, puisque j’avais testé le modèle sur lequel il se fonde il y a peu de temps de cela. Un micro-casque, ce n’est pas un produit courant pour les colonnes d’AF, je vous l’ac­corde, mais puisque nous avons ouvert nos tests à des produits de plus en plus foca­li­sés sur le strea­ming, il ne nous semblait pas incon­gru d’y ajou­ter un casque, d’au­tant plus que la pratique du direct sur les tubes s’est forte­ment ouverte aux musi­ciens depuis 2020 (pas besoin de rappe­ler pourquoi…). Appa­rem­ment, vous pouvez même faire un live stream sur X (ou « Twit­ter », comme le nomme son propre centre de main­te­nance toujours pas mis à jour), ce qui nous permet de boucler le propos de cette intro­duc­tion un brin décou­sue, et de passer à la présen­ta­tion du casque !

Spéci­­fi­­ca­­tions

Le M50xSTS est un casque de type circum-aural, fermé, avec un trans­­duc­­teur dyna­­mique de 45 mm. Son aimant est proba­ble­ment en néodyme, même si le site du construc­teur précise seule­ment qu’il est réalisé dans une « terre rare » (drôle de choix de commu­ni­ca­tion).

Les spéci­­fi­­ca­­tions annon­­cées par le construc­­teur sont les suivantes :

  • impé­­dance : 38 ohms, s’adapte à toutes les sources
  • réponse en fréquence : 15 Hz à 28 kHz

IMG 20230728 134358Il est livré avec un seul câble, non déta­chable, qui est en fait un câble double avec deux termi­nai­sons : une prise jack 3,5 mm TRS, avec adap­ta­teur à vis 6,35 mm, et une connec­tique XLR pour le micro. Ce double câble est assez gros et lourd, d’une longueur de 2 mètres… Bref, ce n’est pas vrai­ment le casque que vous allez utili­ser égale­ment dans les trans­ports en commun ! Son usage se limi­tera à l’en­vi­ron­ne­ment du (home -) studio. D’au­tant plus que sa double connec­tique est un peu encom­brante (en revanche, même double, le câble reste bien souple)

Si le câble n’est pas faci­le­ment chan­geable, on est content de voir qu’Au­dio Tech­nica inclut dans l’em­bal­lage une autre paire de mousses :

IMG 20230728 152829

Deux textures diffé­rentes, faux cuir ou tissu aéré, selon votre préfé­rence, la tempé­ra­ture ambian­te… C’est vrai­ment un très bon point, on aime­rait que plus de marques s’en inspirent !

IMG 20230728 134116Le micro (cardioïde, à élec­tret, dont la cellule est déri­vée de celles utili­sées pour la série 20) est monté sur un petit bras flexible (type col de cygne) qui permet de bien régler son place­ment. La flexi­bi­lité est excel­lente, ni trop molle, ni trop raide. On peut faire pivo­ter le bras vers l’oreille, pour non seule­ment écar­ter le micro de la bouche, mais surtout pour acti­ver le commu­ta­teur de « mute ». Bien vu, c’est simple d’usage, facile à prendre en main.

On revien­dra plus loin sur les perfor­mances sonores du micro.

IMG 20230728 134141Pour ce qui est son appa­rence géné­rale, je reprends le propos du test précé­dent : son design est sobre bien que son appa­­rence d’en­­semble soit assez « mastoc », consé­quence néga­­tive d’une construc­­tion plutôt solide et confor­­table, avec de grosses mousses, des joints et des axes épais… Gros casque, sans nuance esthé­tique donc, mais solide.

Un seul défaut clair nous est apparu à ce stade : le câble ne permet pas un écart assez grand entre les deux prises (jack et XLR).

IMG 20230728 160207

Rien que sur notre Mini­fuse 2, ça commence à être bien écarté, ne prévoyez pas d’uti­li­ser le M50xSTS avec une inter­face rackable, à moins que vous ne rechi­gniez pas à décol­ler les câbles ! Et que faire pour une inter­face un peu grosse ayant ses entrées à l’ar­rière et sa sortie casque à l’avant ? Bref… Il va falloir utili­ser des cordons « rallonges » dans bien des cas.

Démon­­table ?

Oui, tout à fait.

Le casque est majo­­ri­­tai­­re­­ment monté avec de petites vis cruci­­formes, qui permettent un démon­­tage de la plupart des parties. Par exemple :

Pour accé­­der au trans­­duc­­teur, il faut en premier lieu reti­­rer la mousse d’iso­­la­­tion :

IMG 20230728 134456

Cela révèle quatre petites vis cruci­­formes. Celles-ci reti­­rées, on peut soule­­ver la face avant de l’écou­­teur, qui révèle une plaque de fixa­tion, main­te­nue par 3 autres vis :

IMG 20230728 152606

Celles-ci reti­rées, on peut simple­ment enle­ver le trans­duc­teur : 

Capture d’écran 2023-08-28 à 18.41.16


Confort

Moyen

Comme nous l’avions dit aupa­ra­vant, le M50xSTS offre une expé­­rience miti­­gée : le M50x normal fait envi­ron 285 gr, celui-ci en fait 330 gr et peut, à la longue, causer une certaine fatigue physique. Notons qu’avec le micro relevé (mode mute) il conserve l’in­té­rêt de faci­le­ment se porter sur les côtés du cou, plaqué contre les clavi­­cules, sans coller à la mâchoire et donc sans limi­­ter les mouve­­ments de l’uti­­li­­sa­­teur. Pratique lorsqu’on doit régu­­liè­­re­­ment mettre et enle­­ver le casque dans un envi­­ron­­ne­­ment pro.

Isola­­tion

Excel­­lente.

IMG 20230728 134316Le couplage des mousses avec le pour­­tour de l’oreille est parfait, et les nombreux axes de pliage permettent une mobi­­lité accrue des écou­­teurs, leur permet­­tant de bien s’adap­­ter à toutes formes de tête.

On a parti­cu­liè­re­ment appré­cié le confort de cette matière « aérée », plus douce sur les temps d’écoute longs que les habi­tuelles oreillettes en simi­li­cuir du M50x.

Trans­­port

Assez facile.

Oui le casque est gros, mais son pliage est « total », c’est-à-dire que les écou­­teurs viennent se placer inté­­gra­­le­­ment dans l’ar­­ceau. Faci­le donc de le trans­­por­ter dans un sac sans qu’il prenne trop de place, ni sans risquer de l’abî­mer.

IMG 20230728 134234

Bench­­mark

Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plai­­­­sir de pouvoir vous four­­­­nir des courbes de réponse en fréquence et distor­­­­sion, réali­­­­sées dans notre atelier.

Réponse en fréquence : 

RF

On remarque :

  • Une accen­tua­tion des basses autour de 100 Hz
  • Un creux marqué un peu au-dessus de 300 Hz
  • Un autre creux à 3 kHz suivi immé­dia­te­ment d’un pic impor­tant à 4,1 kHz
  • Nouveau creux à 5 kHz
  • Une accen­tua­tion impor­tante des aigus au-dessus de 11 kHz.

On s’at­tend à un casque très aéré, qui met en avant les attaques, avec des voix bien compré­hen­sibles, dont l’ar­ti­cu­la­tion sera plus souli­gnée que le timbre, et avec des basses bien présentes. Au passage, on note que l’on retrouve parfai­te­ment la courbe consta­tée aupa­ra­vant, mais avec des graves nette­ment plus impor­tants.


Distor­­sion :

DIST

La distor­­sion mesu­­rée est infé­rieure à 0,2 % entre 100 Hz et 2 kHz. Même entre 20 et 70 Hz, ou à 4,1 kHz (les deux pics de distor­sion), on reste en dessous de 1 %, ce qui est mieux que lors de notre test précé­dent.

Micro : 

Le micro néces­site une alimen­ta­tion +48 V CC pour fonc­tion­ner. On entend sur le test rapide ci-dessous, dans l’ordre : 

  • effet de proxi­mité (typique d’un cardioïde, avec bas médiums gonflés et des plosives accen­tuées)
  • son en posi­tion « normale », clair et distinct
  • son en posi­tion éloi­gnée
  • bruits captés lors de la mani­pu­la­tion du micro
  • sons envi­ron­nants captés par la direc­ti­vité cardioïde
Essai ATH-M50xSTS
00:0000:54

Ce dernier point est pour nous le seul vrai défaut : étant donné que le micro se place sur le côté de la bouche, et non pas parfai­te­ment dans l’axe de celle-ci, sa direc­ti­vité cardioïde implique que la réjec­tion maxi­male ne se trouve plus devant l’uti­li­sa­teur (là où son inter­lo­cu­teur se trouve, là où ses mains mani­pulent des objets), mais sur le côté. Donc tout bruit émis devant soi (comme, dans l’exemple, des doigts tapant sur un clavier – et je précise que j’uti­lise un clavier silen­cieux !) est immé­dia­te­ment capté par le micro. Je suggè­re­rais donc qu’une direc­ti­vité plus resser­rée (hyper­car­dioïde par exemple) consti­tue­rait un choix peut-être plus adéquat.

Écoute

Richard Hawley – Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur True­­lo­­ve’s Gutter)

Une ballade acous­­tique, avec beau­­coup de réverbe et une diffé­­rence de dyna­­mique impor­­tante entre la voix et la guitare. On retrouve ce qu’on connaît du M50x, avec quelques modi­fi­ca­tions : un médium présent (y compris dans le bas médium) rendu avec assez de subti­­lité, et un aigu bien présent aussi, qui favo­­rise la clarté des arti­­cu­­la­­tions. On perçoit égale­ment un assez bon équi­­libre des fréquences entre elles, sauf une sorte « d’ab­sence » dans le haut-médium, où l’on ressent une sorte de creux (parti­­cu­­liè­­re­­ment sur la voix, où c’est assez clair), qui altère certains timbres. L’image stéréo est très bonne, et les queues de réverbe sont faciles à suivre.

Sun Kil Moon – Butch Lulla­­bye (sur Common As Light And Love…)

Sur l’in­­tro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmo­­niques médiums ajou­­tées par la distor­­sion, l’at­­taque légè­­re­­ment piquée des notes, tout en sépa­­rant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Sur ce morceau, ça marche super bien : la basse (clavier basse en fait) est très bien sépa­­rée de la grosse caisse, et le casque la suit jusque sur les notes les plus graves avec une préci­sion et un équi­libre des notes entre elles assez redou­table. La voix est très fine­­ment défi­­nie, y compris ses défauts, grâce à une réponse en fréquence qui monte très haut sans défaillir. L’image stéréo est très bonne.

Massive Attack – Tear­­drop (sur Mezza­­nine)

Un titre avec beau­­coup d’ex­­trême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. La réso­­nance sub de la grosse caisse (percep­tible durant le premier couplet) est plutôt bien présente, ou en tout cas bien percep­tible lors d’une écoute très atten­tive. Sur le deuxième couplet, où la voix enchaîne les sono­ri­tés en « S », on ne remarque pas de sibi­­lance gênante malgré des aigus très présents. En revanche, la bosse à 4 kHz s’en­­tend assez bien sur la voix : il y a une légère réso­­nance un peu « nasale » sur certaines notes.

Char­­lie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)

Voilà un morceau avec beau­­coup de souf­­flants jouant dans des tessi­­tures simi­­laires : c’est très touffu et le but est d’es­­sayer de discer­­ner les timbres. Dans l’en­­semble la masse de cuivres est assez lisible, bien qu’un peu brouillonne, car comme souvent avec les casques qui filent bien jusqu’à 20 kHz, les cymbales se retrouvent un peu trop en avant et « mangent » les cuivres parfois. La contre­basse est un peu trop gonflée par ce grave très présent, elle en devient un peu « pâteuse ».

Edgar Varèse – Ioni­­sa­­tion (New York Phil­­har­­mo­­nic, dir. Pierre Boulez)

Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réver­­bé­­ra­­tion natu­­relle de la salle, qui joue sur l’im­­pres­­sion d’es­­pace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15 min. Ici, la réponse en fréquence accen­tuée dans l’aigu et dans le grave servent vrai­ment bien l’en­re­gis­tre­ment : ça claque, ça tape, c’est explo­sif quand il le faut, tout en gardant un bon rendu des écarts dyna­miques très impor­tants dans cette compo­si­tion. Très belle image stéréo : les réso­­nances natu­­relles de la salle sont bien rendues. Certaines notes fanto­­ma­­tiques des cymbales et des gongs, en arrière plan, restent bien lisibles.

On réitère le seul point faible au bout d’une heure d’écoute atten­­tive : le casque est lourd, un peu trop chaud, et l’on a envie de se libé­­rer le crâne pour quelques minu­­tes… 

Conclu­­sion

On peut résu­mer ainsi notre opinion : cette énième itéra­tion du M50x offre de très bonne perfor­mances sonores (aussi bien à l’écoute qu’à la capta­tion), et une qualité de construc­tion robuste, qui permet­tra à ceux qui veulent l’ex­ploi­ter pour du strea­ming de travailler avec un objet de qualité. La sono­rité du M50x s’adap­tera très bien à l’usage des strea­mers, mettant bien en valeur les voix, tout en étant un bon casque de réfé­rence, ou un casque adapté à la prise égale­ment. Et s’il est vrai que le micro béné­fi­cie­rait d’une direc­ti­vité mieux pensée — à notre avis — cela reste un défaut mineur. En revanche, nous ne pouvons pas omettre, pour ses possibles utili­sa­teurs, de souli­gner qu’il a « les défauts de ses quali­tés », comme on le dit couram­ment : une construc­tion solide, mais lourde, une isola­tion excel­lente, mais qui tient chaud, une connec­tique sérieuse, mais encom­bran­te… Il s’agit donc d’un casque qui impo­sera quelques contraintes, non négli­geables, mais pour une qualité sonore indé­niable.

Notre avis : 8/10

  • Robuste
  • Réparable ou modifiable
  • Livré avec deux types de mousses
  • Câble double bien souple
  • Très bonne isolation
  • Peu encombrant autour du cou (entre les écoutes)
  • Distorsion basse
  • Bonne image stéréo
  • Réponse en fréquence plutôt équilibrée
  • Micro électret bien adapté à la voix
  • Creux un peu trop marqué dans le haut médium
  • Un peu trop lourd
  • Un peu trop chaud
  • Connectiques pas assez séparées
  • Réjection insuffisante du micro
Pays de fabrication : Taïwan

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre