Line 6 Helix

Un jour, j'en ai eu marre de faire des claquettes en concert et j'ai revendu toutes mes pédales pour m'acheter le Helix. Voilà le bilan après un an d'utilisation.

- Le Helix est devenu le cœur de mon système : en live (plus besoin d'ampli, ni de pedalboard avec des connexions qui crachotent et des réglages qui changent, mes presets sont sauvegardés) comme à la maison (le Helix fait carte son, avec même la possibilité d'enregistrer le signal Dry séparément)
- Je peux utiliser le Helix avec tous mes instruments : guitare électrique, basse, guitare folk (avec l'IR de guitare acoustique qui va bien).
- Une seule prise d'électricité, un jack in, in ou deux jacks ou XLR out et c'est parti ! Les ingés son m'aiment bien ^^
- ça m'a guéri de l'achat compulsif de pédales d'effet.

Je jouais déjà avec une simu d'ampli au format pédale dans une enceinte FRFR, le Helix est l'aboutissement de cette démarche qui me permet de jouer sans ampli guitare. Le must, c'est d'avoir la sortie casque qui va dans mon retour bain de pied, et le reste vers la sono, pour pouvoir gérer mon propre volume sur scène sans gêner la façade.

J'ai privilégié Line 6 par rapport au Quad Cortex, l'axe-fx ou le Kemper parce que j'utilisais déjà Helix Native et qu'on peut entièrement éditer ses presets depuis un ordinateur, c'est pour moi un avantage incomparable. La gestion des snapshots est très bien pensée, et j'ai souvent tendance à faire un concert avec toujours le même preset, pour garder une cohérence sonore. La possibilité de changer les paramètre de chaque effet ou ampli avec les snapshots est top, ça permet avec un seul modèle d'ampli de passer du son clair au son saturé, de faire des snapshots pour les solos avec des volumes différents... Très bien pensé !

Le routing est également utile à la basse pour mettre deux signaux parallèles en crossover (d'un côté les graves dans un ampli clean et compressé, de l'autre les médiums et aigus dans une overdrive et un autre modèle d'ampli), ça donne un son metal moderne.

Au niveau des effets proposés, il y a de belles pépites, comme les overdrives (timmy, klon, nobels... ça sonne à la gratte ! dommage qu’il y ait moins de choix pour la basse), les delays, le retro reel (pour un son lo-fi), le chorus à 4 voies pour un effet de doublage subtil. Je regrette par contre les réverbs, j'ai encore du mal à obtenir un beau son de réverb modulée (ma Flamma Reverb à 70€ sonnait mieux je trouve !). Si vous cherchez le son Strymon, Line6 a encore des progrès à faire.
La gestion de la stéréo est top, c'est hyper facile d'avoir par exemple un delay à la The Edge avec croche à gauche et croche pointée à droite.

à la basse, j'aime bien les synthés (même s'il faut passer du temps pour trouver un bon son). Il n'y a que deux modèles d'octaver et j'ai du mal à retrouver le son typique du Boss OC-2, mais on arrive très bien à trouver un truc convainquant. Mention pour les compresseurs qui affichent en temps réel le niveau de réduction du gain, ça aide grandement à régler cet effet ! Bon point pour les EQ très complètes également

Le générateur de notes est super cool, avec les snapshots on peut le programmer pour qu’il joue différents accords, tout en jouant par dessus ! (Utilisé en live, ça marche bien )

Les points qu’il faudrait améliorer selon moi :
- l'interface en forme de barres : il faut s'y faire, c'est pas hyper intuitif au début contrairement à beaucoup d'autres simulateurs. Mais ça force aussi une autre approche des réglages.
- il y a deux pédales d'expression virtuelles, pour une seule pédale physique. Je comprends pas l'utilité de ce truc, et ça a tendance à m'embrouiller plus qu’autre chose.
- Dans certains presets, on tombe assez vite à court de DSP si on empile les simus d'amplis et les effets gourmands comme les pitch shifters.
- L'input pour la guitare n'est pas la première prise à droite, c'est un peu perturbant.
- ça serait cool dans les snapshots de pouvoir changer l'ordre des effets.
- c'est compliqué de faire de l'expérimental/impro avec en triturant les pédales : par exemple, c'est galère pour faire osciller un delay en live.
- le Helix Floor reste assez grand et imposant (je ne compte plus le nombre de fois où des zikos m'ont dit "c'est quoi ton vaisseau spatial ?" ), du coup pour les répètes j'ai pris son petit frère, le HX Stomp.

En résumé : une super bécane, si vous savez ce que vous voulez en tirer et que vous prenez le temps de vous y pencher en détail. Une fois qu’on le maitrise, c'est le top !

Guitare : Fender Stratocaster Mexicaine 1993 - achetée neuve puis customisée HSH splitables avec des PAF-59 et un Fender 62 au centre (MS-Tornade)

Expérience : plusieurs multi-effets, du QuadraVerb-GT Alesi en 94 au Nova-System TC-Electronic (mis à la retraite en 2022). Longtemps branchés en 4 câbles avec petit combo, puis avec une simulation de HP en direct-to-console après avoir adopté la solution du retour individuel sur scène.
2 ans maintenant que mon Helix me sert à tout, partout, tout le temps.

Contexte musical : groupe de reprises Pop-Rock-Funk, chanteuse + power-trio


Pour ce qui est du Helix je ne reviendrai pas sur la fiche technique, les possibilités multiples, ou le "wouahhh ça sonne d'enfer". D'un autre coté il y a aussi plein de gens qui disent "bouhhhh, trop compliqué ou trop contraignant pour X raisons" (l'éternel conflit de génération, je ne blâme personne).

Pour mon cas perso, avec l'âge et les problèmes de dos j'ai du penser à alléger la charge que je porte, et m'orienter vers une solution "tout-en-un" plus légère que je trimbale chaque semaine en répète. Je ne suis pas du genre démuni non-plus devant des menus et des programmes à gérer plutôt que des boutons à tourner ou des faders à actionner. Je comprend que certains ne soient pas à l'aise avec ça.

Autre point qui m'a poussé à du "tout-en-un" : la fiabilité liée à tous les soucis de connectique (câblage et prises), autant de sources de parasites possible avec de la connectique asymétrique (jack-mono)

Le choix du Helix a été mûrement réfléchi, le temps que je remplisse assez ma tirelire pour envisager un achat aussi couteux. Les critères qui m'ont fait choisir le Helix plutôt qu'un autre c'est d'abord la full compatibilité avec un ordinateur, pouvoir complètement piloter la bécane à l'écran pour tout ce qui concerne la recherche et mise au point du son (texture et effets), et la gestion des presets sous forme de seltists indépendantes, lesquelles sont facilement ordonnables du bout de la souris. Et en dernier lieu une bonne réputation de la marque malgré la concurrence dans la même gamme de prix (Boss GT-1, Headrush, c'étaient les concurrents en compétition lors de mon choix)


Le bilan du changement en adoptant le Helix :

1 - J'avais prévu une transition en douceur pour passer de mon ancien pedalboard au Helix car l'offre est riche, vaste, immense, les superlatifs me manquent. J'ai acheté le Helix durant l'été pour un début d'utilisation en groupe durant la période d'hiver suivante. Cette stratégie a été la bonne pour ne pas subir un dépaysement total et ne pas perdre mes repères ^^

2 - Je suis passé du Mono au Stéréo.
Avec les effets bien réglés ça donne une autre dimension à la guitare dans le mix, coté public et sur les enregistrements de concert, un gros bénéfice pour une formation réduite comme la nôtre. A ce propos les enregistrements de concerts multipistes m'ont bcp aidé à améliorer mes presets au fil du temps, en appliquant sur le Helix les réglages que j'apportais au mixage (surtout les EQ et volumes).
Faut donc aborder la mise au point des presets avec patience, un petit sound-check complet avec le groupe qui joue face à la sono ne fait pas de mal non plus pour s'assurer que l'expérience du public sera optimale (nous n'avons pas d'ingé son dédié pour piloter notre mix durant nos prestations).
Connectique en double XLR avec un signal super puissant : volume de sortie du Helix à 40% et préamps de la table à 20-30% seulement pour du -18db, zéro parasites hormis la friture générée par les amplis à fort gain (mais on a des NoiseGate pour ça).

3 - La gestion des presets est un véritable bonheur pour moi avec l'interface sur l'ordi.
Gérer plusieurs banques de presets quand on a différents projets musicaux, pouvoir remettre ses presets dans l'ordre de la setlist par simple glisser-déposer, ne pas se sentir à l'étroit avec un immense espace de stockage...
Le sentiment de sécurité aussi, de savoir qu'en cas de soucis technique avec la bécane, on peut toujours recopier ses presets sur un autre Helix et retrouver ses petits (de longs mois de mise au point et optimisations au fil des répètes et des concerts).

4 - Les Snapshots
Un preset unique pour une chanson qui inclue tout ce dont on va avoir besoin, lequel se décline en différentes configurations qui sont commandées par un simple bouton au pied... fini les claquettes intempestives une fois qu'on est bien organisé. Comme pour les presets c'est un truc qui se prépare, une forme de programmation, du temps passé, mais une fois que c'est fait quel bonheur à utiliser tellement ça simplifie les choses in-situ.

5 - Helix-Floor ou LT moins cher ?
Pour moi les écrans ont clairement un intérêt pour nommer mes snapshots, les retrouver rapidement en passant d'une titre à l'autre en répète ou en concert, en particulier quand on revient sur un vieux preset qu'on a pas utilisé depuis longtemps... aucun regret d'avoir pris l'option car je la trouve utile à l'usage. J'imagine que le gars qui va juste jongler entre 3 presets n'en aura pas l'utilité, à chacun ses besoins.

6 - La marque et le suivi du produit.
Line6 n'apparait pas forcément en tête du hit parade du "matos de prestige". Mais un peu comme pour Behringer, il faut se méfier de ce qui pourrait apparaitre parfois comme des "sous-marques". Ce que je déteste en particulier, ce sont les marques qui sortent des nouvelles références tous les 4 matins et qui abandonnent les anciennes.
J'ai acheté mon Helix pas mal de temps après sa sortie, et depuis il y a eu 4 grosses mise à jour du firmware (optimisations et modules en plus), preuve que Line6 ne laisse pas crever ses anciens produits. D'autres marques autrement plus prestigieuses genre Avid pour ne citer qu'eux, ne s'embarrassent pas de ce genre d'éthique. Il me semblait important de mettre un coup de projo sur cet aspect marketing orienté obsolescence programmée.

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Des points négatifs ?

Peut-être parfois un manque en terme de présence, vu qu'un retour de scène n'a pas le même ressenti qu'un ampli à lampe qu'on aime chatouiller. Mais cet aspect se discute entre ceux qui sont pro-mix-global et les ayatollahs du pur son. Ceux qui optent pour une solution hybride avec ampli complet et pédalier en 4 câbles seront moins dépaysés mais pour ce type d'utilisation un HX-Stomp sera largement suffisant, et là on oublie l'économie de poids et d'emmerdes en terme d'entretien matos.

Je n'aime pas du tout la pédale d'expression, c'est la raison pour laquelle j'ai mis 4 étoiles et pas 5 ^^
A l'occasion j'aime whawhater et cette pédale n'est pas du tout adaptée pour ce genre d'utilisation en raison d'un point de pivot trop reculé vers le talon, ainsi qu'une pédale assez dure à actionner : pour appuyer sur la pédale pas trop de problème, mais pour la relever avec la pression sur le talon c'est la galère, on lutte, pas moyen d'être précis, genre tout-ou-rien, du coup on joue moins bien... pas glop du tout.
Cette pédale intégrée pourrait avoir un intérêt pour celui qui l'utilise en pédale de volume mais le bouton de volume de ma guitare me suffit, donc elle ne me sert finalement à rien.
Dans ma logique "light" j'ai acheté une mini-wha CryBaby avec bypass sensible à la pression. C'est bien sur le plan du minimalisme mais je préfère quand même le toucher au pied de mon ancienne CryBaby standard que je trouve plus facilement sous mon pied.
Le hic c'est qu'un WhaWha externe n'est pas exploitable en mode Whammy, donc le fan de Morello se dirigera plutôt vers une pédale d'expression type Ernie Ball ou Roland s'il veut profiter de tous ces effets avec un max de confort, surtout que les Wha intégrées du Helix sont excellentes aussi... juste le périphérique intégré pas pratique pour les exploiter.

Les loopers.
Une super idée d'en avoir intégré dans le Helix, mais pourquoi diable ne pas avoir poussé le bouchon un peu plus loin ? Avec un port pour clé USB ou autre carte mémoire, afin de pouvoir sauvegarder ses samples, lire des samples pré-enregistrés voir des backtracks complets dans le cadre de prestations solo ?
A la vue de tout ce qu'offre le Helix, c'est dommage que le constructeur soit passé à coté de ça, d'aller piquer qlq bonnes idées à Boss et Digitech

Le sac à dos
Il est juste génial, un back-pack qui vous garde le dos bien droit en vous faisant passer pour un cosmonaute d'Apollo. Pratique donc et super bien conçu pour une logique de tout-en-un, mais le prix est franchement abusé. Ceci dit quand on aime son matériel, qu'on se balade partout avec et qu'on a pas envie de le casser prématurément...

J'ai un avis partagé sur les presets de "la communauté" du site de Line6 car ils sont très inégaux en qualité, et le rating-ranking n'est pas toujours représentatif.
Lisez bien les descriptifs des presets, savoir avec quel type de guitare le gars a bricolé son "tone-machting" (genre il a une Variax aux multiples visages et toi une guitare très typée qui ne matche pas du tout), savoir si le gars n'a pas utilisé une IR payante pour la simu-HP sans laquelle le preset ne ressemble plus à rien...
Le coté positif en revanche, c'est de pouvoir utiliser ces presets du net comme base de travail pour mettre votre son au point, découvrir parfois des réglages très différents ou des modes de câblages différents (avec des mises en parallèle) qui pourront par la suite inspirer votre créativité. J'ai commencé comme ça après l'exploration des sons usine, ça m'a été utile durant ma phase découverte-apprentissage des différentes possibilités.

Un petit mot sur le business des packs de presets et IRs vendus sur internet : je ne doute pas qu'ils sont "quali" et mis au point par des gens bien plus compétents que moi, mais comme je suis bidouilleur je bricole mes sons moi même à plus de 80%, mon idée étant que ma gratte doit être parfaitement calée entre le chant la basse et la batterie, pour un mix facile, simple, efficace, agréable à l'oreille du public quand on joue, et agréable à mon oreille quand j'écoute nos enregistrements avec une simple balance de base. Donc adepte du sur-mesure.

Pour les IRs, j'ai téléchargé des packs gratuits sur le net après avoir longtemps utilisé les simu-HP intégrées. J'ai galéré pour en trouver vu que les IRs qui sont mises en avant sont le plus souvent payantes, mais qui cherche trouve.
J'ai pris le temps de faire des comparatifs en clonant mes presets, et les alterner en répète avec le groupe pour mesurer l'impact in-situ sur le mix. J'avoue que je n'ai pas toujours été convaincu par le bénéfice que ces IRs pouvaient apporter dès lors qu'il n'y avait pas un changement drastique de couleur au niveau du son. J'ai donc fini par élaguer largement pour ne conserver que celles qui m'étaient utiles, celles qui apportaient une couleur de son particulière et que j'utilise dans des cas bien particuliers. Le reste du temps, les simus intégrées m'apparaissent comme largement suffisantes pour mes besoins. Rien qu'avec 2 baffles et micros différents les possibilités sont tellement nombreuses.

CONCLUSION :
J'espère que cet article en mode "in bed with Helix" aidera ceux qui se posent la question d'un passage de l'analogique vers du full-numérique et pour qui la transition n'apparait pas comme forcément naturelle. Chaque guitariste est différent, chacun a une approche différente sur le matos, son idée de comment ça doit sonner... donc une solution de type Helix ne conviendra pas à tout le monde. Vous avez certainement compris qu'à moi ça va comme un gant ^^

Note : Je n'ai pas du tout exploré les fonctions MIDI vu que je n'ai jamais eu de pédales externes pilotables.

Cette machine peut tout faire, et depuis la dernière mise à jour avec les nouveaux cab, c'est encore mieux qu'avant!

MAIS...
La fiabilité des footswitch laisse à désirer.
Ils lâchent tôt ou tard.
Heureusement que je ne suis pas un manchot avec le fer à souder et que j'ai pu remplacer les mini switch moi-même (du cout ça ne coute franchement rien), mais je trouve qu'à ce prix/pour cette catégorie c'est assez regrettable.

Par contre pour avoir lu des avis sur Fractal avec des machines qui plantent ou qui bootent mal / longtemps, ici ce n'est pas du tout le cas, la partie software de la bête a été soignée

L'énorme point fort en tout cas du Helix est son interface utilisateur. Le logiciel sur ordinateur est facile d'accès, mais c'est surtout la conception/l'utilisation du pédalier en dehors de l'ordi qui est tout à fait remarquable et qui met une très grande claque à tous les concurrents!

Ajouter un élément sur son signal chain, associer un footswitch à un effet, créer des snapshot, tout est un jeu d'enfant! vraiment!