En 1992, la toute jeune marque californienne Bogner lançait son modèle d’ampli phare, l’Ecstasy. 25 ans après, la fameuse tête d’ampli est toujours au catalogue du constructeur, et elle a été rejointe par une flopée d’autres produits, dont des pédales. Parmi celle-ci, l’on trouve l’Ecstasy Blue et l’Ecstasy Red, des saturations s’inspirant des deux canaux de l’ampli du même nom. Comme il faut faire des choix dans la vie, nous avons jeté notre dévolu sur la petite pilule bleu.
Le canal bleu de l’ampli Ecstasy est taillé pour le rock’n’roll. À l’inverse du canal rouge plutôt orienté « high-gain », il est donc spécialisé dans les crunchs un peu plus subtils, et les sonorités façon Plexi. La pédale Ecstasy Blue reprend ce concept, en embarquant notamment quatre étages de gain de classe A et non pas des amplificateurs opérationnels ou des diodes pour l’écrêtage. De cette façon, la machine se rapproche des circuits de l’ampli original.
Les entrailles de la bête sont donc sophistiquées, et c’est aussi le cas de l’emballage dans lequel elle est livrée. La pédale est en effet placée sur un socle au coeur d’un écrin noir assez élégant. Le boîtier est aussi très joli avec son métal brillant peint en bleu, mais il retient beaucoup les traces de doigts ! Enfin, deux LED très lumineuses ajoutent un petit plus au look déjà réussi.
Si les LED sont au nombre de deux, ce n’est pas un hasard : la pédale de Bogner est dotée d’un étage d’overdrive, et d’un étage de boost, avec pour chacun un footswitch. Ces derniers sont d’ailleurs très plaisants. L’activation est franche et pourtant douce.
Ces deux étages ne sont pas les seuls éléments originaux de l’Ecstasy Blue. Il s’agit en réalité d’un effet très polyvalent, doté de nombreux contrôles. Ainsi, vous trouverez un bouton de volume, un bouton de gain, un EQ de 3 bandes, un sélecteur à trois positions « Pre Eq » modifiant la tonalité, un sélecteur « Variac » simulant une baisse de tension au coeur de la pédale, un sélecteur à deux positions « Mode » modifiant le mode de saturation, et un dernier sélecteur à trois positions « Structure » permettant de modifier plus généralement les sonorités. De plus, des réglages de volume et de gain sont dédiés au boost. Malheureusement, ces deux potards sont moins bien réussis que les autres présents sur la pédale, puisqu’ils sont si petits que l’on a du mal à les agripper et qu’ils font mal aux doigts.
Enfin, notons la présence d’une entrée « Remote » afin de connecter un contrôleur MIDI et de piloter la pédale. L’Ecstasy Blue est donc une pédale particulièrement complète, et nous sommes loin des trois potards habituels d’une overdrive. Ça fait du bien !
How does it sound ?
Il y a tellement de chose à dire sur l’Ecstasy Blue, qu’il est difficile de savoir par où commencer. Un paramètre nous paraît toutefois essentiel : le sélecteur « Mode ». Par son intermédiaire, deux saturations assez différentes sont disponibles. Le mode Plexi offre des saturations mid-gain très agréables pour des crunchs, mais manquant de pêche pour du rock tranchant. Le mode Blue est, lui, très saturé, et se distingue par une très forte présence du bas du spectre.
Il est possible d’agir sur la tonalité de différentes manières. Tout d’abord, l’EQ de 3 bandes est très complet, et n’influe pas sur le volume. Il permet donc de façonner simplement son son. De plus, le sélecteur Pre-EQ offre trois options différentes à l’influence variable en fonction des autres réglages de la pédale. Une position est assez neutre, avec un EQ plat, une autre booste les aigus, et une dernière booste les médiums et les aigus.
Enfin, le bouton Structure change complètement la nature de la pédale. Le réglage 101 est assez vintage avec un petit creux dans les médiums, alors que le réglage 20th est bien plus moderne, avec un son très ample. Quant au réglage 100, il augmente les médiums pour obtenir des sonorités proches de l’esprit Tube Screamer.
En combinant les différents réglages que nous venons d’évoquer, la saturation peut s’avérer impressionnante. La réserve de gain et de volume est vraiment à souligner. Le boost peut même apporter un surplus de puissance à tout cela, et l’on obtient presque les sonorités d’une fuzz.
Quant au mode Variac, il simule une baisse de tension au coeur de la pédale comme nous l’indiquions précédemment. Dans les faits, le son est moins défini mais cela a son charme. C’est, en tout cas, loin d’être le réglage le plus marquant de l’Ecstasy Blue.
Conclusion
Comme ses nombreux contrôles le laissaient présager, l’Ecstasy Blue s’avère ultra polyvalente. Elle est tout aussi bien capable de délivrer des sonorités high-gain gorgées de bas, que des crunchs perçants. C’est une très belle machine, mais qui manque peut-être un poil de personnalité. Son prix corsé (298 euros) n’est pas illogique vu le soin apporté à la fabrication et à la conception, mais l’on peut certainement trouver une pédale avec plus de caractère pour moins cher. Tout dépendra au final de votre utilisation, mais si vous recherchez avant tout une overdrive polyvalente de qualité, l’Ecstasy Blue est une valeur sûre.