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Test de la pédale d'overdrive Anasounds Savage MKII - Savage niçoise

9/10

Depuis de nombreuses années, le marché du matériel dit « boutique » connait un essor retentissant. Ce phénomène mondial est particulièrement visible dans l’univers des pédales d’effets pour guitare.

En effet, on ne compte plus le nombre de petits fabri­cants propo­sant des machines produites au compte-goutte. Certaines marques font le pari de l’in­no­va­tion, là où d’autres préfèrent miser sur des copies des effets légen­daires du monde de la guitare. Avec un cata­logue d’une petite dizaine de réfé­rences, les niçois d’Ana­sounds s’ins­crivent à la croi­sée de ces démarches. Il est vrai que depuis ses débuts en 2013, la marque ne cache pas sa préfé­rence pour les produits « vintage », mais des sché­mas origi­naux et d’autres plus conven­tion­nels se côtoient. Le guita­riste étant par essence conser­va­teur, le best-seller d’Ana­sounds est une copie de la mythique pédale d’over­drive Klon Centaur : la Savage. Voici notre test de cet effet.

Socca­li­ta­tif

Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 2

À l’ori­gine, la Savage était propo­sée avec un boîtier assez impo­sant doté de cinq réglages en façade. Mais depuis quelque temps, Anasounds commer­cia­lise une version MKII plus compacte avec trois potards en façade, et quatre réglages en interne dont certains n’étaient pas présents sur le précé­dent modèle. Le nouveau format est très clas­sique (même gaba­rit qu’une pédale TC Elec­tro­nic), mais les fini­tions reflètent un goût prononcé pour le design. Le boîtier en métal brossé accueille une jolie plaque en acajou gravé au laser. C’est fin, ça respire la soli­dité, et l’in­évi­table centaure est bien présent. Les potards et le foots­witch, quant à eux, sont simples mais très agréables d’uti­li­sa­tion. Enfin, une éton­nante plaque vitrée verte arbo­rant le logo de la marque s’illu­mine lorsque la pédale est enclen­chée. Ne boudons pas notre plai­sir, la Savage MKII est une réus­site esthé­tique totale. Même le packa­ging est réussi, avec une sorte de boîte à chaus­sures minia­ture terri­ble­ment mignonne !

Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 8

L’in­té­rieur de la pédale n’est pas en reste. Je m’at­tarde rare­ment sur l’as­pect visuel des circuits, mais l’as­sem­blage m’a marqué tant il est propre et paraît bien effec­tué, et les réglages internes sont donc faci­le­ment acces­sibles. Les compo­sants choi­sis proviennent tous du Japon, des États-Unis, ou de France (notam­ment un TC1044 et un AOP Texas Instru­ment TLC274). 

La marque de fabrique de la Klon Centaur, le fameux écrê­tage à base de diodes au germa­nium, a été préser­vée. Il s’agit d’une condi­tion sine qua non pour quiconque reven­dique une filia­tion avec le mythe. Pour créer le circuit de la Savage, son concep­teur a étudié de nombreux modèles de Centaur. Ajou­tez à cela les multiples sché­mas qui circulent sur inter­net, et Anasounds s’est retrouvé avec assez d’élé­ments pour créer un circuit inspiré de l’ori­gi­nal, mais légè­re­ment repensé. Nous abou­tis­sons donc à une machine un peu plus para­mé­trable, et dispo­sant d’une « headroom » plus consé­quente.

Enfin, notons que la pédale néces­site une alimen­ta­tion de 9 volts non four­nie, et qu’elle possède une entrée et une sortie mono.

Nissa Sound System

Comme nous l’évoquions, la Savage possède trois potards en façade. Le bouton Out gère le niveau de sortie, le bouton Tone agit sur la tona­lité globale de l’ef­fet, et le bouton Gain… on vous laisse devi­ner ! C’est d’ailleurs ce dernier que nous allons mettre en avant pour commen­cer la décou­verte sonore de notre pédale.

0 Strat Dry
00:0000:48
  • 0 Strat Dry 00:48
  • 0.5 Les Paul Dry 00:42

La série d’ex­traits qui suit a été réali­sée avec la Stra­to­cas­ter. J’uti­lise d’abord le micro cheva­let de la guitare, puis le micro manche. Dans les deux cas, j’ai enre­gis­tré un exemple avec le gain réglé au premier quart, un autre avec un réglage à la moitié, et enfin un dernier avec le gain poussé au maxi­mum. Dans chacun des sons, l’Out est placé au premier quart, et le Tone à la moitié. Voilà ce que cela donne :

1 Strat Cheva­let Gain 1 4, Tone 1 2, Output 1 4
00:0000:30
  • 1 Strat Cheva­let Gain 1 4, Tone 1 2, Output 1 4 00:30
  • 2 Strat Cheva­let Gain 1 2, Tone 1 2, Output 1 4 00:52
  • 3 Strat Cheva­let Gain Full, Tone 1 2, Output 1 4 01:16
  • 4 Strat Manche Gain 1 4, Tone 1 2, Output & 4 00:38
  • 5 Strat Manche Gain 1 2, Tone 1 2, Output 1 4 00:54
  • 6 Strat Manche Gain Full, Tone 1 2, Output 1 4 01:04

J’ai tout de suite été marqué par la dyna­mique offerte par la pédale. L’at­taque du guita­riste est bien retrans­crite, on sent que la satu­ra­tion ne réagit pas toujours de la même façon, y compris en jouant avec le potard de volume de l’ins­tru­ment. La Savage MKII est égale­ment surpre­nante en termes de gain. La bête en a sous le capot, et l’on rentre clai­re­ment sur le terri­toire d’une pédale de distor­sion lorsque le gain est au maxi­mum. Malgré cela, l’ef­fet ne noie pas les notes qui restent bien défi­nies. Cela est dû à une spéci­fi­cité de la Savage : le gain a une double action, il fait satu­rer l’over­drive mais réinjecte aussi du signal clean pour garder un son bien défini, et ce graduel­le­ment au fur et à mesure que l’on pousse le gain.

Écou­tons à présent six extraits enre­gis­trés avec la Les Paul :

7 Les Paul Cheva­let Gain 1 4, Tone 1 2, Output 1 4
00:0000:54
  • 7 Les Paul Cheva­let Gain 1 4, Tone 1 2, Output 1 4 00:54
  • 8 Les Paul Cheva­let Gain 1 2, Tone 1 2, Output 1 4 00:46
  • 9 Les Paul Cheva­let Gain Full, Tone 1 2, Output 1 4 00:46
  • 10 Les Paul Manche Gain 1 4, Tone 1 2, Output 1 4 00:40
  • 11 Les Paul Manche Gain 1 2, Tone 1 2, Output 1 4 00:52
  • 12 Les Paul Manche Gain Full, Tone 1 2, Output 1 4 00:24
Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 5

Encore une fois, les quali­tés de la pédale s’ex­priment. Le niveau de sortie plus impor­tant des micros de la Gibson permet d’at­teindre des sons rock agres­sifs. Cepen­dant, le résul­tat est un peu moins convain­cant avec le micro manche gras et grave de la Les Paul. Il faudra jouer avec le contrôle de tona­lité pour préser­ver la belle défi­ni­tion de notes que distille habi­tuel­le­ment la pédale d’Ana­sounds. Je regrette aussi qu’un léger souffle fasse son appa­ri­tion lorsque l’on pousse le gain. Il n’y a rien de drama­tique, mais le Tone a le même problème, et la combi­nai­son des deux est plus déran­geante. Mais tout cela n’ef­face en rien l’ex­cel­lente impres­sion que m’a lais­sée la Savage. Je tiens d’ailleurs à indiquer que je l’ai égale­ment bran­chée direc­te­ment dans un Fender Twin Reverb, et que c’était un bonheur. Il est toujours bon de rappe­ler que les extraits sonores sont repré­sen­ta­tifs des sono­ri­tés d’une guitare enre­gis­trée, et que le résul­tat est forcé­ment diffé­rent des sensa­tions ressen­ties en face d’un baffle.

Dans l’ex­trait qui suit, je reprends la Stra­to­cas­ter et j’uti­lise la Savage pour boos­ter le canal saturé d’une simu­la­tion de Vox AC30. L’Ou­put est à 1/4, le Gain à 1/2, et le Tone à 1/2.

00:0000:00

Même en amont d’une satu­ra­tion, la Savage convainc. La Stra­to­cas­ter rugit, mais ne bafouille jamais (à l’in­verse du guita­ris­te…). La pédale semble donc pouvoir assu­mer le rôle de clean boost perma­nent, mais aussi de machine à crunch, de boos­ter de soli, et elle ravira même les amateurs de tribu­la­tions high-gain préa­la­ble­ment équi­pés d’ef­fets de satu­ra­tion. 

Viscé­ral

Il est temps de nous pencher sur le potard de tona­lité. C’est égale­ment l’oc­ca­sion de se plon­ger dans les entrailles de la bête, puisqu’il existe en réalité deux modes de tona­lité, grâce à un commu­ta­teur interne. Le premier extrait présente l’in­fluence du Tone avec le para­mé­trage d’ori­gine, et le second avec le deuxième mode. Je commence à chaque fois avec le potard à 12 h, puis je marque deux étapes vers la gauche, dont une avec le bouton au mini­mum. Je repars ensuite dans les aigus avec un arrêt à 3 h, et une dernière étape avec le réglage au maxi­mum.

14 Strat Manche Mode Tone 1 Tone 1 2, puis 1 4, puis à 0, Puis au 3 4, puis full (Gain 1 3, Output 1 4)
00:0001:20
  • 14 Strat Manche Mode Tone 1 Tone 1 2, puis 1 4, puis à 0, Puis au 3 4, puis full (Gain 1 3, Output 1 4) 01:20
  • 15 Strat Manche Mode Tone 2 Tone 1 2, puis 1 4, puis à 0, Puis au 3 4, puis full (Gain 1 3, Output 1 4) 01:32
Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 9

Dans les deux cas, la quasi-entiè­reté de la course du contrôle de tona­lité est exploi­table. Le réglage est fin, et très progres­sif. La diffé­rence est très légère entre les deux modes, mais le second mode me parait offrir un peu plus de rondeur. J’ai appris par la suite qu’Ana­sounds a souhaité élar­gir le spectre des fréquences sur lequel agit le Tone par rapport à la Klon Centaur. Le premier mode est donc un peu plus souple, alors que le deuxième, lui, se rapproche des para­mètres de la pédale origi­nale. 

Le commu­ta­teur dédié à la tona­lité n’est pas l’unique réglage interne, nous l’avons dit. Il en existe trois autres, dont le réglage OD_Bass. Comme son nom l’in­dique, il agit sur les fréquences graves. Écou­tons ce que cela donne.

00:0000:00

Le commu­ta­teur OD_bass agit sur les graves de l’étage d’over­drive. Avec le para­mé­trage origi­nal, les fréquences basses sont un peu plus sourdes. Le second mode donne l’im­pres­sion que le son est plus ouvert, qu’il prend plus d’es­pace. C’est un contrôle qui ne change pas radi­ca­le­ment le son, mais qui offre, encore une fois, de nombreuses possi­bi­li­tés. 

Le prochain exemple sonore démontre l’ef­fi­ca­cité du commu­ta­teur Clip­ping. Je débute avec le para­mé­trage de base, puis je passe au second mode. Je repasse briè­ve­ment sur le premier mode, avant de termi­ner avec le second mode tout en augmen­tant légè­re­ment le niveau de sortie pour pouvoir compa­rer à volume égal.

00:0000:00

Pour décrire ce bouton, Anasounds évoque un choix entre sono­ri­tés vintages et sono­ri­tés plus modernes. Je ne sais pas si ce sont les bons termes, mais, une chose est sûre, le clip­ping change vrai­ment la nature du son. Le second mode ouvre un autre univers avec un plus gros niveau de sortie et une empreinte sonore diffé­rente.

Enfin, le dernier para­mètre interne permet de modi­fier le « voicing ». Il s’agit d’un trim pot, et ce réglage n’est donc pas fait pour être changé à la volée (il vous faudra utili­ser un tour­ne­vis pour le modi­fier). 

00:0000:00

Le Voicing est certai­ne­ment le para­mètre interne le plus audible avec le Clip­ping. La nature de la satu­ra­tion est effec­ti­ve­ment modi­fiée, avec un gain plus impor­tant et une présence des aigus plus marquante lorsque l’on pousse un peu le réglage. Cette pédale réserve indu­bi­ta­ble­ment de belles surprises ! 

Viva, viva, Nissa la Bella

Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 10

Avant de conclure notre test, il faut abso­lu­ment que nous évoquions la Klon Centaur origi­nale. Malheu­reu­se­ment, les exem­plaires d’époque sont très rares et très chers. Mais depuis quelques années, Klon produit la KTR, le succes­seur de la Centaur. Elle reprend ses circuits et son fonc­tion­ne­ment, dont son système unique d’écrê­tage à diodes à semi-conduc­teurs au germa­nium. Toute­fois, la KTR utilise des compo­sants montés en surface à l’in­verse de la Centaur clas­sique. Si certains puristes estiment que la récente pédale n’égale pas son illustre prédé­ces­seur, les sono­ri­tés sont proches. Il se trouve que j’avais sous la main cette pédale, et que j’ai souhaité faire un rapide compa­ra­tif. Cet exer­cice est très limité tant les réglages sont nombreux sur chacune des pédales, notam­ment avec les commu­ta­teurs internes de la Savage MKII. Pour cet exemple, j’ai simple­ment réglé chacun des trois potards en façade de la même façon, en ajus­tant très légè­re­ment le niveau de sortie (Output à envi­ron 1/4, Tone 1/2, Gain 1/2, pour les deux pédales).

00:0000:00

Les deux pédales ont incon­tes­ta­ble­ment des simi­la­ri­tés. Le son est épais, les médiums sont mis en avant, on est très loin par exemple d’une Tube Screa­mer. La Savage MKII peut-elle déli­vrer exac­te­ment les mêmes sons que la Klon Centaur ou même que la KTR ? Je n’en sais rien, mais la filia­tion est évidente. La pédale est poly­va­lente, et sonne dans pratique­ment toutes les situa­tions. De plus, elle est très person­na­li­sable. La plupart des guita­ristes s’ar­rê­te­ront proba­ble­ment aux réglages en façade, ce qui n’est pas mal en soi, puisque la Savage est aussi faite pour cela, mais ce serait dommage tant les diffé­rents réglages modi­fient la nature de la pédale.

Anchois sur la pissa­la­dière, la bête est jolie, bien finie, et possède une véri­table iden­tité visuelle (à l’image de tous les produits d’Ana­sounds). Que deman­der de plus ? Peut-être un prix un peu plus doux, même si la qualité et la produc­tion en France se paient. 209 €, c’est tout de même une somme. Les guita­ristes réfor­ma­teurs peste­ront aussi contre cette énième commer­cia­li­sa­tion d’une énième pédale de légende. Ils n’ont pas tort, mais Anasounds propose aussi d’autres machines. Et puis il y a ce petit souffle au cœur lorsque l’on pousse la Savage dans ses derniers retran­che­ments, comme pour nous rappe­ler la fron­tière entre mythe et réalité, entre vie et éter­nité. Mais au fond, est-ce que ça compte ?

  • Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 1
  • Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 2
  • Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 3
  • Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 4
  • Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 5
  • Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 6
  • Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 7
  • Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 8
  • Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 9
  • Anasounds Savage MKII : Test Anasounds Savage Photo 10

 

Notre avis : 9/10

  • La qualité du son
  • Convaincante en tant que boost, overdrive, et distorsion
  • Le look
  • Fabrication française soignée avec des composants de qualité
  • La pédale est très personnalisable, et n’est pas qu’une simple copie
  • Le prix, bien qu’il reste dans la moyenne pour une pédale « boutique »
  • Un peu de souffle avec les potards Tone et Gain

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