Inspirée d’un projecteur 16mm Bell & Howell, la 385 Overdrive de Walrus Audio est passée en version MKII il a y a quelques semaines. Découvrons les améliorations de cette nouvelle version qui nous renvoie 70 ans en arrière.
De projecteur à ampli guitare
Entre 1955 et 1961, l’entreprise Bell & Howell a fabriqué et commercialisé un projecteur 16 mm baptisé 385 Filmosound. Ce dernier, conçu pour le cinéma parlant, intégrait un ampli à lampes de 18 watts avec une entrée micro et des potentiomètres de Volume et Tone. Peu de temps après, des guitaristes ont eu l’idée de brancher leur 6 cordes dans cet ampli original. Le son qu’ils en tirèrent était si bon que la pratique de transformer ce projecteur 16 mm en ampli guitare s’est répandue comme une traînée de poudre. Plusieurs modifications étaient courantes ; l’ampli ne pouvait être modifié que très légèrement : on retirait simplement le projecteur de l’appareil et on l’utilisait tel quel. Mais le Filmosound pouvait également être transformé en joli combo guitare.
Walrus Audio, qui est toujours dans les bons coups, a décidé en 2016 de développer une pédale « Amp in a Box » qui reprenait le circuit et les sonorités de cet « ampli » si particulier et aimé des guitaristes. Le résultat était la 385 Overdrive, première du nom. Il aura fallu attendre octobre 2023 pour que la pédale passe en version MKII.
Les nouveautés
Pour cette nouvelle version, Walrus Audio a équipé sa pédale d’un second foot switch. Il permet de basculer entre les modes A et B qui disposent chacun de réglages de Volume et Gain. On peut donc profiter de 2 réglages différents pour le même circuit, ce qui est très malin. La marque a eu l’idée de placer deux couples Volume et Gain sur la pédale par suite des retours des utilisateurs de la première version. La pédale génère en effet des sons très agréables avec un réglage de gain très bas mais développe des sons tout aussi sympa avec le gain à fond. Pour pouvoir profiter de ces 2 réglages (et plus) sans devoir régler à nouveau la pédale, on a donc 2 couples Volume et Gain.
Toujours au chapitre des nouveautés, Walrus Audio a ajouté un switch à 2 positions dénommé 385+. Quand on le bascule, ce switch ajoute un étage de saturation avant le circuit de l’ampli ce qui entraîne la pédale vers des sonorités beaucoup plus épaisses et saturées. Son look a d’ailleurs évolué légèrement mais reste dans la même veine que celle de la version MKI. On retrouve une illustration stylisée de Josh Yosurack du Filmosound 385 en bichromie noire et jaune pâle.
Et le son dans tout ça ?
Comme d’habitude chez Walrus Audio, la pédale jouit d’une excellente qualité de fabrication. Chaque élément est à sa place, les potentiomètres sont solides tout comme les footswitchs silencieux. Celui de droite, qui bascule entre les modes A et B, est relié à une LED qui est verte pour le mode A et rouge pour le mode B. C’est bien pratique pour visualiser rapidement sur quel mode on se trouve. La 385 Overdrive MKII a trouvé sa place rapidement sur mon Pedalboard grâce à ses fiches disposées sur le dessus.
Je commence le test en plaçant mon ampli sur un son clair assez proche de celui d’un Fender Blackface. Avec tous les réglages de la pédale à midi, on obtient un très joli son d’overdrive avec beaucoup de grain et de charme. Le fabricant met l’accent sur le côté dynamique et responsif de la pédale et en la jouant pour la première fois, on comprend pourquoi. On peut caresser les cordes et obtenir un son clair et augmenter l’intensité de l’attaque pour arriver sur un gros son saturé, le tout sans triturer un seul potentiomètre. C’est très chouette et ça rend la pédale presque vivante. Bien qu’alimentée en 9 volts, la 385 MKII profite d’un transfo interne qui élève cette tension à 18 volts. Grâce à cet incrément de tension, on profite d’une énorme dynamique et d’un gros Headroom. Je triture un peu l’égalisation qui est très réactive et hyper musicale. À mesure qu’on augmente la valeur des réglages Bass et Treble, on entend le taux de saturation des fréquences concernées augmenter. Walrus a effectué un travail remarquable pour la conception du circuit de la pédale qui réagit vraiment comme un ampli. En plaçant le réglage Treble sur sa position maximale, le son se teinte d’un léger côté Fuzz-octave Up qu’on ressent surtout au niveau des attaques qui s’écrasent, comme quand on maltraite un ampli à lampes. Même chose quand on place le gain à fond, une belle compression naturelle qui écrase les attaques fait son apparition, c’est très sympa.
- SG – Tout à Midi01:10
- SG – Treble Tweak – Gain 7:1001:38
- SG – Bass Tweak – Gain 7:1001:25
- Telecaster – Tout à Midi01:16
- Telecaster – Treble Tweak – gain 7:1001:14
- Telecaster – Gain Tweak02:12
- Telecaster – 385+00:48
- Telecaster – Boost – Vol10, Gain001:28
Grâce à la tension de fonctionnement de 18 volts, on profite d’une importante réserve de volume qui fait de la 385 Overdrive MKII un excellent Boost qui transformera le son crunch d’un ampli en grosse saturation bien énervée tout en étant très musicale et maîtrisable. Même avec le gain à zéro, en plaçant le volume à fond, on profite d’un son crunch très agréable. J’ai essayé la pédale avec mes Gibson SG et Fender Telecaster : le son m’a beaucoup plus enthousiasmé avec les micros simples de ma Telecaster. Ils accentuent le côté très dynamique de la pédale qui répond à chaque petite variation d’intensité. Bien évidemment, elle répond également très bien aux changements de volume de la guitare. Je termine le test en activant le switch 385+ qui est, selon moi, totalement dispensable. Le son gagne en saturation, on obtient une distorsion High Gain très granuleuse, pas très musicale. Cependant, même avec ce switch engagé, et donc un haut niveau de gain, la pédale reste ultradynamique, c’est impressionnant.
Un overdrive original en 2023 ?
Si vous cherchez une pédale d’overdrive en évitant les sempiternelles Klon, Bluesbreaker, Tube Screamer et ODR-1, foncez essayer cette 385 MKII de Walrus Audio. Retrouver le son et les sensations de jeu offerts par un « ampli » aussi singulier est très bienvenu, surtout à une époque où sortent 12 clones de Klon Centaur par semaine. La 385 MKII affiche une belle polyvalence et une personnalité bien affirmée qui ne laisserait pas Jack White indifférent. Son côté ultra dynamique et responsif m’a beaucoup plu, si bien qu’elle n’a pas quitté mon Pedalboard depuis le test. Proposée à un tarif moyen de 275 €, elle affiche un rapport qualité-prix correct mais pas excellent.