Après avoir sorti trois pédales de préampli reprenant la topologie, le look et les sonorités des Fender Deluxe Reverb, Marshall JTM 45 et Vox AC30, TC Electronic propose trois nouvelles pédales inspirées d’amplis dédiés aux grosses saturations. C’est sur le V550, simulation de Peavey 5150, que j’ai le plaisir de m’attarder aujourd’hui.
Le tour du propriétaire
Après avoir présenté en fanfare les Combo Deluxe » 65, Jims 45 et DC30, dont vous pouvez découvrir les tests dans les colonnes de votre site bleu préféré, le fabricant danois TC Electronic s’attaque désormais aux sonorités plus joufflues. La V550 est fortement inspirée d’un Peavey 5150, ampli développé pour Eddie Van Halen en décembre 1991 et qui développe une quantité impressionnante de gain. Si l’ampli a été conçu pour un guitariste Rock/Hard Rock, de nombreux guitaristes de Metal se sont rapidement approprié cet ampli, au point de le rendre rapidement indissociable de ce style de musique. Comme pour la conception des trois pédales plus vintage, la marque a consciencieusement analysé le circuit de l’ampli original afin d’en modéliser chaque composant numériquement. Et comme le 5150, la V550 génère une quantité phénoménale de gain. Pour y arriver, elle dispose de réglages de Gain, Résonance, Level, Low, Middle et High. À l’arrière de la pédale se trouve un réglage de présence et un switch qui permet de déterminer l’emplacement du Boost dans l’acheminement du signal : pré ou post. La pédale bénéficie de deux foot switches ; le premier permet de basculer entre les deux canaux (Channel) et le second active/désactive le Boost intégré. Il s’agit d’un clean boost de 18 dB sur le canal Green et de 10 dB sur le canal Red.
La V550 s’articule donc autour de deux canaux, calqués sur les canaux Rythm et Lead du 5150 original. On bascule d’un canal à l’autre via le foot switch dédié et la pédale mémorise automatiquement la position des potentiomètres et du Boost pour chacun des deux canaux. Ce monde de fonctionnement, identique à celui des trois premières pédales de la série, est plutôt bien pensé et évite de perdre du temps à sauvegarder des presets. D’un autre côté, on ne bénéficie que de deux presets, ce qui en pourra en freiner certains, d’autant plus que la pédale n’intègre pas d’interface pour le protocole MIDI. Le châssis est en métal noir texturé. Le fabricant, pour coller au maximum au look de l’ampli original, a choisi des boutons de potentiomètres « Chicken-Head » avec un pointeur blanc. Visuellement, la V550 est plutôt réussie. Les potentiomètres exercent une certaine résistance, ce qui permet un réglage fin. Globalement, le produit inspire confiance et solidité. Je ne m’attarderai pas ici sur les détails du panneau arrière de la pédale qui est rigoureusement identique à celui des Combo Deluxe » 65, Jims 45 et DC30.
L’avalanche de gain
Après avoir inspecté la V550 sous toutes les coutures, je l’installe à la toute fin de mon pedalboard. Les pédales de la série AmpeWorx s’alimentent en 9 volts centre négatif, ce qui est très pratique pour l’installer aux côtés de vos pédales préférées. Comme pour les précédents tests, je connecte la sortie D.I de la pédale à l’entrée D.I de mon Audient iD22. Cette fois-ci, TC Electronic a choisi une réponse impulsionnelle d’enceinte 4X12 équipée de haut-parleurs Celestion. Elle sonne d’ailleurs assez bien, mais vous pourrez facilement utiliser vos propres IRs en utilisant la sortie OUT que vous connecterez à un chargeur de réponses impulsionnelles de votre choix, comme l’Impulse IR Loader de TC Electronic, par exemple, ou encore appliquer une simulation de HP logicielle comme l’excellent Wall of Sound de Two Notes Audio Engineering.
Je commence le test par le canal vert correspondant au canal Rythm du 5150. Sur ce dernier, on obtient des sons qui vont du léger crunch au très gros crunch bien épais. J’en profite pour bidouiller un peu l’égalisation qui permet de sculpter le son légèrement. Elle est agréable à utiliser dans le sens où les valeurs extrêmes sont totalement utilisables. Il n’y a pas de réglage inutile et c’est sympa. Comme sur l’amplificateur original, on retrouve un réglage de résonance qui adapte la réponse en fréquences graves de la pédale. Si on utilise une guitare accordée très bas, ce réglage sera très utile pour se débarrasser des basses indésirables. À l’inverse, avec une guitare accordée en Mi Standard par exemple, il sera utilisé pour ajouter du bas. C’est une sorte de présence pour le bas du spectre qui permet de gonfler le son et de lui donner un certain corps. La position de ce potentiomètre sera différente en fonction de la guitare et de l’ampli utilisés. La V550 ne dispose pas d’un niveau de sortie énorme, j’ai d’ailleurs placé le réglage Level aux alentours de 7.5/10 pour obtenir un niveau correct. Le son de la V550, comme celui du 5150, est assez creux dans les médiums et le réglage de Mids affecte surtout les bas médiums. On a donc une sonorité très typée, même sur les réglages de gain les plus raisonnables. Toujours sur le canal vert, j’enclenche le Boost de 18 dB. Ce dernier resserre le son dans les basses et le compresse de façon à le mettre en avant en lui donnant un aspect plus compact. On obtient des notes en jeu de paume qui sont bien sèches et ne bavent pas. Cependant, j’ai préféré le canal vert sans Boost. Il dispense alors des sons Rock très convaincants, c’est sympa. Sans plus attendre, je passe sur le canal rouge pour profiter de l’énorme réserve de gain disponible.
- Channel 1 Crunch – EQ Midi01:40
- Channel 1 Lead – Boost OFF:ON02:06
- Channel 2 – EQ Tweak01:56
- Channel 2 – Boost OFF:ON01:49
- Channel 2 – CleanUp MetalCore01:31
- Channel 2 – Max Gain – Boost OFF:ON01:13
Bien que le son gagne en épaisseur et en tranchant, il conserve cette sonorité très américaine et typique du 5150. Le niveau de gain de ce canal s’étale du crunch bien moustachu à l’énorme distorsion bien pleine et épaisse. Sans être qualifié de « vintage » (encore que), l’ampli original a quand même une trentaine d’années, ce qui explique le caractère pas trop moderne du son, d’où la présence du Boost. Appliquer un Boost à un ampli déjà très saturé est une pratique plutôt moderne qui permet, sans ajouter du gain, de resserrer le son dans les basses et ainsi d’obtenir quelque chose de plus centré et précis. Cela apporte aussi une bonne dose de compression qui remonte le niveau sonore du jeu de paume. Sans appliquer le Boost, la saturation du canal rouge a tendance à devenir un peu baveuse quand on dépasse la moitié sur le réglage de Gain. Selon le contexte, c’est un son tout à fait correct et utilisable en groupe, mais certains guitaristes préféreront le côté sec et distinct du son avec le Boost.
Le mot de la fin
Proposée à un tarif moyen de 159 €, la TC Electronic V550 jouit d’un bon rapport qualité/prix. C’est un bon outil pour obtenir rapidement un son Metal, que ce soit au casque dans votre chambre, sur scène ou en studio. Comme pour les autres pédales de la série, une ou deux autres réponses impulsionnelles n’auraient pas été de trop, même si celle incluse dans la pédale sonne plutôt bien. Si la polyvalence n’est pas son maître-mot, la pédale s’en sort correctement dans un registre Rock/Hard Rock, et n’est pas uniquement réservée aux métalleux les plus furieux. Les fans d’Eddie Van Halen s’y retrouveront également. Si vous aimez le son des amplis 5150 et que vous cherchez un outil fun et sympa à utiliser, foncez essayer la TC Electronic V550.