Le choix d'une pédale d'overdrive est une étape qui rythme le parcours de tout guitariste. Si on peut rapidement se perdre dans les milliers de références, nous allons vous communiquer quelques conseils qui vous aideront à choisir LA bonne pédale d'overdrive.

Historique
Le son de guitare saturé qu’on assimile à l’Overdrive est né dans les années 50 quand les guitaristes de l’époque poussaient le volume de leur ampli à lampes. Il faudra attendre 1962 pour que Gibson, après avoir acheté le brevet de Glenn Snoddy et Revis Hobbs, sorte la FZ-1.
De 1990 à 1994, un certain Bill Finnegan a développé la Klon Centaur qui est probablement la pédale d’effet la plus chère disponible à ce jour sur le marché de l’occasion. Il s’agit d’une pédale au circuit très singulier qui s’articule autour de diodes de Clipping. La Klon Centaur est une pédale d’Overdrive « Hard Clipping ». Comme la Tube Screamer, elle a été reproduite à de nombreuses reprises et reste une grosse référence plus de trente ans après sa sortie. Dans le même temps, en 1991 exactement, Marshall sort une série de pédales dont la légendaire Bluesbreaker. Cette dernière est conçue pour reproduire les sonorités de l’ampli du même nom apparu au catalogue du fabricant britannique en 1962. Le résultat est une pédale d’Overdrive transparente et très musicale devenue très populaire dans les années 2000 quand un certain John Mayer l’a placée sur son Pedalboard pour enregistrer l’album Continuum. Enfin, en 1993, la marque Nobels sort son ODR-1 qui, contrairement à la Tube Screamer, propose une sonorité très droite, sans bosse dans les médiums. Les ingénieurs de la marque se sont inspirés du Fender Bassman pour concevoir le circuit de saturation de l’ODR-1 ce qui explique sa grande polyvalence. Elle a d’ailleurs été adoptée par de nombreux guitaristes de session de Nashville pour la grande variété de sons dont elle est capable et son côté chaleureux.
Les grandes familles d’Overdrives
On peut rassembler toutes les pédales d’Overdrive du marché sous cinq catégories :
- « Soft Clipping » Tube Screamer
- « Soft Clipping » BluesBreaker
- « Hard Clipping » Overdrive/Distortion
- « Hard Clipping » Klon Centaur
- Overdrives à transistors
Les Overdrives « Soft Clipping » Tube Screamer sont des pédales qui reprennent la topologie du circuit de l’Ibanez TS808. Un Overdrive « Soft Clipping » a la particularité de compresser le signal de la même manière qu’un ampli à lampes poussé à fond. On obtient alors une sonorité douce et très musicale.
Toujours du côté des Overdrives « Soft Clipping », on peut mentionner la BluesBreaker et ses nombreux clones. Contrairement à la Tube Screamer et ses cousines, ce sont des pédales très transparentes qui sonneront comme sonnent votre guitare et votre ampli, mais en un petit plus saturé. Même si l’idée de départ était de sonner comme le Marshall BluesBreaker, le résultat obtenu s’éloigne de ce concept. Attention à ne pas confondre une BluesBreaker avec une pédale « amp in a box » bien qu’historiquement, ce soit la première pédale à avoir été conçue pour sonner comme un ampli. On peut entendre un exemple de BluesBreaker sur l’album Continuum de John Mayer qui a rapidement reconnu les qualités musicales de la pédale et en a fait grimper la cote par la même occasion.
Comme nous l’avons vu, les premières pédales d’Overdrive sont les pédales de type « Hard Clipping » Overdrive/Distorsion. Deux grosses références se partagent ce marché, les MXR Distortion+ et DOD Overdrive Preamp 250, testée récemment dans nos colonnes. Le circuit de ces pédales utilise des diodes pour écrêter le signal, mais elles sont placées à la toute fin du circuit, après l’ampli-OP, ce qui produit un écrêtage plus dur qui lui-même génère une saturation plus raide et rugueuse.
Toujours dans la famille des pédales « Hard Clipping », comment ne pas mentionner la légendaire Klon Centaur ? Bien que ce soit un cas plutôt isolé, la pédale a connu un tel succès que de très nombreux clones sont disponibles sur le marché, formant une catégorie à part entière. Le circuit de la Klon Centaur est très particulier. Le réglage de Gain agit sur deux potentiomètres en même temps. Quand on monte le taux de saturation, on augmente dans le même temps le volume du signal clair de la guitare. Contrairement aux autres pédales « Hard Clipping », la Centaur produit une sonorité qui reste toujours douce et très claire. Elle profite d’une égalisation qui permet au son de rester très contenu et maîtrisé sur toute la plage du réglage de Gain. Les diodes qui équipent ce circuit sont qualifiées de « magiques » par de nombreux aficionados, mais il faut comprendre que ces diodes n’entrent dans l’équation qu’à partir de la moitié de la course du réglage de Gain. Si vous utilisez une pédale de ce type, n’hésitez pas à monter le taux de saturation assez haut pour profiter de ces diodes magiques.
D’autres pédales ont des circuits totalement différents qui s’articulent autour de transistors placés en série. Ce procédé est le même que celui employé dans les premières pédales de Fuzz.
Spécifications fonctionnelles
La plupart du temps, les réglages présents sur une pédale d’Overdrive sont au nombre de trois. Ils interviennent respectivement sur le niveau de sortie de la pédale (Level, Output, Volume…), sur le taux de saturation (Gain, Drive, Overdrive) et la tonalité générale (Tone, Filter, Treble…). Certaines pédales comme les DOD Overdrive Preamp 250 et MXR Distortion+ ne bénéficient pas du réglage de tonalité. Au fil du temps, des ingénieurs électroniciens comme Robert Keeley, Brian Wampler et Josh Scott, pour ne citer qu’eux, ont pris un malin plaisir à améliorer les designs des pédales d’Overdrive classiques en les interprétant à leur sauce. Ainsi, la Morning Glory de JHS Pedals jouit sur sa version 4 d’un switch permettant de basculer entre deux niveaux de gain ce qui rend la pédale (un Overdrive type BluesBreaker) très polyvalente. De la même manière, la Pantheon de Brian Wampler jouit d’une égalisation à deux bandes et d’un réglage de présence en plus de deux switches qui permettent respectivement de profiter de deux niveaux de gain et de deux voicings d’Overdrive différents. On profite alors d’une BluesBreaker « augmentée ».
Quelques marques et références incontournables
Bien qu’on puisse regrouper les différentes pédales d’Overdrive en cinq catégories, le marché est saturé de références. On pourra conseiller les modèles phares qui sont à l’origine de ces catégories, les Ibanez Tube Screamer, Marshall BluesBreaker, Klon Centaur, DOD Overdrive Preamp 250 et Boss Blues Driver.
Dans la famille des Overdrives « Hard Clipping » type Klon Centaur, si vous voulez éviter de dépenser 5000 $ dans une pédale, ce qui peut se comprendre, vous pourrez vous rabattre sans crainte sur la Way Huge Conspiracy Theory qui est une très bonne réplique, à un tarif raisonnable. Wampler propose avec ses Tumnus des variantes également très convaincantes et plus polyvalentes grâce à une égalisation trois bandes et un switch « Normal/Hot » sur la version Deluxe. J.Rockett Audio Designs avec ses Archer se place en tête du classement dans la catégorie « Clone de Klon ». Ces pédales se retrouvent sur de très nombreux pedalboards de musiciens professionnels ; ce sont des pédales bien construites et qui reprennent la topologie du circuit de l’original. Enfin, pour les budgets plus restreints, la nUX Horseman est une alternative intéressante, pas chère et compacte, comme la Joyo Tauren.
Si comme John Mayer vous adorez le son de la Marshall BluesBreaker, vous pourrez profiter de nombreuses alternatives comme les Wampler Pantheon et JHS Morning Glory. La marque Tone City propose avec sa King of Blues une BluesBreaker avec un Boost réglable intégré et nUX rassemble BluesBreaker et Tube Screamer dans le même châssis avec sa Ace of Tone qui profite d’une extrême polyvalence pour un tarif très contenu. À noter que nUX a également conçu une BluesBreaker au format Micro, la Morning Star.
Le secteur « Hard Clipping » Overdrive/Distortion est assez pauvre en références. Heureusement pour nous, les deux géants du domaine, MXR et DOD, fabriquent encore de nos jours les deux références historiques de ce segment particulier, les Distorsion+ et Overdrive Preamp 250. Si ce type d’Overdrive affiche une grande polyvalence, il reste de nos jours plutôt boudé par les marques. Seul JHS Pedals a opéré un léger renouveau en clonant les premiers exemplaires d’Overdrive Preamp 250 et en sortant la très chouette Overdrive Preamp. Terminons ce tour des quelques références incontournables par la catégorie Overdrives à transistors. Ce genre d’Overdrives est largement dominé par la Boss Blues Driver et sa version Waza fabriquée au Japon. Keeley Electronics propose plusieurs versions améliorées de la Boss BD-2, la Super Phat Mod et plus récemment, la Super AT Mod, dont vous pouvez découvrir le test dans les colonnes de votre site bleu favori. Si vous avez besoin d’encore plus de polyvalence, jetez une oreille à la Danelectro Roebuck dont le circuit est basé sur celui de l’Ibanez Mostortion MT-10, articulé autour de transistors MOSFET. Enfin, la Nobels ODR-1 dont nous parlions plus haut est toujours disponible de nos jours. Une version au châssis Micro est même disponible pour les Pedalboards les plus chargés.
Conseils d’achat
De nos jours, choisir une pédale d’Overdrive parmi les milliers de références disponibles est une vraie tannée. Comme pour les autres effets, commencez par identifier clairement vos besoins et recenser votre matériel. Le choix de tel ou tel Overdrive sera dicté par l’utilisation que vous allez en faire, mais également par le type de guitare et d’ampli que vous utilisez. Booster un ampli avec une Boss BD-2 sera moins efficace qu’avec une Ibanez TS808.
Conclusion
Vous avez maintenant toutes les cartes en main pour faire le meilleur choix d’Overdrive possible. N’hésitez pas à rendre visite à votre magasin d’instruments de Musique préféré pour essayer et vous familiariser avec les cinq grandes familles évoquées dans ce guide. Le choix d’une pédale d’Overdrive n’est pas un sujet à prendre à la légère et en général, ce choix se termine en véritable collection au bout de quelques années. L’Overdrive est une sorte de sel-poivre du guitariste, une recette secrète utilisée pour assaisonner tel ou tel passage. La quête ne s’arrête donc jamais d’autant que sortent en moyenne 2 pédales d’Overdrive par semaine.