M-Audio, avec cet ensemble réunissant un logiciel et des vinyles timecodés, tente de se faire une place dans le monde des contrôleurs pour DJ. Mais face aux leaders de la catégorie que sont Final Scratch, Serato et Mixvibes, l’essai sera-t-il transformé ?
Le pack Torq Conectiv est constitué d’un contrôleur (Conectiv) et d’un logiciel de mix (Torq). Cet ensemble est accompagné de 2 vinyles et 2 CD timecodés permettant de contrôler les fichiers musicaux de votre ordinateur par l’intermédiaire de vos platines. Par exemple, si vous accélérez la vitesse du pitch sur votre platine, votre fichier MP3 accélère à l’identique, si vous scratchez sur le vinyle, vos allés/retours frénétiques seront eux aussi répétés.
Conectiv est une interface audio possédant 4 entrées, configurables pour les signaux phono ou ligne, et 4 sorties ligne, le tout en RCA. La boîte se relie à votre ordinateur via une interface USB 1.1 et la résolution/fréquence échantillonnage est de 16 bits/48khz, ce qui est largement suffisant pour mixer du MP3. L’interface de M-Audio est compatible Core Audio, Asio et même Pro Tools.
Torq est le logiciel fourni avec Conectiv, il est compatible avec les formats MP3, AIFF, WAV, WMA et AAC et possède 2 pistes de lecture simultanée pour vos médias. Tous les outils de mixe sont présents (fader, égaliseur, crossfader et cue) et ces derniers peuvent être embellis par une série de 10 effets disponibles (filtre, phase, strobe, delay, flanger, reverbe, disto brake et reverse) et même plus si l’on dispose de plug-in VST. Un sampler (16 pads) est disponible pour balancer vos jingles et un moteur de recherche vous permet de filtrer vos bases de fichiers musicaux pour gagner du temps dans tous ces Gigaoctets de données. La fonction de calage automatique est présente pour les plus paresseux ou les Pierre Richard du mixe et enfin, toutes les fonctions sont soit paramétrables au clavier, soit contrôlables via Midi.
La configuration requise nécessaire pour faire tourner l’ensemble est certes mini, mais comptez bien quatre fois plus pour une utilisation optimale :
PC
Requise : PIII 933 MHz, XP SP2, 256 Mo de RAM, un port USB disponible.
Recommandée : PIV 2Go ou plus, XP SP2, 1 Go de RAM, disque dur 7200 tours/minute et un port USB disponible.
MAC
Requise : G4 1,25GHz, OS X 10.3.9, 512 Mo de RAM, un port USB disponible.
Recommandée Desktop: Dual G5 2 GHz ou plus, OS X 10.4.7, 1 Go de RAM, disque dur 7200 tours/minute et un port USB disponible.
Recommandée Laptop : Mac/Intel Core Duo 1.83Ghz ou plus, OS X 10.4.7, 1 Go de RAM, disque dur 7200 tours/minute et un port USB disponible.
Installation
L’installation du boîtier Conectiv est, au demeurant, assez simple du fait que l’intégralité des câbles nécessaires est livrée dans le pack. Un petit bémol tout de même sur la longueur du câble USB fourni : 30 cm de plus aurait été appréciable. Ensuite, tout est clair, grâce à ce schéma très pédagogique accompagnant notre nouvel ami.
Le module, bien fini, comprend :
- Les switchs phono/line/micro
- Les deux gros boutons rotatifs ayant la fonction de mélangeur (fader) entre le PC et le vrai son du vinyle ou du CD de votre platine
- Une entrée casque et les boutons pour sélectionner la source
- Une entrée d’alimentation 9 Volts. Le bloc d’alimentation n’étant pas fourni, on regrettera fortement d’être obligé d’allumer son ordinateur (et par conséquent d’alimenter le boîtier) pour pouvoir écouter un vinyle traditionnel sur ses platines
Avant d’installer ce boîtier, il faut savoir que cela peut avoir des impacts sur l’architecture de vos sources audio, surtout si vous possédez deux platines CD et deux platines vinyles branchées sur votre table de mixage. Je m’explique : les sorties du boîtier Conectiv sont 2 sorties RCA line qu’il vous faudra brancher sur les entrées Line de votre table de mixage. Les deux entrées de Conectiv sont switchables (on peut aussi bien mettre du line que du phono) mais on ne peut mettre que 2 sources, par conséquent :
- Vous devrez choisir avec quel support (CD ou Vinyle) vous êtes le plus à l’aise pour contrôler les MP3
- Si vous n’avez que 2 entrées line sur votre table de mixage, vous ne pourrez plus brancher vos CD directement sur la table à moins de débrancher le module.
En somme, il y aura des choix à faire, dommage qu’il n’y ait pas deux entrées phono et deux entrées ligne vraiment séparées sur le module, cela aurait évité le casse-tête…
Après l’installation du hardware, passons à l’installation des drivers. Ceux-ci ne posent aucun problème, et sont parfaitement identifiés dans la barre des taches et dans le menu de configuration. Avant d’aborder le test du logiciel Torq, veuillez noter que Conectiv est compatible avec les autres softs MP3 du marché. Ainsi si vous avez déjà vos petites habitudes, rien ne vous empêche de les conserver.
Paramètres
L’installation du logiciel Torq ne pose aucun souci. Par contre, si vous démarrez le soft et que le module Conectiv n’est pas branché, vous aurez un message d’erreur. Torq ne fonctionne pas en standalone et c’est vraiment dommage, car on aurait très bien pu envisager d’utiliser le soft seul sans platine écouter ses MP3.
Une fois le module branché et le soft relancés, on va dans le menu ‘Préférences’ composé comme suit :
Audio : permet de choisir la définition sonore, la configuration souhaitée, le mixage interne/externe et l’assignation des voies d’entrées et de sorties.
Midi : permet le paramétrage des contrôleurs midi
Contrôle externe : la partie intéressante, c’est sur cette page que vous configurez la liaison avec vos platines. Le paramètre essentiel qu’il vous faudra définir et tester est le « Power Threshold » (seuil de puissance), ceci déterminera la qualité de votre installation (platine, cellule, bruits parasites). Les paramètres Volcity, Position et Error index ne sont pas modifiables, mais permettent de déterminer si l’on a trouvé le bon réglage. C’est assez compliqué à trouver seul, le mieux est de partir du minimum (-40dB) et de remonter vers le 0dB, mais heureusement la documentation a dernièrement été traduite en français par le constructeur. Par contre, le soft n’est pas en version française.
Plug-in : Le soft accepte les plug-ins VST et ici vous indiquerez le chemin de vos dossiers plug-in.
Divers : Dans cet onglet vous indiquez le chemin de votre librairie Itunes, cela permet aussi de lancer un mode light de Torq (pratique pour les configurations de faible performance), l’activation ou non des infobulles (top !) et les skins qui sont de très bonne facture.
Voilà notre soft est configuré. Passons maintenant au test avec les vinyles Timecodés.
Torq
Surprise, lors de l’ouverture du soft ou des dossiers, aucune proposition pour indexer sa base musicale et donc gagner du temps de chargement comme sur Tracktor. Un click droit sur le dossier concerné et on valide l’ajout à la base de données du soft.En abordant les clics droits, pour les processeurs de PC, celui-ci n’est pas vraiment utilisé dans le soft. Il l’est essentiellement pour la définition des paramètres Midi : sur la quasi-intégralité des contrôles, si l’on clique avec le bouton droit, l’élément devient rouge à l’écran et il suffit de bouger le contrôleur midi désiré pour l’assigner. Par contre, on ne peut pas avoir de vision d’ensemble des assignations comme dans Ableton live par exemple, ce qui est regrettable. Au niveau de la synchro, pour les experts, notez qu’une synchronisation Rewire peut être envisagée avec votre home-studio… C’est parti pour les bootlegs !
L’explorateur est doublé par un onglet sous forme d’appareil photo : c’est le mode ‘Instantané’. Vous pouvez créer des images des paramètres clefs de Torq : idéal pour les compositions d’effet.
Dans la série temps d’attente un peu longue, le temps de chargement d’un fichier sur une platine. Afin de bénéficier de la fonctionnalité (forte efficace) de position du diamant, vous êtes obligé d’attendre le chargement complet du fichier. Alors qu’on aimerait bien écouter de suite les premières mesures pour voir si le nouveau morceau collerait avec l’actuel. Alors pourquoi attendre me direz-vous ? Si l’on désire que le MP3 retombe exactement au même endroit que le diamant sur le vinyle et ainsi faciliter une écoute globale par petits bouts (pour identifier un break par exemple), le système doit charger le fichier en entier. Je ne vous dis pas le stress en plein mixe funk, quand on est charrette, que le lecteur clignote rouge, pour signaler la fin du morceau actuel et que vous êtes immobile à regarder la prochaine bombe se charger. Si ce morceau au format numérique (Mp3 ou autre) dure 12 minutes (généralement pour aller se soulager et faire un petit tour au bar), il faut bien attendre 20 secondes de chargement sur un disque interne. Voilà une différence notable avec le mixe sur le vinyle normal : on pose, on écoute.
Continuons avec les choses qui fâchent, il n’y pas de sécurité sur le drag&drop des morceaux, si bien qu’il est possible de déposer un morceau à la place de celui en cours de lecture et de le remplacer. Quand on connaît l’état d’entretien des cabines DJ, un dérapage de souris est facilement envisageable et avec un tel oubli, on a de quoi se faire huer. Mais pour éviter ce genre de déconvenue il faudra vite maitriser les raccourcis clavier. En effet on utilisera la touche F1 pour charger un fichier sur platine 1 et F2 sur la platine 2.
Notons la fonction « Amputate » qui en mode de contrôle externe permet par le simple clique du bouton VINYL sur les platines A et B, de câler les fichiers numérique avec une seule platine ! Quelle utilité me direz vous? Pour etre franc j’ai cherché, au début je me suis dis que c’était cool pour un Dj qui accompagne un groupe et qui veut lacher des instrumentaux et scratcher par dessus, mais après réflexion et retour d’expérience j’ai trouvé ! Imaginez que quelqu’un renverse une bière sur une de vos deux platines ou meme pire qu’une des deux platines soit défectueuse (déréglé, pitch cassé) – ce genre de problème arrive souvent – et bien avec la fonction « Amputate » il est possible d’effectuer son set avec une seule platine et donc on est en super sécurité en cas de problème…
La surface de travail
Juste au-dessus du browser, on retrouve le sampler et c’est une petite merveille. On enregistre à la volée ou en pré-écoute et tous les samples créés sont archivés et rechargeables. Et la clef de tout : on peut les charger virtuellement sur une platine pour les scratcher au vinyle : une réussite. Du jingle au scratch, tout est possible et bouclé automatiquement au tempo.Après, vient en plein centre de l’écran, la table de mixage virtuelle. Cette dernière comporte les commandes essentielles, mais si vous voulez utiliser une table de mixage externe, la plupart des fonctions vous seront inutiles mis à part le paramètre ‘line’ qui permet de passer de la lecture d’un fichier numérique à la lecture d’un vinyle conventionnel. Pratique si le PC est plus accessible que le boîtier Conectiv. On envisagera rapidement d’associer des touches du clavier ou un contrôleur midi à ce paramètre.
Entourant le mélangeur, on retrouve les fenêtres d’effets comportant d’origine une série de 10 effets (filtre, phase, strobe, délai, flanger, reverbe, disto brake et reverse) et même plus si l’on dispose de plug-ins VST.
Et enfin, la partie principale du logiciel : les platines virtuelles. De haut en bas on retrouve :
- Le nom du morceau chargé sur la platine, le temps écoulé et restant.
- La définition de point de repère, le bouclage total, de bouclage automatique (de bonne qualité) sur 1, 2, 4 ou 8 mesures.
- La courbe audio du morceau (qui met un certain temps à se charger) permettant de connaître sa position et surtout clignotant en rouge en fin de morceau.
- Les points CUE correspondant au pavé numérique de votre ordinateur – 1 à 5 sur la platine A et 6 à 0 sur la platine B.
- Les réglages de tempo et tonalité – inutiles dans le cas où vous contrôlez via les vinyles fournis.
- Enfin, en bas à droite, la fonctionnalité de position du diamant permettant de permuter du ‘mode absolu’ (qui suit la position de la cellule) au ‘mode relatif’ (qui ne la suit pas). L’avantage du mode relatif c’est qu’en plein scratch si le disque saute et bien votre sample lui ne saute pas ce qui permet d’assurer ses mixtape.
Conclusion
Assez gourmant en ressource système, l’ensemble mis en place par M-audio a tous les atouts pour convaincre un grand nombre de DJ hésitant à prendre le train du MP3. Avec comme avantage son prix de 300€ pour le pack complet vinyle/CD (à peine 30 vinyles, ½ bac), c’est plutôt alléchant. Certes le produit est jeune, mais les premiers patchs mis à disposition laissent entrevoir le sérieux de la marque et le bon potentiel du produit. On regrettera l’absence d’une alimentation dans le pack qui aurait permis d’écouter les vinyles ou CD traditionnels sans avoir à brancher son ordinateur mais une fois configuré et dressé, cet ensemble sera le parfait compagnon d’un laptop et remplacera efficacement le bac à disque supplémentaire du « au cas où » que le DJ hésite tout le temps à prendre.