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Test du Sugar Bytes Cyclop - Le gros œil

Revenant à la synthèse après de multiples effets, Sugar Bytes nous propose avec Cyclop un gros synthé mono pour des grosses basses avec de grosses modulations.

Mine de rien, certains éditeurs font leur chemin loin du bruit média­tique, en propo­sant des produits qui répondent à un besoin, une mode ou créent une approche ou une tech­nique nouvelles, quand ce n’est pas un mélange de tout ça. Ainsi, l’édi­teur Sugar Bytes a, au fur et à mesure de ses sorties, imposé une approche inha­bi­tuelle et un son très carac­té­ris­tique, via une série de produits origi­naux, basés sur des filtres modu­lés aux possi­bi­li­tés forman­tiques (Wow), faisant appel à des commandes inha­bi­tuelles (effets comman­dés par notes Midi pour Artillery et Artillery 2), propo­sant des séquen­ceurs d’ef­fets (Effec­trix), des step sequen­cers Midi (Thesys), des séquen­ceurs d’ac­cords (Consequence), des synthés (Unique), des Chan­nel Strip (Vogue), etc., le tout à des prix restant raison­nables. Et l’édi­teur a su inté­grer dans l’un ou l’autre de ses produits les tech­niques et fonc­tion­na­li­tés déve­lop­pées au fur et à mesure de ses sorties de produits.

C’est après une longue période consa­crée aux effets (à l’ex­cep­tion de Guita­rist, six cordes virtuelle, non testée sur AF), que Sugar Bytes nous présente Cyclop, synthé­ti­seur mono­pho­nique dédié aux basses, avec une orien­ta­tion reven­diquée dubs­tep/wobble bass. Y retrouve-t-on des éléments connus des utili­sa­teurs d’autres produits de la marque, quelle est la part de nouveau­tés ? Autant de ques­tions qui appellent une revue de détail.

Intro­du­cing Sugar Bytes Cyclop

Machine de test

MacPro Xeon 3,2 GHz
OS 10.6.8
Logic Pro 9.1.7
Sugar Bytes Cyclop 1.0

Vendu 119 euros, le plug se télé­charge chez l’édi­teur, s’ins­talle très faci­le­ment, et s’au­to­rise tout aussi faci­le­ment : un numéro de série et c’est tout ; l’im­pres­sion que ce type de protec­tion non intru­sive, et garan­tis­sant des réins­tal­la­tions sans aucun problème (sans limite d’au­to­ri­sa­tion, sans crainte de cessa­tion d’ac­ti­vi­tés pour les systèmes avec chal­lenge/réponse, etc.) ne se rencontre quasi­ment plus, tant on est entouré de « centre de services », de clés dans tous les sens qui encombrent nos ports et hubs USB (Wibu, iLok) et autres chal­lenges/réponses. On a le droit à deux instal­la­tions par licence, et on peut revendre le synthé et la licence après trois mois mini­mum d’uti­li­sa­tion. Pas mal de bons points dès le départ. On profite d’une version auto­nome (stan­da­lone) et de plugs AU, VST, RTAS et AAX, compa­tibles Mac et PC et 64 bits, youpi. Regar­dons main­te­nant comment est construite la bête.

Sugar Bytes Cyclop

Allure martiale … Hum ? Ah oui, pardon, je reprends le test après avoir essayé le jeu inté­gré, acces­sible via le logo du synthé, un jeu forte­ment inspiré de Space Inva­ders (voir capture d’écran), eh oui, une petite surprise de l’édi­teur, certai­ne­ment pour faire une pause en cas de manque d’ins­pi­ra­tion. Mais qui permet quand même d’en­tendre le synthé, puisque les sons changent au fur à mesure des gains et des ratés, dans un esprit très 80s, même si, heureu­se­ment, la plupart sont très éloi­gnés des jeux d’ar­cade. En tout cas, le jeu de tir est raccord avec l’es­thé­tique géné­rale du synthé, rappe­lant des équi­pe­ments mili­taires (même l’écran About repré­sente des cyclopes ciblés dotés des noms des déve­lop­peurs, le tout dans un simili-viseur). Pas vrai­ment conquis par l’en­semble graphique et son atmo­sphère martia­le… Bref.

Sugar Bytes Cyclop

Si l’on reprend les quatre compo­santes d’un son, comment Cyclop s’en sort-il, et sous quels noms et topo­lo­gies les retrouve-t-on ? Pour la hauteur (et une partie non négli­geable du timbre, puisque déli­vrant la forme d’onde de départ), il faut des oscil­la­teurs. Pour le timbre, des filtres. Pour l’am­pli­tude, c’est plus simple… Quant à l’évo­lu­tion du son dans le temps, enve­loppes, LFO et toute source de modu­la­tion font l’af­faire. Pour les trois premiers éléments, Cyclop propose sinon des sections conven­tion­nelles, du moins des fonc­tion­na­li­tés qui sont clai­re­ment iden­ti­fiables et utili­sables, parfois après un temps d’adap­ta­tion. L’évo­lu­tion du son dans le temps est ici le parent le plus riche, puisque l’édi­teur a tout fait pour que l’on puisse modi­fier quasi­ment tout para­mètre via une série d’ou­tils fami­liers. Et d’autres qui le sont beau­coup moins. 

Multi­syn­thèse

Sugar Bytes Cyclop

Deux parties sont clai­re­ment distinctes au sein de l’in­ter­face : la partie supé­rieure est dédiée à toutes les modu­la­tions, l’in­fé­rieure à la synthèse. Commençons par celle-ci. Plutôt que de parler d’os­cil­la­teurs, Sugar Bytes préfère parler de deux synthé­ti­seurs (un peut-être bien grand mot pour ce qui est avant tout un duo… d’os­cil­la­teurs). Chaque « oscil­la­teur » permet plusieurs types de synthèse. Trois rota­tifs offri­ront des para­mètres propres à chaque synthèse, les trois pouvant être modu­lés par les diffé­rentes options de Cyclop. On retrouve dans les deux, les réglages de désac­cord (plus ou moins une octave), d’oc­tave (plus ou moins une) et d’unis­son. On commence par Saw Regi­ment, qui rappelle les Hyper­saw du Virus ou les Super­saw Roland. Ici, il s’agit de sept formes d’ondes légè­re­ment désac­cor­dées, que l’on peut super­po­ser sur quatre octaves, le troi­sième para­mètre étant une réduc­tion de taux d’échan­tillon­nage. On enten­dra diverses varia­tions du nombre de formes d’ondes et de Stack (octaves). 

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Une remarque : la remise à zéro du Saw Regi­ment ne donne jamais le même son (à la diffé­rence des autres oscil­los), à croire que l’os­cil­la­teur choi­sit aléa­toi­re­ment une des sept formes d’ondes vala­bles… Analog Sync émule deux oscil­la­teurs en synchro (au sein d’un seul « synthé »), avec Mix entre les deux oscil­los, largeur d’im­pul­sion, et autres para­mètres. Ensuite FM fait appel à une synthèse à trois opéra­teurs, deux porteurs et un modu­la­teur, avec deux algo­rithmes, choix du rapport de fréquences, inten­sité de la modu­la­tion, etc.

Sugar Bytes Cyclop

On conti­nue avec Spec­tro­mat, un semblant de synthèse addi­tive à 32 oscil­la­teurs avec réglages de sélec­tion, écar­te­ment, déca­lage, etc. On peut aussi choi­sir Phase Stres­sor, une variante de la distor­sion de phase (remem­ber les Casio CZ & Co ?) béné­fi­ciant d’une repré­sen­ta­tion graphique amusante (et toujours de trois para­mètres à modu­ler). Enfin, Trans­for­mer est un oscil­la­teur à tables d’ondes, on peut char­ger l’un des samples four­nis (ou les siens propres) et les modi­fier via dépla­ce­ment de formants, de la posi­tion centrale et de la granu­la­tion. Donne d’éton­nants résul­tats une fois modulé, mais nous n’en sommes pas encore là. Quelques exemples de mani­pu­la­tion en direct sur un seul échan­tillon.

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Sugar Bytes Cyclop

Main­te­nant imagi­nons mélan­ger tout ça, chaque oscil­la­teur dispo­sant de sa propre synthèse et pouvant être modulé à gogo, selon un routing offrant plusieurs solu­tions : Osc & et 2 en série (avec dosage de chaque, plus les deux filtres en série aussi avec divers choix de satu­ra­tion d’un filtre à l’autre), en paral­lèle (avec mix des oscil­los et des filtres) ou Split (oscillo 1 dans filtre 1, et oscillo 2 dans filtre 2, plus mix des filtres). D’au­tant que lesdits filtres ne sont pas en reste, puisqu’ils regroupent le meilleur des tech­niques déve­lop­pées par Sugar Bytes. Les deux proposent les mêmes choix, à savoir dix types (HP, BP, BP/LP, LP 12 dB/oct., LP 24 dB/oct., LP Moog, MidBoost, Band­Stop, Comb et Ripple, ouf…). CutOff, Reso­nance et réglage Dry/Wet sont les trois réglages modu­lables, et l’on dispose aussi d’un filtre forman­tique avec morphing entre deux voyelles qui s’ad­di­tionnent plus ou moins au filtre déjà en usage. C’est gras, ça sonne, et l’on peut vrai­ment produire tout ce qu’on veut. Ceux qui connaissent Wow ou Unique retrou­ve­ront le son de l’édi­teur, multi­plié par deux, voire plus… Manque peut-être un poil d’agres­si­vité dans les réso­nances, ou de satu­ra­tion comme on peut en trou­ver chez les filtres de Fabfil­ter par exemple. Mais on pourra accen­tuer le côté « dirty » avec les satu­ra­tions dispo­nibles, au carac­tère plutôt analo­gique sauf quand le prin­cipe est numé­rique (Digi­tize, 1 Bit, etc.). Et les filtres Vowel sont uniques. Voici quelques balayages (un oscillo, un filtre, pas d’ef­fets, de sub, etc.).

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Passons à l’étage du dessus.

Modu­la­tion galo­re…

Sugar Bytes Cyclop

Avant d’at­taquer les modu­la­tions propre­ment dites, quelques para­mètres supplé­men­taires sont dispo­nibles dans la partie supé­rieure : à gauche une enve­loppe Attack-Decay/Release, un Glide et une acti­va­tion de la réponse à la vélo­cité (sur le volume global), à droite un Bass Boost (entre 60 et 80 Hz), un Sub (une ou deux octaves en dessous) et un élar­gis­seur stéréo ayant la parti­cu­la­rité de ne pas toucher aux graves sous 250 Hz et de ne pas utili­ser de délais (donc pas de problème de phase). En revanche, il décentre légè­re­ment le signal. On termine avec une Distor­tion, dont les dix types sont les mêmes que ceux que l’on trouve dans le routing Oscil­los-Filters.

Puis les choses se compliquent un tanti­net. Cyclop offre quatre contrô­leurs prin­ci­paux, qui vont tritu­rer, hacher le son. À gauche, tout ce qui consti­tue le Wobble, à droite, les effets, et au centre, l’écran au sein duquel on para­mè­trera et comman­dera ces diffé­rents contrô­leurs. Wobble pour commen­cer : le réglage est consti­tué d’un gros rota­tif avec indi­ca­tion de découpe centrale, entouré de 12 slots dans lesquels on choi­sira une forme d’onde (12 diffé­rents triangles, dents-de-scie, carrées, etc.), chaque slot repré­sen­tant aussi une vitesse de LFO. On ira ensuite para­mé­trer les assi­gna­tions dans la fenêtre Assi­gn­ments (Synth 1 et 2, Filter 1 et 2), selon deux ensembles de réglages possibles, A et B, puis l’on ira dans la fenêtre Recor­der pour dessi­ner une courbe d’au­to­ma­tion du rota­tif Wobble, qui se déclen­chera dès la récep­tion d’une note Midi si le bouton lecture est activé (icône trian­gu­laire verte).

Sugar Bytes Cyclop

On peut régler la longueur de la période de lecture de la courbe selon diverses divi­sions ryth­miques. Chaque para­mètre étant doté d’un Midi Learn (clic droit), on pourra enre­gis­trer l’au­to­ma­tion de ceux dispo­sant d’un voyant Rec rouge direc­te­ment via contrô­leurs externes dens la fenêtre Recor­der. Le prin­cipe est le même pour les trois autres contrô­leurs, Amount, qui permet­tra d’au­to­ma­ti­ser le morphing des réglages Wobble A à B, FX qui déclen­chera les diffé­rents effets, et Sound qui sera affecté à l’un des 12 para­mètres acces­sibles à tous les contrô­leurs. On dispose aussi d’une Enve­lope, d’un LFO, d’un Step Sequen­cer et d’un Gater. Voici quelques exemples de Wobble, sans autres effets à part un Gater de temps en temps (d’abord le son sans Wobble, ou Wobble au mini­mum, puis avec).

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Sugar Bytes Cyclop

Du côté droit, on trouve donc le rota­tif FX, qui permet de choi­sir entre huit zones conte­nant de un à quatre effets que l’on ira régler dans la fenêtre FX Sequen­cer. Ce contrô­leur pourra donc être piloté via le séquen­ceur d’ef­fets, ou via la courbe dessi­née dans la fenêtre Recor­der. Au menu du FX Sequen­cer : quatre rangées pour quatre effets diffé­rents (eux-mêmes offrant plusieurs types, Stop par exemple se décli­nant en Scratch et Vinyl, les utili­sa­teurs d’Ef­fec­trix seront en terrain connu), avec lecture selon diffé­rentes vitesses synchrones, diffé­rentes direc­tions et réglages Dry/Wet des effets. Un exemple, avant/après, avec modi­fi­ca­tions en temps réel des slots, effets, réglages D/W, etc..

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Enfin, pour finir, quelques exemples de présets.

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 Télé­char­gez les fichiers sonores : flac article

Bilan

Certaines spéci­fi­ca­tions du logi­ciel auront rappelé à quelques-uns Massive de Native. Mais Cyclop a indé­nia­ble­ment ses carac­té­ris­tiques propres (qui ne sont pas toutes évoquées dans cet article, pas assez de place…), d’abord par sa topo­lo­gie, ensuite par sa desti­na­tion bien parti­cu­lière (et rappe­lons qu’il est mono) : du son qui bouge, qui évolue, et tout parti­cu­liè­re­ment du son grave. Ensuite, son FX Sequen­cer le met à part, tout comme ses commandes et contrô­leurs. Bien sûr, quelques LFO correc­te­ment para­mé­trés (à condi­tion de pouvoir chan­ger de forme d’onde à la volée), avec le secours d’une ou mieux plusieurs enve­loppes pour­ront faire le boulot du Wobble. Mais la simpli­fi­ca­tion appor­tée par ce réglage et les 12 slots/12 formes d’onde sont un gain de temps et de réglages très appré­ciable. De plus, pouvoir morpher entre deux sets de para­mètres est un attrait bien­venu (A et B). Les oscil­la­teurs, de par leur multi­syn­thèse et la possi­bi­lité de lire des samples, font montre de variété sonore, toujours dans le registre qui est le leur. Tout comme les filtres, dont le mode Vowel est un apport sonore carac­té­ris­tique de l’édi­teur. Que Cyclop ne soit pas poly­pho­nique ne gêne pas plus que ça, vu son usage, et sa consom­ma­tion CPU, reste accep­table, d’au­tant qu’il semble être opti­misé multi­cœur (autour de 30 % sur l’in­ter­face du synthé, 4 % du pour­cen­tage utili­sa­teur dans Moni­teur d’Ac­ti­vité). Bref, si vous n’avez qu’épi­so­dique­ment besoin des sono­ri­tés très typées que propose Cyclop, il ne vous appor­tera pas grand-chose d’un point de vue synthèse/effets que l’on ne pour­rait trou­ver ailleurs, dans un synthé ou dans un multief­fet, et ce chez le même éditeur, par exemple (Unique et Effec­trix). Et puis on peut aussi préfé­rer vouloir faire tout soi-même. En revanche, si vous aimez les sons qui bougent dans tous les sens, créer des effets spéciaux faci­le­ment, utili­ser vos propres échan­tillons comme tables d’onde, avec des effets inat­ten­dus et des possi­bi­li­tés de modu­la­tion surpuis­santes, sans que le sound design soit long et/ou néces­si­tant plusieurs outils diffé­rents, Cyclop est fait pour vous. Une démo est d’ailleurs dispo­nible sur le site de l’édi­teur. À essayer, en tout cas.

  • Concept
  • Son typé
  • FX Sequencer
  • Wobble
  • Filtres
  • Oscillateurs multisynthèse
  • Effets
  • Modulations surpuissantes
  • Contrôle total
  • Midi Learn
  • Niveaux de sortie irréguliers selon les présets
  • Comportement de l’oscillo Saw Regiment
  • Peut souffrir de sa spécialisation
  • Attention à la charge CPU sur certaines machines
  • Pas forcément pour les débutants
  • Quid de son avenir après l’effet de mode ?

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