Aujourd'hui nous vous proposons un guide d'achat pour les plug-ins de synthèse sonore, destiné aux débutants et plus si affinités, qui va nous permettre d'y voir plus clair dans l'offre disponible aujourd'hui sur le marché.
Dans ce nouveau guide d’achat AudioFanzine, nous allons parler synthèse sonore et plug-ins ! L’offre existante en matière de plug-ins de synthétiseurs est plutôt importante, que ce soit en matière de plug-ins gratuits ou payants, de type Virtual Analog ou d’inspiration purement numérique, avec les designs en synthèse soustractive ou sur d’autres types de synthèse comme le granulaire, ceux qui ont un chemin du signal très simple vs ceux qui reproduisent le workflow d’un synthétiseur hardware modulaire, ou encore ceux qui sont très typés dans des genres de musique électronique donnés en opposition à des sons clairement destinés à être joués par un claviériste aguerri avec si possible du MPE…
Au passage, si vous êtes débutants avec l’utilisation de la synthèse sonore, je peux que vous conseiller de commencer vos recherches du prochain plug-in idéal en jetant un œil au dossier en plusieurs parties de newjazz qui explique les différents types de synthèse : https://fr.audiofanzine.com/synthese-sonore-acoustique/editorial/
Il y a aussi un tutoriel en ligne sur l’utilisation de la synthèse sonore réalisé par Ableton qui est très bien : https://learningsynths.ableton.com/fr
Lorsqu’on commence à manipuler des synthétiseurs virtuels, ou à créer de la musique électronique, non seulement il n’est pas simple de se décider sur quoi utiliser pour se former — y compris si on se limite aux freewares d’ailleurs — le risque est grand d’utiliser un outil qui n’est pas adapté à notre niveau, mais surtout aux usages que l’on compte en faire, encore plus si on n’a pas pris le temps de se poser plusieurs questions. Il n’y a rien de pire pour un débutant que de se retrouver avec le mauvais synthétiseur sous les doigts, car ce ne sont pas des instruments faciles à prendre en main. En plus de devoir se former aux types de synthèse sonore, leur utilisation impose d’avoir quelques bases en théorie musicale, de se mettre au sound design, d’apprendre à recréer des sons from scratch ou à partir d’un préset pour coller à une idée particulière, de connaître du nouveau vocabulaire comme les sons « pluck », « lead » ou « subs ». Et n’oublions pas les contraintes de l’environnement du STAN, qui ne sont pas les mêmes que celles de l’instrument physique avec des boutons et des potentiomètres, avec lesquelles il faudra jouer pour rajouter un peu de vie à un morceau ou une performance via l’automation ou l’usage d’un contrôleur externe.
L’objectif de ce guide d’achat n’est donc pas d’être exhaustif concernant les plug-ins de synthétiseurs, ou de vous fournir une liste interminable de produits, mais de vous donner quelques recommandations très personnelles pour démarrer vos recherches en fonction de ce que vous voulez en faire, et d’une liste d’usages ou de besoins. J’essaierai alors d’alterner entre des produits commerciaux qui ciblent bien la catégorie concernée, et du gratuit qui est pertinent — pas simplement parce qu’il est gratuit justement. J’aimerais aussi en profiter pour vous pousser à vous questionner sur ce qu’il vous manque réellement dans votre setup, ou encore par quel bout vous voulez vous mettre à la synthèse sonore pour les nouveaux venus dans le domaine, sans vous préoccuper de la dernière promo du truc « immanquable », et sans vous recommander de références trop évidentes.
Spécial grosses basses
Pour rentrer dans le vif du sujet, nous allons parler de grosses basses qui tâchent. L’air de rien, c’est un sujet central en musiques électroniques, dont l’esthétique va fixer le genre considéré et un certain nombre de choix artistiques caractéristiques. Certains les aiment strictement mono, d’autres avec des modulations stéréo qui vont leur donner de l’espace, très simples avec juste une forme d’onde en dent de scie, ou bien très sophistiquées avec de la distorsion et plusieurs oscillateurs. Au sujet des basses on peut parler de Subs, de Reese, de « Lately Bass », de « hard sync », d’acide, de legato, d’unisson ou de supersaw (plus d’infos là-dessus sur les articles de newjazz, of course), et il arrive qu’on déborde un peu sur les leads également avec ce type de sons.
Dans cette catégorie, j’aurais pu parler du grand classique en premier, mais je vais commencer en fait par le Acid V de Arturia, qui émule évidemment la mythique Roland TB-303, avec un module de distorsion personnalisé et pas mal d’options sur le séquenceur ou sur les effets. À mes yeux ce plug-in, la 303 et ses émulations en général (celle de D16 Group n’est pas mal non plus) sont plutôt des bonnes références pour obtenir un certain type de sons de basses analogiques évidemment (baw, babawwww, bababababaw), ainsi qu’un large panel de sonorités plus passe-partout et pas forcément pilotées au séquenceur. Et bien qu’en théorie, chaque plug-in de synthèse est compétent pour produire de la basse qui sonne « analo », la référence qui revient finalement à chaque fois dans ce domaine dans la bouche des créateurs reste u-he Diva, avec ses algorithmes de modélisation analogiques, la possibilité de mélanger différentes parties de plusieurs synthétiseurs mythiques ou de reproduire le synthé en question en entier (en particulier plusieurs Roland Jupiter et plusieurs Juno, du Minimoog, du Korg MS-20). Mais si vous cherchez plus spécifiquement le son d’un de ces derniers, on peut aller vers des représentations plus fidèles et plus spécialisées de ces synthétiseurs analogiques, par exemple avec le MS-20 V de la V Collection d’Arturia, ou encore The Legend HZ de Synapse Audio dont on va vous reparler prochainement.
Synthétiseurs à « engines »
Une mode du moment que je trouve dans les synthétiseurs est ce que j’appelle celle des « engines », c’est-à-dire des moteurs de génération d’ondes interchangeables, que l’on peut utiliser seuls ou mixer plusieurs en même temps. Bien que ce n’était pas une nouveauté en soi à l’époque, cette mode doit en partie son existence au travail de Emilie Gillet de Mutable Instruments, qui a créé deux modules numériques au format Eurorack intitulés Braids et Plaits, qui permettent de choisir parmi une certaine quantité d’algorithmes d’oscillateurs, puis d’interagir avec au moyen de deux ou trois macro-paramètres, qui avait la particularité d’être open source et de couvrir pas mal d’usages possibles.
Le premier plug-in auquel on pense dans le genre est (encore !) chez Arturia, à savoir le fameux Pigments, disponible aujourd’hui dans sa version 5. Une de ses particularités en effet est qu’il dispose de plusieurs moteurs de synthèse cumulables, avec du granulaire, du sampling, de la table d’ondes, du « virtual analog », de la synthèse additive, et le moteur « utility » qui génère du bruit et un oscillateur simplifié supplémentaire. On trouve d’ailleurs chez eux un autre synthétiseur à « engines » encore plus fortement inspiré des modules Mutable, puisque le Microfreak et le Minifreak hardware utilisent une partie du code open source d’origine, et que le Minifreak a été porté en version plug-in. Mais puisqu’on parle du Plaits par exemple, il se trouve que le logiciel dédié au workflow modulaire VCV Rack 2, ainsi que son fork Cardinal qui permet d’avoir une version plug-in de son patch gratuitement, proposent des portages des modules d’Emilie, ce qui permet de les rendre directement disponibles dans votre STAN, et même d’en mixer plusieurs. Toujours dans ce style, on peut parler de l’instrument stock Meld fourni avec Ableton Live 12 dont je parle longuement dans mon test, le Polymer de Bitwig, le plug-in gratuit Surge XT dont on va parler plus bas qui inclus également un portage du Plaits intitulé Twist, et surtout UVI Falcon 3 qui propose une liste assez impressionnante de moteurs de génération sonore, dont le résultat de collaborations avec l’IRCAM.
Pour se mettre à la FM différemment
La synthèse par modulation de fréquence est un sujet souvent complexe pour les débutants, mais aussi pour les personnes plus avancées en synthèse sonore, tant la modification de certains paramètres d’un DX7 — pour prendre un exemple complètement au hasard — peut avoir un effet imprévisible sur le timbre du son, et parce que ces instruments disposent souvent d’un nombre de paramètres importants ce qui ne rend pas les choses plus faciles. On notera qu’il est aussi possible de faire la synthèse FM très simple avec les entrées FM dédiées à certains oscillateurs analogiques ainsi que leurs émulations, ou avec le workflow et le sound design plutôt orientés percussion d’un Elektron Digitone. Toutefois, pour la synthèse FM à la DX7, on a pu découvrir récemment plusieurs tentatives de rendre les instruments et les plug-ins dédiés plus accessibles, avec des sets de paramètres limités ou une orientation vers divers types de son — qui sont un peu la raison pour laquelle on se dirige vers ces synthétiseurs (Lately Bass, cloches, pianos électriques, etc.) — plus rapide à atteindre sans sortir des « sweet spots » du synthétiseur.
Ainsi on notera les tentatives de simplifier le DX7, qui avaient déjà commencé avec le FM8 de Native Instruments il y a un certain nombre d’années, de différents challengers que sont Arturia avec son DX7 V et son interface aussi épurée et moderne que possible, le Opzilla de 2getheraudio qui « ose » réduire un peu le set de fonctionnalités du DX7 pour ne proposer que ce qui fait sens et qui est utilisé le plus souvent par ces aficionados, ou encore la version de Plogue, le Chipsynth OPS7, qui n’a pas la plus belle interface, mais une des plus fonctionnelles, et surtout des moteurs de modélisation des convertisseurs analogiques numériques de l’original de Yamaha, ainsi que du hardware embarqué qui colore le rendu sonore. Sinon, je ne peux que vous reparler encore du Operator de Ableton, qui est une tentative délibérée de proposer un design et une esthétique aussi simples que possible sans rogner sur les possibilités de ce type de synthèse, ou encore la modernisation de la synthèse FM en général opérée par Korg avec son Opsix, qui existe en version hardware et software.
Fabriquez votre expérience sonore
À présent nous allons parler de quelque chose que les modularistes connaissent bien, à savoir la création de son « environnement de synthèse » ou d’une expérience autour de la synthèse sonore. Les synthétiseurs dits « modulaires », dans lesquels les briques sont interchangeables et dont on peut choisir à l’extrême les interactions, sont des outils fantastiques pour le sound design, pour « créer son propre synthétiseur » et aller chercher des sons que l’on ne peut pas obtenir facilement avec des approches plus classiques, sur des synthétiseurs qui disposent de leurs « sweet spots » spécifiques. Toutefois, se limiter à cela est à mon sens une erreur de jugement, et parfois un moyen de disqualifier l’approche modulaire en général. En effet, une caractéristique importante de l’approche est la possibilité d’interagir en temps réel avec le son, que ce soit en jouant avec des effets hautement interactifs, ou bien avec les moyens de générer des notes, des événements, qui peuvent eux-mêmes être modulés les uns avec les autres. Ce qu’on obtient varie de la fameuse pièce « auto-générative ambiant » à des choses qui vont sembler beaucoup plus prévisibles voire « commerciales », et qui seront construites au fur et à mesure par le musicien. Ces instruments qui permettent de fabriquer des expériences pourront alors être utilisés seuls ou en coordination avec d’autres.
Il existe plusieurs logiciels qui reproduisent l’expérience du synthétiseur modulaire au format Eurorack de façon virtuelle (par exemple Cherry Audio Voltage Modular, ou Softube Modular), mais celui que je vais vous recommander est évidemment VCV Rack 2, qui dispose d’une version gratuite avec un contenu de modules assez conséquent, et son fork gratuit Cardinal qui vous permet de l’utiliser comme plug-in dans votre STAN habituel (avec quelques différences par rapport à ce que propose la version Pro (et payante) de VCV Rack). Ce logiciel est un excellent complément d’apprentissage au modulaire IRL, un moyen de créer des synthétiseurs rigolos comme on l’a vu sur la partie à « engines », mais surtout on peut faire de la musique avec le logiciel seul, et ce même sans utiliser de clavier MIDI ou de contrôleur externe, avec des montagnes de vidéos disponibles sur YouTube de démonstrations et de tutoriels. En alternatives à ce workflow, pour arriver à des résultats et des expériences similaires, je peux aussi toutefois vous recommander de vous plonger dans l’environnement « The Grid » de Bitwig très inspiré du modulaire, avec l’intérêt qu’il est intégré directement dans un STAN, ou encore à explorer les possibilités offertes par les dernières versions de Native Instruments Reaktor, qui permet de créer ses instruments ou simplement de jouer avec les modules « Blocks ». Dernière chose, n’hésitez pas à rajouter des plug-ins spécialisés dans la génération de notes ou de séquences pour commander vos synthétiseurs préférés, à utiliser les fonctionnalités dédiées dans vos STANs ou les possibilités intégrées des instruments virtuels qui peuvent aller du simple séquenceur à pas à l’offre pléthorique dans le domaine offerte par un UVI Falcon 3.
Faire du clavier comme un claviériste
Je vais ajouter une liste de recommandations de synthétiseurs polyphoniques qui sont dédicacés à ceux que l’on appelle les « claviéristes », ceux qui jouent des synthétiseurs avec plusieurs doigts et qui ne travaillent pas forcément sur des projets de techno/house, mais aussi de rock progressif, de chanson, de pop au sens large, et qui veulent rajouter des notes synthétiques à leur musique ! Quand on parle de synthétiseurs, on vous oublie parfois, et pourtant on vous voit dans les salons et dans les magasins d’instruments, alors aujourd’hui, je vais vous dédicacer une petite section de mon guide d’achat.
Difficile dans ce domaine de faire l’impasse sur la V Collection de Arturia donc, qui fournit un ensemble de modélisations de synthétiseurs analogiques polyphoniques de « légende » comme le Jupiter 8 ou le Juno-6, du monophonique aussi d’ailleurs (souvent augmenté avec la polyphonie), et des designs à inspiration 100 % numérique comme le portage software du Minifreak. Toutefois, d’autres marques se sont attaquées aussi aux instruments polyphoniques, comme u-he avec son Repro qui reproduit le Prophet 5 de Sequential Circuits, Togu Audio Line (TAL) qui a émulé le Juno-60 (TAL-U-NO-LX) et le Alpha Juno II (TAL-Pha). On trouve également quelques plug-ins intéressants en gratuit chez Full Bucket Music comme leur reproduction du Korg Mono/Poly par exemple.
Sound design et textures
Puisqu’on parlait de modulaire avant, on va discuter à présent de sound design. Chaque fois que l’on a en tête un son, ou que l’on veut entendre quelque chose d’inspirant, il va y avoir dans l’usage des synthétiseurs une phase de tâtonnements avec les différents paramètres et commandes qui nous sont proposés, jusqu’à que le musicien soit arrivé à quelque chose qu’il ait envie d’utiliser. Parfois il lui faudra beaucoup de contrôles, d’autres fois une masse importante de présets disponibles à faire défiler sera nécessaire, et d’autres fois encore, ce dont il aura en fait besoin c’est d’expressivité ou de types de synthèse un peu hors normes. Et le sound design est aussi l’occasion de créer des choses différentes qui peuvent constituer le point de départ d’une production.
Un des premiers synthétiseurs auxquels je pense quand on parle « sound design » est le u-he Zebra. C’est un synthétiseur logiciel modulaire qui est une invitation à créer les sons les plus fous, avec quelques fonctionnalités clés qui le rendent unique et deep, comme les effets sur les oscillateurs, le nombre de filtres disponibles, les possibilités de routage, les modules d’effets un peu barrés qui ne seraient pas reniés sur un Native Instruments Absynth, et les capacités hors normes qui en ont fait un des outils préférés d’un certain Hans Zimmer (qui a eu droit à son soundset rempli de présets utilisés dans les films The Black Knight). À noter qu’en prévision de la sortie de la version 3, les équipes de u-he ont déjà mis en ligne la version 3 en bêta de son pendant gratuit Zebralette 3, qui dispose d’un unique oscillateur et de possibilités de modulations, et que cet oscillateur est probablement le plus intensif en possibilités sonores que je n’ai jamais vu dans un plug-in (notamment avec l’éditeur de formes d’ondes, le retour des effets s’oscillateurs ou les outils spectraux), ce qui promet pour la version complète !
Je voudrais parler aussi de Newfangled Audio Generate et de sa version gratuite Pendulate, que nous avions testé dans nos colonnes, et qui exploite le concept du chaos et la modélisation physique pour créer des algorithmes de synthèse assez uniques (assez distordus) et compliqués à décrire autrement qu’en jouant avec, le tout avec une interface et une expérience utilisateur uniques très typée west coast et pas uniquement à cause de la présence du low-pass gate. Je pensais aussi à Baby Audio Atoms dans le genre des synthétiseurs qui ont une sonorité différente grâce à un moteur de synthèse atypique à base de masses et de ressorts, une sorte de Karplus Strong sous stéroïdes, ou encore du Noisy 2 de Expressive E avec ses résonateurs. À noter que ces synthétiseurs proposent aussi un focus important sur l’expressivité grâce à leur support du MPE, qui est particulièrement poussé sur Noisy 2 avec des présets et des pages dans l’interface dédiée.
Vintage voir carrément lo-fi
Une catégorie de sons que je trouve particulièrement intéressante, et dont j’aurais du mal à ne pas vous parler, c’est celles des sonorités vintage, mais du type vraiment vintage, pas comme celle du Minimoog qu’on retrouve partout dans des productions modernes. Pensons plutôt lo-fi, synthwave qui lorgne carrément avec le vaporwave et le retrowave, allons jusqu’au Mellotron dans la tentative de reproduction des sons. J’ai une petite sélection à vous partager là-dessus !
Le premier plug-in auquel je pense dans le genre est le Baby Audio BA-1, qui est une émulation d’une machine qui semble totalement inintéressante au premier abord, à savoir le Yamaha CS01, qui ressemble à certains jouets calculatrices de Casio. J’ai donc été surpris en l’essayant la première fois, et il se trouve que c’est une machine à produire des sons dans le registre synthwave, avec un nombre important de sweet spots et des fonctionnalités clés indispensables comme le moteur de randomisation, la simulation du mauvais HP, et le slider qui reproduit l’effet de l’alimentation qui faiblit. Je ne m’en sers pas tout le temps, mais quand il est à sa place je suis toujours très content de l’avoir ! Je rajouterais aussi deux librairies qui sont régulièrement proposées gratuitement ou en bundle, pour Kontakt et UVI Workstation, à savoir Analog Dreams et Digital Synsations, qui sont remplis à ras bord de ce type de sonorités, avec un mélange de sampling et de synthèse ou de modélisation. Mention spéciale enfin à la version plug-in du Waldorf Streichfett, qui n’est pas à mes yeux la meilleure String Machine logicielle, mais probablement la plus lo-fi, et très capable dans les registres habituels associés à ces machines à pads.
Les synthétiseurs avec du (trop) gros son
Parlons encore de groooos son, mais du genre qui prend tout l’espace (fréquentiel et temporel), au point qu’il soit pratiquement impossible de ne pas avoir à égaliser à la hache les pistes pour faire rentrer les sons dans un mix. Ce sont des sonorités qui sont très agréables à manipuler, mais qui demandent parfois un peu de toucher pour être à leur place dans vos productions !
Évidemment, tous les plug-ins de type « Virtual Analog » que nous avons vus précédemment au sujet des basses rentrent en considération comme u-he Diva, surtout s’ils proposent des fonctionnalités de type « unisson » pour épaissir encore le son. De ce point de vue, un autre plug-in assez polyvalent de Synapse Audio, le fameux Dune 3, est assez remarquable. Celui-ci dispose de moteurs de génération sonores assez focalisés sur l’unisson et les supersaws, de la possibilité de modifier les paramètres de synthèse pour chaque voix, d’importer des samples à lire en même temps que le reste, le tout avec un set de fonctionnalités qui peut en faire aussi un synthétiseur simple assez polyvalent, malgré le « 8x Unison = up to 520 oscillators per note » affiché dans les spécifications ! Et comme indiqué pour Dune 3, l’usage du sampling en plus de la synthèse est ce qui peut faire la différence pour obtenir ce type de sons « plus gros que gros ».
C’est sur ce registre entre autres qu’il est impossible de ne pas recommander Spectrasonics Omnisphere, qui pousse le concept de la synthèse hybride (algorithmes + sampling) assez loin, avec plus de 64 Go de sons bruts et des moteurs de synthèse ou d’effets, avec du granulaire, de la FM ou avec les modélisations de modulations vintage. Il existe également des centaines d’instruments basés sur le même concept hybride, notamment chez UVI compatibles avec Workstation et Falcon, pour Native Instruments Kontakt encore, pour le Decidly Decent Sampler de David Hilowitz sur lequel on peut trouver du contenu dithyrambique gratuitement. Mais parmi ces instruments il y a à mes yeux le Quadra Modular de UVI qui sort du lot, qui permet de mixer 4 couches sonores de sons et de séquences, enregistrées à partir des synthétiseurs analogiques qui sonnent déjà « intenses », avec une mention spéciale pour le sampling du Colossus XL de Analogue Solutions qui prend autant d’espace dans la pièce que dans les mix !
Tout faire tout le temps
Parfois, le synthétiseur que l’on va choisir ne sera pas celui qui sonne le mieux, ou le plus gros, ou qui a le plus de possibilités, mais tout simplement le plus polyvalent, le plus accessible pour obtenir des sons relativement simples, qui consomme le moins de ressources CPU, et que l’on va pouvoir utiliser un peu partout en masse pour des tâches diverses et variées.
Dans ce domaine plus que dans d’autres, tout le monde va avoir ses chouchous, et personne ne sera d’accord sur la référence ultime :) Personnellement, bien que j’ai passé beaucoup de temps sur différents synthétiseurs à la mode en fonction des époques (Sonic Academy ANA 2.5, Xfer Records Serum, Synth1, Spire, etc.), aujourd’hui, celui que je retrouve le plus souvent dans mes sessions est u-he Hive 2, dont je vous avais fait le test exhaustif, ce qui m’avait permis aussi d’approfondir ses possibilités. Mais je me sens obligé aussi de vous parler de deux alternatives gratuites, mais très sérieuses, que sont SST Surge XT et Vital. Ne vous fiez pas à leur apparence, leur valeur et leur contenu les mets largement au niveau de certaines propositions payantes, que ce soit Surge XT avec ses quantités astronomiques d’effets et d’algorithmes d’oscillateurs, que l’on retrouve à la découpe dans VCV Rack d’ailleurs, ou Vital qui pousse assez loin l’exploitation d’un moteur de synthèse à table d’ondes.
N’oubliez pas votre STAN
Enfin, avant de céder aux sirènes du Gear Acquisition Syndrom ou de télécharger des plug-ins gratuits en masse, il me semble important de vous rappeler de ne pas oublier de regarder ce que votre STAN préféré a à vous proposer là dessus ! Il ne vous a d’ailleurs peut-être pas échappé que j’ai récemment parlé longuement de l’offre proposée en synthétiseurs dans Ableton Live, que j’oublie moi-même un peu d’approfondir parfois.
En effet Ableton propose dans ses différentes versions une quantité conséquente d’instruments dédiés à la synthèse sonore et à la bidouille (Meld, Drift, Wavetable, Analog, Operator, Collision etc.) ainsi que l’ouverture à l’écosystème M4L. Les autres STANs ne sont pas tous égaux là-dessus, mais évidemment il convient de reparler de l’environnement modulaire de Bitwig Studio et de tout ce qu’on peut y mettre ou des instruments livrés avec (Polymer, Phase-4, FM-4, etc.). On peut parler aussi de Logic Pro X qui n’est pas en reste avec Alchemy ou Sculpture.
Conclusion
Nous avons donc fait un petit tour d’horizon d’un certain nombre de synthétiseurs plug-ins en fonction des usages, avec des recommandations somme toute assez personnelles encore une fois (je vous entends déjà dire que je n’ai pas parlé de tel ou tel logiciel). J’espère que ce guide d’achat (et de non-achat) aura aussi donné envie à certaines et certains de se lancer dans l’apprentissage de la synthèse sonore. Je vous souhaite à présent une bonne exploration, et n’hésitez pas à nous faire part de vos découvertes ou de vos coups de cœur, et même à mettre d’autres suggestions dans les commentaires !