Expressive E, la marque française qui mérite bien son nom, est sur le créneau assumé de l'expressivité depuis la sortie de son Touché et de l'Osmose, contrôleur + synthétiseur hardware MPE. Dans la même lancée, la version 2 du plug-in Noisy entend bien montrer à quoi est censé servir le MPE.
Vous avez dû entendre parler à de nombreuses reprises de la marque Expressive E bien de chez nous, et de ses contrôleurs/synthétiseurs. Nous avons déjà testé une bonne partie de leurs productions chez AudioFanzine, que ce soit le Touché avec son logiciel de contrôle Lié en 2017, leur deuxième plug-in Imagine réalisé en collaboration avec Applied Acoustics Systems en 2021, ou encore leur fameux contrôleur MPE et synthétiseur Osmose, sorti 4 ans après une campagne Kickstarter réussie en 2023, dont le moteur de génération sonore Eagan Matrix est celui de Haken Audio qu’on retrouve dans leur série de produits Continuum. L’Osmose vient d’ailleurs d’obtenir depuis peu une version 2.0 pour son firmware, avec une refonte de son système de présets, l’envoi vers MIDI de ses fonctions d’arpégiateur et pas simplement vers le moteur de synthèse, le Glide via le paramètre Pressure, etc., dans le but de préparer le terrain — d’après l’équipe Expressive E — pour de nouvelles fonctionnalités dans le moteur de synthèse et pour créer ses présets directement sur la machine.
Les Français nous ont aussi proposé au fil des années des banques de sons « expressives » pour divers synthétiseurs gérant le MPE comme Synapse Audio The Legend HZ, u-he Hive 2 et Kilohearts Phase Plant, une suite de plug-ins appelée Arché officiant dans la modélisation physique de violons, violons alto et violoncelle, et leur premier plug-in Noisy sorti fin 2020. Celui-ci fonctionne sur un principe qui était déjà intéressant à l’époque, à savoir la génération de son en utilisant une source de bruit comme « exciteur » et un algorithme présent en 3 exemplaires simultanés mélangeant filtre en peigne et génération de formes d’ondes à partir de bruit (on parle de résonateur). Le tout passait alors dans un filtre et dans quelques effets, et proposait un twist, permettant à un contrôleur comme le Touché d’agir sur le son grâce à l’Expression Control qui génère une enveloppe à partir de ce qui se produit en amont en MIDI, enveloppe qui peut ensuite affecter directement certains paramètres dédiés ou le niveau de modulation d’un LFO, à l’aide de contrôles directs et visibles.
Aujourd’hui, nous allons vous parler de la deuxième mouture de Noisy, sortie au milieu de l’année, qui est une sorte de Noisy premier du nom aux stéroïdes avec un peu plus de tout, inspiré en partie par le travail réalisé sur Imagine (qui propose un panel plus large de résonateurs, des enveloppes multisegments, un séquenceur et autre chose que le bruit en exciteur), dans un délire plus minimaliste dans lequel l’intégration nouvelle du MPE, différents modèles d’interaction et une alchimie avec l’Osmose en contrôleur apportent un vent de fraicheur au concept et vont intéresser particulièrement les sound designers comme nous allons le voir !
Exploration des caractéristiques principales de Noisy 2
Noisy 2 est donc un plug-in de Expressive E, disponible au tarif hors promotions de 149 euros sur Windows et macOS aux formats VST2, VST3 et AudioUnit (pas de AAX ni de CLAP pour le moment), utilisant le système de protection iLok. Il dispose d’une interface graphique assez claire et simple dans la même veine que celle de la version précédente, avec deux vues principales pour la génération du son et les effets, et quelques menus supplémentaires pour l’assignation de paramètres à des control changes MIDI ou pour les options.
Le principe du moteur de synthèse est d’envoyer une source de bruit mono dans trois résonateurs mono également — avec la possibilité d’assigner différentes valeurs de pitch aux moteurs 2 et 3 pour faire des accords ou de l’unisson — que l’on mixe avec des volumes et panning réglables, ainsi qu’avec la source de bruit brute sans traitements. Tout ça se retrouve ensuite envoyé dans un filtre, puis dans un module de saturation qui propose un soft clipper et du feedback façon synthétiseur analogique. Comme Noisy propose deux layers de son moteur de synthèse, on dispose de tout ça en double, avec la sélection de valeurs d’octave différentes pour chaque couche si souhaitée.
Les signaux des deux couches vont ensuite dans une dernière section FX dédiée aux effets, avec deux traitements audio fixes (délai, réverbe à plaques) et deux au choix parmi une liste (trémolo, filtres passe-bas et passe-haut, autopan, distorsion, un FX s’appelant noisifier qui rajoute des bruits en fonction de l’amplitude du signal, ring modulation, 3 phasers différents et chorus). Ces effets semblent un peu simplistes, et réduisent parfois le volume de sortie, mais ils apportent une variété suffisante aux sonorités du moteur de synthèse, même si on aurait apprécié des ajouts par rapport à ceux de la version 2, comme une simulation de cassette à bandes avec tout le registre du lo-fi, ou plus de possibilités niveau réverbes, même si la réverbe à plaques de Noisy 2 fait définitivement partie de ses points forts.
Il y a souvent un débat sur l’intérêt des effets dans les synthétiseurs virtuels en plug-in, et le fait qu’il est souvent plus pertinent d’utiliser des plug-ins dédiés après coup, souvent plus intéressants niveau contrôles et qualitativement. Un petit détail fait toutefois la différence ici, à savoir la présence massive de paramètres intitulés « Exp Amount » dans l’interface des FXs, qui permettent de moduler le comportement des effets avec le jeu en direct, et dont on va parler dans quelques instants.
Les bases de Noisy 2 : un plugin à l’approche innovante
Profitons de cette occasion pour préciser le gros des nouveautés de la version 2 : plus de présets évidemment (on en a d’ailleurs par layer et en global), 21 types de bruits différents contre 4 auparavant (des variations de bruits blancs + algorithmes aux enregistrements extérieurs), 5 types de filtres au lieu d’un seul (l’original avait seulement le mode Transistor Ladder, on a aussi du passe-haut/bande, coupe-bande et filtre passe-bas à plus petite pente), des améliorations du module d’expressivité qui supporte à présent le MPE, l’ajout du feedback dans la section de sortie de layer, la refonte de l’interface graphique, un mode mono qui concerne le filtre et les effets — ce qui permet de réduire la consommation CPU du plug-in (qui peut être élevée avec certains résonateurs) — et 5 nouveaux résonateurs.
Noisy One avait déjà comme originalité de transformer le bruit en un mélange (réglable) de résonances (réglables aussi) classiques du type filtre en peigne ou oscillateur analogique, qui suivent l’information du pitch jouée en MIDI. On devine les oscillateurs générés par un procédé équivalent à ce qui se passe dans le domaine analogique dans nos synthétiseurs hardware, avec des circuits analogiques plus ou moins instables qui entrent en résonance avec simplement un peu de bruit. Ce résonateur dit « Oscillator Comb » est présent également dans Noisy 2, et dispose comme dans l’original d’un contrôle XY qui permet d’évoluer entre les formes d’ondes, de la sinusoïde classique aux triangles, dent de scie et carré, à la manière d’un oscillateur numérique à tables d’ondes. Le filtre en peigne dispose aussi d’une signature sonore très caractéristique et un peu métallique du Karplus Strong, qui marche très bien pour la simulation de sons de cordes, avec plusieurs valeurs de résonance possibles qui permettent de garder plus ou moins les attributs du type de bruit choisi (surtout que certains sont assez rigolos, comme ceux de la rivière ou de la friture), avec une modulation de l’attaque du signal provoqué par un control change pendant le jeu par exemple. Il est d’ailleurs très pratique de pouvoir moduler n’importe quel paramètre de jeu avec la vue matrice en utilisant les CCs, y compris deux concernés par le MPE.
Tous les autres résonateurs sont exclusifs à la version 2. Le Virtual Analog PWM fonctionne sur le même principe que le premier, mais sans le filtre en peigne, et sur le principe de jouer avec les sonorités de l’onde carrée dont on module la longueur d’impulsion (PWM), mais aussi sur l’axe Y avec l’ajout d’une deuxième onde carrée. Le résonateur dispose également de réglages de « drift » pour jouer avec un effet de désaccordage inspiré des synthétiseurs analogiques
Nous avons ensuite 4 résonateurs dits « acoustiques » qui ont une interface similaire, et portent des noms de personnages mythologiques grecs, mais surtout de satellites de Jupiter : Ganymède, Io, Callisto et Léda (tiens pas Europe). Difficile de décrire avec des mots ce qui se passe avec ces résonateurs, et malheureusement le manuel est laconique à ce sujet, avec seulement un paragraphe de deux lignes qui décrit les quatre résonateurs comme basés sur un comportement sonore dans la « vraie vie » et qui donnent des sonorités organiques avec un spectre unique. Et c’est tout ! On voit toutefois un certain vocabulaire et une certaine consommation CPU qui nous laissent entendre qu’on est sur de la synthèse sonore physique modale, ce qui est confirmé par les développeurs qui ont bien voulu répondre à nos questions, avec des modèles de membranes et de surfaces diverses et variées, dont on peut régler un niveau d’amortissement (damping), de résonance, et qui génèrent des banques d’harmoniques avec des ratios spécifiques, customisables avec 3 paramètres. Le dernier qui s’appelle Tone et qui joue sur la répartition finale de ces harmoniques peut être modulé par le LFO (un par couche) et le Expression Control, tandis qu’il s’agit de la position X et de la position Y dans les autres résonateurs.
Tout ce beau monde permet de produire des textures sonores assez atypiques, avec des composantes inharmoniques, une hauteur de pitch qui n’a pas toujours à voir avec ce qui est demandé par le MIDI, et sur lesquelles le potentiel expressif du plug-in bat son plein. On rentre ainsi dans un univers de textures que tous les fans de musiques ambiant vont juste adorer, avec chaque paramètre qui joue principalement sur la répartition des fréquences qui vont être audibles, et qu’on prendra plaisir à moduler grâce à la matrice avec le jeu, voire les modulateurs extérieurs de vos STANs si vous en avez sous la main.
On notera quelques similitudes sonores entre les résonateurs Io et Callisto qui sont inspirés de percussions type Plates et Bells, tandis que Leda est plutôt percussions chromatiques (hand pan / tong drum/xylophone) et Ganymède sur un registre Tube et Strings, mais globalement, ils sonnent tous d’une manière assez différente et surtout atypique. Même si c’est assez déstabilisant de jouer avec des paramètres sans avoir la moindre idée de leur fonctionnement, c’est aussi assez rafraichissant dans un moteur de synthèse virtuel comme expérience ! D’autant qu’il n’y a pas non plus 200 paramètres à gérer et qu’on ne sent jamais en surcharge mentale avec l’interface, vraiment jolie d’ailleurs sur ces résonateurs.
MPE et expressivité : une immersion sonore avec Noisy 2
Tout ce beau monde profite de la fonctionnalité la plus mise en avant dans le plug-in, à savoir le dernier onglet dont nous allons parler ici, qui est celui de l’Expression Control, qui a été augmenté grandement sur le plug-in noiséen. Le principe de ce module est de générer un signal « d’expression » ou de contrôle, qui pourra être réutilisé à plusieurs endroits du synthétiseur. Vous avez en effet l’omniprésence de potentiomètres « Exp Amount » qui déterminent à quel point un paramètre dans l’onglet concerné va être modulé par ce signal d’expression, qui est généré lorsqu’on joue avec le contrôleur MIDI.
Sur les résonateurs Comb/Oscillator par exemple, ce signal peut déplacer le curseur sur l’axe X ou sur l’axe Y en fonction de sa valeur, et provoquer des changements de sonorité au gré du jeu de l’interprète. De plus, sur chaque onglet concerné, on peut régler les valeurs de constantes de temps Rise et Fall, qui permettent de lisser la montée ou la descente du signal, de façon différente par onglet, même si le signal d’expression est le même partout sur chaque layer. Il est également possible d’enclencher le LFO à cet endroit, et de faire varier son étendue ou sa vitesse toujours à partir du signal d’expression. Précisons d’ailleurs que la partie FX possède deux de ces super générateurs de signaux d’expression, mais pas de LFO.
La nature du signal va dépendre du mode d’expression choisi dans le synthétiseur, classique ou MPE. Sur le mode non MPE, on retrouve le fonctionnement de Noisy 1, à savoir que l’on créé une enveloppe AD (attack decay) à partir des événements Note On et Note off au clavier, sans phase de soutien, et avec les temps d’attaque et de decay variables. La hauteur du signal sera dépendante de la valeur du paramètre ENV, et dépendante jusqu’à un certain point ou non de la vélocité de la note MIDI en fonction d’un paramètre de sensibilité. Ce signal sera ensuite sommé à la valeur du potentiomètre Expression, qu’on pourra assigner à un control change si on le souhaite, multiplié par la valeur du paramètre CONT, ce qui permet de doser la contribution des deux types d’information dans le signal d’expression final. Et on attribuera une modulation notamment au paramètre de volume du générateur de bruit, pour avoir une enveloppe assignée à l’amplitude de notre signal comme sur un synthétiseur standard, avec une valeur minimale non nulle si on veut simuler une enveloppe avec un paramètre sustain.
Si le mode MPE est activé, l’onglet change et propose de nouvelles fonctionnalités très intéressantes. Le générateur d’enveloppe AD est toujours là, mais, par contre l’apparition de l’enveloppe avec la couleur blanche sur le graphique peut se déclencher de nouvelles manières, simplement lorsqu’on joue et relâche une touche (mode standard), mais aussi pendant qu’on joue l’Aftertouch ou la pression de la touche sur les contrôleurs MPE. Cela peut se produire lorsqu’on appuie à nouveau sur la touche au milieu de sa course (Dynamic Push), lorsqu’on relâche (Dynamic Lift), ou lorsqu’on fait les deux (Dynamic Shake).
De plus, de nouvelles courbes viennent s’ajouter au signal d’expression, dépendantes du CC MPE classique dit « Pressure » et de celui intitulé « Slide » ou « Timbre » selon les terminologies, bizarrement appelé Aftertouch sur l’interface. Ce signal peut lui aussi être lissé avec des temps de Rise et Fall, et constitue ce qui fait la différence avec un contrôleur MPE, et en particulier avec l’Osmose, dont la construction particulière fait qu’on peut faire apparaître du signal « Pressure » sur le début de la course de la touche, et du signal « Slide / Timbre » sur la fin de la course. Sur d’autres contrôleurs MPE, ces deux paramètres sont sur des axes dans l’espace différents, et dans tous les cas, on obtient un signal qui somme les deux, avec des répartitions paramétriques pour la quantité d’enveloppe AD, de Pressure, et de Slide / Timbre / Aftertouch.
Cette terminologie est d’autant plus confusante que lorsqu’on utilise un clavier MIDI non MPE, le vrai Aftertouch est converti de différentes façons en fonction de la STAN, en signal Pressure seulement dans Cockos Reaper, et en combinaison de Pressure et Timbre/Slide dans Ableton Live 12 ! De plus, j’ai pu constater en observant les curseurs se déplacer dans les résonateurs ou en écoutant le son de Noisy 2, que le signal que reçoivent les onglets de traitement n’est pas tout à fait une copie de ce que l’on voit dans l’interface graphique, il semblerait que la vélocité peut empêcher le lissage du Rise de se produire, sans que cela ne soit documenté non plus dans le manuel. Tous ces éléments mériteraient un peu de clarification dans le manuel ou avec une aide intégrée au logiciel.
Analyse des points faibles et problèmes de conception
Cette section de génération de signaux d’expression apporte un vrai plus à l’usage que l’on fait du moteur de synthèse. Tous les paramètres de celui-ci ne peuvent être modulés par l’expression ou le LFO, mais les paramètres concernés sont souvent les plus intéressants et apportent réellement de la variation avec laquelle l’interprète peut jouer, sachant qu’on peut assigner les autres paramètres directement à des CCs en jouant avec la page Matrix en plus. On prend ainsi un grand plaisir à jouer avec cette fonction seule en parcourant les nombreux présets et en testant différentes méthodes de génération d’enveloppes avec son contrôleur MPE préféré. Pendant le test, j’ai d’ailleurs eu la chance de disposer d’un Osmose gracieusement prêté par Expressive E pour l’occasion. Leur Touché dispose aussi de contenu spécifique pour Noisy 2 en utilisant l’application Lié, et n’importe quel contrôleur MPE peut faire l’affaire.
Sans contrôleur MPE toutefois, les choses sont plus mitigées pour profiter de l’expressivité de l’instrument, même s’il est possible quand même de jouer de l’aftertouch, voire de tricher en utilisant par exemple les fonctionnalités de mapping de l’aftertouch vers un CC présentes dans Live, ou en générant des signaux de modulation à destination du Pressure et du Slide/Timbre. Mais bien évidemment, le support du MPE permet aussi de jouer des bends sur les touches du clavier, que l’on peut combiner avec les vibratos incorporés ou les différents types de glides.
Toutefois, Noisy 2 accuse de plusieurs problèmes de finitions et de clarté. Outre le fait que le manuel donne certaines informations de manière partielle, nous avons regretté qu’un certain temps soit nécessaire pour la compréhension de certaines fonctions alors que le moteur de synthèse nécessite déjà son temps d’adaptation. Les paramètres disponibles dans la matrice sont présentés sous forme de liste à dérouler trop importante avec des noms pas toujours très clairs (du MIDI Learn avec un clic droit sur le contrôle concerné n’auraient pas été de refus). Le navigateur de présets est très rudimentaire, et on ne peut choisir de favoris ou profiter de tags autres que les dossiers dans lesquels ils ont été placés. On remarque que tous les modules de bruit et de résonateurs sont mono et on aurait aimé de la stéréo pour avoir une image spatiale plus intéressante plus facilement à la fin du processus de sound design. À l’usage on se rend compte qu’il manque des réglages globaux d’attaque et de relâchement pour travailler le sound design d’une prise après enregistrement. On regrette également que la section de filtre ne propose pas vraiment de modèles autres que le Moog-like avec vraiment du caractère, même si on pourra s’en sortir sur ce registre avec le feedback du clipper ou le FX de distorsion. Rien de bien méchant ici donc, mais suffisamment pour compliquer la tâche à l’apprentissage (et on espère que quelques mises à jour seront bienvenues dans les prochaines semaines).
Couleurs sonores et applications pratiques de Noisy 2
Parlons enfin de ce que l’on fait de Noisy 2. Ce n’est certainement pas le plug-in le plus polyvalent de la Terre, même s’il y a un certain nombre de catégories de présets qui laissent sous-entendre qu’on peut le faire sonner de plein de manières différentes, notamment grâce à tout ce qui peut être fait avec le tuning des 6 résonateurs présents en même temps, de l’accord au detuning pour faire unisson ou sonner gros.
Ce n’est pas non plus le plus simple à prendre en main et il faudra compter quelques heures pour décider — par exemple avec la version démo — si vous pourriez l’intégrer à une production. La nécessité relative d’avoir un contrôleur MPE pour en profiter pleinement pourrait réduire encore plus le nombre de personnes potentiellement intéressées. Toutefois, je me suis surpris à passer de nombreuses heures à faire très simplement du sound design avec, plus ou moins à l’aveuglette en fonction du choix de résonateurs, juste en expérimentant le avec certains paramètres, sans avoir tout le temps besoin de me former au logiciel avec les présets, grâce au fait que le synthétiseur a beaucoup de sweet spots et n’a pas besoin de beaucoup de paramètres éditables pour générer des sons variés. On peut presque concevoir des morceaux ambiant complets juste avec un Valhalla SuperMassive, un preset de la catégorie soundscape, et quelques notes tenues avec un peu d’expressivité !
Ce que permet l’expression control en type d’enveloppes et d’interactions en font d’ailleurs un très bon candidat en matière de plug-in pour découvrir l’expressivité en MPE appliquée à la synthèse sonore. Il ne me semble pas avoir vu pour l’instant de concurrents pousser aussi loin le soin d’exploiter et de visualiser ce qui s’applique au moteur de synthèse en fonction des gestes de l’interprète. Les possibilités sont là (on pensera à Equator évidemment, mais surtout à des synthétiseurs plus classiques, comme ceux dont on parle sur mon dossier récent, ou encore ceux qui profitent de banques MPE signées par Expressive E). Mais l’aspect expressivité ne prend pas un espace aussi central dans l’interface du logiciel, qui, encore une fois arrive quand même à rester très simple et accessible dans l’interface de Noisy 2. Un plug-in chez une autre marque qui se rapprocherait un peu de ce qui a été vu ici serait peut-être Baby Audio Atoms, pour la nature du moteur de synthèse, le côté un peu barré, et la manière de mettre en valeur à l’écran les interactions que vous avez avec le logiciel. N’hésitez pas à jeter un œil en même temps que Noisy 2 si tout ça vous intéresse. On pense aussi à Imagine de Expressive E sur un registre de synthèse proche, mais d’une complexité différente et avec le volet expressif moins sophistiqué
En tout cas, là où Noisy 2 brille spécialement à mes yeux et oreilles, c’est sur la génération de textures un peu organiques, que ce soit pour faire des pads, drones et soundscapes en tout genre, ou des sons très percussifs qui profitent de la complexité du spectre généré par le moteur, et le take particulier de Noisy sur l’approche Karplus Strong et les sons de cordes, avec les plus qu’apporte le MPE pour jouer avec le rendu du son en temps réel.
- Noisy 2 – Ambiant Ganymede03:08
- Noisy 2 – Blue Deep02:29
- Noisy Le Grand01:24
Mais comme l’indiquent les intitulés des catégories de présets, il y a aussi des registres plus traditionnels où Noisy 2 peut apporter quelque chose d’intéressant avec ses qualités, que ce soit sur les sons de synthés classiques (pads, leads, basses qui tâchent, plucks), sur de l’utilitaire, ou de la matière intéressante pour les claviéristes virtuoses, sans oublier tout ce que l’on peut faire en jouant avec les différentes variétés de bruit brut ou traités avec les résonateurs. En parlant de virtuosité, rien n’empêche non plus de jouer des riffs audacieux à un doigt en profitant de toutes les possibilités d’un clavier MPE à 1500+ euros (et merci à la magie du Machine Learning pour le démixage qui ne va pas me rendre plus sage sur les reprises).
- Noisy 2 – Take On Noise00:33
- Noisy 2 – Tech FX04:35
FAQ
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Qu’est-ce que le Noisy 2 d’Expressive E ? Le Noisy 2 est un plugin audio combinant des textures acoustiques et synthétiques, conçu pour créer des sonorités originales.
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Noisy 2 est-il compatible avec tous les DAW ? Oui, le Noisy 2 est compatible avec les principaux logiciels comme Ableton Live, Logic Pro, et Cubase.
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Quels sont les formats supportés par le Noisy 2 ? Le plugin est disponible aux formats VST 2, VST3 et AU.
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Quelles différences entre Noisy 2 et le Noisy original ? Noisy 2 apporte de nouvelles fonctionnalités, des améliorations d’interface, et une banque sonore enrichie.
Caractéristiques techniques
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Compatible avec les systèmes Windows et macOS.
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Formats supportés : VST2, VST3 et AU.
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Banques sonores : plus de 200 presets inclus.
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Effets intégrés : modulation, delay, distorsion et réverbe.
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Interface intuitive avec contrôles paramétrables.
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Support MIDI avancé pour les contrôleurs.
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Fonctionnalités d’édition avancées pour le design sonore.