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In the Moog for love

Minimonsta : derrière ce nom se cache l'émulation du MiniMoog faite par OhmForce pour GMedia. Quand on sait la part de légende attachée à la machine originale et la grande compétence des développeurs français, la chose a de quoi susciter l'intérêt.

Mini­monsta : derrière ce nom se cache l’ému­la­tion du Mini­Moog faite par OhmForce pour GMedia. Quand on sait la part de légende atta­chée à la machine origi­nale et la grande compé­tence des déve­lop­peurs français, la chose a de quoi susci­ter l’in­té­rêt.

 

 

L’his­toire de la musique éléc­tro­nique comporte quelques grands moments de créa­tion de la part de concep­teurs géniaux. Comp­tant parmi ces génies, Robert Moog a, avec le Mini­Moog, créé LE synthé mono­pho­nique de scène des années 70, au grain immé­dia­te­ment recon­nais­sable. Sa présence sur des centaines de produc­tions musi­cales mondia­le­ment connues, tous styles confon­dus, place assu­ré­ment la machine au Panthéon des synthés analo­giques ! Autant dire qu’il s’agit d’une pièce de choix que nombre de déve­lop­peur aime­rait répliquer en virtuel.

Depuis les débuts de la modé­li­sa­tion logi­cielle, 3 versions du Mini Moog sont sorties si l’on excepte le Mini­Max de Cream­ware qui ne saurait se passer du hard­ware de la marque pour tour­ner : le Model-D de Stein­berg, le Mini­Moog V d’Ar­tu­ria et le Mini­monsta qui nous occupe aujour­d’hui. Si le premier n’était pas une réus­site, la version d’Ar­tu­ria a été approu­vée par Bob en personne. Reste à voir quel lapin les sorciers d’Ohm­force vont faire sortir de leur chapeau…

 

Dessine-moi un Moog…

Robert A. Moog est né en 1934 à New York. Dès l’age de 20 ans il fonde sa société R.A.Moog inc et vend surtout, entre deux cours d’in­gé­nieur radio, des instru­ments appe­lés There­min­vox, créés en 1919 par le russe Leon There­min. La bestiole comporte deux oscil­la­teurs hautes fréquence, dont la fréquence (circuits oscil­lants) est modi­fiée par le passage de la main (prin­cipe de la FM qui sera décou­vert 60 ans plus tard !).

En 1961, devant le succès des ventes, il commer­cia­lise même un kit permet­tant d’en construire un soi-même ! Lors d’une démons­tra­tion du There­min à des profes­seurs de musique, un de ceux-ci lui demande des préci­sions sur ce qui se faisait comme autres instru­ments élec­tro­niques :Moog rencontre ainsi Herbert A Deutsch.

Bob Moog

Cher­chant une réponse à la demande de ce dernier (des sons qui font «  whooow­hooow­hooo  », « whaaaaaw­haaaaw­haaaa  »), il élabore dès 1964 des petits modules VCA et VCO et, par chance, présente son travail sur un stand inuti­lisé à l’AES. S’il est remarqué à cette occa­sion, ce n’est qu’en 1968 que ses modu­laires (de plus en plus complexes) seront propul­sés au devant de la scène avec « Swit­ched on Bach », œuvre plébis­ci­tée de Wendy (ex-Walter) Carlos qui reprend des pièces de Bach sur un Moog.

En 69–70 la produc­tion atteint 3 exem­plaires par semaine et tout le monde veut le son Moog ! Cepen­dant l’âge d’or des concerts de Keith Emer­son, LE musi­cien «  bêta-testeur  » (Le modu­laire IIIc sur scène avec l’ELP !) est de courte durée et la réces­sion survient dès la fin 1970, due entre autre à la satu­ra­tion du marché et la concur­rence d’une nouvelle société, ARP.

Le MiniMoog

C’est pour­tant en 1970 que Bob met au point, en colla­bo­ra­tion avec Jim Scott, un ingé­nieur de Berke­ley, et de nombreux musi­ciens, les derniers circuits d’un nouveau modèle plus compact, pré câblé, léger et moins coûteux que les modu­laires : le Mini­Moog, dont les premiers modèles sont présen­tés à l’ AES cette année-là.

Sans possi­bi­lité de commer­cia­li­ser son produit, Moog vend alors sa société à Bill Waytena de Muso­nics, repre­neur profes­sion­nel. R.A.Moog devient ainsi Moog/Muso­nics, puis Moog Music, Inc debut 1971 parce que le nom est plus « bankable ». La produc­tion en masse du synthé­ti­seur mono­pho­nique de scène le plus célèbre pouvait commen­cer…

Les photos illus­trant cet article proviennent de l’ex­cellent site The Lord of the Mini, qui retrace l’his­toire du Mini­Moog.

 

Le Mini­Moog

Fabriqué à plus de 13000 exem­plaires jusqu’en 1981, c’est un synthé mono­pho­nique dont le clavier, équipé de molettes de pitch bend et de modu­la­tion, couvre une éten­due de 3 octaves plus une quinte (F1-D5).

Il est doté de 3 oscil­la­teurs (VCO), regrou­pés dans une section appe­lée « oscil­la­tor bank », où l’on retrouve 6 formes d’ondes fixes : Triangle, dents de scie, trian­gu­laire, dents de scie ascen­dante, carrée, rectangle large, rectangle étroit pour les deux premiers, la même chose et une dent de scie descen­dante à la place de la dent de scie trian­gu­laire pour le dernier.

Le MiniMoog selon... Moog !
Le MiniMoog selon... Moog !
Le MiniMoog selon... Moog !

Les fréquences des VCO vont de 0.1Hz à 20 kHz par poten­tio­mètre cranté de réglage d’oc­tave (en pieds, 64', 32', 16', 8', 4', 2') et poten­tio­mètre de désac­cord (+/- 7 ½ tons) pour les VCO 2 et 3. Signa­lons au passage la possi­bi­lité pour l’os­cil­la­teur 3 de géné­rer une fréquence fixe sur toute l’éten­due du clavier, de même que la présence d’un géné­ra­teur de bruit blanc/rose et d’un trigg de l’en­trée audio par le clavier.

Une partie appe­lée « mixer » gère les commu­ta­tions on/off et les volumes de tout ce petit monde avant de passer par le secteur « modi­fiers » où l’on retrouve VCF (filtre) et VCA (ampli­fi­ca­teur). Le VCF du Mini­Moog est de type passe bas, avec fréquence de coupure (le cutoff) de 20Hz à 20 kHz, réson­nance (empha­sis) et pente de 24 dB/oct. La fréquence de coupure est fonc­tion de deux inter­rup­teurs à deux posi­tions («  keyboard control  »), ce qui permet d’ob­te­nir quatre variantes : pas de suivi (fréquence de coupure fixe), suivi normal (doublage de la fréquence à chaque octave), suivi dimi­nué (coef­fi­cient 2/3 à chaque octave) et enfin suivi très dimi­nué (coef­fi­cient 1/3 à chaque octave).

Une enve­loppe ADS (attack, decay, sustain) vient ensuite modu­ler le compor­te­ment du filtre selon un taux d’ac­tion défini par le poten­tio­mètre « amount of contour ». Juste en dessous de celle-ci on en trouve une seconde iden­tique qui s’ap­plique quant à elle sur l’am­pli­tude du signal (VCA). Le relâ­che­ment (« release ») des deux enve­loppes s’ob­tient par un inter­rup­teur situé sur la gauche du clavier, près des molettes de bend et de modu­la­tion, appelé « decay ». Le temps de release prend alors les valeurs de decay.

Il n’y a pas de section LFO sur la machine, mais cette fonc­tion est assu­rée par le troi­sième oscil­la­teur, ce dernier étant débrayable. On peut commu­ter sa fréquence soit sur les deux premiers oscil­la­teurs, soit sur le filtre, soit sur les deux en même temps. Le taux de modu­la­tion est alors déter­miné par la molette.

Une balance de modu­la­tion peut être appliquée entre l’os­cil­la­teur 3 et le géné­ra­teur de bruit («  modu­la­tion mix  ») pour faire varier les plai­sirs. Rappe­lons que dans des hautes fréquences, on fait de la FM avant l’heure avec la possi­bi­lité d’une modu­la­tion variable ou fixe (fonc­tion de l’os­cil­la­teur 3). La molette de pitch bend, quant à elle, est un modèle de diffi­culté, puisqu’elle ne comporte pas de ressort et qu’un simple cran indique la posi­tion centrale de retour : bonjour les surprises !

Enfin, on trouve une façade orien­table un géné­ra­teur de 440 Hz, une led de satu­ra­tion de l’en­trée audio, une prise casque avec poten­tio­mètre de volume, un commu­ta­teur de sortie audio on/off, une fonc­tion glide avec dosage, un poten­tio­mètre d’ac­cord et deux entrées foots­wich jacks 6'35 pour le glide et le release viennent complé­ter la cava­le­rie.

Les photos illus­trant cet article proviennent de l’ex­cellent site The Lord of the Mini, qui retrace l’his­toire du Mini­Moog.

 

Top Modèle

Petit rappel pour ceux qui débarquent : GForce, c’est la colla­bo­ra­tion de la société française OhmForce (OhmBoyz, Preda­tHom, Quad­FroH­mage, etc) et de la société anglaise GMedia. Si la qualité des précé­dentes modé­li­sa­tions GForce (impOS­CAR, fait en angle­terre ou Oddity, aussi réalisé par Ohmforce) n’est plus à démon­trer, l’équipe française ne pouvait pas se permettre de déce­voir après la sortie du Mini­Moog V d’Ar­tu­ria, son concur­rent direct. Pour se faire, les petits plats ont été mis dans les grands et comme il ne saurait y avoir de bonne modé­li­sa­tion sans bon modèle, GForce s’est d’abord atta­ché à choi­sir le meilleur Mini­Moog qui soit pour réus­sir son projet (pour ceux qui ne le sauraient pas, en matière de synthé analo­gique, il existe en effet de grandes diffé­rences sonores d’un exem­plaire à l’autre, dues à leur fabri­ca­tion d’une part mais aussi à la façon dont ils ont vieilli).

Le MiniMoog d'origine, le modèle A
Le MiniMoog modèle B
Le MiniMoog modèle C et D

Mais reve­nons un peu en arrière et aux premiers modèles présen­tés à l’AES en 1970. Rappe­lez vous, les premières séries produites par la société R.A.Moog… Les compo­sants utili­sés pour la fabri­ca­tion des oscil­la­teurs étaient alors les mêmes que pour les modu­laires (utili­sa­tion d’une source courante expo­nen­tielle et un tran­sis­tor d’unijonc­tion pour produire une forme d’onde en dent de scie). A cause de leur insta­bi­lité notoire liée à la tempé­ra­ture, combi­née avec la richesse harmo­nique des tran­sis­tors d’unijonc­tion, le son de ces modèles reste à ce jour consi­déré comme le plus épais par les puristes.

Pour des raisons de coût, ces compo­sants furent par la suite rempla­cés par d’autres, moins chers, à partir du premier millier fabriqué. Evidem­ment, la chose ne fut pas sans inci­dence sur le son et le compor­te­ment de la machine (filtre entrant en auto réso­nance plus tard, enve­loppe moins vive…). Or, la bonne idée de GForce fut de modé­li­ser l’un des premiers modèles de Mini­Moog, deve­nus aujour­d’hui très rare.

La mauvaise, c’est que la plus grande partie (env. 9000 pièces) des Mini­Moogs d’époque (dont le mien) sont des modèles D, modi­fiés et fabriqués dès 1972 sous licence Moog Music Inc. Il devient donc ardu de compa­rer une vraie machine avec le soft, celle-ci étant très rare. Pour ce faire il m’a fallu cher­cher à l’oreille les réglages sur mon Mini­Moog qui me permet­traient d’ob­te­nir des équi­va­len­ces…



Les photos illus­trant cet article proviennent de l’ex­cellent site The Lord of the Mini, qui retrace l’his­toire du Mini­Moog.

 

Du Moog au Monsta

C’est bien connu, un petit tableau vaut mieux qu’un long discours. Voici donc l’es­sen­tiel des carac­té­ris­tiques présentes sur l’ins­tru­ment origi­nal et qui ont été reprises sur sa réplique logi­cielle.

Fonc­tions

Moog Mini­Moog
GForce Mini­Monsta
Année de sortie
1971
2005
Machine
Synthé­ti­seur analo­gique
Plug’in VST,RTAS, Audio Unit et appli­ca­tion Stand Alone
Type de synthèse
Sous­trac­tive
Modé­li­sa­tion physique
Poly­pho­nie
1 voix
Illi­mi­tée
Oscil­la­teurs
3 VCO (6 formes d’ondes).Commu­ta­teur et volume pour chaque.
Idem
Filtres
1 filtre passe bas 24dB/oct 4 pôles
Idem
Modu­la­tions
2 enve­loppes ADS VCA (Loud­ness) / VCF (Decay / Release par commu­ta­teur
Idem
LFO
1 par commu­ta­tion du 3ème VCO en basse fréquence
Idem
Bruit blanc
Oui, par commu­ta­teur
Idem
Bruit rose
Oui, par commu­ta­teur
Idem
ADSR
2 ADS, Release par commu­ta­teur
Idem
Clavier
Oui, 44 notes
Virtuel, C-1/C10
Effets
Non
Oui, un délai inté­gré
Mode de jeu
Legato, prio­rité à la note haute, l’en­ve­loppe n’est pas re-déclen­chée…
Poly, Mono, Legato, Unison
glide
Oui, Par commu­ta­teur (durée réglable)
Idem
MIDI
Non
Oui
Pitch-bend
Oui par molette
Idem
Modu­la­tion
Oui par molette
Idem
Entrées audio
1
1
Entrée CV/GATE
3 sur le VCO,VCF, VCA
Non
Sorties Audio
3 (High/Low et sortie casque avec volume indé­pen­dant)
Stéréo
Accor­deur
Oui, par géné­ra­teur de 440Hz commu­table
Non
Mémoires
Non
Illi­mi­tées
Cote
De 1800 à 3000 euros selon état et modèle
199 € (Prix public)

Mais au delà de ce compa­ra­tif de carac­té­ris­tiques, c’est sur la qualité de modé­li­sa­tion des filtres et oscil­la­teurs qu’il va faloir juger de la perti­nence du Mini­monsta. Ce faisant, nous allons d’ailleurs voir que ce dernier s’est permis quelques origi­na­li­tés vrai­ment inté­res­sante par rapport à son modèle.

Le Mini­monsta

Le MiniMonsta conçu par Ohmforce pour GForce

L’in­ter­face graphique du logi­ciel repro­duit de manière assez précise celle du Mini­Moog bien qu’elle reste un peu austère de par ses couleurs sombres et sa petite taille. A l’ins­tar de l’Ar­tu­ria, on aurait pu trou­ver le panneau supé­rieur rétrac­table pour gagner de la place… A quand égale­ment les possi­bi­li­tés de zoom sur certaines régions ? Messieurs les déve­lop­peurs, je vous en prie…

Comme sur l’en­trée audio de l’ori­gi­nale on peut trans­for­mer le Mini­monsta en Mooger­Foo­ger (filtre soft­ware(Mac)/hard­ware Moog) en routant le son d’une piste audio de votre séquen­ceur favo­ris (dans le cas de la version «  stand alone  » on routera une entrée audio) sur l’en­trée « side chain » du plug et en trig­gant à partir du clavier de contrôle.

Votre piste se trans­forme en oscil­la­teur, il suffit alors de couper ceux du Mini­monsta, d’en­clen­cher « exter­nal input volum » et de tour­ner les potars, et on profite de la réso­nance en plus ! En effet sur le hard­ware, seul le cut off avait une action…

Le Delay du MiniMonsta

Pour la ré-injec­tion du signal du Mini­Monsta, on commu­tera avec le potard « feed­back » sur la posi­tion « on ». On dispose égale­ment des molettes de pitch­bend et modu­la­tion ainsi que des commu­ta­teurs de glide et decay/release, mais on y trouve en supple­ment un réglage d’am­pli­tude pour le bend (de 2 à 24 ½ tons) et un bouton de tenue de note « hold », se substi­tuant à la fonc­tion de pédale de sustain.

L’in­ter­face du logi­ciel comporte bien sur d’autres sections supplé­men­taires, absentes sur l’ori­gi­nal, comme un delay stereo par exemple. Ses para­mètres sont simples (taux d’injec­tion, feed­back, retard Droite/Gauche lié, malheu­reu­se­ment…) mais le son très vintage : on regret­tera seule­ment l’ef­fet « analo­gique » de pitch lorsqu’on modi­fie les valeurs tempo­relles.

Gestion des presets du MiniMonsta

Un potard de volume et un potard de pano­ra­mique, stéréo oblige, achève de complé­ter la section «  outpout  »…

Au centre, on trouve un gestion­naire de patch très pratique, dont on peut faire varier la taille (bravo !) et qui permet de char­ger/sauver/clas­ser vos créa­tions en un clic de mulot dans les dossiers et endroits de votre choix.

Cepen­dant, là où le Mini­Monsta fait plus fort, c’est bien dans la puis­sance de sa matrice de modu­la­tion, qui permet de sortir du côté émula­tion stricte pour trans­for­mer ce bon vieux Moog en vrai synthé du troi­sième millé­naire.

Détaillons un peu tout cela au travers des 4 sections du haut de l’in­ter­face :

Section LFO

C’est tout simple­ment le véri­table LFO supplé­men­taire qui pouvait manquer à la machine d’ori­gine (il fallait condam­ner le LFO 3 à cette tâche…). Il fonc­tionne de la manière suivante: on clique sur un potard, le para­mètre s’af­fiche dans la fenêtre d’édi­tion prin­ci­pale « main edit », avec sa valeur courante.

A gauche on règle les para­mètres .On dispose de 10 formes d’ondes, modu­lables par 6 para­mètres pilo­tés par des sliders verti­caux. Ampli­tude,Temps,Retard, modu­la­tion par S&H,lissage, % de synchro­ni­sa­tion au déclan­che­ment du son.

Deux boutons « copy » et « past » suivent pour le copier/coller des valeurs pour modu­ler un para­mètre de la même façon qu’un autre sans se reta­per les réglages au mulot:pratique!On regret­tera juste un bouton de reset (initia­li­sa­tion des 6 para­mètres en même temps), ceci dit il suffit de copier et de coller un ensemble de valeurs nulles pour arri­ver au même résul­tat…

Seuls les para­mètres conti­nus du Mini­Monsta sont pilo­tables par cette matrice et dès qu’un slider est engagé, un rétro-éclai­rage bleu entoure le potard de la fonc­tion concer­née : pratique et esthé­tique !…

Section LFO et XADSR du MiniMonsta, des ajouts signés Ohmforce

Section XADSR

C’est une super enve­loppe 5 para­mètres (Attack, Decay, Sustain, Temps de Sustain, Release) réglable en taux et sensible à la vélo­cité par deux potards et assi­gnable à chaque para­mètre du Mini, de la même manière que le LFO : bonjour les possi­bi­li­tés de réac­tion diffé­rentes !…

Section MIDI

Le MiniMonsta conçu par Ohmforce pour GForce

C’est la section où l’on peut relier chaque para­mètre à un contrô­leur MIDI de son choix. On sélec­tionne un para­mètre dans la fenêtre « para­me­ter name » et on lui attri­bue son contrô­leur dans la fenêtre « Midi source ».

Dans la fenêtre « modu­la­tion preset » il est encore possible de modu­ler les valeurs données par le contrô­leur MIDI par des fonc­tions de son choix ou de les router vers d’autres contrô­leurs… Des courbes d’ac­tions dans la fenêtre «  curve  » et un potard d’in­ten­sité viennent complé­ter la manière dont les contrô­leurs MIDI agissent sur les para­mètres qu’ils comman­dent…

A ce sujet, il faut bien penser à tour­ner dans un sens ou dans l’autre ce potar réglé de base sur une valeur nulle, si vous comp­ter entendre une quel­conque influence de votre contrô­leur MIDI. La commu­ta­tion se signale d’ailleurs par un rétro-éclai­rage rouge, cette fois-ci, de la fonc­tion contrô­lée… Signa­lons la présence d’une touche «  Midi Panic  » au cas ou votre Pentium 200 MMX sous Windows 95 vien­drait à s’em­bal­ler…

Section SETTINGS

Paramètres du MiniMonsta

Cette section « Réglages » est desti­née aux diffé­rents modes de jeu, aux voies de poly­pho­nie affec­tées, au réglage du tempo et unité de décou­page ryth­mique, ainsi qu’au réglage du canal MIDI global.

Les diffé­rents modes propo­sés sont les suivant :

  • Un mode « mono » avec re-déclén­che­ment des enve­loppes.
  • Un mode « poly­pho­nique » qui trans­forme en théo­rie votre Mini­Monsta en Memo­ry­Moog (Sauf qu’entre la théo­rie et la réali­té…).
  • Un mode « legato » comme la machine d’ori­gine, avec double prio­rité note haute et basse sans re-déclen­che­ment d’en­ve­loppe.
  • Un mode « unison » avec un potar de « detune » des oscil­los qui lui donne des airs de Memo­ry­Moog (mais mono, hein…) telle­ment le son est énôôrme ! Miam !!!

 

My Moog is Meloh­man

Si toutes les nouveau­tés déjà évoquées suffisent déjà à donner un bon coup de jeune au véné­rable Mini­Moog, c’est peut-être en inté­grant le système Meloh­man qu’Ohm­force a le plus fait évoluer l’ins­tru­ment.

Déjà utili­sée pour l’ex­cellent synthé granu­laire Symp­tohm, la tech­no­lo­gie Meloh­man consiste à neutra­li­ser une octave du clavier MIDI (soit douze touches) pour l’as­si­gner au contrôle de divers para­mètres ou faire du morphing de presets.

Mémoires de presets du MiniMonsta

Une série de 12 réglages de posi­tion/modu­la­tion du panneau de contrôle entier peut en effet être sauve­gar­dée à l’aide du pavé numé­rique présent sur la droite, juste en dessous de l’en­ve­loppe du VCA (« Loud­ness Contour »). On clique dans le champ du nom pour renom­mer, on clique sur « MEM » pour se mettre en mode écri­ture, et enfin sur un des boutons du dessous, corres­pon­dant au mémoires utili­sa­teur pour sauve­gar­der vos réglages.

Octave Melohman du MiniMonsta

Chacune corres­pond à une touche du clavier inversé comme les presets sur un B3 (touches noires à la place des blan­ches…) présent à gauche du clavier de l’in­ter­face.

Cette octave Meloh­man a une posi­tion régie par le potard « octave » situé à droite, qui va de C-1 à C8. Il suffit alors de rappe­ler les mémoires de patches dans n’im­porte quel sens en piano­tant main gauche sur cette octave tout en jouant ses lignes de la main droite. Pas besoin de quit­ter le clavier des mains donc, même pour faire les pires modu­la­tions, ce qui est parfai­te­ment impos­sible à réali­ser sur un Mini­Moog hard­ware, à moins d’être un poulpe géant… Et sachez que la vélo­cité est prise en compte : le passage d’un presets à l’autre se fait par un morphing qui sera plus ou moins progres­sif selon que vous avez pressé les touches avec force ou douceur.

Paramétrage de l'octave Melohman du MiniMonsta

Mais ce n’est pas tout, car l’oc­tave Meloh­man permet bien plus de choses encore qu’un « simple » morphing de patchs. Son compor­te­ment est en effet défini par plusieurs modes (toujours à droite du clavier), sélec­tion­nables par le bouton « mode » et une enve­loppe (« time ») réglée sur l’hor­loge du séquen­ceur hôte (subdi­vi­sion du tempo défini par le séquen­ceur dans la version plugin ou par vos soins dans la stand alone) dans la section «  settings  »(tout en haut) qui gère le temps d’ac­tion de ceux-ci.

Les diffé­rents modes sont :

Morphing : les para­mètres du patch prennent la valeur de la mémoire lors de l’en­fon­ce­ment et reste à cette valeur lors du relâ­che­ment de la touche.

Paramétrage de l'octave Melohman du MiniMonsta

Dans cette vidéo exclu­sive au format WMV, Jérôme Noël revient en détail sur l’oc­tave Meloh­man et ce qu’elle apporte au Mini­monsta.

Voir la vidéo
au format WMV
(Windows Media Video)

Morph Back and Fourth : Al’en­fon­ce­ment de la touche les para­mètres du patch prennent la valeur des para­mètres mémo­ri­sés, puis retournent à leur valeurs courantes lorsqu’on relâche la touche.La vitesse de passage d’une mémoire à l’autre ou aux valeurs courantes se règle avec le potard « time »(exprimé en frac­tion de durée de tempo du séquen­ceur hôte).

Morph Sequence : chaque touche fait défi­ler une série de mémoires à la vitesse réglée par « time »
comme les pas d’un séquen­ceur analo­gique clas­sique, par exemple :

C:1–3
C#:1–3–5
D:1–3–5–6
D#:1–3–5–6–8–10
E:1–2–3–4–5–6–7–8
F:1–12
etc.

Mutate : si vous voulez faire varier aléa­toi­re­ment en nombre et en inten­sité, un ensemble de para­mètres. Créa­tion assu­rée avec ce mode qui devrait ravir les sound desi­gners de l’ex­trê­me…

Partial mutate : Si vous voulez faire varier aléa­toi­re­ment et indé­pen­dam­ment certaines sections du board comme le filtrage, les réglages d’os­cil­los, etc. Les varia­tion sont évidem­ment moins bruta­les…

Bien pensé, propo­sant une foule d’amé­lio­ra­tions par rapport à l’ori­gi­nal, le Mini­monsta a tout du Mini­Moog de rêve. Reste à juger main­te­nant du degré de fidé­lité à son ancêtre de légende.

Comment ça sonne ?

Compa­rons les quali­tés essen­tielles de la bestiole en vis à vis de l’ori­gi­nal et de son prin­ci­pal rival.

Filtre :

Le filtre étant modé­lisé sur les première série du modèle D, il n’a pas grand chose à voir avec celui de mon Mini­Moog modèle D n°8226 dans la gradua­tion des para­mètres : à réglage de patch égale, on obtient des valeurs plus élevées sur le « cutoff »(fréquence de réso­nance), l’"empha­sis"(le Q) et l’"amount of contour"(le taux d’en­ve­loppe) .

Cepen­dant il est possible de se rappro­cher d’un patch fait sur le mien de manière suffi­sam­ment équi­voque pour se lais­ser aller au rêve, comme vous l’en­ten­drez un peu plus loin… En réalité, ce que Ohmforce à bien su faire c’est un filtre de Mini­moog, très « fatty » et pêchu, ce qui est la carac­té­ris­tique essen­tielle du Mini.

A patch égal, le son est plus éloi­gné que le travail d’Ar­tu­ria sur le Mini­moog V, qui semble avoir été modé­lisé sur une série comme la mien­ne… Il sait repro­duire le « gras » analo­gique qui faisait souvent défaut dans ce genre de produit il y a peu (cf. le Modèle E de Stein­berg par ex.), mais aussi les valeurs des para­mètres de mon modèle D, ce qui est appré­cia­ble…

En revanche là où l’Ar­tu­ria s’ar­rête (manque de préci­sion dans les aigus, donc perte de pêche), le filtre du Mini­monsta prend toute sa dimen­sion: le son est là jusqu’au bout, les enve­loppes et le filtre gras permettent comme sur le vrai d’ar­ra­cher des basses énormes comme de cise­ler des leads précis et cris­tal­lins …

Ex : Mini­mons­ta­Fil­ter.wav et Real­Moog­Fil­ter.wav

Ici je donne­rais Mini­Moog et Mini­Monsta ex-aequo. L’Ar­tu­ria est loin derriè­re…

Oscil­los :

Voici les trois exemples pour l’onde rectan­gu­laire, avec le glide en plus, à réglages de patch équi­valent. Je vous laisse juges…­Sa­chant que le Mini­Monsta est assez éloi­gné pour les raisons que l’on connaît.

Ex : Artu­ria­Gli­deSquare.wavMini­Mons­ta­Gli­deSquare.wavReal­Moog­Gli­deSquare.wav

Je donne­rais 1er la vraie machine, l’Ar­tu­ria en 2, puis le Mini­Monsta.

Enve­loppes :

Plus rapides sur les valeurs courtes et moins longues sur les valeurs max. pour le Mini­Monsta, inter­mé­diaires sur l’Ar­tu­ria, et très longues sur la vraie machine.

Ex : Enve­lop­pe­Max­Sa­wAr­tu­ria.wavEnve­lop­pe­Max­Saw­Mi­ni­monsta.wavEnve­lop­pe­Max­Sa­wReal­Moog.wav

Patch :

Ce qui marque, c’est la ressem­blance saisis­sante : ici j’ai réglé le Moog pour obte­nir au plus près le même type de sono­rité, les valeurs des para­mètres n’ont bien sur rien à voir…

Le premier son est le Mini­Monsta, le second la vraie machi­ne…

Ex : switch­Mi­ni­Monsta&Real.wav

A patch égal, on obte­nait ceci sur le Mini­Mons­ta…

Ex : PatchEqui­val­lence.wav

Je n’ai pas réussi à obte­nir le même résul­tat avec l’Ar­tu­ria, le filtre n’étant pas à la hauteur, il est donc absent de ce test… Vraie machine et Mini­Monsta sont ici quasi-iden­tiques !…

In the Mix :

Voici enfin 3 exemples d’in­té­gra­tion dans l’in­ter­pré­ta­tion d’un solo, avec un son lead, à patch égal, dans une section instru­men­tale. Les synthés virtuels sans proces­sing (compres­seurs, filtres, ect…) s’en­foncent pour la plupart dans les mixes, par effet de masque ou à cause d’un filtre pas assez effi­cace. Il faut bien admettre ce problème de punch à l’écoute d’un virtuel mixé, alors que le synthé tout seul, nous parais­sait énorme et pèchu.

Ici je donne­rais le Mini­Monsta devant l’Ar­tu­ria. Enfin, je vous laisse seuls juges mais pour ma part, la machine origi­nale reste la plus vivan­te…

Ex: Artu­ria­Mix.wavMini­mons­ta­Mix.wavReal­Mix.wav

NB : le fichier midi est le même pour tout le monde, pour le Mini­Moog, il est traduit en cv/gate par un Kenton…

Verdict

Mon humble avis après ces tests : Mini­Moog 20/20, Mini­Monsta 18/20, Mini­Moog V 15/20.

Pour en finir avec tout type de polé­miques sur le sujet, je suis convaincu qu’une émula­tion, si fidèle et convain­cante soit-elle, n’ap­por­tera jamais le plai­sir procuré par un vieux coucou analo­gique. En effet, un instru­ment n’est pas qu’un son, mais un outil, un vecteur de l’al­chi­mie qui s’éta­blit entre la manière que peut avoir le musi­cien d’en jouer, sa luthe­rie et le son qui doit alors en sortir. Bref, le rapport physique à l’ins­tru­ment est, selon moi, un élément essen­tiel dans la sensi­bi­lité d’une inter­pré­ta­tion.

Reste qu’avec les perfor­mances du Mini­Monsta, on est en droit de penser que la modé­li­sa­tion est à son apogée. Fidèle à son glorieux inspi­ra­teur, le synthé d’Ohm­force a en outre le bon goût d’in­no­ver et, au moyen de quelques ajouts bien sentis (octave Meloh­man, matrice de modu­la­tion), il parvient à tirer le son typé Moog vers des hori­zons neufs. De fait, si l’as­pect émula­tion du plug-in lais­sera peut-être indif­fé­rent les heureux posses­seurs d’un Modèle A, ils pour­raient bien ache­ter le logi­ciel rien que pour les possi­bi­li­tés qu’il offre en terme de Sound Design.

Le clonage des vielles machines reste enfin une chose passion­nante d’un point de vue éduca­tif, car bon nombre de musi­ciens ont rêvé d’un Moog sans jamais pouvoir en toucher un. Avec le Mini­Monsta, il se payent une petite part d’his­toire, et un moyen d’ac­qué­rir de bonnes bases sur la synthèse et le son en géné­ral… A moins de 200 €, il paraît donc diffi­cile de faire mieux…


[+] Choix d’un modèle A comme base de travail.
[+] Qualité de la modé­li­sa­tion, en parti­cu­lier celle du filtre qui surclasse la concur­rence.
[+] Ergo­no­mie bien pensée.
[+] Le son !
[+] Matrice de modu­la­tion et octave Meloh­man décu­plant les possi­bi­li­tés sonores de l’en­gin.
[+] La possi­bi­lité d’en­trer de l’au­dio dans le filtre.
[+] Le prix très agres­sif.

[-] Une émula­tion de Mini­Moog ne sera jamais un Mini­Moog.
[-] Pas de panneau rétrac­table.
[-] Pas aussi à l’aise dans le Mix qu’un vrai Mini­Moog.

Merci à Moog­Figh­ter pour nous avoir permis d’uti­li­ser certaines des illus­tra­tions issues du site The Lord of the Mini

Points forts
  • Choix d'un modèle A comme base de travail.
  • Qualité de la modélisation, en particulier celle du filtre qui surclasse la concurrence.
  • Ergonomie bien pensée.
  • Le son !
  • Matrice de modulation et octave Melohman décuplant les possibilités sonores de l'engin.
  • La possibilité d'entrer de l'audio dans le filtre.
  • Le prix très agressif.
Points faibles
  • Une émulation de MiniMoog ne sera jamais un MiniMoog.
  • Pas de panneau rétractable.
  • Pas aussi à l'aise dans le Mix qu'un vrai MiniMoog.
  • VasFaireDuSonZozo 164 posts au compteur
    VasFaireDuSonZozo
    Posteur·euse AFfiné·e
    Posté le 10/10/2020 à 00:27:46
    Je déterre juste pour dire qu'il tourne toujours très bien sur Protools et Live actuels et que ça reste un régal.

    Le Model 72 est monstrueux. N'empêche que je sors encore ce vieux Minimonsta à côté pour faire des pads. Super organique.
    C'est le seul Softsynth que je joue sans être en mode compo. Juste pour le jouer et profiter de la richesse et des évolutions spectrales.

    Tout ça pour saluer les frenchies qui ont programmé ce truc génial qui tient encore si bien la route après des années. Rare !
    (J'aimerai bien savoir ce qu'ils font maintenant d'ailleurs :). )

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    VE
    Squatteur·euse d’AF
    Posté le 05/08/2021 à 23:57:36
    Continuons le déterrage t'as raison : je viens de le récupérer gratuitement via le Sound Collective de Novation. Pas d'urgence pour l'installer mais je ne pourrai le comparer qu'à mon Voyager XL.

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