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Test du Sugar Bytes Obscurium - Faire le point sur Obscurium

9/10
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Dernier logiciel signé Sugar Bytes, Obscurium intrigue par son nom. Puis par son interface, bourrée de points lumineux là où l’on attendrait des potards en tout sens. Que nous a donc concocté l’éditeur ? Audiofanzine fait la lumière sur Obscurium.

S’il est bien une chose qui a au moins été abor­dée une fois par les diffé­rents auteurs des tests sur Audio­fan­zine, sans mention­ner bien sûr ce qui se dit dans les forums, c’est l’ab­sence d’ori­gi­na­lité, le manque de prise de risque, le défi­cit de créa­ti­vité dont peuvent faire preuve de nombreux éditeurs de logi­ciels ou de maté­riels. Car à quoi bon modé­li­ser l’énième version d’un compres­seur vintage, ou sortir un para­mé­trique à 10 bandes (quand n’im­porte quel para­mé­trique de votre STAN fait le même boulot, si l’on parle bien de para­mé­trique et non pas d’ar­naque marke­ting), alors que le marché du free­ware comme du logi­ciel payant est déjà plétho­rique ? Bien sûr, propo­ser du nouveau implique du temps, des moyens humains et finan­ciers, le tout investi dans la recherche et le déve­lop­pe­ment. Il semble parfois plus facile à certains éditeurs de déve­lop­per des outils inno­vants, faci­lité due à leur bonne fortune grâce à un produit ou une tech­nique deve­nus des stan­dards de l’in­dus­trie. Mais il a bien fallu qu’ils les conçoivent à un moment ou un autre, et géné­ra­le­ment au début de leur carriè­re… Il y a en effet peu de chances que l’on amasse suffi­sam­ment d’ar­gent en vendant un nouveau 1176 à la créa­tion d’une entre­prise plutôt qu’un outil de correc­tion de hauteur temps réel, par exemple. Ou une approche tota­le­ment diffé­rente de la station de travail. Ou tout autre désir de chan­ger nos routines, nos habi­tudes de musi­ciens, de produc­teurs, d’in­gé­nieurs, de tech­ni­ciens. Bien sûr, il ne s’agit pas non plus de réin­ven­ter la roue, ou de trans­for­mer ce qui coulait de source en une pratique tota­le­ment… impra­ti­cable.

Machine de test

MacPro Xeon 3,2 GHz
OS 10.10.4
Sugar Bytes Obscu­rium 1.0.2
Logic Pro X 10.1.1

En ce qui concerne le sound design, la synthèse, sortir des clas­siques sché­mas oscil­los+­fil­tre+am­plis+­mo­du­la­tions a du bon. Plusieurs éditeurs se sont lancés dans des outils inno­vants, tant d’un point de vue tech­nique qu’er­go­no­mique (ne parlons pas ici des envi­ron­ne­ments comme Max, Super­Col­li­der ou Reak­tor, mais de synthés « prêts à l’em­ploi », ni des outils conçus pour tablettes, néces­sai­re­ment diffé­rents) : l’iRis d’iZo­tope par exemple, ou les récents synthés de Native inclus dans Komplete 10 (et le toujours vert Absynth…), sans oublier les plus anciens (voire arrê­tés) Krishna de Devine Machine, Virtual ANS, Meta­Synth de U&I Soft­ware, Synplant de Sonic Charge, etc.

Et voilà que Sugar Bytes, déjà respon­sable des inté­res­sants Cyclop et Unique (sans comp­ter leurs effets, tels qu’Effec­trix ou Egoist), toujours à la recherche de solu­tions ergo­no­miques diffé­rentes, nous présente Obscu­rium, intri­gant nouveau synthé­ti­seur.

Intro­du­cing Sugar Bytes Obscu­rium

Sugar Bytes Obscurium

Vendu 99 euros chez son éditeur, Obscu­rium est dispo­nible pour les ordi­na­teurs sous Windows (à partir de XP) et Mac OS X (à partir de 10.6.7), en version 32 et 64 bits, aux formats de plug-ins VST, AU, RTAS (Mac seule­ment) et AAX, ainsi que sous forme d’ap­pli­ca­tion auto­nome. L’au­to­ri­sa­tion se fait via un simple numéro de série, ce qui permet d’ins­tal­ler le logi­ciel sur plusieurs ordi­na­teurs, merci m’sieur l’édi­teur.

Du coup, une fois installé, il ne reste plus qu’à l’ou­vrir ! Et à effec­tuer une opéra­tion simple, qui pren­dra plus ou moins de temps selon vos posses­sions en plug-ins VST : faire abstrac­tion (pour le moment) de l’in­ter­face tota­le­ment inha­bi­tuelle, aller dans l’on­glet Sound, cliquer sur le bouton Plugin puis dans le champ Empty, et choi­sir Rescan All dans le menu dérou­lant. Pourquoi ? On y revient…

Oscillo surprise

Le moins que l’on puisse dire est que l’in­ter­face est assez pertur­bante, avec tous ces points et agglo­mé­rats de couleur vives en lieu et place de modules/sections d’os­cil­la­teurs, filtrage, modu­la­teurs, et autres réglages habi­tuels de la synthèse.

Sugar Bytes Obscurium

Pour­tant, ils sont là, mais sous une forme diffé­rente et ne sont pas les seuls respon­sables de la produc­tion de son au sein du logi­ciel. Obscu­rium, appelé « a timbral orga­nism, a gene­ra­tive synthe­si­zer  » par ses concep­teurs (mais méfions-nous des concepts…) va faire appel à des auto­ma­tions de la plupart de ses para­mètres, via des sources habi­tuelles (et d’autres moins habi­tuelles), mais aussi par l’in­ter­mé­diaire de gestes simples, comme dessi­ner une courbe, une forme dans la partie dédiée de l’in­ter­face. Mais si les choses étaient aussi simples, cela n’au­rait aucun inté­rêt. Rentrons dans le détail.

Donnons d’abord une version simple du fonc­tion­ne­ment du synthé : on dispose de plusieurs onglets qui offrent diffé­rentes fonc­tions de synthèse ou de déclen­che­ment, puis de 16 Flexible Para­me­ters (la rangée verti­cale à droite de l’in­ter­face, nommés ci-après FP) dépen­dants de ce qui est retenu comme source sonore (dans l’on­glet Oscil­la­teur), qui seront « animés » suivant plusieurs options via la partie centrale, très graphique (partie nommée Motion Sequen­cer), offrant hori­zon­ta­le­ment 32 pas de séquence par FP et verti­ca­le­ment l’éten­due des valeurs MIDI et/ou d’autres éléments dédiés ; les quatre parties fonc­tionnent de manière inti­me­ment liée. Les FP affichent les éléments suscep­tibles de modi­fi­ca­tions, au niveau du Pitch, de la partie Analog, de la FM et du Filter. Mais ils peuvent aussi reflé­ter ce qui est une des grandes forces du logi­ciel…

Sugar Bytes Obscurium

Mais ne mettons pas la char­rue avant le prin­temps, et commençons par les onglets : l’on­glet Sound donne accès à ce qui consti­tue l’équi­valent de l’os­cil­la­teur pour Obscu­rium. L’os­cil­la­teur est consti­tué d’une partie « Analog », d’une autre FM à trois oscil­la­teurs et d’une sacrée surprise. Du côté Analog, un réglage Spread permet de passer d’une forme d’onde simple à un multiple (typique­ment de la Super­Saw, que l’édi­teur a implé­men­tée de façon convain­cante dans Cyclop). On passe dans l’on­glet Pitch pour faire répondre le synthé à ce qui est joué via MIDI seule­ment (on revien­dra sur les parti­cu­la­ri­tés de cet onglet), et il suffit de jouer une note pour entendre le résul­tat. Mais où choi­sit-on donc la forme d’onde ? Eh bien il suffit de cliquer sur le bouton Wave dans la partie Analog des FP pour affi­cher le « séquen­ceur » 32 pas corres­pon­dant, qui affiche alors, de haut en bas, la dent de scie et la carrée plus toutes les posi­tions inter­mé­diaires, et de dessi­ner le mouve­ment que l’on souhaite effec­tuer d’une forme d’onde à une autre (ou tout autre posi­tion statique) pour entendre le résul­tat en jouant une note.

Les autres para­mètres acces­sibles dans l’on­glet sont Pan Spread, qui permet diffé­rents effets de pan en continu, et un chorus, un delay et une réverbe, dont on règle le taux et le dosage Dry/Wet.

Sugar Bytes Obscurium

Sont dispo­nibles dans les FP (donc modu­lables) la fréquence de synchro, la largeur d’im­pul­sion et le Mix entre la partie analo­gique et la FM.Car on dispose bien de synthèse FM, en sélec­tion­nant un des trois algo­rithmes dispo­nibles, en défi­nis­sant leur rapport via le bouton Ratio, rapport que l’on peut forcer à être harmo­nique grâce au bouton… Harmo­nic. Dans les FP seront dispo­nibles les contrôles des fréquences des porteurs (FMX) ainsi que le taux de modu­la­tion des opéra­teurs (FM1) et le feed­back (FM2). Ajou­tons à cela un géné­ra­teur de bruit, nommé… Noise. De même, on peut auto­ma­ti­ser la fréquence de coupure, la réso­nance et le type de filtre (Low, Band et Hi Pass). Et la surprise ?

Eh bien, c’est que l’on peut ouvrir quasi­ment n’im­porte quel instru­ment VST (pas d’AU, dommage) en guise d’os­cil­la­teur ! Ce qui ouvre des pers­pec­tives sonores hallu­ci­nantes, d’au­tant que les FP corres­pondent alors à ceux que vous choi­si­rez dans votre synthé préféré (ou que vous ferez choi­sir aléa­toi­re­ment par Obscu­rium, résul­tats décoif­fants garan­tis…), à l’ex­cep­tion des cinq premiers, Arp, Mod, Pitch, Chord et Poly, qui sont consti­tuants des possi­bi­li­tés de séquence d’Obs­cu­rium. Votre synthé ne dispose pas de séquen­ceur, ou de modu­la­tions en nombre suffi­sant ? Ouvrez-le dans Obscu­rium, tout simple­ment. Une idée abso­lu­ment géniale, qui fonc­tionne, qui plus est, avec la quasi-tota­lité des instru­ments VST instal­lés sur mon ordi. Pour pous­ser le bouchon le plus loin possible, on peut même ouvrir Obscu­rium au sein d’Obs­cu­rium…

Dot comme commande ?

Sugar Bytes Obscurium

Les autres onglets réservent eux aussi des surprises. Pitch offre les réglages d’oc­tave, de detune, de glide, et surtout le choix des Scales (gammes, de toutes origines) qui condi­tion­ne­ront la façon dont les FP dédiés au Pitch anime­ront le son en rela­tion avec les types de Chord Table (jouer une note crée un accord corres­pon­dant à la gamme, au mode choisi, selon quatre renver­se­ments/construc­tions diffé­rents). On peut aussi deman­der à Obscu­rium de ne jouer que ce que l’on joue sur un clavier (externe ou celui inclus) ou ce qu’en­voie un séquen­ceur, en cliquant sur MIDI Only.

L’on­glet Mods offre un géné­ra­teur de forme dyna­mique à trois segments (AHR), un LFO et un amount pour chacun. Chaque segment peut être modulé par le FP Mod, le LFO par l’en­ve­loppe et vice versa. Même chose du côté de l’on­glet Amp Env, offrant une Arp Env, fonda­men­tale pour la produc­tion d’ar­pège en rela­tion avec le FP Arp, et qui offre aussi une MIDI Env, permet­tant de modi­fier celle de tout signal MIDI entrant.

Clock contient les réglages concer­nant le dérou­le­ment du séquen­ceur, du para­mètre Clock (divi­sions ryth­miques) au sens de lecture, avec possi­bi­li­tés de séquence de la séquence : chaque pas pouvant avoir une durée indi­vi­duelle, ainsi qu’une direc­tion chan­geante. De plus, on peut déci­der de la lecture des 32 pas du séquen­ceur en continu (avec ou sans Legato), ou au contraire de passer de pas à pas à chaque chan­ge­ment de note/accord (Step Play) et du taux de Swing (lecture de plus en plus ternaire).

Sugar Bytes Obscurium

Le Motion Sequen­cer permet donc d’ani­mer indé­pen­dam­ment les 16 FP, et lui-même peut être animé par la fonc­tion Morph, offrant deux états A et B, le passage de l’un à l’autre se faisant via LFO, Env ou (mini) Sequen­cer inclus, avec taux d’ap­pli­ca­tion sur les 32 pas des 16 lignes, et/ou le passage d’un réglage d’un FP à un autre via le bouton Shift verti­cal, avec offset (on décide du point de départ du morphing des valeurs), avec choix de morphing en continu, ou via une échelle par crans. Là encore, une excel­lente idée, parfai­te­ment mise en place et program­mable (voir la capture d’écran).

Chaque FP peut être modulé, en plus du Motion Sequen­cer (ou à la place, car on peut couper la modu­la­tion par ce dernier via le triangle d’ac­ti­va­tion à gauche du nom du FP) par Env ou LFO, via les réglages à droite de son nom, avec plage d’ac­tion Min-Max (avec un très utile rappel visuel). Enfin l’édi­teur a inté­gré de multiples outils de dessin, avec fonc­tions Copy/Paste, Shift, etc., avec une ergo­no­mie extrê­me­ment bien conçue (voir la deuxième vidéo). Il y a quelques autres fonc­tions et astuces, que l’on trou­vera dans le manuel que l’on peut télé­char­ger ici. Il est temps d’écou­ter de quoi est capable la bête.

Évidem­ment, en termes de sons, on comprend bien qu’il ne s’agit pas de produire des imita­tions de tel ou tel instru­ment acous­tique, ou de sonner comme un coucou vintage. Mais voyons plutôt ce que ça donne, en rappe­lant que l’on peut, si l’on n’est pas satis­fait du son intrin­sèque de Obscu­rium (au niveau des oscil­los ou des filtres par exemple), char­ger son synthé favori au gros son analo et lui faire subir tout ce que peut faire le logi­ciel.

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Bilan

Autant le dire tout de suite, je suis très emballé par Obscu­rium. Le fait de sortir de ses routines de program­ma­tion, de jeu est toujours exci­tant, la nouveauté du geste impliquant une pensée diffé­rente (voir Joe Zawi­nul qui jouait avec un clavier inversé, les aigus à gauche, les graves à droi­te…). Obscu­rium ne propose pas un nouveau son, quoique l’uti­li­sa­tion d’ins­tru­ments d’autres éditeurs, dans le détour­ne­ment qui peut en être fait, permet des choses rela­ti­ve­ment inédites, mais bien une façon diffé­rente de le produire. Si l’ins­tru­ment peut donner de très bons résul­tats dans les mains d’un débu­tant (même s’il y aura aussi beau­coup de résul­tats diffi­ci­le­ment exploi­tables), un pratiquant assidu de la synthèse pourra en tirer sciem­ment des sono­ri­tés excep­tion­nelles.

De plus, l’édi­teur ayant déjà porté sur tablette avec beau­coup de réus­site quelques-uns de ces produits (Cyclop, Egoist…), nul doute qu’une version iPad/Android d’Obs­cu­rium en asso­ciant le tactile au prin­cipe graphique (qu’on dirait presque pensé par la plate­forme) en fera un outil de scène incon­tour­nable. C’est déjà, en l’état, une très belle réus­site.

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Notre avis : 9/10

Award Innovation
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  • Tout, pour une façon réellement différente de produire du son
  • Le manuel, parfois peu clair au vu de la complexité du logiciel
  • N’utilise que les instruments VST

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