Connu pour ses effets numériques pour studio et guitare, TC Electronic se lance sur le marché de la basse avec une tête d’ampli de 450 Watts accompagnée de son cabinet, la RebelHead450.
Quand une marque comme TC Electronic présente une nouvelle tête d’ampli pour basse, on a le pressentiment qu’on va se retrouver face à du matériel moderne et on a pas tort ! On voit en effet dès que l’on ouvre la boîte du-dit ampli que l’on a pas affaire à un modèle « vintage ». Le RebelHead 450 possède un très joli design, comme d’habitude avec TC, des LEDs dans tous les sens, une taille très compacte et une forte impression de robustesse. L’ampli fourmille de bonnes idées : une poignée permettant de soulever ses 4 kg avec plus d’aisance, la possibilité de le poser à la verticale et à l’horizontale, des potentiomètres sans fin entourés de LEDs, une jolie façade en plastique miroitant…
Le RebelHead fait donc une très bonne première impression, mais voyons si son ramage se rapporte à son plumage…
Des boutons devant
Premier bon point ici, la façade, malgré son look futuriste, ne fait pas peur et ne ressemble pas à un tableau de bord de navette spatiale. Finalement, on retrouve les réglages que l’on connaît tous : l’égaliseur quatre bandes (bass, lo-mid, hi-mid et treble), un gain d’entrée qui devient le réglage du compresseur après avoir appuyé sur le bouton shift, un potard « Tubetone » qui permet de colorer le son à l’instar d’un ampli à lampes et qui devient le volume du preset une fois le shift enclenché, et enfin un volume général. L’entrée jack 6,35 mm permet de brancher une basse active ou passive et s’adapte automatiquement à n’importe quel micro. À l’opposé de cette entrée instrument se trouve la sortie casque, elle aussi en jack 6,35 mm.
Au dessus des potards se situent trois switchs correspondant aux trois mémoires utilisateurs. Pour enregistrer ses réglages, il suffit de rester appuyé sur l’un des trois boutons pendant deux secondes, pour rappeler ce réglage, une simple et courte pression suffit. Tout sera alors enregistré et rappelé, mis à part le volume général et les boutons « shift » et « mute ». L’accordeur intégré fonctionne parfaitement et affiche la note jouée via le petit écran. Une flèche indique si l’on est accordé trop haut ou trop bas, mais il est possible en activant le mode « mute » et en regardant les LEDs entourant le potards « bass » d’avoir une meilleure résolution et un affichage plus précis. Ajoutez à cela la possibilité de changer la fréquence du LA de référence (de 438 Hz à 445 Hz) et vous obtiendrez un accordeur parfait !
Enfin, on retrouve les boutons mute et shift. Ce premier permet de couper le son émanant de l’ampli et le deuxième d’accéder à des fonctions avancées : on pourra par exemple changer la fréquence centrale de chaque bande de l’égaliseur pour un réglage plus précis, régler le compresseur et la simulation de préampli à lampes. À noter que le bouton « shift » se désenclenche automatiquement après un certain temps, bonne idée !
Il nous reste plus qu’à retourner le petit rebelle pour voir sa connectique…
Des prises derrière
Le rebelhead a une connectique assez complète et de qualité. Tout d’abord, l’alimentation accepte tout type de courant, de 90 à 240 Volts, sans toucher à quoi que ce soit. Les têtes en l’air ne pourront donc pas cramer leur ampli lors d’un voyage à l’étranger, c’est un souci en moins ! Pour connecter un haut-parleur, on retrouve une prise mixte speakon / jack 6,35 mm sur laquelle on pourra brancher jusqu’à trois cabinets RS210/RS212 ou n’importe quelle autre enceinte de 4 Ohms minimum. Juste à droite se situe la prise 5 broches « remote in » qui permettra de brancher le footswitch optionnel donnant accès aux trois mémoires utilisateur, au mute et affiche la note de l’accordeur. Ensuite se trouve la sortie numérique AES/EBU (96 kHz 24 bit) sur connecteur XLR compatible SPDIF si vous utilisez un adaptateur XLR vers RCA. Il sera possible de choisir entre une sortie pre ou post préampli via le switch situé en bas à droite : pratique. La sortie analogique au niveau ligne « Line Driver Out » dispose aussi de ce réglage et utilise une connectique symétrique XLR. Une entrée stéréo RCA vous permettra de connecter une source externe comme votre baladeur ou un lecteur CD, utile pour répéter vos morceaux par-dessus un playback ! Enfin, la présence d’une boucle d’effets en Jack 6,35 mm permettra d’insérer n’importe quel traitement entre la section préampli et la section de puissance, mais aussi de chaîner plusieurs têtes RebelHead afin d’additionner les puissances.
Après ce tour d’horizon des fonctions disponibles sur le RebelHead, voyons voir ce que cela donne au niveau du son…
Du son
Le compresseur maison, appelé SpectraComp, est en fait un compresseur multibande qui compresse différemment les trois bandes de fréquences (basses, médiums et aigus). Cela permet d’avoir une compression un peu plus transparente et efficace. Dans les faits, le SpectraComp fonctionne très très bien et son utilisation reste très simple : un seul potentiomètre ! Étant optimisé pour les basses, TC Electronic a pu se débarrasser de pas mal de réglages facilitant l’accès aux bassistes pas toujours très à l’aise lorsqu’il s’agit de régler un compresseur. Les LEDs situées autour du potard de gain/spectracomp affichent la réduction de gain pour se rendre compte plus facilement de la compression appliquée au signal. Petit plus bien sympathique : SpectraComp dispose d’un autogain permettant de compenser la perte de niveau inévitable due à la compression. La basse électrique est un instrument avec une grande dynamique et couvrant une grande plage de fréquences le fait d’avoir inclus un compresseur multibande est vraiment une très bonne idée, et permet d’avoir un taux de compression idéal, des notes les plus graves (le mi, voire le si) aux notes les plus aiguës. Ce qui est pratiquement impossible avec un compresseur classique.
Le RebelHead a été testé avec une basse Fender Road Worn Jazz Bass, un micro BeyerDynamic M88 et la sortie directe.
Voici quelques exemples de sons avec le compresseur, avec tout d’abord le son non compressé puis moyennement compressé et enfin très (même trop!) compressé. À gauche du fichier stéréo est placé le micro M88 placé devant la gamelle du 2×10 et à droite la sortie directe. On s’aperçoit que le compresseur réagit très bien lorsque l’on reste raisonnable. À fond, on entend clairement le son « pomper » et le souffle remonter, mais cela reste utilisable pour un effet poussé dans ses derniers retranchements. Petit bémol sur la sortie directe qui a tendance à saturer (sur les notes slappées notamment) plus facilement que la prise de son avec le micro M88.
Passons maintenant à la fonction TubeTone censée émuler le son d’un préampli à lampes. Le but est d’ajouter du caractère et une réponse se rapprochant de ce type d’ampli. TubeTone simule à la fois l’étage de préamplification et l’étage d’amplification. À l’utilisation, cela rajoute un grain typique assez plaisant tout en restant subtil si l’on reste raisonnable avec le potentiomètre. Avec un réglage un peu plus barbare, le son de la sortie directe est assez désagréable (à cause du haut du spectre très agressif), préférez un bon micro bien placé devant le haut-parleur ! Ce genre de son pourra aussi être utilisé de temps en temps comme effet ponctuel.
Voici encore quelques exemples sonores du RebelHead 450 :
Le principal compliment que l’on peut faire à l’ampli est d’avoir un égaliseur très précis et efficace. On apprécie le quatre bandes paramétrique permettant de sculpter le son à sa guise. On a affaire à un ampli souple et plein de ressources, épaulé par un compresseur multibande ultra efficace et une fonction TubeTone fort sympathique. TC Electronic a réussi à produire un ampli moderne, avec tous les avantages que cela comporte, puissant, compact, ergonomique et placé juste sous la barre des 1000€, bravo!
Le Classic450
TC Electronic a aussi sorti une version moins onéreuse et dépourvue de quelques fonctions du RebelHead 450. Pour 800€ environ (soit 200€ de moins que le RebelHead), on a toujours 450 Watts sous le capot, le SpectraComp et le TubeTone, mais on oublie l’accordeur intégré, la sortie casque, les trois mémoires utilisateur, la sortie numérique AES/EBU, la prise remote (en même temps, pour quoi faire?), l’entrée auxiliaire et l’égaliseur paramétrique devient un simple quatre bandes fixes. On garde donc l’essentiel, mais on perd pas mal de fonctions qui font le charme du RebelHead. À voir suivant votre utilisation, si ces fonctions supplémentaires valent 200€.
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Conclusion
Pour un premier pas dans la cour des amplis de basses, TC réussit un coup de maître en proposant un produit original, moderne et complet. Très puissant, doté d’un très bon compresseur multibande et d’un simulateur de lampes sympathique, le RebelHead fait véritablement un sans-faute. Les presets et sa petite taille pour le côté pratique, un son de grande qualité émanant de son cabinet compact et solide… À vrai dire, on a du mal à lui trouver des défauts. Les bassistes recherchant un ampli polyvalent peuvent courir aller l’essayer chez leur revendeur favori, car choisir un ampli haut de gamme reste avant tout une affaire de goût. Mais il est certain que le RebelHead trouvera aisément son public.