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Sujet L'artiste doit-il passer par la souffrance ou s'en servir pour créer ?

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Sujet de la discussion L'artiste doit-il passer par la souffrance ou s'en servir pour créer ?
L'artiste doit-il passer par la souffrance ou s'en servir pour créer ?
Les œuvres étant empreintes de souffrance sont-elles les plus "géniales" ?
Je ne sais pas si c'est le bonne endroit ou poster mais je voyais pas ou...
Perso je pense qu'on est pas obligé de souffrir ou de se servir de la souffrance pour créer mais a vrai dire j'ai du mal a trouver des exemples...
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Je n'ai pas paratiqué la composition "à l'ancienne", mais ça me semble être plus proche de l'écrivain.
A ceci près qu'il peut souvent interpréter, ou faire interpréter ses oeuvres.
Mais ça n'est qu'une hypothèse. Je pense que la peinture se rapproche plus de l'écriture.
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Ecrire sur des sentiments que l'on n'a pas connu, c'est exactement de la littérature (ou du cinéma) et ça peut être génial comme déplorable. Quand j'ai lu le Siddharta d'Hermann Hesse, lequel a imaginé ce que pouvait être la vie d'un moine errant, ça m'a fait pisser de rire tellement c'était grotesque et bourré de clichés. C'est pourtant un bon bouquin et Hermann Hesse un auteur qui compte dans la littérature contemporaine. Quand on voit le film "Bird" de Clint Eastwood, retraçant la vie de Charlie Parker, on ne peut manquer d'être bouleversé mais quand on lit par la suite les critiques qu'en a faites Johnny Griffin, qui a connu Bird, on ne peut que conclure que les sentiments prétés à Charly Parker dans le film étaient en réalité ceux de Clint Eastwood et ces sentiments étaient complètement étrangers à Bird. Ca n'empêche que Bird est un excellent film.

Je ne remets pas en cause ici l'honnêteté d'Hermann Hesse ni celle de Clint Eastwood. Ils ont, de toute bonne foi, parlé d'une chose qu'ils pensaient bien connaître et ils étaient sincères, je pense, dans leurs descriptions des personnages. Ce qui est vraissemblable en littérature est "vrai" et c'est suffisant, au fond, pour transporter le lecteur. Mais il y a là un certain danger, si le lecteur n'y prend pas garde, c'est de confondre la vérité et ce qui est vraissemblable et donc largement imaginaire.
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Je tiens à préciser que le doute de l'artiste lui est présent partout. Mais le doute, qui est une forme de souffrance, est nécessaire.
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> ADT, je pense que ce dont parle Bataille et ce dont tu parles sont deux choses assez fondamentalement differentes. Tu en referes a l'imaginaire pour decrire des faits des ecrivains, alors que Bataille parle du mal et d'une description aussi juste que possible, tant est que ca ait un sens de parler juste du mal. Il y a clairement une idee d'approcher une certaine verite (Bataille renvoit l'oeuvre de Bronte a la tragedie grecque, qui bien que totalement imaginaire dans les faits decrits, tend a une certaine realite de la nature humaine ?).
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J'ai du mal à me prononcer quand ça parle de littérature, n'ayant pas lu les références citées, j'suis comme un con, mais c'est intéressant.

Citation : Je tiens à préciser que le doute de l'artiste lui est présent partout. Mais le doute, qui est une forme de souffrance, est nécessaire.


La remise en question est omniprésente, mais le doute j'en suis pas sûr. Enfin tu parles du doute comme une souffrance, et là je ne te suis plus. Avancer à tâtons, revenir en arrière, corriger ses erreurs (tout ça dans l'écriture, la composition) ne me semble pas être une douleur mais plutôt une jouissance pour le créateur.

Non ?
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Je parle du doute vis à vis de l'oeuvre accomplie.
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Une fois l'oeuvre accomplie, s'il y a doute, il n'influence pas l'oeuvre même, donc en quoi ce doute a un rapport direct à la composition de l'oeuvre ? :?!:
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Pov > J'écrivais précisémment, quelques posts plus haut :

Citation : Du point de vue métaphysique, le mal n'a pas de réalité propre puisqu'il n'a pas été inventé par dieu (Sagesse, Bible de Jérusalem). Le monde dans lequel nous vivons serait donc l'oeuvre du Malin et le malin est le Menteur absolu (l'illusion = Maya en Inde). De fait, toute représentation réaliste de soi est totalement imprégnée du Mal (et je crois que c'était aussi la théorie développée par le Marquis de Sade), et, de fait, on ne peut pas faire l'expérience du bien sans se nier (en gros).



C'est, je crois, la théorie que Bataille soutenait (lequel, d'ailleurs a été considéré comme le "nouveau marquis de Sade" ) mais, n'étant pas un spécialiste de l'écrivain, je mettrais ça au conditionnel. En revanche, je suis à peu près certain de la représentation du Mal dans l'Inconscient Collectif décrit par Jung et ses disciples (et reprise par le mouvement surréaliste et aussi par Bataille donc, si je comprends bien ses propos à travers ce que tu écris).

Le Mal est, de ce point de vue, la seule réalité tangible. Mais alors, où serait le bien ? Un solution, défendue par cette théorie, serait que nos grands criminels (mais, par extension, tous les criminels), représenteraient le Mal "absolu", la "Bête" incarnant notre "pêché originel". En d'autres termes, les criminels sont les victimes sacrificielles, qui ont pris sur eux (en commettant leurs crimes) tout ce que l'humanité porte (en soi) du Mal ; ils se comportent donc un comme des "flocs", précipitant ainsi le mal dans leur propre abîme. A ce titre, les criminels sont "utiles" parce qu'ils vont permettre à l'humanité de désigner le mal "hors" d'elle et de le "punir" (éventuellement par la peine de mort). C'est une théorie intéressante parce qu'elle pourrait expliquer aussi, en partie, le rapprochement entre l'artiste et la souffrance. L'artiste, sur ce plan, jouerait aussi un rôle sacrificiel et soulagerait, par son art (et parfois aussi par sa propre déperdition dans cet art), la société du Mal qui l'habite. Ce n'est pas par hasard si les médias gavent le peuple d'image de destruction, de peine, de douleur ; c'est parce que le peuple a besoin de voir la souffrance parce que, tant qu'il la voit, elle est n'est pas en lui. Nous avons besoin d'objectiver le mal si nous ne voulons pas l'incarner.
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Head : tu as raison, il y a doute avant et après.
Mais bon, pour moi le doute est plus du côté de la souffrance que du plaisir de toute façon. Sinon c'est un plaisir masochiste (quand tu doutes de ta copine, ça te fait plaisir?).
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Jules, c'est là où ma vision diffère en fait. Pour moi le doute, qui en effet est associé à quelquechose de négatif dans la plupart des cas (peur que son oeuvre ne plaise pas, que l'arrangement soit pourri, que l'écriture ne soit pas à la hauteur de nos espérances), et bien ce doute n'est pas forcément présent chez le créateur.

Il peut l'être, mais c'est dû à un état d'esprit, qui pourquoi pas est changeant selon son passé, sa vie quotidienne... Sans être naïf (qui n'est pas forcément un défaut pour le compositeur quand on voit certains résultats), la confiance en soi, un esprit positif peut submerger ses doutes, un réel optimisme de création laisse le créateur libéré de ses doutes, car il les transforme en interrogations simples auxquelles il faut trouver des réponses.

Pareil, quand tu sais quel but atteindre en composant tel morceau, ou en écrivant tel texte, la volonté de construction donne des ailes... Alors bien sûr il faut prendre du recul pendant la conception de l'oeuvre (ou du simple morceau), mais je ne pense pas que ce soit une douleur de constater que le résultat n'est pas convaincant, qu'il faut remettre en question beaucoup d'éléments... en tout cas quand l'oeuvre n'est pas terminée. Si on souffre à chaque fois qu'il faut passer un obstacle dans la composition, bah c'est qu'on a un orgueil démesuré, et qu'on accepte pas d'avoir de limites, et qu'on s'impose d'être un génie. Sinon si on a conscience de son imperfection artistique, alors on saura accepter les embûches, les impasses, et on trouvera la solution...

Après je ne définis pas l'effort comme une souffrance. Pour moi la souffrance intervient quand on a déjà fait l'effort, qu'on on a atteint certaines limites, à l'instar d'un sportif... L'effort intervient quand on doit se remettre en question justement, revenir sur nos pas pour emprunter un autre chemin etc...