Bien connu pour ses simulateurs d'ampli guitare, Line 6 a récemment mis à jour sa gamme d'interfaces audio Toneport, en la rebaptisant POD Studio au passage. L'occasion de se pencher sur le cas de l'UX2 et sur les nouveautés que cette révision apporte.
Bien connu pour ses simulateurs d’ampli guitare, Line 6 a récemment mis à jour sa gamme d’interfaces audio Toneport, en la rebaptisant POD Studio au passage. L’occasion de se pencher sur le cas de l’UX2 et sur les nouveautés que cette révision apporte.
À plus ou moins de 200 €, nombreuses sont les interfaces susceptibles de séduire les home-studistes débutants. Émanant de PreSonus, M-Audio, Lexicon, E-MU, Alesis, Novation ou encore Tascam, ces dernières proposent en général peu ou prou la même chose techniquement parlant, tant du point de vue fonctionnel que qualitatif. Dans ce contexte, Line 6 avait su se distinguer avec la gamme Toneport, dont le succès fut assuré par un look eighties en diable, et surtout la promesse d’accéder aux modélisations d’ampli du célèbre POD par le biais du logiciel GearBox. On ne change pas une équipe qui gagne et, après quelques déclinaisons du concept de base (Voir le test de l’UX-8 ou encore le très sympathique KB37), l’heure est à la mise à jour des TonePort GX, UX1, UX2, rebaptisée pour l’occasion POD Studio GX, UX1 et UX2. La différence entre les modèles demeure la même : le POD Studio GX ne s’adresse qu’aux guitaristes ou bassistes avec son unique entrée instrument, tandis que l’UX1 et l’UX2, dotés également d’entrées micro, se veulent plus généralistes et ciblent de ce fait les home-studistes. L’UX1 est un produit qui intéressera sans doute les budgets serrés (129 €) mais qui révèlera vite ses limites, du fait qu’elle ne dispose que d’une entrée micro et que cette dernière est dépourvue d’alimentation fantôme (oubliez les prises stéréo donc, et oubliez surtout la possibilité d’utiliser un micro électrostatique). Pour ce test, nous avons donc préféré nous intéresser à l’interface UX2, autrement plus complète et accessible au tarif très agressif de 189 €.
On prend les mêmes et on recommence…
Le moins qu’on puisse dire au déballage de l’interface, c’est que les possesseurs du TonePort UX2 ne seront pas dépaysés par le POD Studio UX2. Line 6 n’a en effet opéré que peu de changements sur le design de l’interface, et en dehors du plastique rouge qui a cédé la place à un plastique noir plus austère et plus contemporain, on retrouve les mêmes contrôles et les mêmes connecteurs aux mêmes endroits, avec une sérigraphie identique d’un modèle à l’autre. On ne s’en plaindra pas, car l’interface est vraiment bien conçue sur ce point et ravira les débutants par sa clarté.
En face avant, on trouve ainsi les deux entrées micro sur embase XLR (on aurait préféré du combo, mais cela n’a rien de rédhibitoire en regard du prix de l’UX) flanquées d’un switch et d’une LED verte permettant d’activer/désactiver l’alim fantôme commune aux deux entrées. Juste à côté, on trouve deux entrées Instrument au format Jack 6,35 : l’une au niveau normal, et l’autre au niveau atténué de manière à accueillir n’importe quelle guitare ou basse, qu’elle soit passive ou active.
Sur la partie droite de l’interface, on dispose de la sortie casque mais aussi et surtout de deux gros vumètres à aiguille, façon analogique rétro, attestant du niveau du signal. S’ils ne sont pas d’une précision diabolique, ces derniers auront le mérite d’être extrêmement lisibles au moment d’une prise, et comme ils sont accompagnés d’une LED vous avertissant d’une éventuelle saturation numérique, on reconnaîtra que Line6 a fait sur ce point de la visualisation du signal, plus d’efforts que nombre de concurrents dans ce secteur de prix. Ceci est d’autant plus vrai que les vumètres sont en outre assignables via le logiciel fourni : on pourra ainsi monitorer n’importe quelle entrée ou sortie de la carte en fonction de ses besoins. Enfin, reconnaissons qu’avec leur éclairage oranger, les deux petits cadrans donnent un look vraiment sympathique à l’UX2…
Passons en face arrière où la connectique propose 2 entrées mono de niveau ligne, une entrée stéréo (permettant d’écouter une source ligne sans en enregistrer le signal), et deux sorties ligne pour relier la carte à vos moniteurs, le tout au format Jack 6,35. C’est tout? Non, car en plus du connecteur USB servant à alimenter l’interface, on dispose encore d’une sortie S/PDIF sur connecteur RCA et de deux entrées Jack 6,35 pour accueillir deux footswitches de type on/off. Il ne sera donc hélas pas possible de connecter une pédale d’expression à l’UX-2…
Finissons avec le dessus de l’interface qui rassemble quatre potards : deux pour régler le gain de chaque préampli micro et deux autres pour régler le niveau de sortie et le niveau de la sortie casque. Bref, s’il n’y a absolument rien de neuf par rapport au modèle TonePort UX2, la POD Studio UX2 a le mérite d’être plutôt complète et de disposer d’une sérigraphie qui rend les choses simples pour les débutants.
Plug’n’POD
|
Comme d’habitude avec les périphériques informatiques signés Line 6, l’installation passe par Line 6 Monkey, une plateforme logicielle qui permet de gérer l’ensemble des licences que vous avez acquises et les différentes mises à jour de vos produits, des drivers aux firmwares en passant par les updates du logiciel de simulation d’ampli. Une délicate intention qui vous assurera d’être toujours 'up-to-date’…
On passera vite sur la partie audio de la carte, la POD Studio UX2 n’amenant rien de neuf, comme dit précédemment, par rapport à la version TonePort. Est-ce un problème? Non, si l’on considère que l’interface est vraiment très stable, qu’elle permet de travailler avec une latence réduite et que les préamps et convertisseurs embarqués sont tout à fait corrects dans ce secteur de prix. Rien à dire là-dessus donc, et c’est presque dommage, car Line 6 aurait pu profiter de l’occasion pour corriger les quelques défauts de la précédente mouture : plutôt que d’avoir deux connecteurs pour switchs on/off, on aurait préféré disposer d’une entrée pour pédale d’expression comme sur le KB37, d’autant que l’absence de connecteurs MIDI empêche l’utilisation de pédaliers plus sophistiqués. Enfin, on aurait aimé aussi que Line 6 troque le plastique pour le métal, histoire de trimballer plus sereinement la petite boîte. Mais pour le prix, on na va pas trop en demander, d’autant que l’intéressant est ailleurs…
Farmi, Farmi, Farmidable
La vraie nouveauté vient en effet du logiciel de simulation d’ampli puisque le vieux GearBox a été mis à la retraite au profit du tout nouveau POD Farm qui, comme son prédécesseur, est utilisable en application autonome ou comme plug-in aux formats VST, AU ou RTAS. Et pour le coup, c’est plutôt une bonne chose, car Line 6 a vraiment revu sa copie pour se hisser au niveau de ses compétiteurs logiciels.
Le plus important changement tient dans l’apparition d’un mode 'DUAL’ qui induit que ce n’est plus une, mais deux chaînes d’effets qui sont maintenant utilisables, ce qui offre des perspectives intéressantes : avoir un son différent sur le canal gauche et le droit, mixer deux amplis ensemble, ou encore traiter simultanément une voix et une guitare (notez qu’en dépit des deux connecteurs instruments proposés en façade, on ne dispose bien que d’une unique entrée et qu’il ne sera pas possible de traiter simultanément une basse et une guitare, par exemple). On est certes loin des possibilités de split du signal et d’imbrications de chaînes offertes par un Guitar Rig, mais c’est déjà pas mal du tout…
Graphiquement, le logiciel a aussi énormément évolué. Plus volumineuse, l’interface est désormais plus aérée et le choix des éléments se fait via l’onglet Gear et d’un navigateur à la iTunes, avec de jolies représentations 3D : un double clic sur un modèle ou un simple drag&drop suffit pour le placer dans une chaîne en dessous… Moins jolie mais peut-être plus efficace, une barre de menu organise tout le matériel par catégories (Guitar Amps, Bass Amps, Preamps, Distorsion), de sorte qu’il n’est vraiment pas dur de s’y retrouver. En passant à l’onglet 'Panel’, on pourra ensuite accéder aux réglages de chaque élément de la chaîne audio, avec là encore, des graphismes retravaillés et très agréables à manipuler.
POD mieux faire…
En marge de ces bonnes choses, POD Farm est toutefois loin d’être parfait et garde certains défauts agaçants du Gearbox, comme l’absence inexplicable dans la version plug-in du pourtant très pratique accordeur qu’on trouve dans la version Standalone… Mais le principal défaut du logiciel par rapport à ses concurrents viendra surtout de la raideur des chaînes audio qu’on nous propose de bâtir : le nombre et le placement des éléments sont en effet fixe et il sera impossible, par exemple, de chaîner 4 delays ou 4 amplis pour voir ce que ça fait, ou de mettre une disto derrière une réverbe. Certes, ce genre d’expérimentations relève plus du sound design qu’autre chose, et les contraintes posées par Line 6, tout en simplifiant la compréhension du logiciel (on est à des kilomètres sur ce point de la complexité de Revalver) proposent déjà des millions de possibilités exploitables. Il n’en reste pas moins qu’on se sent un peu à l’étroit dans cette logique…
Reste à parler des sons produits par le soft qui, sans surprise, sont les mêmes qu’on retrouve dans les POD du constructeur, c’est-à-dire excellents pour peu que l’on sache à quoi s’attendre. Qu’est ce que ça veut dire? Que les sons du POD Farm ont un côté préproduit, prêt à mixer qui ravira les débutants à la recherche du gros son sans prise de tête. Cependant, les puristes cherchant à retrouver la réponse et les sensations de jeu procurées par un véritable ampli seront sans doute frustrés par les algos de Line6 qui tendent à gommer les nuances de jeu (surtout avec les sons saturés). Du coup, on conseillera à ces derniers d’aller voir du côté d’Amplitube ou encore des plug-ins de Softube et Overloud, autrement plus fidèles sur ce point… Quoi qu’il en soit, soyez certains qu’une fois au sein du mix, les guitares enregistrées avec le POD Farm feront parfaitement illusion et ce n’est pas complètement un hasard si le rack rouge de Line 6 est présent dans tous les studios de la planète. Un bon outil donc, en dépit des petites choses qu’on peut lui reprocher, et qui fait pour beaucoup dans le rapport qualité/prix du POD Studio…
Très intéressant, le logiciel Pod Farm n’est en outre pas le seul proposé par Line 6 avec l’UX 2. Le bundle intègre ainsi une version allégée d’Ableton Live 6 qui, en dépit de limitations sur le nombre de pistes, d’occurrences de plug-ins ou encore de format audio gérés, comprend tout de même 28 effets, et les instruments Simpler et Impulse. Dans le lot, on a aussi droit à Reason Adapted qui, s’il dispose d’une banque de sons et d’instruments amoindris avec un chaînage fixe (ce qui l’empêche de lire les projets réalisés avec le Reason complet), n’en contient pas moins d’excellentes choses, dont les synthés Subtractor et surtout Malström qui demeure l’un des plus fameux synthés granulaires qui soient. Plus anecdotique, le freeware RiffWorks T4 est une sorte de bloc-note pour guitariste très bien fichu et qui permet le travail collaboratif via Internet, mais qui demeure hélas, dans cette version, privé de certaines fonctions essentielles par rapport à la version payante : l’export au format WAV par exemple… Qu’importe, avec les autres logiciels, vous avez de toute façon vraiment de quoi faire et, reconnaissons-le, s’il n’est pas aussi riche que le bundle proposé avec les interfaces E-MU, il surclasse aisément la concurrence qui, dans cette gamme de prix, se contente souvent de proposer un Cubase LE flanqué d’une poignée de freewares.
Conclusion
Si elle n’apporte vraiment pas grand-chose sur le plan hardware par rapport à la version TonePort, l’interface POD Studio UX2 demeure, pour moins de 190 €, l’un des tout meilleurs choix que puisse faire un débutant pour s’équiper, pour peu que celui-ci n’ait pas besoin d’une connectique MIDI. Stable et performante, elle est en effet simple à utiliser et dotée d’un des meilleurs bundles logiciels dans ce secteur de prix, grâce notamment à la présence de POD Farm qui la rend particulièrement attractive pour les guitaristes. Pour maquetter tranquille, et plus si affinités, on voit mal pourquoi on irait dépenser plus…