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Des enceintes quali à petit prix
9/10
Award Innovation 2022
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On a testé la deuxième vague des enceintes IN8 conçues par Kali. La jeune marque américaine nous propose trois voies dans une boîte qui paraît n'en contenir que deux. De quoi attiser notre curiosité !

Test des Kali IN8 2nd Wave : Des enceintes quali à petit prix

Kali­for­nia Drea­min’

vue_de_trois_quart.JPGKali est une marque Kali­for­nienne, comme son nom l’in­dique, basée à côté des studios de Holly­wood… une marque hyper-cali­for­nienne même, puisque les diffé­rentes séries portent toutes des noms de villes du Golden State. La série dont il est ques­tion ici, c’est Inde­pen­dence, plutôt classe non ? Les autres « projects », comme Kali appelle ses séries, sont nommées Lone Pine ou encore Watts. Tout ça sonne un peu frime, mais on va ici exami­ner ce qui nous inté­resse vrai­ment : la qualité du produit, le son. Le produit qu’on teste aujour­d’hui est une 2nd Wave, une V2 donc, qui suit une V1 de très près puisque la première IN8 n’a que quelques années. D’ailleurs, Kali Audio est une très jeune marque, puisque fondée en 2018.

Inde­pen­dence Day

COOMEREn sortant les enceintes Kali du colis, une première bonne surprise : une protec­tion en carton blanc signale le côté des haut-parleurs, et on peut donc les extraire faci­le­ment sans avoir trop peur de les abîmer. La docu­men­ta­tion livrée avec est très maigre, une feuille A4 qui nous renvoie vers le site web du construc­teur, nous donne trois indi­ca­tions et les précau­tions d’usage. Les enceintes sont assez compactes pour des trois voix, puisque le haut-parleur médium et le twee­ter sont coaxiaux, et occupent ainsi un même espace. Elles ne sont pas très lourdes non plus, éton­nam­ment. En dessous de ce double spea­ker, on trouve un boomer 8 pouces, puis un évent de taille plutôt impor­tante.


BACKAu dos de l’en­ceinte, on accède à l’in­ter­rup­teur et aux diffé­rentes entrées : RCA à –10 dB, Jack TRS et XLR à +4 dB. C’est toujours bien d’avoir le choix de la connec­tique, du point de vue utili­sa­teur, même si le RCA ne nous inté­resse pas plus que ça. Au-dessus, 8 petits switchs vous permet­tront de faire un certain nombre de réglages. Tout d’abord, des réglages en fonc­tion du place­ment de l’en­ceinte, comme illus­tré par les sché­mas : selon que votre enceinte est proche du mur ou non, verti­cale ou hori­zon­tale, un réglage adapté vous est proposé. En toute trans­pa­rence, on n’a pas testé toutes ces confi­gu­ra­tions. Mais en tout cas, c’est très bien pensé, cette propo­si­tion de réglage qui s’adapte à la dispo­si­tion des enceintes dans la pièce. On est souvent contraints dans ce domaine-là, et encore plus si l’on utilise plusieurs paires d’écoutes. Ensuite, pour reprendre le fil de nos switchs, il est égale­ment possible d’ac­ti­ver les deux shelfs propo­sés : LF Trim pour les graves et HF Trim pour les aigus, qui peuvent chacun être augmen­tés ou atté­nués de 2 dB. En revanche, la descrip­tion des bandes de fréquences concer­nées n’est pas très précise. Il faudra se faire une idée en essayant. Enfin, le dernier switch permet­tra d’uti­li­ser l’en­trée RCA au lieu des (bien plus utiles) entrées XLR ou TRS… un détail. Lorsqu’on allume l’en­ceinte, elle se signale par une LED bleu sombre, bien plus discrète que les clas­siques LED vertes obser­vées sur la plupart de ses rivales. C’est assez agréable, discret et plutôt élégant.

Trois voies pour le prix de deux

TWEETERLa grande spéci­fi­cité de ces enceintes donc, ce sont les trois voies dont deux coaxiales. Le twee­ter en dôme souple est englobé dans la membrane du spea­ker médium, pour permettre à ces trois voies d’oc­cu­per moins d’es­pace, sans réduire pour autant la taille des haut-parleurs. La marque nous présente cette carac­té­ris­tique comme une inno­va­tion qui permet une image stéréo hyper­réa­liste. En effet, on est assez impres­sion­nés par la netteté de cette image. Le place­ment et la disso­cia­tion des éléments dans l’es­pace rendent l’écoute agréable et précise. Notre instal­la­tion nous a menés à placer les enceintes à l’ho­ri­zon­tale, avec les haut-parleurs coaxiaux vers l’ex­té­rieur, ce qui renforce proba­ble­ment cette impres­sion. Les carac­té­ris­tiques tech­niques de ce modèle, telles que four­nies par le fabri­cant : 140 w de puis­sance, 37 Hz pour sa fréquence la plus basse, une Total Harmo­nic Distor­tion infé­rieure à 1%, 117 dB SPL maxi­mum. Ce qui est certain, c’est que pour des enceintes trois voies, on est sur un modèle très compact et vrai­ment abor­dable : à partir de 389€ l’en­ceinte. 

On mesure la Kalité

On a donc testé les enceintes dans la régie de nos Studios Mega­phone, avec deux autres paires en guise de compa­rai­son ou réfé­rence : les ADAM Audio A7X qui restent des deux voies (il faudra garder ça à l’es­prit), et les Gene­lec 1037C trois voies (beau­coup plus chères et plus puis­santes, avec un woofer de 12'', compa­rai­son n’est pas raison). Pour se donner une idée assez géné­rale, on commence par envoyer du bruit rose dans les Kali, et on l’ana­lyse à l’aide d’un micro de mesure et du plugin de Blue Cat « Freqa­na­lyst ». Puis on répète ensuite le même mode opéra­toire pour les ADAM Audio A7X et les Gene­lec 1037C. On se rend vite compte à l’oreille de la grande diffé­rence qu’il y a avec nos moni­teurs Adam de compa­rai­son. Les Kali sont moins géné­reuses dans le bas et le bas médium, mais elles ont en revanche une belle bosse dans les médiums, autour de 400 Hz et de 1000 Hz notam­ment, contrai­re­ment aux Adam qui auront tendance à déve­lop­per davan­tage de bas médium et de bas, et à être plutôt creu­sées dans le milieu du spectre. Les réponses en fréquence des hauts médiums et des aigus sont assez proches même s’il nous semble que les Kali sont un peu plus droites et abon­dantes sur l’en­semble de ces fréquences. Concer­nant les très graves, il appa­raît que les boomers de 8 pouces des Kali parviennent à en géné­rer un peu plus que les Adam. Les Gene­lec de leur côté, paraissent beau­coup plus droites, mais ce sont des enceintes qui ne sont pas vrai­ment compa­rables, ni en termes de budget, ni en termes de taille.

Les graphiques de gauches concernent les Kali Audio IN-8 2nd Wave, tandis que ceux de droite corres­pondent à nos ADAM Audio A7X de compa­rai­son. Notez que la courbe qui nous inté­resse est la courbe bleu clair, qui repré­sente les crêtes.

pink_noise_kali_in8 pink_noise_adam_a7x

On veut affi­ner notre idée, et on génère main­te­nant une onde sinu­soï­dale à 50 hertz. Appa­rem­ment les Kali sont un peu plus géné­reuses dans le grave en continu. À noter que les boomers peuvent réagir diffé­rem­ment entre un signal continu et des brèves impul­sions, et que l’im­pres­sion de grave dans des kicks ou sur des basses longues peut être inver­sée.

Kali Audio IN-8 2nd Wave : sine_50hz_kali_in8 Kali Audio IN-8 2nd Wave : sine_50hz_kali_in8

On conti­nue avec une onde à 200 Hz, et là on voit clai­re­ment la diffé­rence. Les ADAM Audio en génèrent quasi­ment 5 dB de plus, ce qui corro­bore nos premières impres­sions.

sine_200hz_kali_in8 sine_200hz_adam_a7x

À 600 Hz, cela s’in­verse tota­le­ment et ce sont main­te­nant les Kali qui sont bien plus riches sur cette fréquence. Le même résul­tat se retrou­vera à 1000 Hz.

sine_600hz_kali_in8 sine_600hz_adam_a7x

Au-dessus de ces fréquences, on retrou­vera des résul­tats assez simi­laires, à un ou deux dB près, et ce jusqu’au très aigu, ou les Kali reprennent les devants à 12kHz.

sine_12khz_kali_in8 sine_12khz_adam_a7x

En avant la musique

kalicouvOn se lance dans une petite écoute compa­ra­tive, sur trois morceaux que l’on connaît très bien et qui vont nous permettre d’ex­plo­rer diffé­rentes confi­gu­ra­tions musi­cales. Comme on a pu le remarquer lors de nos mesures, la balance tonale est très équi­li­brée et le spectre est large, allant des graves ronds sans être enva­his­sants à des aigus très aérés, mais néan­moins pas trop brillants. Même à faible volume, les diffé­rents éléments de la produc­tion sont précis et les enceintes permettent une écoute analy­tique au sein d’une image stéréo parti­cu­liè­re­ment large. D’ailleurs, c’est à faible volume qu’on perçoit le plus les quali­tés des IN-8, en compa­rai­son avec d’autres modèles. L’écoute est très agréable, on ne perd aucune bande de fréquences, et on se dit que l’on pour­rait se lancer sans problème dans une longue jour­née de mix. Des vrais moni­teurs de mara­thon. À un volume un peu plus élevé (à partir de 25 dB d’at­té­nua­tion par rapport à un niveau d’en­trée ligne), on ressent un peu plus cette bosse dans les médiums, autour des fréquences dites nasales, notam­ment au niveau des éléments qui ont beau­coup de dyna­miques. Cette légère faiblesse pour­rait donner un aspect un peu plus étriqué au son, un peu moins précis et chirur­gi­cal.

Autre petite faiblesse, le léger manque dans le bas médium constaté lors de nos mesures se ressent aussi à l’écoute. Lors de l’étape du mixage, on se retrouve souvent avec un empi­le­ment de sources sonores qui contiennent beau­coup de fréquence entre 160 et 500 hertz, les fréquences fonda­men­tales des voix, des guitares, des claviers, des cordes, des fûts d’une batte­rie, mais aussi d’une partie des basses. Il est impor­tant de savoir « nettoyer » cette partie du spectre, afin que le cumul de toutes ces sources ne crée pas un embou­teillage de bas-mediums qui pour­rait boucher notre mix (comme un bouchon), ce que nos amis anglo-saxons appellent « Muddy ». Un léger manque de ces fréquences dans la balance tonale de nos moni­teurs pour­rait donc se révé­ler trom­peur et lais­ser passer un trop-plein de bas médium dans nos mixes.

studio_ gros_plan.JPG

Radio­head – 15 Step :

On est tout de suite dans le vif, les program­ma­tions ryth­miques s’in­tègrent à merveille à la batte­rie, sans que le côté agres­sif de certains éléments élec­tro­niques ne soit trop souli­gné. La voix est nette et douce, les guitares sont précises et saillantes, presque trop écar­tées dans la stéréo, mais on ne va pas se plaindre de la place que cela laisse à la voix, et aux autres éléments centraux. La basse est bien punchy comme il faut et ne déborde jamais, les reverbs sont incroyables et leur travail dans la stéréo est d’une grande préci­sion. Sur cette écoute tout parti­cu­liè­re­ment, on ne peut que confir­mer la préci­sion de l’image stéréo vantée par la marque et évoquée précé­dem­ment. En même temps, le mix de ce morceau est dingue et les Kali le soulignent avec élégance.

Kendrick Lamar – Alright :

On choi­sit un morceau plus récent, avec beau­coup de débit de voix, et une produc­tion complexe, beau­coup de breaks, des basses très profondes, mais un mix plus fron­tal et crun­chy. Sur cette écoute, on est très vite capté par le côté sec et agres­sif de la prod, mais aussi de la voix. Le rendu est super fidèle à ce qu’on aime dans ce morceau, les dyna­miques sont explo­sives, le flow de Kendrick est engagé et les effets de stéréo (notam­ment les after beat doublés) sont parti­cu­liè­re­ment larges et effi­caces. On se demande si la petite bosse consta­tée lors de nos tests entre 600 et 2 kHz n’abuse pas légè­re­ment ce côté nasal, surtout pour ce qui concerne les éléments ryth­miques et la voix (là ou les tran­si­toires sont les plus évidentes). On adore ce morceau et on ne résiste pas au fait de le passer sur les grosses Gene­lec. Les Kali n’ont pas à pâlir de la compa­rai­son, on a juste l’im­pres­sion qu’il manque un tout petit peu de profon­deur dans le son (dans le sens avant/arrière, du recul que certains éléments pour­raient avoir).

The Strokes – Juice­box :

On choi­sit ce morceau, parce qu’on veut pous­ser dans les carac­té­ris­tiques qui nous ont un peu inter­pe­lés lors de l’écoute du Kendrick. On est clai­re­ment sur un mix très agres­sif, avec beau­coup de distor­sions, de satu­ra­tions, des éléments très cise­lés et des attaques ultra percu­tantes, bref, un son britan­nique revi­sité par ce qui se fait de mieux aux Amériques. Le résul­tat nous conforte tota­le­ment dans notre idée. On en prend un peu plein la figure, la présence de tous les éléments est incroyable, et l’on se délecte des détails de tous ces sons distor­dus et satu­rés. En revanche, cela manque d’as­sise et de pâte harmo­nique. Autre dommage colla­té­ral, on a l’im­pres­sion que tout est au premier plan et que les éléments satu­rés nous sautent dessus, on revient ici au manque de profon­deur et les tran­si­toires ne sont pas des plus agréables. Les diffé­rences avec les Adam A7X sont vrai­ment flagrantes sur ce morceau, avec lesquelles on récu­père les infos du bas médium, mais qui vont manquer un peu de présence et de clarté dans les médiums.

Conclu­sion

En conclu­sion, ces enceintes sont assez sédui­santes, sans être trop flat­teuses, et surtout vrai­ment perfor­mantes au vu du prix de vente ! Pour travailler une belle image stéréo avec une écoute confor­table, on les recom­mande à coup sûr. En revanche, pour mixer du punk, ce ne sera peut-être pas les plus perti­nentes, mais sur un éven­tail de musique assez large, elles fonc­tion­ne­ront bien dans la grande majo­rité des cas.

9/10
Award Innovation 2022
Points forts
  • l'image stéréo belle et précise
  • une balance tonale cohérente
  • le confort aux oreilles et aux yeux
  • le prix
  • les réglages possibles en fonction du placement
Points faibles
  • certains médiums un peu trop présents
  • un léger creux dans le bas-mid
  • un léger manque de profondeur
Auteur de l'article Studios Megaphone

Les Studios Mégaphone, c'est un ensemble de studios de création, enregistrement et production musicale... situé à Aubervilliers juste au nord de Paris. Dimitri et Manuel sont les deux techniciens son et musiciens qui font tourner le studio principal.


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